Bienvenue sur mon boulevard
Je les ai rencontrés un soir Dans ma vie, ma rue, au hasard Ils sont restés dans ma mémoire Chacun rangé dans son tiroir
Ceci est une archive du journal et non pas le journal lui-même.
lundi 27 octobre 2003 à 23h19 5 août 2003
Aujourd'hui, mardi 5 août, c'est l'anniversaire de Vanessa. Aujourd'hui, pour la énième fois, je décide de tenir un journal. Il n'y a aucun lien entre les deux événements, la raison est toute autre. Ce matin, au boulot, j'ai eu un coup au coeur. Cet instant, je m'en souviendrai encore dans des mois, mais c'est aujourd'hui même que je veux consigner par écrit ce que j'ai pu vivre et ressentir, avant que tout cela ne soit passé et repassé dans ma tête, et finalement tellement romancé qu'on croirait vivre un conte de fée (même si, ce soir déjà, c'est une version à tendance subjective). Ce matin, donc, j'ai revu Véronique... J'étais en train de discuter avec un Philippe, un collègue, quand j'entends entrer quelqu'un qui vient nous saluer. Je me retourne, je la vois, ma gorge se serre et j'ai l'impression que mon coeur s'arrête un instant. Une vague de fièvre m'envahit, et je ne peux détourner mes yeux de son visage. Rapides poignées de mains, elle se retourne et s'en va. Je la suis du regard, et met quelques secondes à redescendre sur terre et me souvenir de quoi nous parlions. Philippe continue de parler, je ne l'écoute même plus, je n'en crois pas encore mes yeux, Véronique est revenue. Il s'en va peu de temps après, nous avons chacun à faire. Je reste songeur un petit moment, ne m'expliquant pas pourquoi j'ai réagi de la sorte, l'esprit plein d'allégresse. Plus tard, à midi, je passe au réfectoire pour prendre de quoi mettre la table; il n'y a personne. Après le déjeuner, je rapporte la vaisselle sale; elle est assise avec une tablée, en train de déjeuner. Ayant encore à faire avant la fin de mon quart, je sors et, quand je reviens, une demi-heure plus tard, elle est là, assise en salle de contrôle avec quelques collègues, en train de discuter de son travail à Lauterbourg. Antoine, voulant sans doute plaisanter, me dit alors : "Ah, te voilà enfin, Véro est venue en salle de contrôle exprès pour toi, et tu n'es même pas là !" Je souris et me dis, n'osant le dire à voix haute : "Ah, si seulement !..." Je suis mal à l'aise, je transpire parce qu'il fait une chaleur écrasante à l'extérieur. Il reste une chaise, juste à côté de la sienne; j'y prends place. Je me mêle discrètement à la discussion, n'ose même pas la regarder en face. Elle est pieds nus dans de petites sandales, porte une longue jupe sombre à fleurs blanches. Elle a les mains posées sur les jambes, du vernis rouge un peu écaillé sur les ongles. Ce rouge ne lui va pas bien. Cette fille semble n'être que douceur et gentillesse, mais a un solide caractère : une main de fer dans un gant de velours. Un vernis couleur pastel lui irait beaucoup mieux je trouve... J'ose à peine regarder son visage, je ne m'étais pas préparé à cela en me levant ce matin. Elle a un visage plutôt ordinaire, très agréable à regarder d'ailleurs, mais, sans vraiment savoir pourquoi, je l'ai toujours trouvé fascinant... Bien vite toutefois, elle repart, sans que nos regards se soient vraiment croisés. J'ai presque eu l'impression qu'elle fuyait mon regard et baissait les yeux quand le sien s'aventurait de mon côté... Hier encore, je me morfondais de n'avoir absolument personne dans ma vie. Aujourd'hui, je suis toujours aussi seul, mais je me dis que, peut-être, il me reste une ou deux cartes à jouer avec Véronique. Mais avant cela, il faut que j'élucide le 'mystère' du mail de Barbara pour savoir qui, dans la boîte, s'intéresse à Véro. Si c'est quelqu'un d'autre que moi, je verrai en fonction de la personne si j'ai des chances, confronté à lui, et s'il en est plus loin que moi. Et si c'est de moi qu'il s'agit, il faudra que j'évalue à quel point tous ont déjà pu se moquer de moi, et si ça vaut la peine de continuer. Cela fait un moment que j'hésite à demander à Mo s'il sait quelque chose, mais lui poser la question équivaut à le mettre au courant que je m'intéresse à elle et l'info risque de se propager, si elle n'est pas déjà connue.