L'Ephémère...
"Le bonheur est éphémère, il passe sans s'arrêter, il s'attarde parfois, l'espace d'une illusion, mais rares sont ceux qui savent le retenir, le garder. Il est si fragile, si vulnérable, il suffit de trois fois rien pour l'effrayer, le voir fuir à jamais."

Image

Ceci est une archive du journal et non pas le journal lui-même.

Haut de la page

mardi 11 février 2003 à 18h37
Le lundi au soleil
Mardi 11 février 2003

Argh ! Le syndrome de la page blanche ! Pourtant je me suis résignée depuis quelques jours à tenir ce journal, j'étais même super contente de constater ce matin que l'accès aux inscriptions était ouvert. Et puis voilà, je ne sais même pas par où commencer ! Je peux toujours me réfugier dans la solution de facilité qui s'offre à moi, à savoir me présenter succinctement pour le lecteur qui est arrivé malencontreusement sur cette page. Vais-je céder si facilement à la tentation de l'ASV ?

Rhâââ! Bon, on va dire que je m'appelle Kat, j'ai pour ainsi dire 24 ans (dans une semaine et un jour précisément) que je suis francilienne mais j'habite actuellement dans une ville que j'apprécie peu, je suis en contrat de qualification de télé conseillère pour éviter de pointer à l'ANPE, je vis en couple depuis 3 ans, j'ai deux chats, je... Je ne suis pas alcoolique, j'ai juste eu l'envie soudaine de raconter ma vie tout en restant dans l'anonymat d'un journal pour éviter les retombées et les reproches.

Qu'ont donné ces deux derniers jours ? Lundi a été une journée comme je les aime, sans boulot, sans contrainte horaire, sans engueulade. Une journée s'annonçant bien, où l'on émerge vers midi sous une couette bien chaude dans les bras de son homme avec quelques rayons de soleil qui filtrent des volets. Et puis nous sommes allés au ciné voir « Le Château dans le ciel » de Miyazaki. Belle performance pour un dessin animé datant de 15 ans, les images de synthèse n'étaient pas encore très employées, et si l'on excepte les personnages « japanisés », les décors sont vraiment sympas. L'univers onirique de « Chihiro » m'a tout de même plus séduite que celui de Laputa. Je crois surtout que ce sont les petits animaux imaginaires qui m'ont manqué, les totoros et autres boules de suif que je trouve craquants. Nous repartons ensuite après un bref passage en ville et mon homme bifurque sans prévenir vers un parc longeant le fleuve. Un petit tour dans la boue parmi les canards et les cygnes, avec un soleil qui commence à décliner...C'est fou ce qu'un quart d'heure dans la nature peut me faire du bien ! Soirée sans encombre, tranquille quoi.

Et puis foutu mardi, la pire journée de la semaine, 6 heures de formation à comater sur nos chaises. J'essayai de maintenir ma concentration mais pendant la digestion mon esprit a commencé à s'égarer vers des cieux plus cléments. J'ai enfin pu poser mes dates de congé pour fin février, j'espère qu'ils ne vont rien modifier cette fois, on est déjà payer au lance-pierres, en plus on essaie par tous les moyens de nous entuber.

Ouf ! C'était pas si dur finalement ;)

Haut de la page

jeudi 13 février 2003 à 13h22
Exhibi Trip
Deux matins de suite où mes premiers mots en me réveillant sont :
« La vache ! », la première fois lorsque je retrouve le réfrigérateur ouvert avec option yaourts chauffés près de l'ampoule , la seconde lorsque c'est carrément la porte de l'appartement qui est restée ouverte mais après vérification que les chats n'en ont pas profité pour se faire la malle et que les clefs n'ont pas été piqué, c'est le soulagement ! Certains hommes sont comme ça, ils ne regardent pas en arrière et n'ont aucune notion des conséquences que ça peut engendrer ; ou c'est ma façon d'imaginer le pire qui est en cause. Et ce matin, chômage technique : je ne sais pour quelles raisons je n'ai pas reçu les mises à jour de l'émission, tant et si bien que je dois attendre que mes responsables arrivent au taf pour bosser, et ce n'est que la deuxième fois que ça se produit en quelques semaines...

Hier, journée de travail absolument énervante, le système informatique et téléphonique de notre responsable ayant buggé méchant, nous nous retrouvons en formation toutes seules à nous tourner les pouces. Elle finit par me demander de faire cours à sa place (totale hallucination) ; je ne suis pas payée pour ça, autant dire que j'en profite pour faire l'andouille et faire rire l'assemblée. Je ris jaune par contre lorsqu'à midi elle m'annonce qu'elle veut rattraper la formation du matin durant l'après midi et que je dois donc rester. Je rétorque que je n'ai rien emmené à manger mais elle s'en cogne. Fort heureusement, mes collègues sont nettement plus civilisées et partagent leur repas avec moi. Séquence solidarité. Finalement après avoir grappillé dans une assiette, manger du pain et deux yaourts, je suis calée pour la journée ! Et bien entendu, comme nous nous y attendions, nous n'avons pas fait de formation l'après midi, je suis donc restée POUR RIEN. Gestion de l'énervement, objectif : ne pas se venger sur les clients qui n'y sont pour rien. Encore plus difficile de maintenir mon calme puisque les appels ne remontent pas à tel point que j'en invente un nouveau mot de code « PARF » soit « Payé A Rien Foutre ».

Seule originalité de la journée, deux pervers qui téléphonent pour commander « des collants noirs moulants » et « un épilateur pour enlever les poils partout » et qui agrémentent leur conversation de bruits suggestifs et de « Oh oui, c'est bon » et « Ma chérie t'es chaude » à l'attention de l'opératrice. La responsable se pointe sur le plateau (ça n'arrive pas souvent) et dit à l'opératrice de continuer l'appel jusqu'au bout. Elle en profite pour écouter, elle doit tellement être en manque que deux mecs en train de faire des cochonneries entre eux ça l'excite. Ma collègue était écœurée par contre...

Le soir nous avons fait un saut chez des copains de jeux de rôles et j'ai récupéré le sixième et dernier volume de l'Assassin Royal de Robin Hobb. La lectrice a aussi été déçue par une fin frustrante comparée au 5 volumes précédents. Mais les fins, c'est toujours frustrants quand on a justement jamais envie que ça se termine, surtout après plusieurs mois de lecture !

Deux soirs de suite où nous mattons des DVD, l'Age de Glace et Citizen Welles. Super et nombreux bonus pour le premier, Scratt l'écureuil préhistorique m'a fait hurler de rire ! Le second retrace l'aventure Citizen Welles.

J'en reviens à mes collègues et leur gentillesse ce midi. Certaines de ces filles sont vraiment supers et sans elles j'aurais certainement quitté cette boîte depuis longtemps. Il y en a bien sûr une ou deux qui pourrissent l'ambiance par leur grande gueule ou leur arrivisme mal placée mais dans l'ensemble nous formons un groupe assez soudée, nous partageons le même humour et nous nous soutenons face au diktat de nos supérieurs. C'est rare pour un groupe de 9 filles, normalement ça se tire dans les pattes, ça forme des clans, ça se casse du sucre sur le dos. Là c'est différent, peut être parce qu'à la base, aucune d'entre nous ne se connaissait, que nous sommes assez hétéroclites ou que face à des chefs aussi tarés, il faut bien faire front. Ce sont même les premières personnes avec qui je sympathise ici et qui ne soit pas au préalable des connaissances de mon homme. Samedi soir, l'une d'entre elles nous invite spontanément après le boulot à prendre le café dans son nouvel appartement. Nous restons plus d'une heure à papoter entre nous quatre, principalement du boulot évidemment car il y a matière à écrire un bouquin voire à en faire un nouveau Dallas. J'ai particulièrement bien accroché avec deux de mes collègues, elles font partie des très rares personnes qui me donnent l'illusion d'une vie sociale dans cette ville. Pur hasard ou pas, elles sont toutes deux des « expatriées » de leur région respective depuis peu et elles ne se plaisent pas forcément non plus ici. Ca créé des liens...

Haut de la page

samedi 15 février 2003 à 12h16
My Funny Valentine
Plan subjectif : « je » -car ce n'est pas moi, mais je le ressens comme si- suis dans une salle et un vampire fracasse la porte. Il porte brusquement ses mains à son visage qu'il détourne dans un cri d'effroi : le soleil filtrant par les fenêtres lui brûle la peau. « Je » vois là mon seul espoir de m'en sortir et m'empresse de rester dans la lumière. Il me court après, dans cette toute petite pièce, nous tournons en rond mais « je » sais que je ne tiendrais pas éternellement, mes forces me quittent. Et il me plante finalement un couteau de cuisine dans le dos, le pleutre ! Tout ça dans une ambiance de vieux films genre « Dracula » ou « Frankenstein » dans les moindres détails, le noir et blanc, la musique dramatique, les mouvements excessifs du vampire... Si je parlais de mes rêves à un psy, il m'internerait sur le champ !!!

Fête devenue trop commerciale aujourd'hui, la pire de l'année à mes yeux. Et là, impossible de me sortir une banalité du genre « Ouais, tu dis ça parce que tu es célibataire ! » puisque ce n'est pas le cas. J'ai en horreur ce genre d'opération marketing où l'on vous impose presque d'acheter des futilités pour prouver son amour. J'ai du mal à comprendre ; rien n'est plus agréable de faire ou de recevoir un cadeau sans raison particulière, de façon impromptu. C'est la spontanéité qui fait vivre l'amour, pas la tradition ou la routine. Et puis ça peut coller le bourdon à ceux qui sont seuls en leur rappelant justement qu'ils le sont ! Alors pourquoi pas une fête des célibataires, des veufs tant qu'on y est ? Soyons fous, soyons pour la parité !

Et puis mon homme souffre de son œil aujourd'hui. Il me l'a montré lorsque je suis rentrée du boulot, il était rouge vif. Peut être est-ce dû au fait qu'il a dessiné sur table lumineuse hier. En tout cas, ça m'a mis un sacré coup au moral. Le pire dans cette situation, c'est mon sentiment d'impuissance. Ne pas trouver de solution, le voir souffrir et ne pas pouvoir agir. Si l'expert français dans ce domaine ne peut rien pour nous, il ne reste que l'option d'un guérisseur. Ma mère m'en a recommandé un, mais il est à 500 bornes d'ici, pas de la tarte ! Je vais tout de même l'appeler, histoire de savoir si c'est soignable par ce genre de procédé. J'ai tout de même une certaine appréhension : s'il ne peut rien faire, je ne vois pas d'autres alternatives. Et ça me fait peur.

Opération reformatage de PC portable cet après midi ! Qu'est ce que ça peut me gaver, l'informatique et moi ça fait deux ! En plus ça ne fonctionne toujours pas correctement, un truc .dll qui manque à chaque fois que j'essaie d'ouvrir une application ou un fichier... Rhâââ, j'ai la poisse !!! Je vais devoir appeler la hotline, comme si je n'étais pas assez longtemps au téléphone dans une journée !

Le soir, j'ai enfin pu utiliser les ustensiles de cuisine que ma mère m'a offert pour Noël. Elle a fait des folies à « Du Bruit dans la Cuisine » alors qu'à la base je ne lui avais demandé qu'un bol mélangeur pour faire des desserts. Et voilà, j'ai un kit complet pour faire des pâtisseries, non seulement deux bols mélangeurs et un fouet mais aussi une balance de cuisine et une poêle spéciale crêpes ! Un vrai bonheur pour moi qui aime bien cuisiner ! J'ai donc fait sauter les crêpes, même si la Chandeleur est passée depuis des plombes. On est ensuite parti à l'improviste faire un bout de partie de jeu de rôles qui s'est prolongé un peu tard compte tenu que je bosse à 7h30 le samedi.

Voilà, en résumé, pas forcément funny cette St Valentin...

Haut de la page

lundi 17 février 2003 à 02h03
My Precioussss!!!
Je viens de regarder la version longue du Seigneur des Anneaux. En VO et avec près d'une demi-heure de scènes en plus, ça change pas mal de choses, j'ai apprécié. Il y a aussi tout un tas de bonus, mais comme la vie et l'œuvre de Tolkien ne m'enchantent guère (style d'écriture trop barbant, j'ai lu Bilbo en 3 mois !), je laisse mon homme les regarder seul. L'heroïc fantasy ne me plaît pas plus que ça, même en jeu de rôles j'ai du mal. Le Moyen Age reste une période d'obscurantisme, même si on y rajoute de la fantasy et des races, elle ne m'attire pas plus que ça. En jeu de rôles, ça se résume trop à « je vais d'un point X à un point Y et ça prend 3 séances parce qu'il y a des méchants à taper et puis j'arrive à Y et je sauve le monde » et bien sûr « je vais fritter des monstres dans un donjon et récupérer des trésors »... Rhââ. Décidément pas assez psychologique ou investigation pour moi.

Ce que j'aime bien dans le film, hormis les superbes décors, costumes et performances techniques (et Legolas, ça va sans dire), c'est le thème universel et intemporel du Pouvoir. Ou comment le pékin moyen ou même un héros peut balancer par cupidité vers le mal. Et il a l'air si facile de céder à la tentation du pouvoir, d'en user et d'en abuser, de franchir les limites de la raison. Il suffit de regarder autour de soi, certaines personnes connaissent la gloire et prennent la grosse tête, d'autres arrivent à la tête d'un pays et se voit maître du monde (suivez mon regard...). Autre exemple, mais dans la fiction, pour ceux qui suivent Buffy (oui, je sais, mes références sont minables hinhin), les derniers épisodes étaient centrés sur Willow qui, à force d'utiliser la magie à outrance par solution de facilité, oublie que c'est un don dont il ne faut pas abuser et qui à force devient une drogue. C'est marrant car nos personnages de jdr dans un de nos jeux habituels sont devenus très puissants aussi bien financièrement que magiquement. Et même sans qu'on s'en rende compte, nous les faisons agir différemment, à la limite de façon mauvaise en les faisant abuser de leurs talents. Lorsqu'ils veulent obtenir des infos de quelqu'un, ils ne prennent même plus la peine de lui poser des questions, ils lui lisent dans l'esprit. Mon personnage a commencé à prendre conscience de ça et tente de se limiter.

Tout ça pour dire que l'homme est vraiment faillible face à cette tentation du pouvoir et je trouve ça intriguant. Pourquoi ne vivons-nous pas comme les hobbits de Tolkien, heureux et peinards en bon épicurien, sans chercher à gravir les échelons pour avoir de l'emprise voire écraser les autres ? Peut-être pour éviter d'être soi-même celui qui va être écrasé ? Etre bourreau ou victime en somme... Quel choix atroce ! Et pourtant le monde du travail se résume souvent à ça. C'est peut-être pour ça que j'essaie de bosser de chez moi, seule sans personne pour faire de la concurrence ou me prendre pour son larbin. Pour fuir l'idée de devoir être sous les ordres de quelqu'un ou -moins probablement- d'être au dessus d'autres personnes.

Mais revenons à cette fin de semaine. Impasse sur samedi, j'ai bossé toute la journée. Sauf que j'ai eu une cliente m'a fait un coup bizarre au téléphone, un malaise, une crise d'épilepsie ou je ne sais quoi, j'ai raccroché sans vraiment trop savoir comment réagir. Que se passait-il à l'autre bout du fil ? J'ai eu un moment d'hésitation, est-ce que je préviens quelqu'un, est-ce encore une dérangée, est-ce grave? Je ne saurais jamais, mieux vaut ne pas y penser ! Samedi soir et dimanche après-midi, Jdr. Au moins le dimanche est moins sordide que pour beaucoup des gens qui le trouvent atroce (Chuck Norris y serait pour quelque chose que ça m'étonnerait pas !). Mon homme m'a fait jouer seule cet après-midi, un scénario d'investigation, ce que je préfère et il le sait ! Pour l'occasion j'ai un peu testé un personnage que j'ai créé il y a peu, une shaman suivant le totem du koala. J'adore ces ch'tites bêtes, vraiment adorables, tellement tranquilles...

Argh je me rends compte que j'ai pas mal évoqué le JdR dans ce dernier écrit, et que pour beaucoup ce loisir reste empreint d'un certain mystère entretenu par des médias qui veulent faire dans le sensationnalisme à tout prix. Je vous rassure, je ne suis pas en danger de mort en m'amusant le week-end ;)

Deux heures du mat' déjà. Heureusement que je bosse pas le lundi !

Haut de la page

lundi 17 février 2003 à 20h00
Portrait Chinois
Ce soir, j'ai un peu la flemme d'écrire, il faut préciser que je ne devais pas bosser à la base, et que la boîte a encore modifié mes plans en me priant de venir l'après-midi.

Alors j'ai juste fait mon portrait chinois. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un petit jeu sur le principe de "et si j'étais..." . Bien entendu, ce portrait varie sensiblement selon l'état d'esprit dans lequel on l'écrit, il reflète une période. Si quelqu'un lit cet écrit et veut mettre en ligne son portrait chinois, je ne lui en voudrais pas (au contraire!), y a pas de copyright ;)

Si j'étais...
Un animal : Un animal urbain, je dirais le chat. Sauvage, un koala. Histoire de dormir beaucoup quoi J
Un végétal : Une plante aromatique, du thym par exemple.
Un minéral : Une pierre de lune.
Un signe astrologique : Le verseau ou le poisson, le 19/02 est entre les 2. Et peu importe, je ne crois pas à l'astrologie !
Une arme : La volonté.
Un pouvoir : La téléportation.
Une qualité : l'intuition.
Un défaut : La fainéantise.
Un personnage de fiction : Lord Goring, le dandy d'Oscar Wilde.
Un phénomène naturel : une aurore boréale.
Un lieu : une forêt où grouille la vie (Rain Forest, WASH, USA)
Une couleur : le noir.
Un mot : « libellule »
Un objet : une bague.
Une œuvre de fiction : L'Ecume des Jours.
Une activité humaine : Aimer, rêver, imaginer.
Une matière : la soie naturelle.
Une musique : une musique aérienne, douce, la voix apaisante d'une femme (très elfique dans le genre Loreena Mc Kennitt)
Un mois de l'année : Septembre.

Ah, et puis juste une question au hasard: quelqu'un sait-il quel est le titre et/ou l'interprête de la chanson des nouvelles pubs SFR. J'en suis tombée amoureuse!

Haut de la page

mardi 18 février 2003 à 21h13
Le dernier jour de mes 23 ans...
Notre boss est venu, ainsi que l'informaticien de la boîte. Tous les deux aussi écœurants. Le premier paraît enceinte (selon une de mes collègues, il lui manque un soutien gorge) à force de se faire des banquets sur le dos de ses employés ; l'autre est un mélange entre le barman dans les Simpsons et une taupe, avec des cheveux plaqués sur la tête par la graisse et une brune sans filtre au bec qui nous empeste à chaque passage. Leur point commun, c'est qu'ils sont très mal sapés l'un comme l'autre, mais avec chacun son style : costume (toujours le même) et pompes pleines de boue séchée pour l'un, panoplie Deschiens pour l'autre. Notre boss, qui vient une fois tous les mois grand maximum, n'est encore pas venu annoncer une bonne nouvelle. Cette fois, il nous a sommé d'obéir à une des filles (en CDI parce qu'il a la bonne, mais qui est encore plus incapable qu'un contrat de qualif) durant les vacances de notre responsable habituelle. Dixit « même si vous savez qu'elle se trompe, vous faites ce qu'elle dit ». Hallucinant. A côté de ça, une autre des filles a 5 ans d'expérience dans le métier mais a renoncé la semaine dernière au poste de chef de plateau qu'il lui faisait miroiter depuis son embauche. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il n'aurait jamais tenu sa promesse et qu'il voulait une rivalité entre les deux CDI. Super esprit hein... Quelle boîte de pourris ! Une des filles m'a même surprise : elle a collé un post-it dans un des WC « Prière de ne pas laisser de traces douteuses derrière son passage. Pour le respect de toutes ». Hé oui, ça peut paraître trivial d'en parler ici, mais nos supérieurs et l'hygiène, ça fait deux. Et comme il n'y a pas de femme de ménage (trop radins pour ça), c'est nous qui devons essuyer les plâtres (quelle belle image !).

Hum. Je ne fais pas dans la finesse ce soir. Je continue ? Allez, je suis dans la bonne voie pour faire dans le scabreux... Je suis allée chez la gynéco, elle est apparue après ¾ d'heure de glande dans la salle d'attente à lire une BD édulcorée sur les moyens de contraception et à supporter un gosse qui braille dans les bras d'un militaire. La première pensée que j'ai en la voyant avec sa béquille c'est « tiens, voilà Dr Weaver, est-elle aussi lesbienne ? ». Et puis je me suis rendue compte qu'aujourd'hui elle était sympa. C'est marrant les gens lunatiques, un jour ils t'engueulent, le lendemain ils s'intéressent à toi. Elle était très contente de voir que mon taux de cholestérol est revenu à la normale depuis que je prends la pilule qu'elle m'a prescrite. J'étais son dernier rendez-vous de la journée alors elle s'est lâchée ,elle avait envie de parler. Je me suis demandée alors si cette femme n'avait pas hâte de rentrer, si elle avait un homme et des enfants qui l'attendaient...

Après j'ai pris le bus et j'ai observé autour de moi, tout en me disant « c'est la dernière fois que tu prends le bus à 23 ans ». Réflexion stupide sans doute, à la limite de la superstition, mais voilà ce que j'en ai tiré : des types au rire gras qui devait sortir d'un après-midi de beuverie au bistrot du coin ; un groupe de petites racailles en vacances scolaires, à l'accent banlieusard qui sonne faux ; un militaire à qui un des ivrognes parle, il ne lui répond pas et secoue la tête d'un air désapprobateur ; une femme en face de moi, un visage dur, marqué par le temps, mais qui a quelque chose de religieux, comme ses mains croisées sur ses cuisses. Par la vitre, un duo de mormons, deux jeunes hommes qui doivent revenir d'une journée à prêcher la bonne parole... Le quotidien en somme. Mais la seule pensée que c'était la dernière fois que je voyais tout ça (tout du moins avant demain) avait quelque chose de magique.

Demain est un autre jour...

Haut de la page

mercredi 19 février 2003 à 19h13
24 ans, 24 heures
La journée avait pourtant bien commencé. Mon homme qui me réveille doucement à minuit pour être le premier à me souhaiter mon anniversaire en me serrant dans ses bras. La sensation d'être en paix, en harmonie, que tous les soucis s'envolent pour laisser place à la perfection. Au réveil, je lis son journal de la veille au soir : il y explique que l'un de ses cadeaux sera un scénario de JdR qu'il écrit presque spécialement pour moi puisque je suis la seule joueuse sur le coup. Son écrit me touche plus qu'il ne peut l'imaginer...

Le rêve s'est brisé ce matin, à cause de deux malheureux quiproquos, l'un avec ma responsable au boulot où le ton est monté, l'autre avec mon homme qui est venu me chercher alors que j'avais pris le bus. Et ça m'a sapé le moral pour une bonne partie de la journée. Le temps n'arrangeait rien : froid, venteux, pluvieux, comme je déteste en somme, mais nous sommes en février après tout. A midi, en plein déjeuner, je craque. Je fonds en larmes sans raison précise, juste parce qu'à force de me contenir, de rester calme et de relativiser les évènements, j'accumule un trop plein d'émotions qui doit se déverser tôt ou tard. Je me sentais nulle, incapable, bonne à rien, maigre, moche, insipide. Crise de larmes le jour de mon anniversaire. Ce n'est pas la première fois. Il y a tout juste deux ans, nous bossions ensemble en soirée (nous travaillions en tant qu'animateurs/modérateurs sur un site de communauté). Il y avait avec nous un agent de sécurité, mi-alcoolo, mi-abruti, ce soir-là, je n'ai pas fait attention à ce qu'il me disait, et il s'est mis à m'agresser (oralement, fort heureusement). Et moi, émotive comme pas deux, je fonds en larmes en arrivant à l'appart'. Revenons beaucoup plus en arrière, il doit y avoir 15 ans. Le frère de mon père décède d'une crise cardiaque, encore le jour de mon anniversaire. Ce jour doit porter la poisse. Je ne peux pas m'empêcher de l'appréhender.

Mon homme a tout fait pour égayer mon après-midi (que j'avais posé pour l'occasion) : il a insisté pour sortir faire les boutiques pour trouver un cadeau, a tenu à ce qu'on mange quelque chose de spécial pour l'occasion, m'a emmené dans un salon de thé chicos boire le meilleur chocolat chaud de la ville. Finalement, on a trouvé quelques petits objets dans une boutique de déco et un jeu vidéo. Je n'avais envie de rien, ni de sortir, ni d'avoir de cadeau, ni de manger quelque chose de spécial. J'avais besoin d'un coup de pied au cul, il me l'a mis. Et je vais mieux maintenant. Il y a aussi mes collègues, les coups de fils et les e-mails reçus aujourd'hui. Notamment mon petit frère qui a essayé d'appeler à 8h30 ce matin, mon père, ma grand-mère, ma belle-mère, l'ex-femme de mon parrain, ma soeur, mon neveu... Ca fait toujours chaud au cœur qu'ils y aient pensé...

Je vais tenter de garder le moral ce soir.

Haut de la page

jeudi 20 février 2003 à 18h36
Test de Personnalité
J'ai bossé à la maison toute la journée. Autant dire que j'ai glandouillé un max, heureusement que j'avais des cours à recopier sur Word ! Journée morne en somme, comme le temps par la fenêtre. Ce week-end risque d'être plus mouvementé et tant mieux. Pas mal de boulot en perspective et convention à Bordeaux. C'est la raison pour laquelle j'écris trois bricoles ce soir, je n'aurai probablement pas le temps de me mettre à la prose avant la semaine prochaine.

Mon homme a eu le sentiment hier que mon anniversaire n'avait pas été fêté comme il se doit. Pour lui, ça rime avec gens à la maison, gâteaux, cadeaux et tout le tralala. Bof. Pas trop mon truc à vrai dire. Ca vient peut-être (sans doute même) de mon côté introverti... Et forcément, comme en société il est aux antipodes de l'introversion, il a du mal à se mettre à ma place ! J'ai toujours préféré me retrouver avec une, deux personnes grand maximum pour discuter. Après j'ai tendance à m'écraser, sauf si je connais vraiment les personnes en question. Quant aux dîners au resto avec 15 personnes, c'est carrément la galère: à la fin de la soirée, on a même pas parlé au tiers de l'assemblée, ça a un côté frustrant je trouve. Et puis c'était pour parler de banalités, pas pour refaire le monde. C'est peut être moi qui suis bizarre après tout d'apprécier les petits comités!

Il y a un test assez sympa et révélateur pour évaluer sa personnalité et ses orientations professionnelles, l'INDICATEUR TYPOLOGIQUE DE MYERS-BRIGGS ou MBTI, il est apparemment utilisé par certaines entreprises lors d'entretien d'embauche. En gros je suis une idéaliste, je dévoile difficilement mes sentiments (introversion, quand tu nous tiens!), je trace ma propre ligne de conduite sans prêter attention aux conventions et j'ai du mal avec la logique abstraite. Le portrait (INFP) me correspondant est assez juste, à quelques détails près. Pour les lecteurs intéressés et pas réfractaires à ce genre de test, voici un lien y menant http://www.chez.com/hz/

Sinon quoi ? Rien de plus. Panne d'inspiration ce soir... Je vais m'abstenir !

Haut de la page

vendredi 21 février 2003 à 17h24
Banc Public & Vieux Pervers
J'ai profité du beau temps hier midi pour déroger aux habitudes en dévorant mon Quick du vendredi midi sur le banc d'un jardin public en ville. Mal m'en a pris, le vent soufflait si fort que je mâchais autant de cheveux que de frites ! J'en profite pour bouquiner un peu avant mon rendez-vous chez des copains et voilà qu'un homme d'un certain âge, assez corpulent, qui fait péter les lunettes noires et le costume du dimanche m'extirpe de ma lecture dans une phrase trop récurrente à mon goût : « cette place est libre ? ». Je jette un œil alentours : des bancs vides, il y en a à la pelle, et l'autre vient perturber mes quelques minutes de paix avec ses airs de vieux dragueurs de guinguette. A l'instinct, je lui rétorquerais volontiers : « pas de place pour les pervers à côté de moi » ; mais voilà, je me dégonfle lamentablement et lui lance un cynique « ben oui, apparemment c'est libre ! ». Je tente d'achever de lire mon chapitre mais ce type a vraiment un grain, il continue à s'adresser à moi d'un ton mielleux et se pâme devant des pigeons en s'exclamant « oooh les jolies colombes ! ». C'en est trop, impossible de finir les quelques lignes qui me séparent de la fin de mon chapitre, je trace ma route.
Ai-je une mauvaise attitude en agissant de la sorte ? Suis-je trop froide, sur la défensive ? J'en ai peut-être tout simplement ma claque d'être emmerdé constamment par des types bizarres qui n'ont rien à faire de la journée que de s'incruster dans la vie des autres. Pourtant j'avais l'intuition que le fait de m'asseoir sur ce banc allait encore attirer un pervers. Mais j'ai tenté le coup, espérant quelques instants de tranquillité. En vain...
Le soir nous avons accueilli un copain du net qui voulait participer à la convention ce week-end. Moi qui ai l'habitude de me lever toute seule le samedi matin à 7h00, nous serons trois à prendre le petit déj' pour une fois !

Haut de la page

samedi 22 février 2003 à 17h26
Le Temps d'un week-end...
Grosse journée de boulot. Il n'empêche que ma responsable m'a encore fait venir pour une hypothétique formation l'après-midi alors que nous étions surchargées d'appels. Trois quart d'heure de bus encore pour rien ! Ah si, comme d'habitude, nous avons été gratifiées d'accusations non fondées de la part du boss. Et la « chouchoute » de la boîte est repartie chez elle après avoir simulé une extinction de voix, ce qui est d'autant plus rageant que j'ai été aphone pendant plus d'une semaine en janvier (après avoir passé plusieurs jours à bosser sans chauffage, 6°C toute la journée assise, c'est terrible !) et qu'il était hors de question que je me mette en arrêt de travail. Après ça qu'on aille nous dire qu'il n'y a pas de favoritisme quand notre responsable a pris sa défense auprès du boss en disant que la pauvre, elle souffre le martyr depuis une semaine ! Et apparemment, elle ne compte pas remettre de certificat médical puisqu'elle prétend ne pas avoir d'argent pour payer le médecin (arrangeant quand on simule et qu'on claque toute sa thune en fringues et en casino !). Je vais finir par l'écrire ce bouquin sur cette boîte, ça fera un super thriller hinhin...

Je devais prendre le TGV le soir même et j'ai donc dû faire un maximum de choses en un minimum de temps en rentrant du boulot. Les chats m'observaient m'activer tout en me suivant dans chaque pièce. Je les avais nourri, peigné et câliné vite fait, mais ils ne sont pas dupes, ils sentaient bien qu'après leur maître le matin, c'était leur maîtresse qui les abandonnait le soir ! Ils étaient tous les deux là à me regarder quand je franchissais le seuil de la porte, je sentais un air de reproche dans leurs yeux, n'importe quoi ! TGV direction Bordeaux pour participer à moitié à une convention de jeux de rôles. Mon homme me récupère à la gare avec A, une copine que je n'avais pas vu depuis plus d'un an. Auparavant, elle habitait à 100 km de la maison, et comme elle voyageait gratuitement avec la SNCF, elle venait parfois le week-end chez nous. Depuis, elle est installée à Paris pour travailler et comme nos séjours en région parisienne sont courts, nous ne l'avions revu qu'une fois. C'est une fille sympa et intelligente dotée d'un humour assez particulier, elle a fait je ne sais combien d'années d'études, entre autres en beaux arts et philo. Le genre à réfléchir longuement avant d'agir, à peser le pour et le contre avant de prendre une décision, à philosopher sur tout et n'importe quoi. Depuis que je la connais, je ne lui ai pas connu d'idylle, mais il faut dire qu'elle est très select'. Elle ne juge pas énormément sur le physique, pour elle un mec doit être assez intelligent pour ne pas se laisser dominer pour son instinct de mâle... Pas facile à trouver en somme ! J'étais bien contente de la revoir mais je réalise que plus ça va, plus j'aimerais revenir en région parisienne pour revoir plus souvent les personnes que je vois de moins en moins...
Le soir, j'échange quelques mots avec les rares personnes que je connais et j'apprends qu'une des (rares) femmes présentes et que je connais, M, est téléop comme moi. Apparemment ce n'est pas non plus le top et pourtant elle bosse pour un opérateur téléphonique. Normal qu'il y ai un turn over aussi important dans le métier ! Ensuite, place à un concert bien sympa que l'on peut qualifier de « celtico-humoristico-rôlistique ». Le chanteur du groupe sait apparemment jouer de beaucoup d'instruments et a une assez belle voix. Ils enregistraient à l'occasion un CD live - Live in Pessac, ça le fait non ? ;)
M et son compagnon nous offre gentiment l'hospitalité pour la nuit après une soirée cool mais sans manger. Pas grave, la fatigue est prioritaire et le lendemain une journée ludique nous attend...

Haut de la page

lundi 24 février 2003 à 17h27
Y a l'printemps qui chante
De la fenêtre émanent le crissement des roues des vélos et des trottinettes sur le bitume, les cris et les rires des enfants. L'air est doux, le soleil est au rendez-vous et l'effluve particulière des beaux jours me flatte les narines, on dirait le printemps. Je me souviens de ces journées où, enfant, je passais le plus clair de mon temps dehors moi aussi, mais le plus souvent seule, à m'inventer des histoires, à observer les oiseaux et les insectes, déplacer des pierres, m'occuper des plantes, jouer avec les chats ou cueillir des fleurs. Je tenais à cette solitude, déjà. Parfois, la fille de mes voisins, du même âge que moi, venait jouer dans le jardin avec moi et nous faisions certaines expériences bizarres. Une fois, nous avions décidé de faire du parfum avec les fleurs les plus odorantes que nous trouvions ; il faut préciser que le jardin était auparavant un champs de fleurs et que certaines racines ont subsisté. La mixture ainsi obtenue était conditionnée dans des bouteilles de bière vides ; quoi de plus glamour qu'un parfum sentant l'eau croupie, la fleur des champs, l'alcool et les relents de bière blonde !
Mais je préférais tout de même laisser mon esprit vagabonder et la condition sine qua non à ce recueillement, c'est d'être seule. Aujourd'hui, je constate que certaines choses restent constantes : je conçois certaines activités comme « intimes ». Ecrire en fait partie, lire, choisir des vêtements ou des cadeaux aussi.
Voilà comment le climat peut jouer sur le mental avec son effet Madeleine de Proust incontrôlable...

Haut de la page

lundi 24 février 2003 à 20h14
Petit Frère...
Petit Frère

Petit frère est venu pour la première fois en France lorsqu'il avait 6 mois et a été opéré à cœur ouvert, il n'était pas encore mon petit frère.
Petit frère m'a fait pleurer à m'en rendre malade lors de son départ dans son pays.
Petit frère a fait pleurer ma mère sur cette photo agrandie lorsqu'elle l'a ramené dans son pays.
Petit frère est revenu 5 ans après et est devenu peu à peu mon petit frère.
Petit frère n'est pas de la même couleur que moi, mais il est mon petit frère.
Petit frère n'a pas les mêmes géniteurs que moi, mais il reste mon Petit frère.
Petit frère a des parents dans son pays mais il manquerait de soins médicaux là-bas.
Petit frère a des problèmes d'apprentissage, un retard physique et mental.
Petit frère a été rejeté de l'école maternelle du village par des institutrices cruelles et racistes.
Petit frère a surpris le généticien quand il l'a vu jouer du violon et du piano malgré son handicap.
Petit frère ne pourra pas mener une vie comme celle des autres et ça me fait peur.
Petit frère devra encore subir d'autres opérations.
Petit frère a envoyé ma mère voir un psy qui l'a brisée en une séance en lui disant qu'elle n'était pas sa mère.
Petit frère a des gros soucis dans sa famille d'origine dont il n'a pas conscience.
Petit frère a pleuré dans mes bras quand je lui ai annoncé que son chat était mort et que mes parents n'étaient pas là.
Petit frère m'a cru quand je lui ai dit que son chat était au Paradis des Chats avec la mienne qui était morte auparavant.
Petit frère m'a fait prendre conscience que beaucoup de gens étaient des pourris et des sans-cœurs.
Petit frère m'a envoyé un e-mail hier alors que beaucoup disait qu'il ne saurait jamais lire ni écrire.
Petit frère m'écrit qu'il m'aime et qu'il est heureux que nous venions et moi je suis incapable de lui dire que j'aime.
Petit frère se rend compte peu à peu de sa maladie, ça le rend triste ou le révolte.
Petit frère m'en voudrait peut-être que je ne parle pas beaucoup de lui mais ce n'est pas par honte, juste par peur de pleurer.
Petit frère m'a fait réalisé que j'avais de la chance d'être en bonne santé et de pouvoir m'assumer.

J'aime Petit frère mais je ne sais pas comment lui dire.

Haut de la page

mardi 25 février 2003 à 12h42
Titre Définitif...
A mon inscription, je n'avais pas vraiment réfléchi à un titre pour ce journal. Et comme je ne suis pas douée pour les titres, j'ai pensé que tôt ou tard j'aurai une illumination. J'ai donc mis au feeling « Rétrospective » dans la case prévue à cet effet... Puis hier soir, alors que mon esprit vacillait entre l'état de veille et celui du rêve, le mot « Ephémère » s'est vaguement imprimé parmi les pensées délirantes de ce moment particulier...

Ephémère... Comme les jours qui passent, les pensées fugaces que je jette sur cette feuille virtuelle, les émotions ressenties sur le moment et que l'on a tendance à oublier, inexorablement... Comme cet insecte qui ne vit qu'un ou deux jours et qui m'a toujours fasciné : vit-il cette journée de la même manière que nous vivons une vie entière ? L'échelle du temps est-elle si relative selon que l'on soit un humain ou un petit insecte ?

Ephémère... « elfe », « fée », « mer » ? Quoi de plus céleste, de plus vaporeux que ce mot ? Comme cet état de transition où la conscience nous échappe, où l'on se sent dans un univers cotonneux, douillet, où les idées se font chimériques et échappent à toute logique, au temps et à l'espace. Cette antichambre du rêve que j'affectionne tant...

Haut de la page

mercredi 26 février 2003 à 16h22
Tapage Nocturne...
Depuis trois ans que je vis ici, je ne connais pas mes voisins si ce n'est de vue. Oh bien sûr, je les croise dans la cage d'escalier, au détour du local poubelle ou des boîtes aux lettres et la plupart d'entre eux répond lorsqu'on les salue, mais ça ne va pas plus loin. Notre seul point commun après tout, c'est de vivre dans une HLM vétuste où les murs fins comme du papier à cigarettes trahissent l'intimité des locataires. Alors les chasses d'eau, les engueulades, les mômes qui pleurent, les Feux de l'Amour, les démarches lourdes, les sonneries de téléphone, les odeurs de graillon, ça fait peu à peu partie intégrante du quotidien.

De quoi est constitué la faune de mon immeuble ?

Il y a d'abord cette femme masculine habillée en motard, blouson de cuir, jean usé et cigarette au coin des lèvres. Je la croise le matin lorsque je vais au boulot et qu'elle revient de la boulangerie, ou en bas de l'immeuble quand elle s'affaire avec sa mobylette. Un vrai garçon manqué.
Il y a cette vieille sourde comme un pot qui regarde les Feux de l'Amour et la messe de France 2 à plein volume. Son autre loisir est d'observer les gens d'un œil inquisiteur par la fenêtre de sa cuisine. Son regard de fouine est assez terrifiant.
Il y a cette famille au rez-de-chaussée chez qui quelqu'un est mort récemment : deux corbillards devant l'immeuble et des pleurs en ont témoigné il y a peu.
Il y a cette famille sur le même pallier que nous, avec deux gosses bavards qui s'extasient quand ils voient un de mes chats qui sort subrepticement sur le pallier. Ils se sont fait voler leurs paires de chaussures à force de les laisser devant la porte. Du coup, ils ont collé un post-it à l'entrée de l'immeuble pour que le coupable leur rende et aille s'en acheter des neuves.
Il y a une jeune femme en bas qui élève seule son fils. J'ai échangé quelques paroles avec elle parce qu'elle adore les chats et qu'elle a remarqué les miens sur le balcon ou lorsque je les ballade. De son appartement émane une ambiance jamaïquaine : reggae, beaucoup de passages et fragrances de cigarette qui fait rire.
Il y a mes voisins de pallier, juste en face. Un couple avec une petite fille et un caniche nain. Un jour, mon homme a laissé entrer le voisin pour qu'il passe un coup de fil, il avait oublié ses clefs. Une autre fois, quelqu'un avait collé sur leur porte une menace « si votre chien continu d'hurlé à la more, je vous dénonce... ». Le truc bidon et bourré de fautes d'orthographe quoi. Leur chien gémit quand ils partent, je ne vais pas les blâmer, mon chat miaule aussi quand on sort...
Juste en dessous, il y a un couple genre fonctionnaires-à-la-retraite-à-50-piges qui doit sérieusement s'ennuyer. Ils se lèvent super tôt et une fois, la femme a surgi sur le pallier alors qu'on montait chez nous. Elle voulait savoir si c'était nous qui faisions du bruit tous les soirs, genre un déménagement gratiné avec option murs qui tremblent à l'heure où tout le monde se couche. Non, ce n'était pas nous.

Et puis, il y a les voisins du dessus. Oui, juste au-dessus de nos têtes et par là même de nos oreilles. Bien entendu on a gagné le gros lot vu notre chance habituelle, ils sont probablement les plus bruyants de toute la résidence. Auparavant, il y avait juste la femme et la gamine qui braillait tout le temps ; on aurait dit un bébé alors qu'elle devait bien avoir dans les 2 ou 3 ans. Et bien sûr les aléas de la vie en communauté tels que les tapis secoués par la fenêtre pour nous faire profiter de la poussière qu'ils dégagent, les poignées de cheveux et les chaussettes retrouvés sur le balcon. Et depuis quelques temps, la cerise sur le gâteau : il y a un homme chez eux. On a donc droit à Monsieur Bricolage et sa perceuse le dimanche matin à 8h. Mais ce n'est pas tout : ils passent leur temps à s'engueuler, principalement en soirée. Vaisselle cassée (j'ai bien cru une fois que le plafond de la cuisine n'avait pas tenu le choc), hurlements, pleurs, démarche lourde, coups dans les murs... Et hier soir, re belote à minuit passée, pendant plus d'une demi-heure. J'ai cru que leur dispute avait lieu sur le pallier mais non, leur porte était bel et bien fermée. Les paroles hystériques et les cris déchirants de la femme qui hurlait comme un cochon qu'on égorge étaient entrecoupés de quelques mots plus posés de l'homme. En vérité, je ne saisis pas la substantifique moelle de leur débat d'idées puisqu'ils ne parlent pas français entre eux, autrement nous serions malgré nous au courant des moindres détails de leur vie privée. Impossible donc de m'endormir et je sentais la moutarde me monter au nez : comment peut-on être aussi irrespectueux du sommeil de ses voisins ? Si encore leurs discordes étaient en journée et occasionnelles, je ne dis pas, après tout chaque couple a des divergences d'opinion, je ne suis pas psychorigide. Mais un tel boucan à cette heure incongrue, c'en est trop. La vague d'énervement a fini par déferler se manifestant par l'irrésistible envie d'appeler les flics avant qu'ils ne s'entretuent. Mon homme m'a dit d'aller me recoucher en promettant qu'il allait agir. Ce qu'il a fait en criant un « baissez d'un ton ou j'appelle les flics » derrière leur porte. Vos désirs sont des ordres. Pour certains, la peur du gendarme engendre de meilleurs résultats que la notion de respect d'autrui. Quelle mentalité ! Si ma voisine croit après ça que je lui rachèterais ses pâtisseries faites maison ou que je lui monterais les fringues qu'elle fait tomber sur mon balcon, elle se met le doigt dans l'œil !

Quand j'aurai du fric, je vivrais en pavillon...

Haut de la page

jeudi 27 février 2003 à 23h09
Sur la route toute la sainte journée...
Enfin quelques jours de vacances ! Autoroute direction Paname. Déjeuner frugale dans un Café Route, musique des trente dernières années à la radio, chat qui miaule et rend mon pantalon violet blanc de poils. Et puis nous faisons un arrêt pour une pause pipi sur une aire qui ne paye pas de mine mais où semble-t-il nous nous arrêtons à chaque fois sans le faire exprès. La dernière fois, il y avait un dépliant pour un zoo où il y a des koalas, cette fois-ci il y avait beaucoup moins mignon : mon boss à côté de son 4x4 qui m'appelle. Je suis verte, il m'a reconnu et en plus au lieu de m'ignorer, il se manifeste. Le pire dans l'histoire, c'est que ne connaissant pas mon homme, ils se retrouvent aux WC en même temps ! Enfin, le hasard a encore frappé, mais cette fois j'aurai pu m'en passer volontiers.

Presque arrivés à destination. Halte devant le lac d'Evry pour fourguer les chats à ma mère avant d'aller passer la soirée chez le père de mon homme. Là-bas, discussions diverses et variées : les histoires de famille habituelles, avec ses jalousies, ses héritages, ses morts, ses enfants cachés, ses prostitués et proxénètes, ses suicides. Je ne me sens pas forcément à l'aise quand mon homme et son père parlent de choses plus « sérieuses » les concernant plus directement. Le fait que son père n'aie jamais vu son petit-fils par exemple, ou que sa maladie peut lui être fatale n'importe quand. Ce sont des discussions personnelles voire des pleurs auxquels je n'aime pas être mêlée. Mais ce n'est pas facile lorsqu'on habite trop loin pour se voir plus facilement et discuter de tout ça en tête à tête. Alors je me tais. Cet été, nous irons normalement passer quelques jours chez lui, en Bretagne. Il a insisté auprès de moi pour que son fils vienne absolument ! J'y veillerais comme je peux...

Haut de la page

vendredi 28 février 2003 à 23h04
Journée Parisienne...
Découverte du nouveau style de la chambre d'amis de la maison de mes parents : un bel ensemble d'écru et de blanc se mariant impeccablement avec la chaleur du bois du parquet. On se croirait presque dans un catalogue de déco d'intérieur ; vraiment réussi.

Aujourd'hui, nous avons décidé de quitter la grande couronne pour passer la journée sur Paris. Ballade et shopping au rendez-vous. Le ciel est idéal, mi-ensoleillé, mi-nuageux. Nous faisons un saut chez mes grands parents et ma sœur puis prenons le RER A direction Châtelet les Halles.

Je n'ai plus l'habitude de toute cette foule, ce tumulte dans les transports ou sur les escalators, ça me manquerait presque. Petit crochet par l'île St Louis, ville au cœur de la ville un peu hors du temps, où les magasins « non-touristiques » ne rouvrent leur porte qu'à 15 ou 16h comme en province. Là-bas, trônant fièrement dans la vitrine d'une chocolaterie, de véritables « crottes » en chocolat, de l'aspect de celles qu'on tente d'esquiver sur les trottoirs. Nous rejoignons les quais et par le plus grand des hasards, nous tombons nez à nez sur une boutique australienne. J'en connaissais une rue de Rennes mais j'avais fait choux blanc en essayant de la retrouver. Nous en avons la confirmation par la vendeuse de cette boutique, l'autre a bel et bien fermé. Nous voilà donc plongé au paradis des koalas, des kangourous, des ornithorynques et de Crocodile Dundee en plein V° arrondissement. Mon cadeau d'anniversaire pointe son nez, un koala en peluche accompagné de son petit dans le dos. Je trouve aussi un porte-clef ornithorynque pour la collection (très limitée) de mon homme. Nous ressortons contents d'avoir trouvé par hasard la seule boutique australienne sur Paname et avec l'envie exacerbée de visiter ce pays lointain. Ballade sur les quais, quelques bouquinistes sont au rendez-vous, certains marchandent de vieux livres à des étudiants, d'autres fument la pipe paisiblement en veillant sur leurs vieux Playboy jaunis. Devant une antique boutique de livres d'occasion anglais, trois hommes très british en costume à carreaux, la pipe au bec et la bouteille de whisky à la main sont assis et discourent philo, littérature ou actualité peut-être... Et puis d'autres sensations en vrac, l'odeur des kebabs à 16h à St Michel, la chaleur et l'odeur caractéristiques lorsqu'on marche sur une grille d'aération de métro, les boutiques les plus spécialisées ou insolites comme ce marchand de masques ou de bouteilles d'alcool, ces vitrines de bijoux en argent, cette foule bigarrée attablée à n'importe quelle heure aux terrasses des restos, les différentes langues ou accents qui se mélangent, ce flic en VTT qui n'arrive pas à nous renseigner, les cheveux emmêlés par le vent du bord de Seine, cet homme devant Notre Dame qui attire les touristes en leur faisant donner à manger dans leur mains aux pigeons et moineaux à moitié apprivoisés. Nous finissons par une visite à la Samaritaine où nous tombons par hasard sur une exposition sur le thème « Latino Mucho », la reconstitution d'une maison d'Amérique Latine typique. Superbes meubles en bois peint à l'aspect vieilli, aux couleurs chaudes ou pastelles, la plupart ont trouvé acquéreurs malgré leur prix exorbitants. Là où je trouve Paris fascinante, c'est dans sa capacité à nous donner un aperçu de nombreux pays et cultures tout en conservant un aspect authentique. Ce n'est pas valable dans tous les quartiers certes et il faut savoir sortir des sentiers battus du tourisme ou mettre tous ses sens en éveil pour capter son âme.
Nous rentrons épuisés, le porte-monnaie vide, chargés de sacs et de souvenirs parisiens...

Haut de la page

lundi 3 mars 2003 à 23h10
Kilomètre 179...
Flash-back : samedi, ma sœur annonce qu'elle ne pourra pas venir comme prévu, son fils étant malade. Du coup, je propose à mon homme de faire une visite du château de Vaux le Vicomte : c'est à une demi heure et il n'y a pas vraiment d'autres choses à faire par ce temps pluvieux. Après maintes péripéties pour le trouver, nous nous retrouvons le bec dans l'eau : fermeture annuelle jusqu'à fin mars ! Résultat: nous retournons sur nos pas et faisons un petit tour beaucoup moins culturel dans une zone commerciale. Je passe la fin de l'après-midi avec ma mère à Carré Sénart, l'un des plus grand centre commercial d'Ile de France. Nous dénichons mes cadeaux d'anniversaire, chez Nature & Découvertes des parfums d'intérieur « Soir d'été en Provence » et un livre sur les lieux secrets et insolites de Paris et chez Côté Maison un vide poche orné d'une jolie libellule. Nous abandonnons l'idée de manger au restaurant et nous ramenons des pizzas et de la Mort Subite cerise et cassis, ça vaut pas un trois étoiles mais j'adore quand même.

Dimanche, réveillés à 6h30 par une fausse alerte d'incendie à l'usine où travaille mon père, bonjour l'angoisse ! Déjeuner « d'anniversaire » près de deux semaines après la date fatidique. Ma sœur arrive à temps pour le dessert avec mon neveu et mon beau frère. Nous passons l'après-midi à discuter et à tester un petit jeu à deux que j'ai acheté le week-end dernier à la convention.

Lundi... Je déteste les retours ! Ca me déchire le cœur à chaque fois que je dois quitter ma famille, « ma » maison pour faire les 450 km qui me sépare d'eux ! Temps pluvieux sur la route histoire d'enterrer le moral. Nous écoutons Autoroute FM sans passion lorsqu'ils coupent une chanson en plein milieu pour annoncer qu'un panneau serait tombé sur l'A10 entre Orléans et Tours au kilomètre 179. Au moment où l'animatrice prononce ce « km 179 » nous le passons pile poil avec la voiture ! Apparemment cette autoroute recèle de nombreux hasards à l'aller comme au retour... En tout cas, aucune trace de ce fameux panneau!

Haut de la page

mardi 4 mars 2003 à 19h41
Hermesseries
Ne voulant pas mourir bête, je suis allée faire un tour sur le site d'Hermes pour voir les différents modèles de carrés. Rien à faire, ce n'est vraiment pas mon truc! Je ne renie pas la qualité mais arf, je n'aime pas du tout les imprimés! Tous les goûts sont dans la nature et tant mieux, sinon on se battrait toutes dans les magasins pour s'approprier la même petite robe et ce serait l'horreur! Tout ça pour dire que ma boîte nous offre parfois des petits cadeaux dont on se fiche éperdument et que le prochain sur la liste est un foulard "Ted Lapidus" qui finira certainement au fond d'un placard alors que des femmes doivent le trouver beau...

Mon argent, je le gagne difficilement. Je n'ai jamais manqué de rien, attention, mais à 500€ par mois pour deux, autant dire que c'est la galère. Alors difficile de faire des folies. Les seules choses autorisées sont les vêtements en période de soldes (et les 34/36 ça ne courent pas les rues) et les bijoux que m'offre ma soeur, avantage qu'elle soit artisante dans ce domaine! Et même avec un salaire correct, à part les coups de coeur, j'essaie de ne pas trop dépenser. Quoi, je suis radine?! Non, je le garde pour voyager! A chacun sa manière de le dépenser quoi!

Haut de la page

mercredi 5 mars 2003 à 21h49
Stranger in a strange land...
Je ne peux pas m'empêcher de penser que ma vie serait totalement différente si je n'étais pas venue m'installer dans cette foutue ville. Que finalement, mon homme aurait fini par monter me rejoindre et que j'aurai trouvé des études qui me plaisent, voire même une vocation, qui sait ? Et voilà, trois ans que je suis ici et je ne me sens toujours pas à ma place ; un « trou » où les perspectives d'études ou d'embauches sont quelque peu restreintes. Si ça ne tenait qu'à moi, je vivrais certainement cloîtrée chez moi, ne sortant que pour le minimum vital. Rien ne me motive, pas d'ami ou de famille à aller voir, pas de forêt ou de ballade sympa, pas de centre commercial, pas de sortie culturelle, pas de boîte de nuit digne de ce nom...

Je réalise que je me suis repliée sur mon couple puisque mon homme est ma seule attache ici et que je n'ai même pas l'envie d'en constituer d'autres. Pire encore, le phénomène du loin des yeux- loin du cœur m'a éloigné de mes amis d'enfance ; je n'ai même pas cherché à les voir lors de mon dernier week-end en région parisienne. Oui, nous grandissons aussi, le passage à l'âge adulte nous a quelque peu séparé ; lorsqu'on a rien à se dire par e-mail interposés, en face à face c'est encore moins brillant ! J'ai beaucoup de mal à entretenir des relations à distance et du coup, au lieu d'avoir plein de choses à se raconter en se retrouvant, on finit par ne plus rien avoir à se dire. Nos chemins sont trop différents, nos préoccupations ne sont plus les mêmes. C'est le clash mais il reste tabou, tout le monde sent un malaise mais personne n'osera l'affirmer. C'est la raison pour laquelle j'ai préféré rester dans le cercle familial uniquement ce week-end.

En juin, ce foutu contrat que j'ai accepté en désespoir de cause s'achèvera enfin. S'ils me proposent un CDI, je pense que je refuserais : pas envie de signer perpète pour des pourris de la pire espèce. Je dois donc d'ores et déjà commencer des recherches pour trouver un hypothétique call center voulant bien de moi. Par où commencer ? En éliminant d'emblée toutes le régions que je ne trouve pas attractives ? En ne s'éloignant pas encore plus de Paris ? Dans un sens, ce boulot ne m'excite pas le fri-fri. Mais je n'ai jamais eu d'ambition professionnelle. Aucun rêve de gosse de devenir instit ou médecin. Rien. Nada. Ma mère m'a parlé d'un poste d'aide éducatrice si l'idée sur laquelle elle travaille d'une école pour enfants en difficulté ouvre ses portes. Je ne sais pas. En suis-je seulement capable ? Tout ce que je cherche après tout, c'est un boulot où l'on me fiche la paix, que je peux exécuter seule, sans personne pour me harceler ni personne à qui je dois tout expliquer. Utopique non ? Ce week-end, j'ai parlé au téléphone avec mon instit de CE1, elle avait l'air déçu d'apprendre que je n'étais « que » télé conseillère étant donné que j'étais toujours en tête de classe quand j'étais « jeune ». Hé ben oui, c'est comme ça. Après avoir galéré six mois sans rien avoir à se mettre sous la dent, on dit oui à n'importe quoi ! Est-ce que je regrette ? Je ne préfère pas. Ca me fera une expérience professionnelle et j'aurai éviter les réunions aseptisées de l'ANPE genre bilan de compétences ou autres inepties.

Par contre, j'ai quelques regrets quant à mon installation ici. D'un côté, vivre à près de 500km l'un de l'autre, c'était ingérable. De l'autre, j'aurai peut-être dû pousser mon homme à venir me rejoindre ou à ce que nous nous installions ensemble en terrain neutre. Tant pis. On ne revient pas sur les décisions passées, elles sont ce qu'elles sont, même si elles n'ont pas forcément été prises en connaissance de cause.

Les prochains mois risquent d'être décisifs. Il va falloir que je prenne le taureau par les cornes... Et ça me fait peur, malgré mon envie de changement...

Haut de la page

jeudi 6 mars 2003 à 13h35
Apologie du Désordre...
« Désordre », « boxon », « bazar », « foutoir », « bordel », « chantier », « fouillis », « pagaille », « capharnaüm »... Ce concept a trop d'appellations différentes pour ne pas être le propre de l'homme. CQFD : mon appartement est TRES humain, je peux en être fière ! Mon bureau croule sous les papiers, des vêtements, des chaussures, des cartons, des stylos, des lettres et des bouquins jonchent le sol. Une chatte n'y retrouverait pas ses petits, alors il est évident que pour retrouver un papier, ça devienne vite digne d'une expédition spéléologique. Fort heureusement, je ne vis pas avec un maniaque du rangement, autrement notre conception de l'ordre serait trop divergente pour ne pas être conflictuelle. Au contraire, j'ai trouvé pire que moi, j'en arrive même à péter une durite de temps en temps en m'armant d'un carton et en le remplissant de ses effets personnels qui traînent partout. Bien entendu, ces cartons restent au même endroit pendant des mois sans qu'il y touche et ça aussi, ça m'énerve. Mais je préfère tout de même cette extrémité à l'autre.

En ce qui concerne les démarches administratives, c'est vite coton. Quand il faut retrouver tous les papiers nécessaires, fiches de paye, Assedic et Cie en temps limité, c'est l'angoisse. Pourtant, j'ai pris des résolutions en essayant de m'organiser un minimum après que nous ayons abordé au boulot la « gestion du stress et du temps » mais j'ai vite jeté l'éponge. J'ai toujours l'impression de perdre mon temps lorsque je me mets à ranger, je n'en vois jamais la fin et puis la teneur du bureau de mon homme ne m'encourage pas à rendre le mien nickel. De toute façon, les papiers s'accumulent tellement vite que je suis tout de suite submergée. Je me suis aussi appliquée à faire des dossiers de classement par thème, mais finalement le dit-thème n'est jamais respecté et je retrouve une fiche de paye avec les remboursements de ma mutuelle et mon relevé de compte. Rien à faire. Ca doit être dans les gènes quand je considère l'appartement de ma sœur. Il n'empêche que beaucoup d'esprits « bien pensants» jettent l'opprobre sur ce « mode de vie » en assimilant le désordre à un reliquat de la crise d'adolescence.

J'en arrive à me poser une question existentielle : Y a t-il une corrélation entre le désordre extérieur, celui dont on s'entoure et qui nous submerge et le désordre intérieur, celui qui peut avoir lieu dans notre esprit ? Les gens organisés le sont-ils vraiment dans leur tête, gèrent-t-ils aussi bien leur vie privée par exemple que leur planning professionnel ou leur aménagement intérieur ? J'ai une collègue, B. qui a une vie bien rangée : du style, le lundi, je fais mes courses, le mardi soir, je vais manger chez belle-maman, etc. Où est la spontanéité quand on se complait dans un quotidien réglé comme du papier à musique ? Ne regrettera-t-elle pas ses vingt ans lorsque la routine lui sera dictée par le nombre des années et la lassitude ? B. a déjà des goûts de vieux, son copain a l'air d'être pire (il regarde le Bigdil, c'est pour dire !), ses beau-parents la mènent par le bout du nez et du coup elle pique des crises de colère tous les quatre matins. J'ai essayé de lui faire entendre raison pour qu'elle soit mieux dans sa tête mais elle n'a pas la volonté de se sortir de ces habitudes et de la mentalité « vieille France » qui pèse lourdement dans cette contrée.

Alors voilà, je préfère mon mode de vie qui peut choquer ou tout du moins être considéré comme bohême par certaines personnes « organisées » plutôt que de prévenir les invités de ne « pas faire attention au désordre » lorsque le lit n'est pas fait ou qu'un kleenex traîne par terre. Et je me considère moins bordélique dans ma tête que dans l'organisation matérielle, fort heureusement d'ailleurs !

Et puis ces doux mots de boxon, bazar, capharnaüm sonnent si bien je trouve... Pourquoi s'en passer ? Je trouverais certainement de quoi les incriminer en essayant de remplir ma déclaration d'impôts !

Haut de la page

samedi 8 mars 2003 à 19h47
Femmes d'ici et d'ailleurs...
Au début, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que la « Journée de la femme » était un concept un peu étrange puisque la femme est censée être l'égale de l'homme. Et puis à bien y réfléchir, on ne peut nier que cette égalité n'existe pas dans la majorité des cas. Alors voilà, finalement je n'ai pas envie de cracher sur cette journée, si elle parvient à faire réagir un peu plus l'opinion publique sur la situation des femmes dans certains pays ou même à côté de chez soi, hé bien pourquoi pas ?

Je me souviens de ce reportage sur France 2 il y a quelques années de cela, sur les femmes en Afghanistan sous le régime Taliban. J'en avais la chair de poule. Après avoir éteint la TV, j'étais allée faire un tour sur mon chat habituel : tout ceux qui avaient vu ce reportage était horrifiés, choqués, révoltés. Comment est-ce possible ? Comment un père, un frère peut-il séquestrer ou tuer sa fille ou sa sœur pour des motifs aussi absurdes ? Bien sûr depuis, de l'eau a coulé sous les ponts avec le renversement des Taliban ; mais même si on a jeté un voile pudique sur la situation (à croire que ça ne capte plus l'audimat), elle a l'air de ne s'être que très peu améliorée.

Je suis allée faire un tour sur le site d'Amnesty International. Pour la journée de la femme, ils mènent une action de sensibilisation sur les femmes en Russie, entre autre avec la Tchétchénie. Encore les libertés bafouées par les hormones et la mentalité de m... de certains hommes. Je vais envoyer la pétition à Poutine même si c'est un grain de sable à l'édifice.

Alors voilà, je voulais juste avoir une pensée pour toutes ces femmes battues, humiliées, séquestrées, violées. Toutes ces injustices auxquelles on ne peut pas faire grand chose hélas. Il faudrait un super-héros vengeur des femmes opprimées. Et encore, il aurait du pain sur la planche !

Et puis une pensée pour les mères. Elles exercent la profession la plus difficile au monde après tout. Moi je ne m'en sens pas capable. Une pensée donc particulièrement à ma Maman, à ma sœur, à ma grand-mère, à mes tantes. Et tout ça sur une chanson que j'adore, « It's not » d'Aimee Mann s'il vous plaît !

Aucune pensée par contre pour les femmes qui portent des visons. Mais bon, je ne m'engage pas sur ce terrain glissant autrement je vais aussi incriminer celles qui mettent du maquillage testées sur de pauvres lapins et c'est un autre débat.

Qu'en est-il de ces derniers jours autrement ? Rien de bien palpitant, mais qui a prétendu que ma vie l'était après tout ;)

Juste une petite anecdote, le côté animal social de mon homme l'a poussé à faire la connaissance d'un pompiste branché musique et boîte de nuit (il est transformiste ou je ne sais quoi) et on l'a croisé par hasard quelques jours après à Auchian. On a discutaillé quelques instants devant le rayon pâtisserie, un soir peut-être nous irons dans cette boîte où il est tous les week-ends. Une boîte bien dans le coin ? Ca serait inespéré !

Je viens de réaliser que le site devrait fermer à la mi-avril à cause de cette loi à la noix... On se rapproche dangereusement d\'un régime totalitarisme, attention!

Haut de la page

lundi 10 mars 2003 à 14h44
Tous ces petits riens...
J'ai récupéré deux DVD prêtés depuis quelques temps, « Magnolia » et « Minuit dans le jardin du bien et du mal ». J'ai bien envie de les revoir, même si le visionnage du premier ne remonte qu'au soir de Noël. Rien que d'en reparler avec le copain à qui on l'a prêté m'a mis l'eau à la bouche. Excellents acteurs (en VO en plus), bande son d'Aimee Mann donc forcément superbe, histoires croisées originales, émouvantes, parfois loufoques et fin totalement inattendue. Rares sont les films qui me marquent de cette façon, à part « Amélie Poulain » ou « le Voyage de Chihiro »...

Horreur : mon homme a cassé un mug avec un gros motif de libellule en relief. Soit, la hanse était déjà endommagée, mais là, quand j'ai entendu le bris de verre, j'ai compris que c'était la fin. Heureux hasard, le motif est entièrement intact. Encore un nouveau vestige à ajouter à la boîte à souvenirs...

Hier, dimanche, nous émergeons du lit assez tard mais à temps pour regarder mon émission culinaire favorite, « Carte Postale Gourmande », à Strasbourg cette fois. Jolie ville que j'aimerais d'ailleurs visiter même si je ne suis pas branchée choucroute-saucisses et accent hââlemand. Nous allons ensuite passer un après-midi sympa avec des copains pour une partie de jeux de rôles. La porte fenêtre est ouverte, le soleil me flatte la peau et m'éblouit, l'hiver semble peu à peu tirer sa révérence en laissant sa place au printemps.

Retour à l'appart' plutôt difficile. Ras le bol que la lumière de la cage d'escaliers soit en panne, on avance à l'aveuglette parce qu'on est pas foutu de prendre la lampe de poche dans la voiture. Je pense à allumer quelques bougies sur le balcon en symbole de paix ; j'aimerai pouvoir en faire plus pour dire non à la guerre. Dans le Vrai Journal, j'ai vu qu'en Italie une fenêtre sur 3 ou 4 affichait un drapeau multicolore estampillé du mot « Pace » et que les manifestations pacifistes pullulaient. J'ai l'impression que nous sommes moins militants en France, les gens sortent plus facilement pour manifester lorsqu'ils sont plus directement concernés, pour le travail par exemple. Ah oui, il y a eu les manifestations pour le second tour des Présidentielles, j'oubliais. Mais pour les conflits hors du pays, ça laisse un peu à désirer. Je dis ça, je passe outre les rares manifestations se déroulant ici, parce qu'elles ont lieu le samedi et moi le samedi, je bosse près de 9 heures.

Temps magnifique encore aujourd'hui. Ca me fait un bien fou au moral. Ma valise n'est toujours pas défaite une semaine après mon retour, il y a des cartons partout et le linge lavé s'entasse sur l'étendoir. Je DOIS m'y mettre et arrêter de repousser au lendemain ! Je n'ai par contre pas eu la flemme de faire un petit déjeuner « spécial » (limite brunch parce qu'il était plus de midi !) avec salade de fruits maison au sucre vanillé, brioche perdue et thé au jasmin. Qui prétend que le petit-déjeuner du lundi matin est une corvée ?

J'aime bien ce genre de petits riens qui sortent de l'ordinaire sans être plus compliqués que ça à élaborer.

Ou les petites choses impromptues qui émerveillent malgré leur simplicité. Comme contempler une libellule faire des loopings au dessus de nos têtes pendant que nous travaillons au téléphone ; entendre une femme jouer de la harpe dans une station de métro et alors tout le monde se tait, fasciné par un son si pur dans un lieu si sordide normalement ; observer un moine bouddhiste dans le RER ouvrir un sac de Surcouf et en sortir un PC portable qu'il tourne dans tous les sens pour comprendre son fonctionnement ; voir des daims brouter paisiblement sur les tombes d'un cimetière militaire californien ; sentir les riches fragrances d'un soir d'été orageux ou de l'herbe fraîchement coupée ; observer des heures entières un ciel étoilé, couché dans l'herbe humide, à compter les étoiles filantes... Certaines situations de ce genre ne doivent pas marquer la majorité des gens je pense. Mon côté observateur, ma sensibilité ou ma mémoire sélective font qu'elles restent dans un recoin de mon esprit et j'aime me les remémorer pour chasser les idées noires ou embellir une journée trop grise. Je dirais même que je vis pour de tels instants, éphémères dans leur durée effective mais bien vivants dans l'esprit, et ce pour longtemps. C'est aussi pour cela que j'aime voyager, c'est un bon moyen d'emmagasiner le maximum de sensations et de souvenirs différents.

On peut penser que je me contente de peu. Je n'ai pas énormément d'ambition, j'aime les choses simples, je ne dépense pas mon fric à tout-va, la célébrité et la richesse me laissent assez indifférente et je me fous assez de l'opinion des autres. Et si les gens partageant cette philosophie donnaient des cours aux "grands" de ce monde? smile.gif

Haut de la page

mardi 11 mars 2003 à 18h55
Bilan d'1 mois et coup de gueule...
Encore un mois passé à toute allure, sans que j'ai eu le temps de concrétiser grand chose. Je peux au moins me féliciter d'être allée jusqu'au bout d'une démarche personnelle, celle de tenir ce journal assez régulièrement. J'ai en effet la fâcheuse propension à consacrer beaucoup plus de temps à la réflexion qu'à la réalisation d'un projet - et encore, lorsque réalisation il y a. Autrement dit, l'imagination travaille et les idées fusent mais dès qu'il est question de passer à l'acte, comme par hasard il n'y a plus personne !

Ce qui m'a justement motivé dans le concept d'un journal « intime » sur un site tel que celui-ci, c'est le fait d'être lu (ne serait-ce que par une ou deux personnes) et d'évoluer en parallèle d'autres journaux, de pouvoir interagir sur les sujets abordés ici et là. Si j'avais fait la même démarche d'écrire mais sans mettre en ligne, j'aurais tout bonnement balancé au fur et à mesure les pages de Word dans la corbeille de Windows. Et je me connais, ça n'aurait pas duré un mois avant que je me lasse !

Alors un merci à ceux qui lisent parfois ma prose qui, je le conçois, doit parfois être soporifique, à ceux qui ont émis de gentils encouragements en forum, à ceux que j'ai plaisir à lire ici raconter leurs déboires quotidiens, et bien entendu au webmaster de ce site sans qui rien n'aurait été possible (ça fait très remise des Oscars, hein ?).

J'ai remarqué aussi que j'avais tendance à rester évasive sur le déroulement du quotidien en lui même - mais dans un sens, je n'ai pas la prétention de le trouver assez excitant pour l'évoquer à tout va. Après tout, les journées de travail se suivent et ne se ressemblent que trop à mon goût. J'aimerais vivre de CDD en CDD afin de ne pas souffrir de cette monotonie forcée, mais hélas ce n'est pas aussi facile que ça. Et comme je suis « quelqu'un de l'intérieur » dixit le chanteur de la cabane au fond du jardin, ça cogite pas mal là haut mais finalement ça ne se bouscule pas au portillon. Alors voilà, c'est un moyen d'exprimer mes réflexions du jour sur un support plus tangible que l'esprit.

Revenons à nos moutons ! Aujourd'hui, nous avons eu nos résultats d'évaluation mensuelle de formation. Tout est acquis pour ma part, mon seul défaut majeur étant mon débit de paroles trop rapide. En vérité, il arrive que l'élève dépasse le maître, il m'arrive même de faire cours à sa place... Je n'ai aucun mérite, notre formatrice n'a pas inventé l'eau chaude : elle vient de découvrir l'explication de l'existence du 29 février. Hé oui, une année dure 365 jours et quart, elle l'aura appris à 50 piges, mieux vaut tard que jamais. Bon, me voilà méprisante...

Il n'empêche... J'en ai un peu ma claque d'être la personne vers qui tout le monde se tourne dès qu'il faut apporter une réponse. Je veux bien être le Petit Robert français et français/anglais de mes collègues mais ça commence à me taper sur le système. J'aimerais apprendre plus de choses intéressantes et ne pas me sentir obliger de prendre la parole parce que tout le monde ignore la réponse. Sans compter que j'assume aussi le rôle de « syndicaliste » de la boîte. Je me suis même surnommée Hervé Dumont (Caméra Café pour les non-initiés) pour déconner aujourd'hui ; parce que quand on se fait marcher sur les pieds, je suis la première (et souvent la dernière) à l'ouvrir pour faire entendre nos droits. Là, j'ai négocié nos horaires du mercredi qu'on nous chamboulait depuis quelques semaines : demain, nous tentons un nouvel aménagement, à l'essai. Et si j'avais été absente, les autres auraient-elles ouvert leur bouche ? Comptent-elles toujours sur mon dévouement ? La plupart me considère comme une intello (wouah, la grande classe les lunettes hein! :p) parce que j'ai le niveau DEUG et donc que je suis plus à même de les représenter. Et ce n'est pas vraiment ma tasse de thé à vrai dire, autrement je me serais présentée comme déléguée. Tant pis, j'avais qu'à pas être myope comme une taupe! 8-)

Sinon, l'asso de BD dont mon homme fait partie recherche une secrétaire pour une heure par semaine à tout casser. Pourquoi pas, ça peut être une expérience?

Haut de la page

mercredi 12 mars 2003 à 16h29
Savoure le rouge...
R., une collègue que j'apprécie beaucoup, a repris le boulot aujourd'hui. Rayonnante d'avoir pu profiter de ses quelques jours de congé pour aller rendre visite à sa famille à dix heures de route d'ici. Il faut dire aussi qu'elle a fait une coloration blonde et un brushing à et ça lui va à ravir. Elle a pris la résolution de ne plus se laisser écraser par notre responsable qui lui mène la vie dure sans autre raison que le délit de sale gueule sans doute. Parce que R. est une fille travailleuse, efficace et humaine et que ses compétences professionnelles ne peuvent être remises en question.

Du coup, R. et notre responsable ont passé une heure et demi à nettoyer leur linge sale tandis que nous farnientions en attendant. On regardait un camion décharger la marchandise chez notre futur concurrent d'en face, on se racontait des blagues, on a même fini par faire un baccalauréat ! Finalement, notre formatrice est revenue, la discussion avait dû être houleuse compte tenu de son air pincé. Nous avons ensuite abordé certaines notions de comptabilité et pour une fois j'étais paumée tandis que la plupart des autres filles assuraient ; normal, beaucoup ont fait un bac pro secrétariat-compta. L'une d'entre elles a alors remarqué qu'avec la diversité de nos compétences à chacune, nous pourrions monter une boîte. Je lui ai alors demandé quel serait mon rôle ; « la commerciale bien sûr ! » me rétorque-t-elle. Rien ne me ferait moins plaisir : je déteste vendre, arnaquer les petites vieilles en leur assurant que « oui, ce produit est miraculeux Madame Machin » sans en penser un traître mot. Alors, la prospection ou la vente, très peu pour moi. En revanche, j'aime écouter, rassurer, conseiller, questionner. Je vais devoir trouver un emploi adéquat pour pouvoir m'épanouir professionnellement...

Lundi, j'ai craqué pour le nouveau Massive Attack. C'est à souligner car j'achète peu de CD, surtout depuis que nous avons l'ADSL et que télécharger des MP3 est un jeu d'enfant. Pour l'instant, j'en suis à la phase de découverte de l'album, j'avance à tâton en l'écoutant un peu chaque jour pour éviter l'overdose. J'accroche bien, deux morceaux me plaisent déjà beaucoup et la touche de Sinead O'Connor est superbe.

Et puis, j'ai commencé un ouvrage que je souhaitais lire depuis des années pour en avoir souvent entendu des commentaires élogieux : « L'Alchimiste ». Ca faisait plusieurs mois qu'il trônait là, à portée de regard, parmi les autres bouquins de ma petite bibliothèque personnelle et j'attendais le moment propice pour le dévorer. J'ai eu des dizaines d'occasions de l'ouvrir et de me plonger dans son univers mais j'ai réprimé mon envie pour deux raisons : la première, c'est que je ne me sentais pas l'état d'esprit idéal pour apprécier à sa juste valeur un conte philosophique et la seconde, c'est que j'avais amorcé la lecture de « L'Assassin Royal » de Robin Hobb comportant six tomes de plus de 300 pages chacun et je me voyais mal faire une pause en plein milieu. Je ne regrette pas ce choix. Je ne rends pas tout de suite mon verdict à propos du livre de Coelho mais je sais d'ores et déjà qu'il fera assurément partie de mon top ten. J'en suis à la moitié, je le savoure chapitre par chapitre, comme on fait fondre lentement un carré de chocolat noir dans sa bouche pour faire durer le plaisir..

Haut de la page

mercredi 12 mars 2003 à 20h01
Dix ans, 8 mois et 500km d'écart...
Lorsqu'on nous demande notre âge à moi ou à mon homme, les gens sont souvent surpris. Tout simplement parce que je parais peut-être plus âgée et mon homme plus jeune. Passé cet étonnement, certaines personnes sont persuadées que plus de 10 ans de différence, c'est un écart trop important. Ma mère m'avait fait la remarque : « tu imagines, lorsque tu auras 30 ans, il en aura 40, quand tu en auras 40... » etc. Je lui avais répliqué : « de toute façon, en majorité les hommes meurent en premier, alors ça ne changera pas grand chose, autant profiter du temps que nous avons ensemble que de le passer séparément avec quelqu'un que l'on aime moins ». Elle ne m'a plus jamais fait la remarque. Elle a compris à quel point notre histoire était sérieuse et combien j'étais heureuse avec lui. Et la différence d'âge, je ne la ressens presque jamais. Ce sont les autres parfois qui semblent intrigués, certains font une drôle de tête, comme si c'était dérangeant. L'amour est pourtant censé ne pas avoir de frontière, enfin dans l'idéal. En tout cas, lorsque je vois un couple affichant une différence d'âges ou de couleurs, hé bien je trouve ça beau.

J'étais de toute façon intimement persuadée que je ne pourrais pas faire ma vie avec quelqu'un de mon âge - sauf s'il était très mâture en restant un gosse, enfin c'est une alchimie sur laquelle je n'arrive pas à mettre de mots. Mes tentatives avec des gars de quelques années mes aînés ont été des échecs, le seul plus jeune n'en parlons même pas, un vrai fiasco. Je ne cherchais pas non plus quelqu'un voulant fonder une famille avant la quarantaine : autant dire que j'étais difficile, mais j'ai tout de même trouvé la perle rare. Et sur le Net en plus, hé oui. Et passé le rapprochement des pensées, le physique a collé lui aussi réciproquement. Comme quoi tout est possible, tous les espoirs sont permis !

La première fois que je l'ai rencontré virtuellement, j'ai eu une intuition sur son âge (30 ans, je suis tombée pile-poils) avant même d'avoir échangé quelques mots.
Une semaine après, nous nous sommes déclaré notre flamme l'un à l'autre.
Un mois et demi après, nous nous rencontrions pour la première fois sur le quai d'une gare et nous passions 10 merveilleux jours ensemble.
Neuf mois après, nous nous installions ensemble.
Presque 4 ans après, nous sommes toujours ensemble et amoureux.

Alors oui, l'amour n'a pas de frontière. Nous nous sommes rencontrés sur le Net, réputé pour engendrer des déceptions et des relations sans lendemain, nous habitions à 500km d'écart et nous avons plus de 10 ans d'écart. Il n'empêche.

C'est beau l'amour smile.gif)

Haut de la page

vendredi 14 mars 2003 à 19h26
...Du jour...
Humeur du jour : Je suis claquée. HS. Décalquée. Je ne pensais pas tout à l'heure qu'en m'allongeant pour faire une sieste,je ne sorte du lit que deux heures plus tard ! Je dors mal en ce moment, j'émerge du sommeil avant que France Info ne m'éveille en annonçant les mauvaises nouvelles du jour et ça m'énerve. J'adore dormir, me blottir sous la couette dans les bras de mon homme avec les chats qui ronronnent au pied du lit. Et rêver. I me faut au moins huit heures de sommeil pour ne pas comater toute la journée et en ce moment ce n'est pas le cas. D'où sautes d'humeur, spleen et envie de tout et de rien à la fois. C'est décidé, cure de sommeil ce week-end.

Evènement du jour : aujourd'hui a lieu un étrange rituel en ville dont je n'avais jusqu'ici pas connaissance : les lycéens se baladent et balancent de la farine au visage des gens qu'ils croisent. La symbolique doit être trop intellectuelle pour moi, à moins qu'il ne s'agisse de pratiques vaudous auquel cas j'appelle le service des affaires non-classées ! Ils appellent ça un bizutage mais je ne vois pas trop le rapport avec les étudiants en médecine en slip dans la rue... Est-ce pour ça qu'il n'y avait personne dans les rues malgré le beau temps ? Ou les gens profitaient-ils de la RTT pour aller sur la côte ? Quoiqu'il en soit, je vais passer un week-end en célibataire, alors je ne risque pas de voir la mer.

Réaction du jour : je suis assez désappointée de l'intervention de certaines personnes sur le forum de quelques diaristes. Des propos orduriers, des menaces y ont été proférés. Je trouve ça vraiment provocateur ou tout du moins très peu judicieux de s'exprimer ainsi par forum. Si ces intervenants n'ont pas les « corones » de s'expliquer de vive voix, ils pourraient au moins avoir la présence d'esprit de s'exprimer par e-mail où la confidentialité serait au moins préservée... Parce que là on se croirait dans un de ces mauvais talk-show US.
J'ai aussi remarqué que le site a été temporairement fermé pour raison juridique. J'espère de tout cœur que notre webmaster arrivera à régler ses soucis facilement et rapidement !

Image du jour : j'allume la TV vers 17h sans raison particulière et je tombe sur un mini-reportage se passant à LA. Des jeunes filles bariolées vont chaque semaine brandir des pancartes au bord de la route pour inciter les gens en faveur de la paix à klaxonner. Et les klaxons retentissaient :-). Entre autres, j'ai pu lire « Let's bomb Texas, they have oil too ». Et puis, il y avait le sourire sur les visages de ces filles et de leur mère. On pouvait lire L'émotion dans leurs yeux, elles étaient au bord des larmes. Le commentateur finissait par dire que 1/3 des Etats-Uniens étaient contre la guerre, 1/3 pour et le dernier 1/3 se rangeaient aux décisions de l'ONU. Ces quelques images n'ont rien de spectaculaire, mais elles prouvent combien de petites initiatives comme celles-ci peuvent apporter un bien plus précieux que ce dont nous mitraillent les médias : l'Espoir.

Haut de la page

dimanche 16 mars 2003 à 16h28
Eloge du Bain...
J'ai pris un bain ! Fait exceptionnel car étant donné que la salle de bain n'est pas chauffée, je me cantonne aux douches pour éviter de rajouter de l'eau chaude toutes les 5 minutes pour ne pas avoir la chair de poule ! Alors voilà, étant seule ce week-end et mon homme ayant débouché la baignoire avant de partir (j'avais obstrué la canalisation avec la litière des chats, mea culpa), j'ai décidé de m'occuper de moi dans les règles de l'art.

Masque à l'argile sur le visage (pas glamour du tout quand on est avec sa moitié), eau chaude fumant dans la baignoire et ambiance tamisée par l'éclairage aux bougies. Ah oui, je m'étais toujours demandé pourquoi dans les films hollywoodiens, les nanas prenaient leur bain avec des bougies sur le rebord de la baignoire ; alors j'ai essayé et j'ai eu une illumination (sans jeu de mots), depuis c'est devenu l'un des ingrédients essentiels à la relaxation d'un bon bain.

Un bain est un véritable plaisir pour les sens : l'eau chaude éveille le corps tout en apaisant chaque parcelle de peau immergée, le silence troublé par le seul bruit du clapotis de l'eau repose les oreilles sollicitées toute la journée, l'odeur du savon, des huiles et de l'encens flattent les narines, et les reflets miroitants de l'eau confèrent à la scène une dimension artistique.

Je resterais des heures à contempler les jeux d'ombre et de lumière sur le carrelage et la surface de l'eau mouvante, la douce lueur de la flamme révélant les gouttelettes sur la faïence ou la fumée s'échappant mollement du bain... à vider mon esprit de toutes préoccupations, de ne s'attacher qu'à l'écoute des sens... d'éprouver une totale harmonie du corps et de l'esprit le temps de quelques minutes.

Décidément, je vais devoir réitérer ce rituel du bain un peu plus souvent!

Haut de la page

lundi 17 mars 2003 à 14h04
les XY sur la banc des accusés...
Alors voilà, suite au texte XX d'Etoile et à la conversation que nous avons eu entre filles hier soir (d'ailleurs, au passage, heureuse d'avoir pu chatter avec Etoile, Tef, Illusion et Carole, ça m'a un peu remontée le moral), voici une version XY vu à travers les yeux d'une XX. Alors bien sûr, c'est du second degré et ça ne s'applique pas à tous les hommes, faut pas généraliser... Mais il n'empêche, je pense qu'il y a une part de vérité dans cette bafouille...

Le XY est fier : il pense prouver sa virilité en intériorisant ses sentiments. Il a du mal à assumer au grand jour son côté féminin, embrasser ou se confier à ses congénères mâles : on pourrait le prendre pour un inverti ! (pourtant, un homme qui pleure, c'est touchant... )

Le XY est susceptible, mais de manière tordue : si par malheur on fait une remarque déplacée alors qu'il a fait un « effort » pour nous faire plaisir, il le prend très mal. L'exemple type, il vous invite au resto et vous lui avouez en toute innocence que le tableau accroché au mur au dessus de votre table ne vous plaît pas... DAMNED ! Il le prend TRES mal ! Si ce foutu tableau ne vous plaît pas, ça veut dire qu'il a mal choisi le resto (c'est d'une logique... aheum).

Le XY ne téléphone pas ou très rarement de sa propre initiative. Il aime se faire désirer et laisser la XX mariner dans son attente désespérée de l'appel promis. Et lorsqu'on craque en cédant à la tentation de lui téléphoner, son ego est gonflé à bloc, il se sent indispensable, on est folle de lui, accro à sa testostérone... Ou peut-être tout simplement n'éprouve-t-il pas le besoin de nous avoir au bout du fil. Après tout, il est occupé à autre chose et il ne peut pas penser à nous en même temps puisqu'il est mono tache. Ben oui, les deux hémisphères du cerveau du XY ont du mal à fonctionner en même temps, alors forcément... Par contre, lorsqu'il s'agit de draguer, le XY sait abuser du harcèlement téléphonique pour arriver à ses fins...

Le XY se prétend plus doué que les XX sur les sujets techniques. Pourtant, on voit peu souvent le XY savoir faire fonctionner un fer à repasser, une machine à laver ou un aspirateur. Il veut toujours s'approprier le dernier cri de la technologie, ça lui donne une impression de performance, de puissance. Mais dès qu'il coince sur le mode d'emploi de son nouveau cellulaire, il appelle XX à la rescousse...

Le XY a un complexe d'Œdipe développé mais il le renie en bloc. Pourtant, le sein maternel a l'air de tellement lui manquer qu'il bave devant des porno stars siliconées. De plus, leur femme devient souvent un substitut de leur mère. D'où les questions du style « qu'est ce qu'on mange ? » ou encore « où as-tu mis mon pantalon vert ? » et le rejet des responsabilités ménagères (seulement 2% des hommes en couple repasseraient leurs vêtements...).

Le XY pense toujours que, comme du temps de pépé, leur contribution au foyer s'arrête au moment où il rentre du boulot et s'affale sur le canapé devant un match de foot, une bière à la main. Bien sûr, ils ont la décence de soulever leurs pieds quand bobonne passe l'aspirateur, mais ça s'arrête là. Ah si, parfois, ils vont laver la voiture, parce que ça, c'est un truc de mec.

Le XY est choqué lorsqu'une XX rote, pète, boit de la bière, matte le postérieur de Mark Dacascos, mange salement, rit grassement, parle de sexe ou fait des blagues graveleuses. Par contre, ça ne le choque pas de faire la même chose à longueur de temps avec ses congénères mâles en regardant un porno ou un match de foot...

Le XY fantasme sur Monica Bellucci, les lesbiennes et les affiches Aubade des arrêts de bus. Ils regardent tout ce qui a un cul et une paire de nibards, surtout quand c'est enveloppé dans des fringues bien vulgos. Mais l'homme a un sens de l'observation très sélectif : il remarque peu souvent la nouvelle coupe de cheveux ou la petite robe sexy de sa femme, par contre, il voit toujours le bouton qu'elle a sur le nez, ou le poil qui a survécu à la lame du rasoir...

Le XY n'aime pas accompagner la XX faire les boutiques, ça le saoule et du coup, à chaque fois que la XX se retourne, le XY a étrangement disparu. Alors la XX achète un petit top sympa que le XY lui critiquera abondamment par la suite (il avait qu'à être là).

Le XY pense qu'il existe une Fée du logis qui ramasse ses calbutes et ses chaussettes sales pour les mettre dans le panier à linges, les laver, les faire sécher, les plier et les ranger dans un tiroir par magie. Elle ramasse aussi tout ce qu'il a laissé traîner par terre ou sur la table pour faire la bouffe et qu'elle le met dans la poubelle. Le XY a une imagination fertile...

Le XY se croit irrésistible, pourtant plus il drague, plus la XX le trouve lourd, plus elle veut le fuir, plus il insiste. La subtilité de ses méthodes n'a d'égale que sa manifeste envie de tirer un coup...

Hinhinhin... Et encore, j'ai été gentille. Je me demande comment on peut se torturer pour gagner leur amour... ;-)

Haut de la page

mercredi 19 mars 2003 à 19h33
Quand les gros bonnets nous imposent leur loi...
"Lorsqu'on a le temps, on ne pense pas beaucoup, lorsqu'il ne reste que 24 heures, on est obligé d'aller plus rapidement au fond des choses". C'est le résumé qu'a fait Edward Norton du film « La 25ème Heure » dont il est l'acteur principal. J'ai profité du Printemps du Cinéma pour y traîner mon homme lundi après-midi et nous avons eu une agréable surprise : une brochette de très bons acteurs (dont Edward Norton, très charismatique et attachant dans le rôle d'un dealer à qui il ne reste que 24 heures pour régler ses comptes, et Philip Seymoor Hoffmann, vu dans « Magnolia » et génial dans le rôle d'un professeur frustré et coincé), un très bon casting en somme qui rend la galerie de personnages attachante et crédible, une excellente réalisation signée Spike Lee (2h15 de film sans s'ennuyer, c'est rare !), une scène mémorable (Edward Norton devant un miroir confronté à tout ce qu'il « emmerde » de la société New Yorkaise), un contexte post-11 septembre bien dosé... J'ai a-do-ré ! Ca m'a un peu rappelé "Magnolia" dans le côté galerie de personnages un peu intimiste... Vivement le DVD que je puisse le voir en VO !

Autrement, pas de nouvelles très positives, mon boss a décidé d'instaurer une dictature au sein de l'entreprise : on va même bientôt être filmé puisque Monsieur le Fana de la haute technologie a découvert la visioconférence. En plus, j'ai été réveillée lundi matin à 8h45 (mon jour de repos quoi) pour bosser dans la minute et on m'a appelé 2 fois en 2 jours pour que je bosse d'urgence, genre bouche-trou. On ne peut rien prévoir et on est payé une misère, on doit toujours être disponible mais eux ne font aucun effort. On me crache que je ne suis pas assez souple, mais si je l'étais plus, je deviendrais contorsionniste ! Je ne sais même pas quand je pourrais avoir quelques jours de vacances puisqu'ils nous sont imposés et qu'il faut l'accord écrit du boss pour les poser (ça risque de prendre longtemps vu la lenteur d'exécution de Monsieur l'Homme Pressé). Et ça me gonfle parce que je voulais poser le samedi du week-end de Pâques pour voir ma famille et rien n'est moins sûr maintenant. Décidément, j'en ai marre d'habiter à perpète et de devoir compter sur le bon-vouloir d'un petit chef décérébré pour voir les gens à qui je tiens.

En parlant de ma famille, ma sœur et mon beau-frère se sont fait plagier certaines de leurs créations par une grosse boîte. Ou quand un mastodonte pompe allègrement la collection d'une micro-entreprise pour les revendre à de grosses enseignes en France et à l'étranger. Ca me met les nerfs depuis dimanche, pourtant ça devait arriver tôt ou tard, ce milieu est tellement pourri... Ils vont consulter une avocate spécialisée qu'ils connaissent et espèrent que la Justice ne sera pas corrompue par l'armada d'avocats de la Défense. Par contre, s'ils obtiennent gain de cause, ils risquent de toucher le pactole. Ca va prendre des mois et des mois comme toujours, on a l'habitude après mon père qui a attendu presque 10 ans pour toucher les indemnités de son licenciement abusif par son patron pourri. Celui-là, il doit être quelque part en Amérique Latine en train de se la couler douce en sirotant un cocktail, en tout cas il a disparu de la circulation.

Je suis de mauvais poil ce soir, je sais. Mais entre cette histoire de plagiat (sur laquelle je ne vais pas m 'étendre, parano oblige), le père de mon homme qui a peut-être fêté son dernier anniversaire hier, la guerre qui approche à grands pas, les exploiteurs-pourris qui nous dirigent, je cherche un coin de ciel bleu qui pourra embellir la situation... La vie a-t-elle décidé d'arrêter de faire des cadeaux ces temps-ci ? Mon idéalisme est-il trop piqué à vif pour le trouver, ce coin de ciel bleu ?

Haut de la page

jeudi 20 mars 2003 à 20h13
Le Roi Dollar...
J'aurai voulu évoquer une journée comme les autres. D'un quotidien banal, de plus de 7 heures de formation chiante à mourir, d'un après-repas tellement soporifique que je devais me faire violence pour garder les yeux ouverts...

Mais le Roi Dollar en a décidé autrement. Il a décidé de mener sa loi, de bombarder un pays en prétendant vouloir assassiner son dictateur.

Il feint de ne toujours pas avoir compris qu'un dictateur ou un terroriste n'est pas assez stupide pour attendre sagement à l'endroit où il devrait être au moment où des obus vont tomber du ciel. Qu'ils ont des sosies à la pelle qui accepteront de se sacrifier pour leur idole.

Le Roi Dollar devait bien trouver un prétexte bidon pour aller en quête de l'or noir, avec le moins de "concurrents possibles" pour éviter qu'on lui pique une part du gateau.

Le Roi Dollar a appelé ça « Opération Liberté en Irak », plutôt ironique de la bouche de l'homme qui se fout pas mal de l'opinion des autres pays et vise à diriger le monde ! L'Opération « 3P », « Pétrole-Pognon-Pouvoir » aurait été beaucoup plus approprié. On estime à 30 milliards les bénéfices faits par les USA lors de la Guerre du Golfe de 91. On ne déplace pas les GI-Joes pour des cacahuètes !!!

Je suis écœurée. La TV crache les images du charognard CNN en continu. Ils sont contents de pouvoir enfin se jeter sur la viande froide après tant de jours d'attente camouflés dans leurs hôtels de luxe. Ils vont pouvoir faire leur choux gras et doper leur chiffre d'affaires.

Et comme toujours, on déplorera les « dommages collatéraux », euphémisme écoeurant employé lors de toutes les guerres.

Le malheur de l'humanité fait le bonheur des pourris...

Haut de la page

vendredi 21 mars 2003 à 22h58
Trop énervée et crevée pour écrire...
Hé oui, ça m'arrive aussi d'avoir les nerfs à fleur de peau, pourtant je suis patiente comme fille, je supporte beaucoup plus que de raison...

Mais là je n'en peux plus! Le boulot est devenu un enfer, la guerre occupe le petit écran à longueur de journée et du coup, nous n'avons plus matière à travailler (nous bossons pour une émission TV). Du même coup, notre responsable nous fait formation toute la journée, c'est soporifique à souhait et le soir nous sommes tellement claquée que nous pouvons nous pieuter dès notre retour chez nous...

Claquée. Enervée.

Je relativise bien entendu: cet aspect des conséquences de la guerre est vraiment désuet... Mais c'est tout de même chiant d'être tributaires d'une chaîne de TV qui mise tellement sur le sensationnalisme qu'elle diffuse des heures d'images en boucle et de commentaires foireux répétitifs pour qu'avec un peu de chance ils puissent filmer une image morbide qui ravirait ses téléspectateurs!!!

Et voilà, putain, j'ai oublié mes pâtes pour le déjeuner de demain sur le feu plus de vingt minutes, moi qui les aime al dente... J'ai la poisse grrr...

Je ne vais pas m'éterniser, je vais me coucher de toute façon, parce que demain réveil à 6h30 puis 9 heures de boulot. alors je finirai cette journée par l'e-mail que mon oncle qui vit en Californie m'a envoyé...

Sans commentaire...

Ici c'est la deprime collective on a vraiment
l'impression que les manifs etc... n'ont rien change.
Ceci dit si il n'y avait pas eu de manif et de
reaction mondiale il se peut que les bombardement ait
ete tout de suite plus massif sans egard pour la
population. Ceci dit il se peut que cela devienne
massif d'ici peu.
Je pense qu'en majorite les gens de Berkeley et San
Francisco sont tres anti Bush mais le reste des
americains sont avant tout patriotiques et ne pensent
pas trop. Enfin pendant longtemps les sondages
montraient qu'ils etaient pour la guerre si l'ONU
etait d'accord. Le probleme c'est que des que les
troupes sont engagees il faut "support our troops" ce
qui est tellement stupide.

Donc pas de sentiment anti-francais dans la baie de
San Francisco mais il ne faut surement pas ramener sa
fraise dans le MidWest.

Haut de la page

samedi 22 mars 2003 à 22h42
Respire...
Ce n'est pas uniquement le titre d'une chanson qui envahit les - bonnes - ondes depuis quelques temps et que j'apprécie, c'est aussi un travail sur moi-même pour ne pas être accablée par la semaine atroce qui vient de s'écouler.

Six jours de taf consécutifs parce que l'organisation était encore plus inexistante qu'à l'accoutumée et après-demain on remet ça. Avec seulement une journée de répit entre temps.

Mais ce n'est qu'un détail. Les mauvaises nouvelles fusent depuis une semaine : mon homme appréhende chaque coup de fil comme étant l'annonce de la mort de son père ; la guerre éclate ; le printemps arrive et avec lui son cortège d'allergies (j'ai paniqué une bonne dizaine de fois en m'endormant hier soir, avec l'impression de ne plus pouvoir respirer ou déglutir)... Liste non-exhaustive.

Le ciel bleu s'assombrit trop brutalement et mon côté « angoissé de la vie » trouve une porte ouverte pour se manifester outrageusement. Outre les maux de ventre, j'ai des réactions épidermiques au sens propre : cuir chevelu qui démange à en devenir dingue, éruption cutanée super glamour... Mon corps tend à interprêter à loisir mon esprit trop perturbé, stressé, nerveux. Les signes qu'il émet sont simples à décrypter: je dois réagir autrement ça va me bouffer la vie!

Respire !!!

J'ai commencé ma petite thérapie ce midi en m'éclipsant pour aller manger seule dans l'herbe au soleil plutôt que de rester avec mes collègues dont les tensions s'exacerbent en ce moment. Tant mieux, j'avais visé juste : l'eau dans le gaz entre deux émules a fini par engendrer une réaction chimique. Les portes ont claqué, les langues se sont aiguisées, les mots se sont faits blessants. Je n'ai pas cherché à comprendre ce qui s'était passé. Je m'en fous pas mal en fait. J'évite les conflits, c'est dans ma nature. La neutralité a parfois du bon...

Et puis, après avoir mangé mes pâtes super-collantes (bark), je me suis allongée dans l'herbe en essayant de m'imaginer ailleurs, très loin d'ici. Dans un vrai coin de nature, où l'on entend ni les voitures, ni les avions, ni les collègues qui s'engueulent. Juste les bruits sereins d'une forêt, d'un désert, d'une plage déserte.

"Luxe, Calme et Volupté" comme dirait Baudelaire...

J'ai décidément le sirop du voyage. Ce contrat d'un an m'emprisonne, me cloître, m'étouffe. Il ne m'octroie ni les moyens financiers, ni le facteur-temps nécessaires pour voyager. J'ai la bougeotte. Je veux en avoir plein les mirettes, de ces paysages du bout du monde, de ces foules bigarrées, de ces curiosités fascinantes, de ces ciels étoilés, de ces scènes insolites, de ces parfums d'ailleurs...

Respire...

Je vais devoir attendre d'avoir à nouveau les moyens de faire une escapade. Attendre au moins trois mois que ce fichu contrat ne vienne à expiration. Que les liens qui m'enchaînent à des exploiteurs soient rompus, je pense, une bonne fois pour toutes.

En attendant, je vais faire attention à moi...

Haut de la page

dimanche 23 mars 2003 à 10h46
Prousteries dominicales et matinales...
Après Choé et Etoile, je me colle à mon tour au questionnaire de Proust.

Quel est pour moi le comble de la misère ??
Avoir perdu toutes ses convictions.

Où aimerais-je vivre ?
Près d'un coin de nature, dans une ville cosmopolite à taille humaine où l'architecture et les aménagements urbains respecteraient l'environnement.

Mon idéal de bonheur terrestre ?
Paix, tolérance, respect de la faune et de la flore. En résumé, l'harmonie complète !

Pour quelles fautes ai-je le plus d'indulgence ?
Celles que font les gens que j'aime.

Quels sont les héros de roman que vous préférez ?
Lord Goring (O.Wilde)

Quel est mon personnage historique préféré ?
Les acteurs de la paix : Gandhi, MLK...

Mes héroïnes favorites dans la vie réelle ?
Les mères en général et particulièrement ma mère (parce qu'elle le vaut bien, j'en parlerais une autre fois)

Mon héroïne dans la fiction ?
Je sèche. Trinity dans Matrix peut être...

Mon peintre favori ?
Dali ou Siudmak.

Ma qualité préférée chez l'homme ?
L'humour et la gentillesse.

Ma qualité préférée chez la femme ?
L'intuition féminine.

Ma vertu préférée ?
L'imagination.

Mon occupation préférée ?
Le jeu de rôle, la lecture, l'écriture, regarder mes séries fétiches, cuisiner, découvrir (ok, ça fait pas 1 seule occupation...)

Qui aurais-je aimé être ?
Personne d'autre ! Sinon ça ne serait pas moi ;-)

Le principal trait de mon caractère ?
Idéaliste. Marche à l'intuition.

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?
L'empathie.

Mon principal défaut ?
Trop sensible, dans la Lune, perfectionniste.

Mon rêve de bonheur ?
Profiter de la vie pour voyager un maximum... avec l'homme que j'aime.

Quel serait mon plus grand malheur ?
La perte des êtres qui me sont chers.

Ce que je voudrais être ?
Un chat.

La couleur que je préfère ?
Le noir. Les couleurs « naturelles » : vert-kaki, écru...

La fleur que j'aime ?
Une edelweiss. Quasi sûre qu'on ne me cueillera pas ;)

L'oiseau que je préfère ?
La chouette.

Les auteurs favoris en prose ?
Wilde, Vian, Welsh, Hobb...

Mes poètes favoris ?
Brel, Baudelaire, Vian...

Mes héros dans la vie réelle ?
Des anonymes qui contribuent chaque jour à rendre le monde meilleur.

Mes héroïnes dans l'histoire ?
Simone Weil peut-être.

Mes noms favoris ?
Athéna, Hestia, Esterelle, Stella, Oriana, Zoé, Sibylle, Giulia, Eva, Quentin, Vittorio, Julian, Lex, Rafaello, Paolo, Paco, Max, Matteo, Noah, Malcom, liste non-exhaustive.

Ce que je déteste par-dessus tout ?
La violence « réelle », pas celle des fictions ou des jeux vidéos.

Caractères historiques que je méprise le plus ?
Les guerres, notamment de religion. Et le rôle de la femme, quasi-inexistant.

Le fait militaire que j'admire le plus ?
Euh... L'uniforme ? Même pas...

La réforme que j'admire le plus ?
Les Lois Veil.

Le don de la nature que je voudrais avoir ?
Voler.

Comment j'aimerais mourir ?
Apaisée, comblée, dans une chambre donnant sur une plage déserte, auprès de l'homme que j'aime. M'endormir sans souffrance ni peur.

Etat présent de mon esprit ?
Tranquille.

Ma devise ?
la citation qui signe mes e-mails, pompée sur Oscar Wilde : « Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles ».

Haut de la page

dimanche 23 mars 2003 à 23h48
Demain ma vie va commencer...
Dans quelques minutes, la semaine écoulée prendra fin.

Une semaine de mauvaises nouvelles, de galère, de coups de gueule, de révolte, d'énervement...

Je pense que le quota a été outrageusement dépassé quand mon père a téléphoné vers 21h en m'annonçant de son ton placide habituel: "nous partons à l'hôpital, ta mère a dû se faire une entorse au pied". Verdict il y a un quart d'heure: entorse interne et externe, avec un minimum de 5 jours sans marcher puis décision pour savoir si on platre ou non.

Là, on dépasse vraiment le taux de probabilité admettable! A croire que quelqu'un prend un malin plaisir à enfoncer des aiguilles dans des petites poupées à l'effigie des personnes qui me sont chères...

Alors pour sûr, la semaine prochaine ne pourra pas être pire ;-)

Haut de la page

lundi 24 mars 2003 à 23h50
Si Maman Si...
Je voulais faire depuis quelques temps un texte sur ma Maman, et l'occasion faisant le larron, j'en « profite » maintenant du fait que j'ai beaucoup pensé à elle durant ces dernières vingt quatre heures : elle s'est fait une entorse interne et externe au pied, et comme je la connais, elle doit bouillir de ne pas pouvoir bouger !

Ma maman est l'aînée d'une fratrie de 4 filles et un garçon. Son père était maçon, il est espagnol ; sa maman est belge. Il y a pas mal à dire sur eux, alors je ne vais pas m'étendre, ce serait hors sujet !

Ma maman était boulotte quand elle était petite. Apparemment elle en a souffert. Quoiqu'il en soit, ça devait être hormonal parce qu'on ne faisait pas de banquets dans sa famille, le budget était plutôt ric-rac.

Ma mère était somnambule. Sans sa soeur pour la retenir, elle serait probablement passée par la fenêtre, une nuit. Et je ne serais pas là pour le raconter ;-)

Lorsque ma mère a connu mon père, elle était mineure. Elle travaillait en tant que sténo-dactylo après des études écourtées, il fallait gagner sa vie jeune, et puis les employeurs venaient sonner à votre porte pour vous recruter.

Elle était petite et fine, un peu comme moi. Elle avait de longs cheveux châtains foncés, des yeux verts, un petit air espagnol. J'ai en mémoire cette photo, ma mère dans une robe violette à bretelle très hippie portant sa petite blonde de fille dans ses bras.

Elle s'est mariée à 20 ans avec le consentement de ses parents. Souriante, dans une robe de mariée toute simple où elle avait dû avoir très froid en ce dernier jour de février 1970. L'administration lui a fait des misères, elle ne voulait pas la reconnaître française alors qu'elle était née ici.

Un an plus tard, elle donnait naissance à ma sœur aînée. Sa grossesse n'a pas été facile, elle attrapait les vases d'un commerçant pour vomir dedans en se rendant au boulot le matin ! Et puis après l'accouchement, elle a perdu beaucoup de ses cheveux.

Elle a attendu un autre enfant, après, je ne sais pas quand exactement. Un garçon. Et puis, elle a fait une fausse couche. J'ai découvert ça lorsqu'elle nous faisait le jeu de l'alliance à ma sœur et à moi pour voir combien d'enfants on allait avoir et de quel sexe ils allaient être. Pour ma sœur qui était alors enceinte, l'alliance a répondu « 1 garçon ». Pour l'instant, c'est véridique. Pour moi, « 2 filles ». A vérifier quand j'aurai envie d'enfants ! Pour ma mère, « une fille, un garçon, une fille ». Le regard de ma mère s'est assombrie. Ma sœur m'a alors révélé que nous aurions dû avoir un frère...

Après quoi, le désir de maternité de ma mère ne s'est pas affaibli : elle a essayé d'adopter un enfant coréen, mais tout le monde sait combien les procédures d'adoption sont fastidieuses. Certains documents et des photos des années 70 les représentant dans leur appartement de l'époque en témoignent.

Et puis, il y a eu moi, en 79. Je crois en fait que mes parents n'y croyaient plus...

Quelques années plus tard, je devais avoir 5 ans, nous avons commencé à accueillir chez nous des enfants étrangers. La première était une libanaise qui passait ses vacances ici, loin des bombes. Et puis il y en a eu d'autres, des enfants d'Afrique en transit en France pour se faire opérer ou recevoir des soins. Ma mère s'en est occupée au même titre que moi ou ma sœur, elle leur a donné l'amour de leur mère, trop loin pour veiller sur eux après une intervention parfois lourde, une rééducation de plusieurs mois. Tous les jours elle était fidèle au poste, à leur chevet.

Et puis il y a eu le bébé qui aujourd'hui est devenu mon petit frère. Depuis, elle ne reçoit plus d'enfants, parce que c'est déjà beaucoup de s'occuper d'un enfant malade en permanence. Mais elle s'occupe toujours des parrainages de l'association humanitaire dont elle fait partie.

Ma maman est une maniaque de l'hygiène. Quand elle va chez ma sœur ou chez moi, elle ne peut pas s'empêcher de tout briquer. Lorsqu'elle lave mes vêtements, ils sentent bons, très bons.

Ma maman est une adepte des produits biologiques, est anti-OGM, anti-pesticides, anti-trucs qui altèrent la nature. Et elle cuisine bien, très bien. Avec de l'huile d'olive, peu de viande et beaucoup de légumes. Et quand nous remontons en voiture, elle charge le coffre du couscous qu'elle a fait spécialement pour que nous ayons quelque chose à manger en rentrant.

Ma maman passe son temps à courir à droite à gauche, à faire les boutiques, à s'occuper de mon petit frère, de son petit-fils, des enfants des autres. Elle est très dévouée. Certains ont usé et abusé de cette gentillesse, parce que ma maman, elle ne sait pas vraiment dire « non ».

Ma maman a toujours été là pour moi. Elle en a fait, des kilomètres et des kilomètres, pour ses filles. A aller les chercher à la fac, au lycée, chez les copains, à Paris à 2h du matin quand on réalise que la RATP n'a pas tenu ses promesses un soir de coupe du monde et qu'elle se retrouve avec un inconnu allongé sur la banquette arrière de la voiture sans rien dire et qui redescend quelques minutes plus tard...

Ma maman a toujours été chouette avec mes copines qui venaient réviser à la maison et s'incrustaient à table parce que chez les P...., la bouffe est bonne J

Quand je monte chez mes parents, ma maman me demande quelles boutiques je veux faire, et puis on y va toutes les deux. Alors je vois un pantalon qui me plaît mais il n'y a pas ma taille, alors elle retourne au magasin et me commande du 36, sans que je ne lui ai rien dit. Et puis elle fonce le premier jour des soldes pour m'acheter ce manteau que je ne trouverais jamais dans mon bled paumé.

Ma maman ne lit pas de roman, ne regarde presque pas de films. Elle feuillette par contre des magazines de déco ou de santé et des bouquins qui affirment que tel ou tel truc file le cancer. Elle regarde « le Journal de la Santé » l'après-midi. Elle est une adepte des médecines douces, de l'homéopathie, de l'acupuncture et de la podologie.

Ma maman, c'est la seule personne que je connais qui soit plus angoissée que moi. Et ce n'est pas peu dire...

Ma maman me traitait de droguée d'Internet, et depuis que je suis partie, elle a appris à surfer, m'envoie des e-mail et chatte parfois avec moi. Elle achète même sur les mêmes sites que moi.

Ma maman s'est faite agresser devant moi et mon père, en pleine rue. Cet enflure lui a mis un coup de poings en la faisant tomber et a passé son chemin. Ma mère pleurait, j'insultais le gars en retenant mon père qui voulait poursuivre le type. Si ce type avait tué ma mère, ce jour, mon père et moi l'aurions retrouvé et... Nous nous le sommes promis, il aurait payé.

Ma maman veut vivre dans le sud dès que mon père aura pris sa retraite. En attendant, elle descend dans la maison d'une amie sur la Côte d'Azur en avril-mai et en août et elle rêve devant ses « Côté Sud » et autres magazines du genre. Elle veut du soleil, du beau temps, des paysages magnifiques, du pain aux olives, des murs épais qui protègent de la chaleur estivale.

Ma maman, je l'aime, pourtant ça n'a pas toujours été facile, elle a parfois des réactions et des points de vue totalement différents des miens. On s'est parfois déchirées, mais a posteriori, elle avait assez souvent raison, ou tout du moins elle se faisait des soucis pour sa progéniture. Alors je ne peux pas lui en vouloir.

Je l'aime ma maman. Il y aurait tant de choses à dire sur elle...

Haut de la page

mercredi 26 mars 2003 à 22h50
Just a Perfect Day...
J'avais vraiment besoin de me changer les idées. De respirer l'air de la campagne, de me balader sous le soleil généreux de ce joli mois de mars. Et ce mercredi était la journée idéale.

L'azur du ciel de cette matinée printanière nous guide sur les routes à travers champs jusqu'à Aubeterre sur Dronne, un village de 365 âmes entre la Charente et la Dordogne. Mon homme voulait me faire découvrir l'endroit, il y avait passé un nouvel an avec des copains il y a quelques années.

Nous arrivons en fin de matinée et le temps semble être figé, un peu comme l'heure de la sieste estivale post-déjeuner dans les villages de Provence. Un carillon tinte doucement à un balcon, doucement agité par le vent; quelques autochtones arpentent les rues, une baguette de pain sous le bras à l'approche du repas ; un chat est vautré au soleil près de l'ancien lavoir ; les échoppes d'artisans sont fermées, n'affichant aucune date ni heure d'ouverture prochaines. Nous sommes loin, loin de la guerre, du boulot, des soucis, du quotidien.

Nous nous attardons dans les ruelles de pierres et les escaliers étroits qui sillonnent le village. Beaucoup des maisons aux pierres blanches semblent endormies : aucun son ou lumière n'émanent des volets fermés, les jardinets sont laissés à l'abandon, envahis de fleurs sauvages et d'herbe haute. La hors saison. En été, la population triple, les artisans de céramiques ou de jouets en bois ouvrent boutique, les terrasses des restaurants sont animées, les musées de la marionnette et du papillon sont ouverts. Actuellement, mis à part quelques british faisant la tournée du grand ouest, nous croisons peu de touristes.

Le village a son charme, avec ses points d'eau, ses arcades, son église aux murs calcaire, ses arbres en fleurs, ses chats aux fenêtres, ses multiples escaliers en pierre... Et surtout, tout est paisible. Le silence est seulement perturbé par le chant d'amour des tourterelles, le clocher des églises sonnant midi, la musique de Carla Bruni qu'écoutent ces ouvriers ou celle d'une chanson d'avant-guerre sur un air d'accordéon qui provient d'une de ces maisons.

Alors, lorsque les oreilles ne sont pas harcelées par le grondement des moteurs, les autres sens sont plus sollicités. On distingue plus nettement les pierres des ruelles sous nos pieds, la douce fragrance des lauriers en fleurs, le soleil sur la peau des bras dénudés, le bruit du vent dans les arbres ou de l'eau des fontaines, le battement d'ailes d'un oiseau qui s'envole d'un toit, la fraîcheur et la texture des pierres de l'église. On prend le temps de tout ressentir, d'avoir la sensation de vivre pleinement l'instant présent. Serait-ce là, le secret du bonheur ?

Nous nous rendons ensuite au bord de la rivière, là où l'été, on peut camper, manger au snack, faire du canoë kayak. Une petite plage de sable a été aménagé. Nous nous installons sur un banc de pierre et grignotons un déjeuner frugale composé d'une bonne baguette, d'un pain au chocolat, et d'un flan achetés à la boulangerie du village. Nous marchons pieds nus dans le sable, trempons nos pieds dans l'eau glacé qui doit faire le bonheur des gosses en été. Mon homme ébauche quelques mots sur un bloc, qui parlent du reflet du soleil sur l'eau mouvante. Nous nous allongeons dans l'herbe et ne disons plus rien, quelques instants. Nous allons ensuite prendre le café sur la terrasse de l'unique restaurant ouvert, un papillon virevolte autour de nos têtes, un chat gris pelé vient mendier aux tables puis utilise de manière éhontée un bac à fleurs comme litière... Pied de nez aux conventions !

Nous retournons au village pour visiter l'église monolithe, la principale curiosité de la région. C'est l'église rupestre la plus haute d'Europe avec ses vingt mètres de haut taillés dans la pierre calcaire de la région. En entrant, je suis saisie par la majesté de l'endroit : de larges piliers, interminables, des parois aux couleurs oscillant entre le vert, le gris et le noir, recouvertes par endroit d'une matière visqueuse nées avec les siècles d'humidité. Et puis, la nécropole : Les sarcophages sont vraiment les uns sur les autres, les caveaux de pierre ouverts laissent apparaître un os, des crânes verdâtres sont disposés sur un autel. Le vestige d'une source, à l'époque où on recueillait l'eau de pluie, explique la saisissante odeur et la fraîcheur caractéristiques aux églises et aux grottes. Et puis il y a cette acoustique, vraiment exceptionnelle, qui trahirait le moindre secret, même chuchoté dans le creux de l'oreille. Parfois ont lieu des concerts dans cette église ; les harmonies vocales des moines tibétains seraient merveilleuses ici, ou une chanson a capella de Loreena Mc Kennit.

Nous repartons ensuite et faisons une escale dans un village pour visiter son église. Nous obtenons la clef dans l'office de tourisme puis nous y entrons. Les murs sont ornées de peintures datant de plusieurs siècles et l'écho est absolument impressionnant.

Et puis, nous rentrons. J'ai trouvé des brochures à l'office de tourisme qui nous permettront de découvrir d'autres lieux comme celui-ci.

Et ce soir, je me sens vraiment mieux. Ressourcée. Alors merci à mon homme pour nous avoir fait passer une si belle journée. Pour avoir conduit sur les routes malgré son oeil qui le fait souffrir...

Haut de la page

jeudi 27 mars 2003 à 21h06
WATCH MORE TV...
En ce moment, le matraquage télévisuel me porte sur le nerfs d'une manière abyssale.

Flashback: U2 durant la tournée Zooropa il y a 10 ans de cela, s'intéresse de près à l'impact de la TV sur notre société occidentale. Le slogan "Watch More TV" apparaît sur écran géant, intercalé entre une suite d'images chocs qui agressent l'oeil jusqu'à saturation.

Le JT, c'est guerre, bombes et re-guerre en Irak. Images chocs, mais pas trop, bien dosées, il ne faut quand même pas que le téléspectateur fasse l'amalgame entre le hachis Parmentier qu'il est en train se s'empiffrer et le corps d'un gosse déchiqueté par une bombe. Restons soft , mais en donnant du spectacle.

« Panem et circenses ». Du pain et des jeux. On a pas évolué d'un poils de cul depuis le temps où on jubilait d'aller voir les gladiateurs se massacrer dans l'arène. S'abreuver du sang des autres, de la souffrance, du dramatique, ralentir sur l'autoroute parce qu'il y a eu un accident, et que compte tenu du nombre de véhicules de secours sur place, il doit y avoir quelque chose à se mettre sous... l'œil.

J'exècre ce genre d'attitude. La pudeur n'a pas sa place dans une société où l'image prédomine sur tous les autres vecteurs de communication disponibles. Le témoignage écrit d'un soldat vivant l'horreur de la guerre au quotidien n'a pas de poids dans la balance face au blabla politiquement correct d'un envoyé spécial. Pire: les warblogs sur internet où l'on peut trouver de "vrais" témoignages, non-revus et corrigés par la sacro-sainte "morale" estampillée Reuters ou AFP, sont censurés!

Et puis, le reste de l'actualité ? Ca passe à la trappe, pas assez racoleur. Une guerre à l'autre bout du monde, qui ne nous concerne absolument pas (aucun intérêt financier, pas de troupes françaises sur place), on s'en fout pas mal !!! Ah si, au JT de 13H, JP Perno(ël) doit penser aux vieux en leur parlant de leurs semblables qui s'emmerdent au fin fond du Cantal. Pour que le téléspectateur vieux se sente concerné et reste scotché à l'écran pour l'espace pub qui le sépare des "Feux de l'Amour"!

Les vieux. « Ils ne dorment pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps ». C'est surtout la TV qui anesthésie leur sens critique. Elle les embobinent à longueur de temps, eux et d'autres personnes crédules. Elle leur fait gober ce qu'elle veut, tout et n'importe quoi. La TV arrive même à leur faire acheter les pires inepties par le biais du téléachat, style une lotion censée rendre la pigmentation d'origine aux cheveux blancs. Elle a mené une croisade anti-banlieue, anti-jeunes, a nourri une psychose des autres, à en faire flipper Superman de sortir dans le 16° à l'heure du goûter. Ca ne m'étonne pas que le FN ait fait une percée remarquée aux dernières présidentielles, l'électorat plus ou moins vieux a pris ce que disait la boîte à images comme paroles d'Evangile. Amen.

Pour finir avec ce discours quasi-stérile - car il aura au moins eu le mérite de me défouler - je copie-colle les paroles d'une chanson de Mickey 3D (j'avoue: je deviens vraiment fan) en rapport... a télécharger de toute urgence
;-)

J'allume ma télé
Je vois un p'tit gars bien sapé
Il me dit qu'ça craint
Que dehors faut pas y'aller
Que si je veux me sentir bien
Et puis pour ma sécurité
Alors je dois rester chez moi
Aujourd'hui j'ai pas le choix
Je me dit qu'il fait froid
Qu'il a peut-être raison
Il a l'air tellement sérieux sous ses allures de pauvre con

La France a peur
Tous les soirs à vingt heure
La police vous parle
Tous les soirs à vingt heure
La France a peur
(Ouhhhhh)
Tous les soirs à vingt heure
(Ouhhhhh)
La police vous parle
(Aillez confiance)
Tous les soirs à vingt heure

Ensuite ils font parler un type
Qui a pas l'air de manquer de fric
Il me dit que si je veux respirer
Ben c'est pour lui qu'il faut voter
Prendre ma carte du parti
Lui filer quelques billets
Il me dit que si l'air est pollué
Si les francais sont stressés
C'est la faute des immigrés, des clochards et des pédés

Alors écoute bien mon petit gars
Toi qui trône à la télé
Si un jour tu crève de froid
Chez moi faudra pas venir sonner
Et puis si un jour par malheur
Les rapaces prennent le pouvoir
Dis toi bien qu'ça sera pas d'la faute
À tous les gens qui broient du noir
De toute facon ne t'en fait pas
Ils auront surement quelque part
Une jolie petite place pour toi
T'aura bien fait ton cinéma (2X)

Salut alors là c'est PPD et j'vais vous
raconter une histoire drôle.
Alors là vous voyez au Soudan y'a
150 000 d'mort, mais on en a rien y'a
branler du Soudan parce qu'ya
Germaine, elle s'est coupée le doigt,
et ça fait vachement mal de se couper le
doigt, et y'a Marcel il fait des chaussures
en bois, c'est vachement joli les
chaussures en bois.
Alors tu vois les mecs qui crèvent au
Soudan on en a rien à branler, mais
alors la rien du tout, on en a rien à
foutre !

Haut de la page

vendredi 28 mars 2003 à 22h44
Emue...
Ce matin, une petite surprise m'attendait sur mon bureau, là, devant mon écran d'ordinateur : deux dessins réalisés durant la nuit par mon homme et un petit mot les accompagnant. L'un pour la campagne publicitaire du projet que je devais présenter le matin même en formation, un autre, humoristique, sur les call centers. Ca a fait battre mon petit cœur et m'a mis la larme à l'œil! Mes « collaboratrices » pour ce projet ont été aussi très touchées par son intention. « Il est adorable, ton homme » a même déclaré l'une d'elles. Oui, évidemment. Carla Bruni n'a pas fait une chanson qui porte son prénom pour rien ;-)

Hier, j'ai été aussi émue par un appel téléphonique pour le boulot : un enfant d'une dizaine d'années tout au plus qui passait commande pour sa mère, sourde. D'un point de vue strictement professionnel, c'est un appel « foireux » parce que la communication a duré plus de 5 minutes. Normal quand l'enfant traduit à sa mère par le langage des signes au fur et à mesure et qu'il doit noter tout ce que je lui énumère lettre par lettre. Mais je m'en fous pas mal, je n'ai pas l'esprit vendeur de toute façon, et puis je bossais de chez moi, personne pour m'engueuler. L'amour désintéressé de cet enfant qui s'appliquait à bien écrire pour faire plaisir à sa maman en me tutoyant le plus naturellement du monde... hé bien ça m'a transporté ! Je crois même que quand le gamin m'a dit « bisou » à la fin, je lui ai répondu « bisou à toi »...

C'est peut-être à force d'écouter Loreena McKennit que j'ai la larme à l'œil et le cœur qui s'emballe pour un rien en ce moment. Oh, je n'irais pas jusqu'à chialer devant un film à l'eau de rose, j'ai horreur des histoires type roman Harlequin. Je n'ai même pas tenu une demi heure devant Titanic tellement ça m'insupporte.


Il y a deux œuvres parlant d'histoires d'amour qui m'émeuvent : "L'Ecume des Jours" de Vian, et l'adaptation filmique par Scorcese de « the Age of innocence » d'Edith Wharton. Mais bon. Le livre de Vian est vraiment particulier et j'adore Scorcese ainsi que les trois acteurs principaux du « Temps de l'Innocence » : Daniel Day Lewis, Winona Rider et Michelle Pfeiffer.

Autrement, je préfère les histoires « vraies » d'amour que les fictions. Elles sont tellement plus belles, humaines... et moins niaises !

Allez, je vais me coucher ! Comment ça c'est tôt pour un vendredi soir ? Demain je commence le boulot à 7h, je finis à 18h et après je prends le TGV pour tenter de faire nuit blanche à faire du jeu de rôle... Alors oui, je me couche !!!

Haut de la page

mardi 1er avril 2003 à 23h33
Quatre jours en quelques lignes...
Quatre jours sans écrire dans ce journal, un exploit ! Après tout, tant mieux : ça prouve que j'ai été assez occupée pour ne pas avoir le temps d'écrire...

Samedi : après une journée de boulot bien remplie (de 7h15 à 18h00), je prends le train pour Poitiers où se tient une convention de jeux de rôles organisée par des copains. Le lieu est superbe : une église désacralisée dans le cœur de la ville, avec éclairage tamisé, tentures au plafond et table de jeux dans des sortes d'alcôve. Ils ont aussi super assuré niveau organisation : le dîner était diversifié et pas mauvais du tout, le service impeccable, l'ambiance conviviale, vraiment génial.
Bien entendu, j'ai loupé la première partie pour cause de travail obligatoire le samedi, alors j'ai bien l'intention de rattraper le coup en jouant les deux parties restantes... La première se déroule le soir même et se prolonge jusqu'à 7h30 du matin (cet écrit est sponsorisé par Luigi Lavazza !). C'était une partie années 1920 bien sympa, on jouait des étudiants un peu marginaux (genre : un black, un homo... ça tache sévère dans les années 20 aux USA), mon perso était une fille versée dans l'occultisme dont l'intégrité de la santé mentale était assez entamée...

Dimanche : Rebelote le matin à 11h, après une nuit brève et une impression de gueule de bois sans avoir ingéré une goutte d'alcool. Nous sommes complètement partis en live à cause de la fatigue et du besoin de décompression. J'ai joué avec un copain rencontré sur le net il y a quelques temps et le délire nous a tué les abdos et fait pleurer de rire...

Lundi : Tour du cadran au lit. Rien de très constructif, le décalage horaire et la quasi-nuit blanche de la veille nous a mis sur les rotules. Je sursaute à chaque coup de fils en croisant les doigts pour qu'on ne me demande pas de bosser, je n'en ai pas la volonté. Le matin, appel d'une journaliste de « Ca se Discute » : elle recherche des ados faisant du jeu de rôles et demande donc à mon homme de jouer les « indics » et de lui trouver des djeunz partageant sa passion. Passage à la CAF : nous apprenons que nous toucherions plus d'APL si nous étions RMIstes qu'avec mes 500€ de salaire mensuel. En résumé : pourquoi bosser puisqu'on gagne mieux sa vie en vivant au crochet de l'état ?!

Mardi : Ma sœur rassemble des témoignages pour le procès qu'elle fait à la boîte qui a plagié ses créations. Chefs d'accusation : contrefaçon et concurrence déloyale. Une de mes collègues, qui a acheté sans le savoir une des contrefaçons, accepte de faire un témoignage écrit. Je lui ponds le modèle de la lettre grâce au DEUG de droit d'une autre collègue. L'après-midi, alors que je parle à mes collègues de l'entorse de ma mère, une femme travaillant pour un concurrent arrive avec des béquilles et se joint à la conversation. Signe ou pas, elle a eu une entorse il y a 6 ans de cela et me dit que ma mère a fait le bon choix en préférant l'atèle au plâtre. Ca me rassure malgré le fait que dans 10% des cas, il y a risque de séquelles après une entorse de ce genre (c'est ce qui arrive à cette femme). Bien entendu, j'appelle ensuite ma mère pour lui raconter. Elle m'annonce que l'usine où travaille mon père licencie activement, peu de chance cette fois qu'il y ait un sursis. Secret de polichinelle, les boss ne veulent rien divulguer mais ont viré plusieurs VRP qui vont emmené leur clientèle avec eux...
En gros, lorsqu'un souci semble s'apaiser, un autre apparaît. A croire que la loi des séries n'a pas fini...

Haut de la page

mercredi 2 avril 2003 à 21h12
La rançon du succès...
J'ai vu les deux reportages sur Michael Jackson diffusés sur M6.

Le premier est réalisé par Bashir, un journaliste britannique « à scandale », inconnu avant d'avoir interviewé Lady Di en 1995 lorsque les relations adultérines des héritiers de la Couronne passionnaient les fans du genre. On trouvait dans ce reportage un Michael Jackson un peu foufou, prétendant « être Peter Pan », le tout commenté en voix-off par Bashir agrémentant les images de remarques acerbes et totalement subjectives. Mais les conseillers de Jackson avaient prévu le coup et tout au long du reportage, le caméraman personnel du Roi de la Pop filmait en permanence. La contre-attaque était donc possible et ils ont confié à la Fox les documents vidéos en leur donnant carte blanche pour les utiliser. Bas les masques ! Le journaliste est vraiment une pourriture de première : il passait son temps à faire de la lèche à Jackson, du genre « moi, je sais ce que vous êtes, les médias se trompent, vous êtes formidable, blablabla » histoire de les mettre en confiance lui et ses proches... pour après le poignarder dans le dos au montage.

En résumé, comment avoir confiance à ce que la TV diffuse quand on sait qu'au montage, on peut faire dire n'importe quoi à n'importe qui, et ainsi influencer les masses ? C'est flippant quand on y pense. Dans le cas présent, ça peut porter préjudice à une personne voire à sa famille. Mais imaginons une conspiration gouvernementale à l'échelle d'un pays ou même plus, digne d'un épisode d'X-Files ? Et si l'Homme à la Cigarette parvenait à ses fins en utilisant la TV pour mettre à ses pieds les foules ? Et même pas besoin d'images subliminales, un simple bourrage de crâne suffit. Lors de l'époque de l'Allemagne Nazie et de l'Italie Fasciste, l'embrigadement s'est fait sans TV, sans Internet. Les moyens à disposition des dictateurs étaient moindres, et pourtant les Camice Nere défilaient dans les rues en masse...

Pour en revenir à Michael Jackson, l'engouement des fans est hallucinant, il perdure au travers des générations. Ma sœur était fan et je me souviens des posters qui tapissaient les murs de sa chambre. J'aimais bien aussi, mais depuis les années 90, bof-bof. Je préfère encore l'époque de la Motown et des coiffures Jackson Five !

Lors du second reportage, ce qu'il a dit m'a beaucoup touché. Il déclarait que c'était lorsqu'il était dans une chambre d'hôtel, avec ses fans dehors sous sa fenêtre qui l'appellent et dorment dans des sacs de couchages dans l'espoir de le voir, que la solitude lui pesait le plus. Parce qu'il n'avait aucun moyen de partager leur amour, parce qu'il devait vivre reclus, parce qu'être une star adulée c'est à double tranchant. On peut avoir ce que l'on veut, mais chaque apparition publique devient un bain de foule qui peut s'avérer un enfer. Alors il compense : il a du fric à en reconstruire les Twin Tower avec des billets verts alors il le claque de façon éhontée à Las Vegas dans des accessoires dont l'aspect kitch n'a d'égal que leur prix exorbitant. Il le dépense dans un parc d'attraction où des gosses défavorisés peuvent vivre ce qu'il aurait voulu à leur âge. Il se fait refaire le nez 15 fois pour « mieux monter dans les aigus » prétend-il. Mais je n'ai pas l'impression qu'il soit heureux. On dirait toujours un gosse qui tente désespérément de vivre son enfance de façon normale.

Le bonheur ne s'achète pas.

Haut de la page

jeudi 3 avril 2003 à 20h55
Renouer les liens...
Hier, deux de mes amis ont repris contact avec moi après un long silence. Le phénomène « loin des yeux, loin du cœur » a peu à peu étiolé nos liens jusqu'à ce qu'ils deviennent le pale reflet d'une époque révolue. Et là, en l'espace d'une journée, deux fantômes de mon passé ont resurgi sans même se donner le mot.

La première, c'est S., une fille que j'ai connu au collège. Elle était ce qu'on désignait sous le terme de « populaire », j'admirais son assurance, moi qui était si timide et introvertie. Au lycée, j'ai découvert que ce n'était pas une fille inaccessible et que sa bande de potes artistes-grungy-babos-planant n'avait rien de plus transcendant que les autres jeunes de leur âge, si ce n'est le look. S. et moi avons passé nos trois années de lycée dans la même classe, nous en avons passé des nuits chez elle ou chez moi à potasser nos cours ou se filer des tuyaux pour écrire nos disserts. En quelques mots, S. est une fille exubérante, brillante, originale, instable côté cœur, la tête sur les épaules côté études-boulot, marrante, parfois complexée, plutôt jolie, plutôt marrante, toujours tête en l'air. Aussi, quand elle m'a téléphoné à midi et que je lui ai dit que ma pause repas ne durait qu'une heure, elle m'a promis d'appeler après 18h... J'étais sûre à 99% qu'à 12h30, elle aurait déjà oublié. J'avais raison, d'ailleurs j'attend toujours son appel ! S. et moi sommes parties ensemble en vacances un été, c'était grandiose, inoubliable, euphorique. En terminale, nous étions d'autant plus proches que ma meilleure amie du moment avait redoublé et avait trouvé l'âme sœur. S. a payé le prix fort son insouciance du moment, elle s'est retrouvée enceinte, chose à ne pas faire en école privée. Je l'ai soutenu comme je l'ai pu lors de son IVG. Après le bac, nous avons continué à nous voir assez régulièrement, mais depuis que je suis en province, nos rencontres se font de plus en plus rares.

Le second, c'est A. Nous habitions dans la même rue, nous nous connaissons depuis la maternelle mais nous sommes devenus plus proches depuis le lycée. A. est un peu maniéré dans ses gestes, sa démarche, la façon dont il parle ; à première vue on pourrait presque le prendre pour un homo et ce n'est apparemment pas le cas. Il fait des études supérieures d'histoire-patrimoine culturel ou je ne sais quoi, il fait son entrée sur le marché du travail en septembre. A. a des airs d'intello, avec ses lunettes, sa coupe de cheveux stricte, ses fringues assez BCBG style chemise-jean-pull. Il est un peu foufou, ponctue ses phrases en chat de multiples points d'exclamation, me dit « au revoir ma puce », a un rire sonore et communicatif. Il est curieux, enthousiaste lorsque de nouvelles expériences lui sont proposées : c'est d'ailleurs avec lui et mon homme que j'ai connu ma première séance de spiritisme sérieuse. A. a toujours été le « bon copain » avec les filles de son entourage, les relations platoniques il connaît ça, il est toujours dans des sections d'études où il n'y a que des filles. A. est tout de même sorti avec une de mes amies, il y a quelques années et c'est un peu grâce à l'échec de cette relation que je vis aujourd'hui le grand amour (le rapport de cause à effet est assez biscornu, je l'évoquerai un jour).

Les discussions que j'ai eu hier avec eux m'ont laissé sur une impression étrange, partagée. Comme un goût amer dans la bouche qu'on ne s'explique pas.
D'un côté, j'étais bien sûr heureuse d'avoir l'occasion de renouer après plus d'une année de silence.
De l'autre, j'avais la gorge serrée, le spleen m'a envahi sans prévenir. Parce que ça ne sera jamais plus comme avant. Parce que même si ma vie actuelle, mon indépendance me plaît dans l'ensemble, l'époque de l'insouciance, des études, où on faisait des cadavres exquis dans le bus avec pour seule préoccupation le DST de philo du lendemain, ce n'était pas si mal que ça après tout. Pas les cours en eux-mêmes qui étaient soporifiques, mais la chance qu'on avait de se prendre la tête pour des futilités comme « Machin m'a regardé tout à l'heure, ce mec est trop beau ».
Aujourd'hui, la plupart de mes amis de l'époque vivent encore chez leurs parents, ils ne sont pas vraiment encore confrontés aux factures, aux galères de la vie quotidienne, même si le chômage leur met des bâtons dans les roues. Dans un sens, ils ne s'assument pas pleinement. Attention, je ne regrette pas pour autant ma situation actuelle et je ne les envie pas. Mais il y a eu une cassure à mes 20 ans, à partir du moment où je me suis installée en couple, où j'ai pris mes clics et mes claques pour partir à 500km de mes souvenirs d'enfance et d'adolescence. Et dans la perspective où je retourne vivre là-bas, y aura-t-il moyen de retrouver la saveur de ces douces années de nostalgie ? N'est-il pas plus prudent de rester sur la touche positive du jour de mes 20 ans, la dernière fois où nous avons tous été réunis et qui marque la fin d'une époque ?

Haut de la page

dimanche 6 avril 2003 à 00h09
Etrange Spleen Non Identifié...
J'ai l'impression d'être victime du si caractéristique syndrome pré-menstruel : envie de rien, boule dans le ventre et gorge serrée, à la limite de chialer, le tout sans aucune raison valable. Dans une émission, j'ai même vu que ça pouvait relever de la pathologie : certaines femmes durant cette période larguent mari et enfant et prennent le premier avion direction Quelque Part A l'Autre Bout Du Monde sans but particulier. Et tout ça à cause de quoi ? Des hormones ! On est vraiment peu de choses... Enfin, je ne pense pas pour ma part que ce soit ça puisque grâce à la pilule- miracle-qui-ne-file-pas-de-cholestérol que m'a prescrite ma gynéco, je n'ai plus de règles depuis Mathusalem. Mais bon, ça ne supprime pas les hormones, elles continuent à régir une partie de ma vie malgré moi.

Cherchons une explication à cette sensation de malaise :

1/ Je suis cloîtrée chez moi alors que mon homme est à 100 bornes d'ici en train de passer un week-end de convention avec des rôlistes sympas. En fait, il y a plus de probabilités de voir une statue de vierge pisser le sang par les yeux sans trucage que d'avoir un samedi de congé dans cette boîte. Je laisse ma vie sociale au vestiaire jusque juillet, après je partirais à la recherche du temps perdu...

2/ J'en ai plus qu'assez d'entendre mes voisins s'engueuler au dessus de ma tête. Même la descente des flics chez eux un soir n'a pas calmé le jeu. Les mots RESPECT et DIVORCE ne doivent pas faire partie de leur vocabulaire. What a pity...

3/ Je n'ai plus l'ADSL depuis le 1er avril (la bonne blague !). On dirait pas comme ça, mais quand on est habitué au haut débit gratos depuis un an et demi, la chute est vraiment haute. Et puis cette souris pratiquement neuve qui déconne, ça aussi ça m'énerve.

4/ Je suis tombée sur le site du FBI et j'ai jeté un œil sur les personnes recherchées. Les terroristes, avec 50 pseudos différents mais tous le même style distinctif : moustachu ou barbu et brun, de vraies répliques de Saddam ou Bin. Les bank robbers anonymes, pris en flag en noir et blanc par les caméras de surveillance. Les gosses ou adultes kidnappés -- et pas forcément dans les ruelles sordides des quartiers pourris, et recherchés par leur entourage. Ce sont ces derniers qui ont attiré mon attention, comme quand on voit, placardées sur les murs des gares, des affiches de personnes disparues. Ca me fait toujours une impression indescriptible, un malaise tout à fait particulier. Surtout lorsqu'on lit les circonstances des disparitions. Je pense à cette femme en voiture avec ces deux enfants. On l'a retrouvée morte, mais aucune trace des gosses. Ou celle qui était avec sa famille en balade, mais qui a rebroussé chemin seule et puis plus de nouvelles. Comme quoi la vie peut basculer en un temps infiniment réduit. Le temps d'un battement de cils et tout s'effondre, vous vous retrouvez au fond de l'océan, séquestré par un psychopathe ou à faire le tapin dans un bordel à l'autre bout du monde. Vachement réjouissant tout ça.

5/ J'ai payé l'assurance de la voiture, et ça fait mal, très mal. Deux mois de salaire partis en fumée par ma simple signature sur un chèque. Et comme si ça ne suffisait pas, j'ai enfoncé le clou en allant faire les boutiques. Je n'ai pas pu résister à un gilet long en 100% soie naturelle. L'odeur, le toucher, la couleur ficelle... -30%... Allez, soyons fou !

6/ J'ai envie d'aller en boîte. Mais il n'y a pas de boîte valable dans le coin et puis quand bien même, avec qui y aller ? alors ce n'est pas envisageable, pas la peine de se torturer. Alors je compense en écoutant du Orbital en fredonnant « Spin spin Sugar » et en me dandinant sur ma chaise...

Bon, tout compte fait, ça pourrait être pire...
Je pense quand même que Morphée va m'être d'un grand secours pour apaiser ce spleen non identifié...

Haut de la page

dimanche 6 avril 2003 à 18h25
A la recherche d'un talent caché...
Ambiance du moment : La fumée du papier d'Arménie qui se consume lentement emplit mes narines de sa douce fragrance, Zazie chante à tue-tête « Ca fait mal et ça fait rien », le vent s'acharne à faire grincer le volet faute d'avoir de cerfs à décorner, mes pieds sont trempés après avoir passé la serpillière.

Je me suis encore torturée l'esprit, c'est toujours comme ça quand je suis seule. Je comprends aisément que les gens souffrent de la solitude, lorsqu'on est livré à soi-même, on cogite à 100%, on se désespère, on se fait du mal.

Le thème actuel de mon désenchantement : le talent et la vocation.

J'aurai aimé être un artiste comme dit la chanson. N'est ce pas ce que chacun d'entre nous souhaiterait au plus profond de son être ? Vivre de son art, de son talent, qu'on arrive à faire des merveilles de ses 10 doigts ?

Toute ma vie, je me suis fermée des portes par sentiment d'infériorité, flemme ou peur de concrétiser un rêve.

Quand j'étais gosse, mes parents s'émerveillaient devant mon oreille musicale. Je pouvais reproduire chaque note, chaque rythme, repérer chaque instrument. Mais jamais je n'ai accepté d'apprendre le solfège ou de jouer d'un instrument malgré leur insistance. Pourquoi ? Parce que l'idée de devoir en passer par la théorie pour aboutir à la création personnelle, ça me rebute. Je préfère appréhender la musique de manière intuitive, poser mes doigts sur les touches d'un piano et laisser libre cours à mes émotions, sans que des concepts aussi triviaux que des gammes ou des arpèges ne corrompent ce processus d'imagination.

J'ai fait du théâtre aussi. Oh, je n'ai pas joué des grands classiques à la Shakespeare, juste des sketches, j'avais une douzaine d'années. Je me souviens encore du directeur de l'atelier théâtre qui m'intercepte dans les coulisses après ma prestation pour me dire « surtout tu reviens l'an prochain, tu es vraiment géniale, je compte sur toi !!! ». Mais l'année d'après, je n'ai pas pu. Et mes quelques tentatives pour recommencer ont été infructueuses. Heureusement qu'il reste le jeu de rôles, ça me permet de me rapprocher de ce que je préfère: l'improvisation, l'interactivité.

Pour le dessin, je me suis toujours pas mal débrouillée. J'ai même pris quelques cours en dehors de l'école avec ma sœur. Mais cette dernière a vraiment un don dans ce domaine, elle en a même fait son métier, tout d'abord en faisant une école de stylisme puis en créant sa propre ligne de bijoux. Quand j'ai vu qu'elle galérait au sortir de l'école, j'ai préféré jouer la carte de la prudence en faisant un DEUG d'anglais et en renonçant à mes rêves artistiques. Aujourd'hui encore, mon entourage trouve que je dessine bien, moi non. Je passe mon temps à griffonner pour tuer l'ennui, mais ça n'a rien de transcendant.

Idem pour l'écriture. J'adore écrire sans contrainte de thème ou de style et le net est génial pour ça. Avec une internaute, nous faisions même il fut un temps un exercice de style assez surréaliste consistant à écrire une histoire avec des mots compliqués imposés. J'écrivais un paragraphe, elle enchaînait sur un autre, tout ça sans nous concerter, ce qui donnait à cette histoire futuriste une tournure parfois bizarre. J'ai parfois des compliments sur mon style et forcément ça flatte l'ego. Mais le niveau d'écriture de mon homme est nettement supérieur, il veut en faire son métier. Combiné au fait qu'il est à la base dessinateur, je n'ai plus qu'à aller me rhabiller. Nous avons tout de même un projet d'écriture à quatre mains, un roman à l'eau de rose mais qui tournerait à l'ironique vu notre conception du thème. En attendant, ce journal me donne l'occasion de ne pas cesser d'écrire et d'être un peu lue.

Alors ai-je un talent pour quelque chose tout compte fait ? J'ai l'impression de me débrouiller dans certains domaines, mais je n'arrive à exceller nulle part. J'ai un peu de fierté pour certaines choses tout de même. Par exemple, j'ai organisé de A à Z notre voyage aux USA il y a un an et demi, sans l'aide de personne, et finalement j'avais fait de bons choix d'itinéraires et de haltes puisque mes deux compagnons de voyage ont été enchantés. Je cuisine pas mal, avec comme spécialité la cuisine végétarienne puisque mon homme ne mange pas de viande et de poisson et moi très peu. Ma consécration, c'est quand ma mère m'appelle en me demandant la recette de mon cru pour cuisiner les brocolis ! Je me contente de peu, mais dans ce domaine ma mère excelle, alors forcément ça me fait plaisir quand elle me demande un tuyau.

Après tout, la plupart des gens n'ont pas de talent à proprement parler. Et ils le vivent très bien. Il suffit de ne pas y penser !

16h06. Les rafales de vent font tinter le carillon, doucement.

C'est fou tout de même, les éloges que je reçois me font plaisir, mais je ne peux m'empêcher de ne pas me trouver à la hauteur de ces compliments. C'est ma tendance à me dénigrer qui m'étouffe...

Haut de la page

mercredi 9 avril 2003 à 19h48
Gay, (bi) or not gay? That is the question!!!
Depuis quelques temps, le bâtiment inoccupé se trouvant en face de notre boîte a été investi par des téléconseillers bossant pour la concurrence. Puisque on a rien d'autre à faire, on s'amuse à les observer, à leur donner des surnoms en référence à leur tenue vestimentaire genre "la Rockeuse de diamant", "la pouf", "la coincée", "le pot de peinture"... Oui, je sais, on a vraiment rien à faire de plus instructif, alors on fait fondre les neurones!!!

Ces derniers jours, notre principale occupation entre collègues était de découvrir les préférences sexuelles d'un type plutôt mignon bossant là-bas.

Il a abordé l'une d'entre nous (la seule célibataire d'ailleurs) en la raccompagnant en ville un soir. On lui disait depuis quelques temps qu'elle avait un ticket, ça semblait donc se confirmer...

Mais voilà, le type est très efféminé dans sa façon de parler et comme elle s'intéresse de près à lui, elle se pose des questions! Je l'ai rassurée sur le fait qu'un mec précieux n'était pas forcément gay, à ma banque ils sont tous somme ça, va comprendre...

Alors, nous avons élaboré toutes sortes de stratagèmes foireux pour lui poser l'ultime question en évitant les ecueils du genre "t'en es, du sac à main?". Genre, fredonner « YMCA » en lui demandant s'il préfère l'indien ou l'ouvrier. Ou lui demander quelle boîte il fréquente (même s'il n'y a pas de boîte gay ici, m'enfin!).

Verdict : il est hétéro ! Mais il a une nana... Cependant, il veut plaire à tous prix, alors il aborde les jeunes filles en fleurs pour s'assurer de son irrésistible charme... Ah, ces mecs, j'vous jure!!! Du coup, notre collègue reste sur sa faim, dégoûtée après qu'il lui ait avouée "je te trouve très charmante mais..."...

Ils n'ont pas fini d'en briser, des coeurs...

Haut de la page

mercredi 9 avril 2003 à 21h34
ZEN, reste ZEN...
Je suis d'une nature plutôt patiente. Les contraintes qu'on m'infligent au boulot, les conneries dont on m'accuse à tort, toutes ces réflexions glissent inévitablement sur le manteau d'indifférence que je me suis confectionnée avec le temps. Seulement, il ne faut pas outrepasser les limites admises par la bienséance. Et en ce moment, l'accumulation de ce genre d'inepties commencent à me taper sur le système.

Au boulot, un jour c'est noir, un jour c'est blanc, comme le climat mais en plus imprévisible encore. Si le soir à la TV, il pouvait diffuser les prévisions caractérielles de ma supérieure pour le lendemain, ça nous aiderait à prévoir ce qu'on doit dire ou faire pour ne pas se faire incendier. Parce que non seulement c'est une lunatique (elle le nie en bloc mais bon... de mauvaise foi en plus), mais en plus elle ne se souvient jamais de ce qu'elle dit d'un jour à l'autre. Mémoire à très court terme, si vous avez vu « Memento », c'est ce genre. C'est comme ça que je me suis retrouvée comme une idiote avec rien à me mettre sous la dent ce midi car j'étais sensée rentrer chez moi. J'ai marché un quart d'heure pour trouver un tabac ouvert et acheté un Lion (pour rugir de déplaisir) à 1€ (pour compenser que, contrairement à tous les autres commerces de la ville exceptés les bars à poivrots, il reste ouvert entre midi et deux). Je suis rentrée complètement trempée, j'ai comaté tout l'après-midi, décalquée par la fatigue, le froid (plus de chauffage depuis 2 mois, économies obligent), la faim, l'heure de la sieste, les techniques de vente dont je me tape le coquillard d'une force vive.

Cette psychopathe d'alcoolique nous a fait une crise d'hystérie pour une boutade qu'elle aurait pris normalement sur le ton de la rigolade. Mais attention ! Aujourd'hui, il y avait un technicien qui travaillait sur le système téléphonique, alors Madame a voulu jouer son petit chef autoritaire devant la tierce personne en question. D'ailleurs, selon elle, il la drague outrageusement ce pervers, il n'enlève même pas son alliance pour faire du rentre-dedans. A mon avis, il se rince plus l'œil devant les nanas de 20-25 ans que nous sommes que sur elle, mais bon, laissons-la se faire des films.

Mais il y a pire que ce taf. Il y a mon PC. Hier, agréable surprise, mon homme m'a acheté une tablette graphique. Ca fait aussi souris, et puisque la mienne déconne, ça fait d'une pierre deux coups. Impossible de l'installer. Tout comme l'imprimante, le scanner... Conflit de ports USB, déconnage intégral, je n'y comprends rien, ça M'ENERVE !!! Je ne gueule pas souvent sur les gens mais je sers copieusement tous les noms d'oiseaux au matos. C'est à sens unique de toute façon, je ne risque pas grand chose en retour. Et puis c'est lui qu'a commencé !!!

Sophrologie. Yoga. Art du zen.
Position du lotus. Encens. Lumière tamisée.
Ômmmmm.

Haut de la page

jeudi 10 avril 2003 à 19h18
Songes télépathes...
Y a-t-il une signification à nos rêves, ou sont-ils uniquement le reflet tronqué de situations passées ? Doit-on chercher à les interpréter, à y voir comme Freud la manifestation de notre inconscient, à en étudier la symbolique comme dans ces dictionnaires ésotériques ?

Quoiqu'il en soit, je trouve frustrant de se réveiller le matin sans avoir conservé de souvenir de ses rêves. Comme si la nuit avait été dénuée de songe, comme si le laps de temps entre l'endormissement et le réveil était inexistant, qu'il disparaissait dans un recoin de notre cerveau à tout jamais...

Et puis, il y a ces fragments de rêve dont on se remémore une fraction de seconde et qui nous glissent entre les doigts malgré toute la bonne volonté du monde. Et qu'une situation, un objet, une conversation nous rappellent de façon impromptu au cours de la journée...

Il y a les rêves prétendument prémonitoires, ou tout du moins qui nous projette dans un avenir proche. On s'imagine entendre le réveil sonner, se lever, aller au boulot... Une sorte de mise en abyme. Ca doit être le lot des gens angoissés dans mon genre...

Il y a ces rêves qui paraissent si réels qu'on n'arrive plus à faire la part des choses. Entre le rêve et la réalité, la frontière est parfois si ténue que l'on croit avoir dit ou fait quelque chose alors que ce n'était qu'en songe...

Il y a aussi les rêves récurrents, qui hantent nos nuits et obscurcissent nos jours de leurs ombres insidieuses. Ceux qui nous réveillent en sursaut, en sueur, le cœur battant la chamade. D'ailleurs, j'ai déjà rêvé que je mourrais tuée d'une balle dans le cœur tirée par ma mère, bonjour l'angoisse...

Il y a les rêves érotiques qui nous plongent dans un univers débridé où l'infidélité et les fantasmes règnent en maîtres. Et qui nous laissent au réveil sur une note douce-amère, un sentiment confus d'extase et de culpabilité honteuse...

Il y a les rêves insensés, sans aucune logique scenaristique et dont la seule vertu est de nous faire rire en y songeant. Et de nous interroger sur l'intégrité de notre santé mentale. Ce sont les plus nombreux, ça va de soi, et inutile d'essayer de recomposer le puzzle, il manque trop de pièces...

Et puis, et c'est plus rare, il y a les rêves collectifs. Ca nous est arrivé 2 ou 3 fois à mon homme et moi sur une période de temps assez limitée. Le matin, nous nous réveillons et en confrontant nos rêves, nous réalisons que plusieurs des éléments et la trame de notre rêve respectif étaient à quelques détails près identiques. Forcément, c'est troublant...

C'est peut être tout simplement lié au fait que nous vivons ensemble les mêmes choses et notre cerveau fait le reste la nuit. De la télépathie peut-être ? C'est vrai qu'il nous arrive souvent de penser à la même chose au même moment. Ca nous est arrivé hier soir trois fois de suite, ce qui nous a valu une bonne crise de rire devant « 24 » qui n'est pourtant pas une série poilante. Nous avons eu la même idée une fois aussi, lorsque nous avons échappé de peu à un accident de voiture sur l'autoroute : et si nous étions réellement morts mais en continuant de croire que nous sommes en vie ? C'est tordu hein ? Pourtant, cette même idée nous a traversé l'esprit !

Bon après, bien sûr, on peut facilement se rendre compte que ce sont des choses tellement rares et isolées qu'elles peuvent tout simplement être issues du fruit du hasard. Mais cette idée de télépathie n'est vraiment pas pour me déplaire !

Haut de la page

dimanche 13 avril 2003 à 15h23
Hors service...
J'accuse le coup un dimanche, bien évidemment. Ces nuits écourtées par le chat qui a décidé de me rendre insomniaque en farfouillant dans des papiers, par mes voisins qui ne me laissent même pas dormir le seul matin où je pourrais faire la grasse mat'... J'ai le sommeil assez léger et une fois qu'il est perturbé, quasi-impossible de le retrouver...

Alors voilà. J'ai les yeux rouges et luisants comme si je venais de pleurer des torrents de larme. Ma tête me paraît lourde sur mes épaules, j'ai mal aux sinus, au crâne, envie de rien sauf de vomir. J'ai chaud, j'ai froid, au secours, vite, une paire de chaussettes! Soif, mais le liquide renforce ces nausées subsitances... Mon coeur s'emballe par le simple fait de me lever du lit, je glisse, une crise de tachycardie d'annonce, vite, la couette me manque!!!

Pourtant, je le jure, je n'ai pas bu une goutte d'alcool...

Et tout ça un dimanche. Comme par hasard...

Haut de la page

dimanche 13 avril 2003 à 23h40
XY: encore une affaire non classée...
Résumé succint des derniers jours... Oh puis non, rien d'assez transcendant dans l'ensemble...

Bon, j'ai vu quelques films. "Belphegor" ce soir. Nul à pleurer, des longueurs à n'en plus finir et des ellipses étranges, une BOF absolument navrante, des acteurs qui se croit sur scène, un humour foireux... "Mission Cléôpatre": marrant, bon divertissement, sans plus. "Scoobidoo": pas génial, bof-bof, bien pour les mioches quoi. "Entropy": ben pas mal en fin de compte, je l'ai acheté une misère juste pour voir Bono (un peu la conscience du perso principal) et U2 qui ont un rôle mineur, mais ça m'a bien plu. Ah oui, j'ai été super fan de U2 à l'adolescence. J'aime toujours, mais je me suis calmée.

Visite surprise de mon ami "Candida Albicans", comprendra qui pourra. En tout cas, ma gynéco, elle, elle a compris. Traitement d'enfer, petit fascicule explicatif et abstinence au programme. Y en a marre d'être une nana!!!

Petit accrochage avec mon homme à propos de broutilles. Il sait que je tiens ce journal. Et je l'ai même invité à le lire si bon lui semble, étant donné que je suis assidument le sien. Bon, voilà le truc: apparemment, il a peur de trouver mon journal "mieux écrit que le sien" et que s'instaure entre nous une sorte de "concurrence". "J'hallucine!!!"comme dirait Eric dans H. Déjà parce que son niveau d'écriture n'a rien à voir avec le mien (c'est un artiste, moi pas). Ensuite parce que merde quoi, c'est n'importe quoi, je capte pas! Orgueil masculin sans doute. Peur d'être en concurrence avec une femme, en l'occurrence la sienne. En plus, Monsieur trouve que c'est bien de ne pas me lire, ça conserve une part du mystère chez moi. Waouuuh. Mystère et boule de gomme! Si ça le branche le mystère, je peux essayer des techniques genre le clin d'oeil qui tue lorsqu'il me demande où j'étais, la boîte à bijoux avec un cadenas que je referme brutalement lorsqu'il entre dans la pièce, en rougissant de honte comme s'il recelait le plus inavouable des secrets...

Si tu viens à lire ces lignes, mon homme, sache que je ne comprendrais jamais cette réaction...

Haut de la page

lundi 14 avril 2003 à 00h20
Pureté, quand tu nous tiens...
J'ai fait le célébrissime test de pureté en même temps qu'Etoile, et il s'avère qu'en 5 ans, mon score a nettement augmenté. Je dirais même qu'il est inquiétant. La barre des 200 points est presque franchie!!!

alors voilà le résultat: score total: 198 points
nombre de réponses positives: 60%
alcool: 61% (seulement 2 cuites pourtant, mais monumentales)
sexe: 69% (ahaha)
drogue: 0% (pas bien la drogue!!!)

Source: http://www.griffor.com/

Le souçi, c'est que contrairement à Etoile qui s'en sort bien, je ne peux plus revenir en arrière, ma pureté est désormais derrière moi, à tout jamais!!! Alors Etoile, surtout, ne gache pas ça. Ne dors pas volontairement dans les toilettes, ne vomis pas sur les pieds d'un flic devant une boîte de nuit où passe Larusso, ne fais pas de barathon. Et attention: embrasser quelqu'un, c'est mal!!! La barre des 200 est si vite franchie!!!
LOL!

Haut de la page

lundi 14 avril 2003 à 19h10
J'ai décidé de rester maigre...
Je vais innover ce soir. Parce que j'en ai marre que les filles dites
« maigres » soient mal considérées par leurs congénères, jalousées peut-être, dénigrées parfois. A croire qu'une femme normalement constituée doit forcément être obsédée par son poids et chercher tous les bons plans pour mincir à tout prix.

A longueur de journée, je vends par téléphone des méthodes pour mincir : substituts de repas pas très ragoûtants, gélule miracle, crème amaigrissante, ceinture de sudation, appareil pour les abdos, culottes qui affinent la silhouette, sport élec, etc... Et la question récurrente des clientes : « alors, vous l'avez testé, ça marche ? » - Moi, un peu honteuse « Euh, non, c'est à dire que j'en ai pas besoin... » - « Ah bon ? vous en avez de la chance, parce que moi j'ai 18kg à perdre, ma culotte de cheval blablabla ».

Lorsqu'on connaît une fille « forte » et qu'on est une personne dite
« civilisée », on ne va jamais la traiter de tous les noms d'oiseau en rapport avec son surpoids. Non, on va pudiquement approuver quand elle nous annonce qu'elle va faire un régime et puis l'essentiel, c'est d'être bien dans sa peau, après tout, ne fais pas ce régime pour les autres mais pour toi !

Par contre, certaines filles « civilisées » ne se priveront pas de commenter le physique d'une de leurs congénères dite « maigre », la qualifiant de « somalienne », « fil de fer », « anorexique », lui disant qu'au prochain coup de vent, elle risque de s'envoler, qu'elle doit faire sa garde robe au rayon enfants parce qu'elle nage presque dans un 34 Zara. Non, elles ne réaliseront pas que ça pourrait la blesser, cette fille qui certes, n'est pas grosse, mais n'est pas pour autant anorexique...

Et pourtant... J'ai été complexée il fut un temps, quand j'avais pas confiance en moi, quand les autres filles arboraient des décolletés généreux et des formes qui attirent la gent masculine alors que je restais désespérément fluette. Beaucoup plus proche d'un physique à la Jane Birkin que de celui de Marylin Monroe quoi. Maintenant, je m'en fous, je m'assume telle que je suis, petite et mince, 40kg pour 1m56. Et oui, parfois je passe sous la barre des 40kg, et alors, c'est ma morphologie après tout. Et ça me plaît, n'en déplaise aux mauvaises langues...

Comble de l'ironie, je fais du cholestérol génétique et j'ai dû pendant pas mal de temps me restreindre : yaourts à 0%, crème fraîche au soja, lait végétal, beurre proscrit... Imaginer les réactions du type « t'as peur de grossir Kat, c'est pour ça que tu prends du 0% » - Moi, ras le bol de tout le temps devoir me justifier : « non, je fais du cholestérol » - l'autre « pas possible! c'est un truc de gros » - Moi, au bord de la crise de nerfs « c'est génétique, ma pilule me l'a déclenchée... ». Spéciale dédicace à ma gynéco qui m'a changé de pilule, ça me laisse un sursis avant de devoir recommencer le régime hypocholestérolémiant.

Mais les réflexions que je me prends en travers de la gueule, parfois ça m'irrite. Car forcément, il faut s'indigner lorsque l'IMC d'une fille est bien en dessous de la « norme », ça cache un problème psychologique vis à vis de la bouffe, c'est sûr. D'ailleurs, toutes les Kate Moss, Callista Flockart et Cie, ce sont des anorexiques en puissance et attention, c'est contagieux, vous aussi vous allez devenir anorexiques parce que vous les prenez comme modèles ces planches à pain sans saveur dépourvues des formes voluptueuses qui font tomber les mecs !!! Pourquoi la minceur voire la maigreur (bon, je ne parle pas des petits éthiopiens qui souffrent de la famine hien) seraient laides? Pourquoi une femme devraient forcément avoir des hanches, des seins, de la graisse pour être véritablement une femme? Après avoir fait le test d'expérience, je peux dire que je préfère mes petits seins discrets à ceux que j'ai pu voir sur ce site. Non, pas de complexes en fait...

En résumé : mieux vaut avoir des formes généreuses que d'être trop mince, c'est plus facile socialement. Les mecs vous regardent plus et les nanas ne vous disent pas à tout bout de champs « toute façon tu peux pas comprendre, toi t'es maigre comme un clou ! ». Et puis au moins, les magazines féminins peuvent avoir un minimum d'intérêt avec les 10 recettes miracle pour perdre 10kg avant l'été...

Haut de la page

mardi 15 avril 2003 à 19h29
"Mobbing", "psychoterreur", "harcèlement moral"...
« La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe ». C'est le texto que je viens d'envoyer à une collègue, R. qui a fini par craquer à force de se faire harceler moralement par notre responsable.

"Harcelement moral", définition "to put you in the picture" (source: INRS):

Désigné aussi sous le terme de psychoterreur ou "mobbing", le harcèlement moral peut prendre des formes diverses :
-refus de toute communication
-absence de consignes ou consignes contradictoires
-privation de travail ou surcroît de travail
-tâches dépourvues de sens ou missions au-dessus des compétences
-"mise au placard", conditions de travail dégradantes
-critiques incessantes, sarcasmes répétés
-brimades, humiliations
-propos calomnieux, insultes, menaces.

Ces pratiques se sont intensifiées ces dernières années. La situation de l'emploi empêche la victime de fuir la situation en allant travailler ailleurs. [...] Les conséquences sont des troubles psychosomatiques, des dépressions pouvant aller jusqu'au suicide. Si bien que le législateur est intervenu en janvier 2002 en introduisant la notion de harcèlement moral dans le Code du travail, et sa répression dans le Code pénal (loi de Modernisation sociale)


Je ne trouve pas de terme assez fort pour qualifier cette femme. En résumé, je ne crois pas connaître de personne plus mesquine, plus manipulatrice, plus arriviste, plus mythomane, plus jalouse, plus salope (et encore, je reste très polie à l'écrit) qu'elle. D'ailleurs ce soir, nous nous interrogions toutes, telles des bouteilles d'Orangina traumatisées, secouées dans tous les sens: « Pourquoi est-elle aussi méchannnnnnnnnnnnnnte ?!!! ». Elle est à 800km de nous pendant deux semaines, et pourtant elle arrive à nous plomber l'ambiance. Elle sème la graine de la discorde par quelques inepties sur des post-it collés à des endroits stratégiques, elle colporte des rumeurs quand on l'a au téléphone pour nous monter les unes contre les autres.

Mais la graine ne prend plus sur un terrain qui s'est créé avec le temps une immunité face à la manipulation. Comme dirait Arlette, nous sommes unies pour lutter contre l'oppression d'un patronat qui exploite les travailleurs pour leur profit personnel !

En plus, cette femme veut être khalife à la place du khalife, voici le syndrome du petit chef personnifié. Elle contredit le boss en douce (hypocrite en plus) pour mettre R. dans la merde et qu'elle finisse par claquer la porte de la boîte, à bout.

« Faut vous dire Monsieur, que chez ces gens-là... » on ne vire pas, Monsieur, on ne vire pas. On triche !

Je ne m'étalerais pas trop là-dessus, c'est plutôt difficile à expliquer, il faut être dans la situation. Quoiqu'il en soit, j'avais la larme à l'œil quand je suis allée voir R. pour lui dire qu'elle savait ce qu'elle valait, qu'elle se crevait le cul pour cette boîte d'ingrats et qu'en remerciements elle ne recevait que des insultes et des reproches. Se faire traiter d'incapable quand on décroche 5 rendez-vous en 2 jours alors qu'elle devait faire le même chiffre en 5 jours !!! Et j'en ai la nausée, maintenant...

Autrement, on a passé la journée à taper le carton et à se bidonner. Hier, c'était Pictionnary, baccalauréats, jeux de collégiennes puérils, aujourd'hui belote. De vrais fonctionnaires, on y prend goût, la journée passe vite. En plus il fait un superbe temps, même le vent se calme, c'est pas génial, ça ? Et demain c'est congé, pas cool ça ? Et dimanche, en vacances quelques jours chez mes parents dans mon 77, pas excellent ça ? Et dans un peu plus de deux mois, je quitte ad vitam aeternam cette boîte de psychopathes, pas transcendant ça ?

Voilà, mes points de chakra sont à nouveau ouverts ;)

Haut de la page

mardi 15 avril 2003 à 23h27
Droit de regard sur un journal...
En lisant un des derniers écrits d'Etoile qui a invité un ami à lire son journal, j'ai cherché à comprendre la réaction que pourraient avoir ceux qui nous connaissent de longue date en "réel" en le lisant.

Tenir un journal intime, c'est un peu se mettre à nu devant un miroir et faire son auto-analyse. Mais lorsque ce journal est divulgué sur Internet, c'est un strip-tease intégral de l'âme que l'on offre aux lecteurs.

Bien entendu, on se déshabille moins facilement à l'oral, on émet une réserve en craignant la réaction de son interlocuteur. On lui parle des pensées de surface, des emmerdes quotidiennes, mais on lui sert plus difficilement son âme ou son intimité sur un plateau d'argent.

Personnellement, j'ai fait le choix de n'inviter personne de mon entourage à lire mes écrits. Mis à part mon homme, parce que je ne crains pas d'être impudique vis à vis de lui, aussi bien physiquement que spirituellement. Je n'aimerais pas que certains de mes écrits - même s'ils ne recèlent aucun secret honteux - tombent entre les mains d'un proche. Parce qu'un masque tomberait, le fard de la désinvolture ou de l'humour laisserait place à ma sensibilité, mon vrai moi dans son intégralité, mis à nu...

Je crois que les doux rêveurs que nous sommes ne sont pas toujours bien considérés. Pour beaucoup de gens, écrire un journal c'est un truc de jeunes filles en fleurs à la Laura Ingalls. Ca ne leur viendrait pas à l'esprit qu'en tant qu'adultes responsables et matures, nous continuons à nous épancher de la sorte dans des récits à la limite entre le mélodrame sirupeux et l'affligeante banalité du quotidien.

Pourtant, on garde tous beaucoup de choses à l'intérieur et l'écriture est un bon moyen d'extérioriser ces non-dits. Car oui, ces écrits sont la manifestations d'un bouillonnement intérieur intensif, ils reflètent les pensées secrètes ou absurdes que l'on ne peut livrer qu'à ce confident muet et fidèle. Alors si quelqu'un qui nous connaît lit ces pensées, il peut tomber de haut en ayant la subite impression de ne justement pas vraiment nous connaître. Il peut très bien nous considérer comme un excentrique, un excessif qui « sur joue » la comédie de l'âme, un mystique, un exhibitionniste, un artiste raté et torturé...

Et pourtant, ce journal est uniquement l'exutoire de ce que chacun d'entre nous peut avoir à l'esprit... Ecrire tout haut ce qu'on pense tout bas...

Haut de la page

jeudi 17 avril 2003 à 19h29
Renouer les liens (suite)...
Je me suis enfin décidée à faire une escapade au Passé Simple.

En effet, je me suis jetée à l'eau pour organiser une petite soirée sympatoche, pas de là à mettre les petits plats dans les grands ou à faire péter la robe de soirée qui pue la naphtaline, non. Juste une soirée entre vieux amis qui a l'arrière-goût Bruelesque du "On s'était donné RDV dans 10 ans".

Et d'ailleurs, j'appréhende un peu cette soirée, comme dans la chanson sauf que je f'rais pas d'détours dans l'quartier. Nos vies respectives sont tellement différentes maintenant, alors que nous étions très soudés au lycée. En tout cas, ils étaient tous emballés par l'idée, c'est déjà ça. Pourtant ils habitent tous dans le même secteur, mais sans mon initiative, ce genre de soirée n'aurait pas lieu...

Au lycée, nous croulions sous le travail, avec des DST au menu toutes les semaines, peu de place aux loisirs. On désigne communément ce genre d'établissement comme « boîte à bacs », la devise officieuse étant « marche ou crève mais ne fais pas baisser les pourcentages au bac et ne nuis pas à la sacro-sainte image de ton lycée catho prestigieux » (tu parles).

Nos petites entorses à ce régime hyperétudiant se résumaient aux petites soirées entre amis : soirées crêpes, nuits à la belle étoile et réveil sous la rosée matinale, séances de spiritisme fini en rigolade, nuit dans un canapé lit à 4 à discuter de tout et de rien... C'est bel et bien fini tout ça. Mais j'en garde d'excellents souvenirs, c'est l'essentiel...

Reste plus qu'à prévenir ma mère qu'on sera plus nombreux que prévu à table mardi soir...

Haut de la page

samedi 19 avril 2003 à 17h49
"Solitudophobe"...
Du temps où je co-animais et modérais une communauté avec mon homme, nous avons rencontré pas mal d'internautes de chaque coin de France. Hier, l'un d'entre eux, F. est venu passer l'après-midi. Nous sommes allés nous balader à la base de loisirs du coin, un étang aménagé. Il faisait un temps superbe que seul ce satané vent perturbait. Toutefois, des kamikazes en herbe et les gosses de parents inconscients se baignaient dans l'eau glacée et verdâtre d'une eau aux relents d'égout. Pour un peu, on se serait cru en plein été !

F. et moi avons parlé de notre boulot, de nos projets, de nos loisirs, de nos vacances. De tout et de rien en somme. Là où ça se complique, c'est que F. est quelqu'un qui souffre énormément de sa solitude. Il a la quarantaine et n'a connu qu'une seule relation « durable ». Depuis, il est à la recherche de Celle qui fera vibrer son cœur. Celle avec un grand C. A la recherche de la Perfection. Avec un grand P aussi. Mais il est tellement mal dans sa peau et tellement obsédé par cette recherche désespérée qu'il n'est pas sorti de l'auberge. D'abord, je pense qu'il focalise trop sur le Net pour vaincre sa solitude ou trouver quelqu'un : lorsqu'une personne l'intéresse, il va tellement l'accaparer qu'elle va s'en sentir étouffée, que ce soit en tout bien tout honneur ou plus si affinités. C'est ce qui s'est passé avec A., une fille dont j'ai parlé dans un autre écrit. Il est tombé sous le charme en deux-trois mouvements et après avoir fait sa rencontre en réel, il n'avait que son nom à la bouche bien qu'il y ait non-réciprocité.

Ajoutons à cela qu'il n'est pas épanoui dans sa vie professionnelle, ce qui n'aide en rien. Heureusement, il a des loisirs, ils jouent en club, fait des tournois, arbitre des matchs, mais il en parle comme s'il n'était plus passionné par rien... Il a parfois été au fond du gouffre, il est sujet aux déprimes. Et là, que dire pour l'aider, pour apaiser sa peine ?

J'ai l'impression que ce qui le maintient, c'est le Net. Ca en devient tellement extrême que les relations qu'il entretient et les réactions qu'il peut avoir sont exacerbées. C'est ainsi qu'il est devenu assez susceptible, il s'est mis à dos certains membres de la communauté et il a préféré aller voir ailleurs...

Depuis maintenant six ans que j'ai Internet, j'ai rencontré d'autres personnes dont la vie sociale était réduite au cercle d'Internet. J'ai été accro aussi, certes, mais j'essayais de rencontrer le maximum de mes contacts pour prolonger les relations dans un cadre plus « réel ». C'est lors de ces rencontres que l'on prend conscience de la véritable identité de la personne, de son mal être parfois, de sa solitude, souvent. Certains sont tellement bouffés par la timidité qu'ils en deviennent ennuyeux à mourir. Aucune conversation parce qu'ils n'osent pas dire ce qu'ils ont sur le cœur, parce que la barrière de l'ordinateur est plus facilement franchissable. J'en ai mené, des monologues interminables pour éviter des blancs trop pesants, l'ange qui passe et fait du vol stationnaire voire se met en orbite !

La solitude des autres me met mal à l'aise. C'est franchement le genre de situation que je n'arrive pas à gérer. Et lorsque quelqu'un me parle de sa solitude, je ne trouve pas les mots pour réconforter. J'ai peur de la solitude des autres. Peur lorsqu'un de mes parents viendra à mourir en laissant l'autre veuf après des dizaines d'années de vie commune. Peur parce que je ne serais peut-être pas assez présente et que de toute façon je ne serais pas de taille à atténuer ce sentiment d'isolement.

La solitude, le pire ennemi de l'homme...

Haut de la page

samedi 19 avril 2003 à 19h29
Holidays!...
Enfin!

Je suis en congé pour quelques jours. Mes dernières vacances avant la dernière ligne droite qui me mènera au Nirvanâ, c'est à dire à la fin du contrat me retenant pieds et poings liés à cette entreprise de m****. J'ai parfois l'impression que mon boss est un proxénète et qu'il nous tient avec ce contrat foireux.

Nous prenons l'autoroute demain pour parcourir les quelques 500km me séparant de ma Seine et Marne natale. Le programme est assez chargé et je vais revenir encore plus crevée, mais pas grave. Je vais voir ma chtite famille, mes amis, "ma" maison, ma région, Paname, la civilisation, quoi!

Rien que d'en parler, c'est une vraie bouffée d'oxygène!!!

Alors, à bientôt!!!

NB: Etoile, tu me dois des Royalties pour avoir mentionner le mot "Ephémère" dans ton dernier écrit ;))

Haut de la page

samedi 26 avril 2003 à 19h57
Les jours heureux...
Une semaine sans écrire! Ca m'a presque manqué... "Presque" parce que le temps est passé vite. Il est comme ça le Temps, relatif aux évènements et à l'état d'esprit. Et quand ça passe vite, alors ça prouve que c'est une période faste. CQFD: ma vie a intérêt à passer très vite, au moins ça voudra dire qu'elle a été merveilleuse! ;)

Cette dernière semaine a donc été très agréable (note à Etoile: j'ai suivi ton conseil, j'ai "profité"). Le fait de devoir la résumer en quelques lignes est frustrant, mais je manque terriblement de temps, encore une fois. Beaucoup de boulot, des écrits de ji.com à lire en retard, des projets plein la tête et du bordel partout dans l'appart'. Il va falloir que je m'y mette, mais quand?!

Je suis donc partie avec mon homme passer quelques jours chez mes parents en Seine & Marne. Je passerais sur les détails du style "on a atchement bien bouffé" parce que c'est toujours comme ça quand on est chez Maman...

Le lundi de Pâques, nous sommes allés en forêt, dans "ma" forêt, Fontainebleau, aussi appelée "le poumon de l'IdF" --- Espace publicitaire ---
http://www.onf.fr/fontainebleau/

A chaque passage dans ce lieu magique, je me sens ressourcée. L'odeur de l'humus, la mousse et le sable sous chacun des pas, le bruissement des fougères sèches parcourues par les lézards, la texture des rochers, le chant des oiseaux, tout m'interpelle. Nous avons fini la journée sur Barbizon, le Village des Peintres depuis un siècle cette année. De splendides maisons bourgeoises en pierre où les noms de peintres et de sculpteurs sont affichés, des ateliers d'artistes, des galeries d'art... Ca pue le fric, mais c'est tellement joli que ça vaut le détour!

Mardi, nous avons passé la journée à crapahuter dans Paname. Plus précisément dans le 11° où j'avais repéré des cours et impasses secrètes héritées de la seconde moitié du XIX° siècle dans mon guide du Paris Insolite. J'avais tracé un itinéraire de Nation au Père Lachaise et nous avons découvert des petites merveilles que le touriste lambda ne risque pas de dénicher. Ce genre d'endroits que l'on ne veut pas dévoiler, qui resteront le privilège de ceux qui ne se focalisent pas sur les hauts lieux de renommée en préférant trouver l'inattendu au détour d'une ruelle ou derrière une grille qui ne payent pas de mine. J'ai d'ailleurs trouvé les locaux de OUI FM, ma radio préférée, sans faire exprès!!! Nous avons fini par déjeuner de viennoiseries au Père Lachaise, pas sur une tombe mais presque et avons achevé notre virée en faisant un peu de shopping. Le soir, mes quatre amis du lycée sont donc venus dîner: ma mère a confirmé mes doutes en s'exclamant qu'on se croirait dans une chanson de Bruel. Je confirme. Mais ça c'est très bien passé. J'ai appris que ma meilleure amie faisait un peu de jdr, ça m'a surprise. J'ai créé un e-mail à l'une des autres, et voilà comment on apprend à garder contact. Une bonne soirée, à renouveler.

Mercredi, ma sœur, mon beau frère et mon neveu sont venus déjeuner et passer l'après-midi. J'ai appris à jouer au tennis sans balle à mon neveu, hé ben c'était moins crevant qu'avec, je peux l'assurer!!! J'ai pas mal discuté avec eux de mon avenir professionnel et j'en ai tiré des conclusions qui, je l'espère, se concrétiseront peut-être. Une bonne journée encore, et sous le soleil encore et pour le troisième jour consécutif !

Jeudi, nous sommes allés faire un peu de shopping avec mon homme à Carré Sénart. Finalement, c'est lui qui s'est trouvé des fringues et un CD, tout arrive ! L'après-midi, nous avons repris la route. Et là, c'était beaucoup moins fun parce que ça me mine le moral les retours...

Et me revoilà, mi-figue, mi-raisin. Parceque je ne sais pas par quel bout commencer tout ce que j'ai à entreprendre...

Haut de la page

dimanche 27 avril 2003 à 14h24
Quelle Chanson...
Quelle chanson ... (Allez je m'y colle!)

1)vous donne envie de danser??

"Get Over You" de Sophie Ellis Bextor, et plein d'autes.

2)Vous rend heureuse?

Un morceau de la BO d'Avalon, qui me rappelle un moment de pure magie. Autrement, pas mal de chansons qui me touchent.

3)vous rappelle un ancien amour?

"You are so vain" de Carly Simon et "I belong to you" de Kravitz, "Life" de Des'ree. Mais attention, c'était pas forcément de l'amour ;)

4)vous rappelle un ancien ami?

Toutes les chansons de U2 puisque nous étions de grandes fans ma meilleure amie et moi.

5)décrit votre relation avec vos parents?

"Thousands Miles" de Vanessa Carlton. Parce qu'elle me rappelle les quelques jours passés ensemble l'été dernier dans le sud, et qui étaient vraiment géniaux. Autrement, "Only the very best" (Peter Kingsbury) me fait penser à mon père et "La Sorcière et l'Inquisiteur" (Rita Mitsouko) à ma mère.

6)vous fait pleurer?

Aucune. Je ne pleure pas à cause d'une chanson mais d'un état d'émotion. "Lady in Red" de Simply Red est quand même bien flippante...

7)vous fait rire?

Peut-être celle que j'ai entendu récemment sur OUI FM: "Depuis que j'fume pu d'shit". Ou des chansons de Vian: "La java des bombes atomiques", "On est pas là pour se faire engueuler", "J'suis snob"...

cool.gifauriez-vous aimé écrire?

"La Quête" de Brel.

9)Ne pouvez-vous pas entendre?

Le rap, surtout français.

10) voulez-vous que l'on joue à votre enterrement?

"Unforgettable Fire" de U2 et un passage de la BO de "Avalon".

11)avez-vous adoré puis détesté?

Euh...

12) vous donne envie de secouer la tête?

Orbital, Nine Inch Nails, Placebo, Mirwais... beaucoup!!!

13)vous rappelle votre enfance?

Les Jackson Five, Michael Jackson, la 5° Symphonie de Beethoven.

14) n'aimez vous que les paroles?

Les chansons de rap. Encore, yes!

15)aimez-vous entendre à votre réveil?

"Rue de la Paix" de Zazie.

16) aimez-vous dans la discothèque de vos parents?

"L'Ete Indien" et autres Joe Dassineries (l'idole de ma môman) et autres Mike Branteries, et "Pop Corn" évidemment...

17)avez-vous acheté en 1er?

Je me souviens surtout du 45 tours d'Elsa qu'on m'a offert pour mon anniversaire ("La Femme de ta vie")

18- quelle BO de film aimez-vous?

"Avalon", "Fight Club", "Gladiator", et bien sûr les compositions de Mark Snow...

19) vous fait penser au soleil?

C'est con mais je pense à la musique du générique "Sous le soleil". Beurk!

20)vous fait penser au sexe?

George Michael: "Too sexy for me", "I want your sex", etc...

Haut de la page

mardi 29 avril 2003 à 18h55
Quoi d'autre...?
Depuis quelques jours au boulot, trois « privilégiées » dont moi ont de nouvelles tâches à effectuer. Nous invitons des responsables d'entreprise à une inauguration, un cocktail avec petits fours, quoi. Tant mieux, parce que ça change un peu de la prise de commandes à longueur de journée qui me saoule bien. Le souci, c'est qu'on a quasiment pas été briefé donc c'est encore « démerdez-vous », l'autre devise de cette société de blaireaux. Et puis comme d'habitude, l'organisation était nulle donc on a pas mal galéré dans notre coin avant qu'ils ne comprennent que quelque chose clochait pour nous. Enfin, on peut pas trop exiger d'incompétents !

Quoi d'autre ? Ah oui, une pensée émue pour les gens qui se font entuber les 3 jeudis fériés de mai parce que c'est leur journée de congé habituelle dans la semaine. Une pensée donc, pour moi. Et pas la peine de rêver d'un pont, ça n'existe pas quand on doit être fidèle au poste tous les samedis.

Quoi d'autre ? Hier soir, je suis tombée sur le programme d'M6 « Le grand test de la culture G. ». Bon, franchement, faut pas déconner, il y avait vraiment des questions bidons. Ca allait crescendo mais bon, c'était parfois à la limite du niveau du « Maillon Faible ». Et puis Zoup, l'orage fait péter l'antenne de M6 et Arte... Donc, tant pis, le niveau de culture G de la ville où je (sur)vis n'influencera pas la moyenne française (toute façon ça aurait pas cassé des briques, vu la connerie congénitale du patelin, et puis il leur faut 8 minutes pour répondre, pas 8 secondes). Et puis ça nous a permis de regarder un épisode des Sopranos absolument hilarant, avec Chris et Polly paumés dans une forêt en plein hiver à la poursuite d'un russe imbibé de Vodka. C'était du Grand Soprano, j'en avais mal aux abdos à force de rire. D'ailleurs, comment ne peut-on pas regarder les Sopranos, je me demande encore...

Quoi d'autre ? J'ai eu notre Etoile nationale au téléphone et ses éclats de rire cassaient l'ambiance lugubre que le tonnerre essayait d'instaurer. Donc, elle va bien, après son coup de gueule (cf son dernier écrit), ça m'a quelque peu rassuré !

Quoi d'autre ? J'ai reçu les documents de ma mère concernant le site Internet que j'ai proposé de faire pour l'asso humanitaire dont elle fait partie. Je vais devoir m'y coller et je n'y connais pour ainsi dire rien. Va falloir que je sois moins polio avec un PC, moi.

Quoi d'autre ? Ah oui. Les chauffeurs de bus, généralement ils sont pas terribles. Genre moustachus, gras, assez vieux, très bofs. Et là... J'ai vu l'inimaginable... Un chauffeur de bus ténébreux !!! Brun, cheveux courts, un peu mal rasé, un petit bouc, un regard énigmatique, une voix discrète mais charmante à souhait... Ca existe (non je n'ai pas écrit « excite »...). Enfin une motivation pour prendre le bus. Parce qu'à l'intérieur c'est tout le temps les mêmes tronches de film d'horreur, des vieux, des petites frappes qui font pitié, des ringards...

Quoi d'autre ? Rien, je suis fatiguée, je n'ai vraiment pas d'inspiration, alors j'arrête les frais pour ce soir. Surtout que j'ai du pain sur la planche, toujours autant le bordel chez moi.

Haut de la page

mercredi 30 avril 2003 à 12h50
Faites des gosses!....
Hier midi, une collègue et moi avons déjeuner « en tête à tête » dans nos tupperware passés au micro-ondes. Nous avons parlé de nos projets d'avenir, de l'après-contrat de qualif', de la mince probabilité de proposition d'un CDI, de la galère de se retrouver à nouveau à pointer à l'ANPE. D'entendre à nouveau les conseillers vous dire de retourner vivre chez vos parents parce qu'il n'y a pas de place pour vous ( !!!), l'assistante sociale vous apprendre que non, vous n'avez pas droit à telle ou telle aide alors vous pouvez crever la gueule ouverte. Et ma collègue m'a avoué qu'à 24 ans, elle voulait faire un bébé.

En fait, lorsqu'on a moins de 25 ans, on a peu de solutions : soit on a de la chance et on trouve un boulot bien nase genre contrat de qualif puisqu'il n'y a rien d'autre, soit on habite encore chez ses parents, soit on fait la manche... soit on fait des gosses ! Et dans mon quartier, c'est la dernière solution qui semble faire l'unanimité chez les jeunes filles. Elles sont à peine majeures, traînent en groupe toute la journée avec leur armada de poussettes et leurs fringues d'adolescentes, ne savent pas aligner trois mots sans faire une faute, vivent au crochet de la CAF bien qu'un père souvent absent doit parfois pointer le bout de son nez pour verser une pension alimentaire.

Et avec la réforme que le gouvernement Raffarin est en train de mettre en place, ce phénomène risque de fortement s'accentuer. D'ailleurs, je trouve ça un peu hypocrite : on file du fric aux parents pour qu'il fasse des gosses et la carotte est encore plus séduisante si l'un des géniteurs (dans 99% des cas la mère, soyons rationnels) décide de se vouer corps et âme à l'éducation du bambin. Le message est subtile : élevez votre marmot, ça fera une chômeuse en moins et avec un peu de chance on se retrouvera à l'époque de grand maman, papa ramène le pain, maman torche les culs... En plus, ça n'a rien d'écologique, on est déjà en surpopulation. Ca n'incite pas vraiment à l'adoption alors que plein de bouts de chou sont orphelins. Bon, je suis peut-être un peu cynique pour le coup puisque des couples auront des enfants sans arrière-pensées pécuniaires. Mais encore une fois, soyons réalistes : la conjoncture actuelle (j'adore cette expression, ça fait très intello) n'étant pas favorable à l'emploi, beaucoup trouve dans la maternité une « vocation » dont la CAF et l'état sont les généreux mécènes.

Enfin. Je vais écrire dans la seconde une phrase choc, en tout cas percutante lorsqu'elle sort de la bouche d'une femme. Qui en fait pâlir certains, qui provoque l'incompréhension d'autres :

Je ne veux pas d'enfant

Vous êtes bouche bée, outré ? « Game Over ».
Toujours en vie ? Bien. Vous passez au niveau#2.
Alors après cette déclaration fulgurante, je m'attend à la réplique-type : « Oh, tu dis ça, mais dans quelques années, tu changeras d'avis ». Ca fait quoi, 10 ans qu'on me la sort celle-là ? Pourtant, toujours aucune envie. Soit mon horloge biologique ne s'est pas encore déclenchée, soit c'est mon choix comme dirait Evelyne. Je penche pour la seconde option.
Deuxième réplique-qui-tue : « C'est égoïste de ne pas vouloir d'enfant ! ». Ah bon ? Egoïste envers qui ? Envers un être hypothétique, un atome ? C'est une parfaite ineptie. Avoir un enfant pour donner un second souffle à son couple, pour toucher des alloc, pour se faire un petit plaisir sans penser qu'ils signent pour 18 ans voire perpèt, pour faire comme les copines (ça arrive, hélas), pour ne pas se retrouver seule une fois vieux, ce n'est pas une attitude égoïste par contre ? Ca me fait rire doucement...

Le fait est que ça dérange. Une femme est programmée pour procréer, pour enfanter dans la douleur, pour se taper des vergetures et des kilos impossibles à éliminer après une grossesse, pour se lever 10 fois par nuit, pour changer les couches et moucher le nez de bébé. C'est bien connu, nous sommes des poules pondeuses. Attention, je ne remets pas en cause la beauté d'une relation mère-enfant, même si certaines personnes devraient passer un permis de parents. Mais personnellement, je ne me vois pas mère. Je n'ai jamais fait de gouzou-gouzou devant un bébé, je ne suis pas baba de leur frimousse (en fait les chatons c'est vachement plus mignon, non ? Aïe !), j'aime être libre de mes actions, pouvoir partir en voyage, me lever à midi le dimanche, etc. Oui, diront certains irréductibles, mais le bonheur d'avoir un enfant rend ces sacrifices tout à fait supportables. Certes. Et d'ailleurs j'ai adoré m'occuper de mon petit frère quand il était bébé et de mon neveu plus tard. Mais ce n'est pas mon optique de vie. Et le dernier argument qui fait peser dans la balance, c'est que je suis exclusive : si un enfant arrive, ma vie de couple en prendra un sacré coup. Et la touche finale, c'est que mon homme n'est pas non plus trop chaud pour la paternité, bien qu'il soit de onze ans mon aîné.

C'est un choix longuement mûri, pas définitif car on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. C'est vrai que c'est beau d'avoir un enfant, surtout avec l'homme de sa vie, parfois même je me surprends à imaginer ce que donnerait un mélange de lui et de moi. Mais je retourne vite à la réalité : si j'ai un enfant, ce sera assez tard, quand j'aurais suffisamment vécu et profité de la vie pour pouvoir me consacrer à celle d'un autre être. Comment participer à l'épanouissement d'autrui si on ne l'est pas soi-même pleinement ? Comment apprendre la vie à un petit bout sans la connaître vraiment soi-même ? C'est peut-être mon côté perfectionniste qui parle, mais c'est comme ça.

Les gosses, oui, j'aime. Mais chez les autres (pour l'instant en tout cas !).

NB: citation du monde du 30/04: " De tous les droits de la femme, le plus grand est celui d'être mère." A méditer...

Haut de la page

mercredi 30 avril 2003 à 17h56
Un, dos, tres... Un poco Patraque!
Voilà, mon second arrêt maladie de l'année. Je vais en entendre parler jusqu'à la fin de mon contrat parce qu'un arrêt maladie est "une excuse pour ne pas venir travailler" (dixit mon boss). Tant mieux, ça lui fera les pieds, surtout avec le taf qu'on a en ce moment!

Boarf, je suis pas dans mon assiette. Je vois le médecin ce soir, à coup sûr il va me dire: "Oui, c'est la fatigue, je vous mets en arrêt jusqu'à lundi". Naaan, on va m'enlever 100€ sur ma paye de 500€, ça va pas la tête? Et puis la fatigue, c'est normal quand on a jamais 2 jours consécutifs de repos pour décompresser...

Donc, journée farniente avec réveil à midi et glandouille intempestive sur le Net. Je joue à plein de jeux dans l'espoir vain de gagner des voyages ou des babioles technologiques, je lis les journaux en retard du site, je fais une sieste, je contemple "le plafond, Ingmar, le plafond". La bouffe me rebute, le ménage aussi et pourtant il y a "tant de, tant de poussière" comme dirait Indochine. D'ailleurs, un article de Greenpeace recherche des volontaires pour faire des prélèvements de poussière dans 5 villes de France. Je ne suis pas concernée puisque je n'habite pas dans l'une des villes en question et c'est bien dommage: à 5 bornes d'une cimenterie, c'est plutôt une étude intéressante... J'ai tout de même réalisé l'exploit de passer l'aspi et la serpillère hier soir en me pliant en deux de douleur. Une vraie Cendrillon de pacotille. Pire: une Princesse Sarah des plus pathétiques.

Mais ça va déjà mieux. Juste super patraque, la gueule en biais et le moral dans les chaussettes. En fait, le toubib ne servira qu'à me procurer un certificat pour le boulot. Quand je pense à l'an dernier, j'étais au chômage mais au moins j'avais pu partir une dizaine de jours dans le Var voir mes parents, visiter le littoral et manger du pain aux olives sur la terrasse ensoleillée. Aujourd'hui, c'est mon père qui m'appelle en me narguant: "on a mangé au bord de la mer ce midi, mais y avait un ptit vent...". Mouais. Chuis verte!!!

Les gosses sonnent aux portes de l'immeuble depuis dimanche pour vendre du muguet à 2€. J'en ai déjà un pot et puis j'aime pas quand on sonne chez moi, à chaque fois je fais un bond de 10 mètres sur ma chaise. Mais ça me rappelle tout de même une chose: demain c'est le premier mai et c'est une date fatidique dans mon exitence...

Haut de la page

jeudi 1er mai 2003 à 13h04
C'était il y a 4 ans jour pour jour...
Attention: ce texte est à lire en écoutant en boucle une chanson douce et romantique (je l'ai écrit sur des airs de Loreena Mc Kennit et Aimee Mann). Il est aussi à éviter si vous n'êtes pas adepte des histoires d'A...

Un an. Un an durant lequel elle ne fait qu'errer au hasard des rencontres, dans des draps inconnus ou presque, à chercher à apaiser sa douleur en s'abîmant dans des relations obsolètes. C'est à cette période qu'elle comprend qu'il n'y a pas besoin d'être forcément une jolie fille pour accumuler les conquêtes. Il suffit d'entretenir le mystère, d'appâter par quelques techniques qui marchent à coup sûr. Mais ce petit jeu ne peut durer éternellement. Elle se sent vide, abandonne ses amants lorsqu'ils s'attachent, veut des sentiments lorsqu'ils se contentent de relations charnelles. Elle veut qu'on lui serve des « je t'aime », mais ces mots lui font peur, la font fuir, alors elle chiale au téléphone, envoie un e-mail lyrique pour mettre un terme à une relation qui ne lui apporte que doutes et remords.

Puis viennent ses vingt printemps. Elle prend un nouveau départ. Une démission. Une cuite mémorable. Un anniversaire plutôt réussi. Elle ne veut plus de tout ça. De cette vie qu'elle consume par les deux bouts comme ces Winston qu'elle fume frénétiquement lorsqu'elle se sent trop seule, trop mal. De ces hommes qui s'attachent trop vite à qui elle doit faire du mal, de ces autres qui ne cherchent qu'une maîtresse et auxquels elle ne donne plus signe de vie. Elle veut faire un break des hommes, un célibat forcé, se retrouver, s'aimer.

Elle se laisse un peu retomber dans cet engrenage lorsqu'elle rencontre un garçon de sa fac, un asiatique dont elle a gommé le prénom de sa mémoire. Il a une copine mais leur couple bat de l'aile, alors elle devient la confidente un peu trop proche, comme à son habitude. Il l'emmène au restaurant à Paris, il lui prend la main, la tient par la taille en arpentant la rue St Denis, la rappelle. Son cœur s'emballe, mais à quoi joue-t-il ? Elle revoit un de ses ex, le seul qui a un peu compté. Ils passent le week-end ensemble, mais elle sait que cette fois, ce sera vraiment la dernière...

Elle passe une semaine seule chez elle. Ses parents ne sont pas là, elle invite quelques personnes pour passer le temps. Elle est en retard pour ce foutu exposé oral qu'elle doit faire en TD de civilisation britannique. Ce DEUG commence à l'ennuyer au plus haut point.

Le 30 avril, elle invite ses amis à faire une crêpe party. Fin de soirée : l'une de ses amies, S., craque. Son ex, A., présent à la soirée, lui a fait mal, elle ne comprend pas, elle pleure. Alors, Elle décide de les faire régler leurs comptes une fois pour toutes.

Nous sommes le 1er mai 1999. Elle fait venir A. et lui explique le mal être de S. S. débarque à son tour, elle est à l'affût d'une tenue pour une soirée années 20's. Elle cherche aussi des informations pour son voyage au Portugal. Elle se connecte sur Internet, se branche sur son salon favori et effectue quelques recherches sur le Portugal pour S tandis que cette dernière et A. s'expliquent derrière elle. Sur le salon, elle croise un contact qu'elle a déjà rencontré. Un inconnu se mêle à leur conversation suite à un quiproquo. Elle s'énerve contre cet inconnu qui devrait selon elle s'occuper de ses oignons. Elle regrette de s'être emportée si facilement, lui envoie un message privé. L'idée qu'elle n'envoie jamais ce type de message à un inconnu lui traverse l'esprit. Celle aussi, que cet inconnu doit avoir 30 ans, que c'est le minimum requis pour l'intéresser ( !). Elle s'excuse, le dialogue s'instaure entre les deux parfaits inconnus. Ils font le jeu du portrait chinois, la discussion dure assez longtemps. Il lui envoie un texte de son cru qu'elle lira par la suite.

Les jours suivants, les e-mails et les discussions continuent de plus belle. Elle sent naître un sentiment en elle qu'elle n'a jamais éprouvé jusqu'alors. Serait-ce ça, l'Amour ? Elle n'ose y croire. Pourtant, elle finit par lui écrire un poème, une déclaration. Ca ne lui est jamais arrivé. Ils se téléphonent, ne peuvent plus se passer l'un de l'autre. Mais ils habitent à 500km d'écart, peu de possibilité de se voir avant la fin des partiels. La flamme est tellement intense qu'on pourrait s'y brûler les ailes, mais Elle ne pense pas que cette passion s'éteindra de si tôt. « Faraway, so close »...

Quinze jours plus tard, elle téléphone à la SNCF. Commande un billet de train pour le 14 juin. Le télé-conseiller et elle parlent du net. Elle lui explique le but de ce billet de train. Il est enthousiasmé. Elle passe l'après-midi en forêt avec sa famille. Ce lieu magique de la « Mare aux fées » qui reste gravé en elle et où elle n'a pas encore amené son Homme. Ils s'écrivent toujours avec tant d'ardeur. Il lui écrit aussi sur papier, lui envoie quelques dessins de son cru. Elle garde tous ces trésors en elle, ne divulgue pas cette relation que peu de personnes pourraient comprendre. Lui au contraire, le raconte autour de lui. C'est peut être plus facile pour lui de supporter cette attente...

Presque un mois s'est écoulé, lentement. Nous sommes le 11 juin. Le jour des 31 ans de celui qui était encore un inconnu il y a 1 mois et demi. Elle ne peut pas être avec lui, pas encore. Plus que 3 jours à patienter. Elle rencontre pour la première fois un contact Internet, M. qu'elle connaît depuis 2 ans. Il est de passage sur Paris, il l'a invité au restaurant. Ses collègues la prennent pour sa maîtresse, elle est un peu honteuse, elle qui chatte avec sa femme et ses filles... M. a le double de son âge, mais il est vraiment séduisant, charmant, un vrai tombeur. Elle l'aide à accoster deux italiennes de la table d'à côté en lui procurant ses reliquats d'Italien. Une vraie complicité est née entre eux après ces heures passées sur le Net et au téléphone, un genre de "fraternité". Il la raccompagne chez elle. Au moment de lui dire au revoir, il l'embrasse, l'enlace, la caresse. Une seconde d'hésitation la parcourt. Le désir de cet homme charismatique (et marié !) pour elle la flatte mais... tous ses doutes s'évanouissent : elle est vraiment amoureuse, mais de Celui qu'elle doit voir quelques heures plus tard. Elle repousse les avances d'un M. compréhensif et rentre chez elle, mi-figue, mi-raisin. Elle téléphone du fixe à l'Homme de sa Vie. Lui relate, fébrile mais sans crainte, ce qui vient de se passer. Et sa prise de conscience de l'Amour qu'elle lui porte, des sentiments d'une force et d'une pureté inégalées. Il comprend. Est ému, au bord des larmes. Pas fâché. M. l'appelle sur son cellulaire. Il s'excuse. Veut qu'ils restent amis. L'appellera dans quelques jours parce que Celui qu'elle va voir a intérêt à ne pas lui faire de mal... Mais ça ne sera jamais plus comme avant... Elle ne dort pas de la nuit. Son cœur explose dans sa poitrine, envahi d'émotions. Elle n'aurait jamais cru avoir le droit de vivre une si belle histoire...

12 juin 1999. Elle va en ville manger avec sa meilleure amie, N. Lui révèle ce qu'elle vit, le Grand Amour. N. n'a pas l'air de tout comprendre à cette relation à distance, a peur qu'Elle fasse une mauvaise rencontre. Elle lui donne le nom, l'adresse et le numéro de téléphone de l'Homme de sa Vie, pour la rassurer. Elle lui demande de garder le secret qu'elle arrangera à sa sauce pour avertir ses proches...

13 juin 1999. Elle organise les festivités pour l'anniversaire de son petit frère. Plus que quelques heures avant d'être enfin réunis. Elles s'égrainent si lentement, ces dernières heures...

14 juin 1999. 13h et des poussières, quai de gare. Elle le reconnaît parmi la foule. Ils s'étreignent, s'embrassent, les larmes aux yeux... Enfin réunis, même si c'et pour quelques jours seulement...


1er mai 2003. 4 ans aujourd'hui que nos âmes se sont rencontrées, même si nos corps ont dû attendre... Nous nous aimons toujours autant. Mon cœur s'emballe toujours en pensant à lui, en écrivant ce texte. Je n'aurais jamais cru vivre ça...

Je t'aime, mon Amour...

Haut de la page

samedi 3 mai 2003 à 19h29
Berceaux et cercueils...
La teigne qui me sert de responsable est revenue hier. Elle ne m'avait pas manquée le moins du monde... Bonne nouvelle : sa fille est censée accoucher avant le 15 mai, donc elle va s'absenter une semaine. On va encore se la jouer peinard version tapage de carton intempestif. Avant de partir, elle va nous faire la première pression à froid du style « il faut réviser pour votre examen, ça va être hard »... Pfff, qu'est ce qu'on s'en tape ! On va recevoir une attestation (même pas reconnue par l'état) en fin de contrat, pas une médaille ou un diplôme ! Elle est tellement fralée qu'elle nous fait passer des tests, elle se croit encore à enseigner à des maternelles. Si elle croit qu'on va se bouffer ses cours théoriques pour ses beaux yeux, elle se met carrément le doigt dedans (dans l'œil, ça va sans dire). Donc, merci au petit être qui va voir le jour et ainsi nous offre le plus beau des cadeaux : une semaine sans sa future mère-grand pour nous pourrir le moral...

Un texto hier, une collègue qui ne peut pas venir au boulot. Deux options : elle a chopé ma gastro ou son père est en passe de tirer sa révérence. Hélas, j'ai eu la confirmation pour la seconde solution... Elle a réussi à avoir son samedi pour aller le voir, peut-être une dernière fois. Pas facile pour une fille de 24 ans, surtout qu'il s'éteint à petit feu. Comme sa vie qu'il a grillée par la nicotine...

On continue dans le funèbre : la mère de mon homme appelle cet après-midi pendant mon travail. La voix contrariée. Je devine tout de suite: le chat qu'on lui a donné il y a quelques mois s'est fait tuer sur la route. Mon homme et moi sommes dégoûtés : nous avons recueilli deux adorables chatons l'été dernier, ils avaient été trouvé par des malades à proximité de l'asile d'aliénés. Les petits greffiers étaient couverts de puces, affamés. Nous les avons élevé un mois chez nous, nous y sommes attachés puis avons trouvé deux bons maîtres. Et voilà. Pas même un an et la route l'a décimée... Pauvre petite bête...

Voilà. Certains arrivent, les autres partent. Ca me rappelle que l'échéance peut être très proche pour le père de mon homme. Et comment devrais-je agir, que devrais-je dire pour l'aider, le réconforter ? C'est ce qu'expliquait Choé lors de son dernier écrit : face à une terrible nouvelle, ou en sachant quelqu'un condamné, comment aider ses proches à surmonter la douleur ? En sachant que bien sûr, ça ne pourra que l'atténuer, la souffrance sera tojours belle et bien présente...

Si quelqu'un a des conseils, je suis preneuse...

Haut de la page

dimanche 4 mai 2003 à 12h05
Inventaire des inepties du métier...
On voit souvent sur le Net les bêtisiers des télé-op hotline, j'ai donc pensé en faire un avec les bribes de mémoire de ces derniers mois. J'essaierais de le mettre à jour au fur et à mesure. J'aurais dû tout noter depuis le début parce que j'en ai oublié plein!!!

NB: Ce sont des morceaux choisis. Les clients ne disaient pas ça "pour rire", ils étaient très sérieux...

Les largués :

TO : « Société X, bonjour ! »
Client : « Où suis-je ? »
(Variante : « Qui êtes-vous ? »)

TO : « Société X, bonjour ! »
Client : « Bonjour, quel est votre numéro de téléphone, SVP ? »
TO : « Euh... Celui que vous venez de composer.. »
Client : « Ah oui, c'est vrai... »

TO : « Votre numéro de client SVP »
Client : « Oui... merde, mon chien vient de bouffer la facture !!! »

Les sourds :

Client : « Vendez-vous des appareils auditifs ? »
TO : « Non, nous ne vendons pas des articles de ce type. »
Client : « Quoi ? Vous pouvez répéteeeez ? »
TO : « Je vous dis que nous n'en vendons pas ! »
Client : « Pardon ? Excusez-moi, je suis un peu dur d'oreille... »

Client : « Je suis sourd, je vous passe ma femme »
La femme : « Oui, je vous écoute »
TO : « Très bien, madame, veuillez noter cette référence... »
La femme : « je ne peux pas noter, je suis aveugle ! »
TO : « ... »

Les agressifs :

Client : « Puisque c'est comme ça, je vais venir vous voir et vous allez voir de quel bois je me chauffe ! » (Genre, il sait vachement où on est !)

Client : « Mais c'est admissible Madame !!! C'est admissible que vous faisiez ça !!! »

Les mercredi après-midi/gamineries :

« Bonjour, t'as des gros seins ? » (un récidiviste)

« Vous me la tenez pendant que je pisse ? »

Les high tech :

Client : « Bonjour, je voudrais un lecteur DVD qui passe les 45 et les 33 tours. »

Client : « Bonjour, je voudrais une TV avec un écran en relief. »

Les intrépides:

TO : « Je vous écoute pour le numéro de votre CB »
Client : « Oui, c'est le 1412 »
TO : « Pas le code confidentiel, Monsieur, le numéro sur la CB »
(Et ça, j'en ai plusieurs par jour...)

TO : « Je vous écoute pour votre n° de CB »
Client : « Je suis dans une cabine, je mets la CB dans la fente où on met la carte de téléphone ? »

TO : « Je vous écoute pour le n° de votre CB »
Client : « Je vous l'envoie à quelle adresse pour que vous preniez l'argent ? »

Les dragueurs :

TO : « Votre numéro de téléphone SVP ? »
Client : « Et le vôtre ? »
TO : « Vous venez de le composer... » (hinhin)

Client : « Vendez-vous des piscines ? Ma femme et moi, on aime prendre des bains coquins ensemble, on voudrait le faire dans une piscine ».
TO : « Ah, euh non, nous sommes en cours de réapprovisionnement. »
Client : « Ah, dommage. Vous aimez ça, vous, les bains coquins ? »

Les vieux pervers qui s'ignorent :

Client : « Bonjour, je voudrais un vibromasseur. »
TO : « Nous ne vendons pas ce type d'article »
Client : « ah bon, pourtant ma femme m'a dit que vous vendiez des vibromasseurs, vous savez, pour les pieds ».
TO : « Ah, vous voulez dire, une thalasso pour les pieds... »

Client : Bonjour, je voudrais un gode pour que mon mari me le mette dans le c.. »

Les « sans papiers » :

TO : « Le prénom de votre femme, SVP ? »
Client : « Elle n'en a pas » (un Taliban ?!)

TO : « Votre date anniversaire ? »
Client : « Je n'en ai pas ! »
TO : « Je veux dire, votre date de naissance ? »
Client : « Puisque je vous dis que je n'en ai pas !!! »

Les cartes bancaires encore :

TO : « Je vous écoute pour le numéro de votre CB »
Client : « C'est quoi une carte bancaire ? »
Client : « Je vais la chercher »... (retour 2 minutes plus tard) : « je n'ai pas de CB en fait »
Client : « J'ai un code postal » (le rapport ?!)

Les décérébrés :

Client : « Alors donc, vous m'avez envoyé un papier parce que j'ai gagné une voiture de la marque X... »
TO : « Oui, c'est un tirage au sort Madame, il n'a pas encore eu lieu donc vous ne l'avez pas encore gagné »
Client : « Ah si, d'ailleurs tous les jours je vais voir le concessionnaire de la marque X avec le papier mais il ne comprend pas alors il me dit de vous appeler... »

TO : « Alors l'adresse c'est : 59999 Croix Cedex »
Client (la même) : « D'accord, donc, je fais une croix... »

TO : « Je saisis vos coordonnées »
Client : « N'utilisez pas des mots compliqués, j'ai pas fait d'études comme vous... »

Les conversations surprises par derrière :

« Au pied Youky, au pied ! »

« Arrête de chialer Germaine, tu me déconcentres avec la dame au téléphone !!! »

« Bon, les merdeux, vous allez vous la fermer ! »

Haut de la page

lundi 5 mai 2003 à 16h41
Sériephile...
J'écris du 36° dessous. Encore passée chez le toubib ce matin. Cinq médicaments plus tard, un suppo, un gros dodo et une analyse d'urine plus tard, j'irais peut-être mieux !!! Spéciale dédicace à ma Chtite Etoile : bon courage pour ton devoir à rendre avec ton « insolation » en plus !

I can't stand the rain... against my window... Dix minutes à pieds et je suis trempée, glacée. Non, pas de parapluie. A chaque fois les baleines se font détruire par le vent. J'ai déjà dû exprimer vivement ma haine du vent, non ? Pas le mistral, annonciateur d'un bel orage d'été, non ! Celui de l'ouest, qui vous emmêle les cheveux, pénètre les pulls, font de petites gouttelettes de pluie énervante sur les verres des lunettes, et font gagner de l'argent au lobby du parapluie...

Je voulais parler aujourd'hui d'un de mes péchés mignons : les séries-TV. Je suis de cette génération qui, étant gosse, était boulimique des dessin- animés de La Cinq, du Club Dorothée, Récré A2 et cie. Ado, j'ai cultivé ce goût du « to be continued » en regardant les séries pour ados : Hartley, Sauvé par le Gong, Le Prince de Bel Air, Les année Collège, etc.

Aujourd'hui, je suis toujours une fondue de séries. Le magnétoscope tourne à plein régime pour ne pas louper les séries que je suis assidûment. Ma seule frustration, c'est de ne pas être câblée : les chaînes hertziennes et leurs déprogrammations sauvages, ça a le don de me mettre en boule !

En extrapolant, mon goût pour la lecture des journaux de ce site n'est peut être pas qu'une question de voyeurisme (même si ce n'est pas de la fiction) : j'aime suivre l'histoire, l'itinéraire d'une ou plusieurs personnes et l'ambiance de ces récits me fait vibrer. D'ailleurs, j'attends avec impatience la nouvelle saison de Cyril (cf son forum) ;)

Revenons à nos moutons. Mes séries fétiches-que-quand-je-les-loupe-je-fais-un-caca-nerveux, en veux-tu, en voilà :

Les Sopranos : comment dire... Je pense que c'est ma série préférée. J'ai loupé beaucoup d'épisodes grâce à France 2 et ses programmations à la noix en pleine nuit. Les Sopranos, ce n'est pas une série « classique » : ça ressemble plutôt à des films de 55 minutes qui se suivent, mais sans cliffhanger. La réalisation est très soignée, le casting absolument parfait. Une petite touche d'humour assez subtile, que l'on saisit plus facilement en suivant assidûment. Les Sopranos tourne surtout autour de sa galerie de personnages, de leurs rapports entre eux, aussi bien familiaux que « professionnels » (n'oublions pas que ce sont des maffiosi avant tout !). James Gandolfini est excellent en chef de la Famille névrosé qui va se confier à sa psy à chaque épisode, et les persos secondaires intéressants (mon préféré reste Paulie, j'aime bien Christopher aussi). Voilà, donc je la recommande vivement aux fans du genre (« Les Affranchis » et autres Scorcese, « Le Parrain », etc). Mais depuis le début, prendre cette série en cours, c'est un sacrilège ! D'ailleurs, je compte bien m'offrir un jour l'intégrale en DVD...

Sex and the City : encore une production HBO. J'aime le ton léger de la série, les différentes personnalités des trois commères, leurs déboires sentimentaux ou sexuels avec les stéréotypes de la gent masculine... Et le tout traité avec humour et sans tomber dans le mélo !

Oz : encore une production HBO (oui, je sais...). Alors là, on tombe plus dans la violence. Normal, après tout, il s'agit de l'histoire d'une prison « expérimentale » où la galerie de personnages est encore au centre de l'action. Gangs raciaux ou religieux, solitaires qui ont du mal à s'en sortir, opportuniste machiavélique (mon ptit préféré, O'Reilly), personnel pénitentiaire qui essaie de régler les conflits... Une touche de psychologie, un brin d'humour, une réalisation assez originale.

X-Files : j'en ai loupé plein !!! J'ai une préférence pour la 6° saison et les premières bien sûr. La théorie du complot est un peu trop capillotractée mais les épisodes « indépendants » comptent de petits bijoux.

Urgences : là, j'ai pratiquement dû tous les voir. A l'origine, je me disais qu'une série dans l'univers hospitalier, ça devait pas être transcendant... puis je me suis laissée prendre au jeu. Et puis le Dr Carter est tellement craquant ;)

Ally Mc Beal : mise à part la dernière saison qui n'a ni queue ni tête, c'est une série que j'apprécie. Plus pour les personnages secondaires que pour Ally (Ling est géniale !). Seul bémol : les acteurs mâles ne font pas franchement le bonheur des mirettes...

Boston Public : encore une production E.Kelley, mais sur un lycée cette fois. Du point de vue professeurs. Une chouette série qui colore les dimanches après-midi souvent plat.

Je ne les ai pas toutes citées. Il y a aussi pèle-mêle : Poltergeist, Alias, 24, New York 911, La Maison Blanche (aaah, Rob Lowe !), Band of Brothers, Angel... Et j\'en oublie!

Haut de la page

lundi 5 mai 2003 à 20h07
Ca me révolte: la Mairie de Paris...
Non, ce n'est pas l'émission d'M6, juste un coup de gueule contre la Mairie de Paris.

J'enrage contre cette sacro-sainte institution qui se permet de prendre des décisions totalement arbitraires au détriment d'artisans ou de petites entreprises qui font des pieds et des mains pour survivre.

Je m'explique: ma soeur a monté sa boîte de création de bijoux il y a quelques années. Après avoir galéré d'expos en expos dans des bourgades parfois paumées d'Ile de France, elle a décidé de passer la vitesse supérieure. Donc, elle paye très cher pour avoir un emplacement au marché des Halles de Paris (qui a lieu en décembre et en mai pour la fête des mères).

Le marché devait avoir lieu du 8 au 25 mai et finalement, la Mairie a décrété qu'il y avait trop de manifestations de longue durée dans la capitale... L'expo n'aura donc lieu que du 17 au 25 mai! Le prix à la journée a donc été majoré, sans compter que les artisans ont fait un stock pour plus de 17 jours, impossible à écouler en 9...

On leur coupe l'herbe sous le pied au dernier moment, ils auraient pu essayé de chercher autre chose pour la période, mais c'est grillé!!! Et pire: la mairie peut décider, au premier jour du marché, de tout annuler!!!

Ils ont les pleins pouvoirs, en use et en abuse selon leur bon vouloir...

Espace Publicitaire: si vous cherchez un cadeau pour la fête des mères, je vous conseille ses bijoux (ils sont artisanaux et pas très cher en plus ;) )

Haut de la page

mardi 6 mai 2003 à 19h38
Sincères Condoléances...
Un petit carton de bristol rectangulaire. D'un blanc immaculé, presque dérangeant, qui n'attend que les mots que je vais y griffonner pour avoir un sens.

« Toute notre amitié et notre soutien dans cette épreuve »

« Nous pensons très fort à toi et t'embrassons »

Je cherche la formule la plus appropriée. Ce ne sont pas des mots que j'ai l'habitude d'écrire ou de prononcer.

« Toutes nos condoléances » fait trop funèbre et conventionnel. C'est pourtant d'usage dans de telles circonstances, mais je veux éviter cet écueil.

En rentrant du boulot, K. et moi sommes allées acheter une plante. Nous nous étions cotisées pour réunir 20€ et faire un cadeau en témoignage de soutien et d'affection à notre collègue, V. qui a perdu son père samedi. Il a attendu qu'elle fasse les 500km qui les séparaient pour tirer sa révérence. Il voulait voir ses enfants avant de partir...

Les funérailles ont eu lieu aujourd'hui. Elle reprend demain, normalement. Il va lui falloir beaucoup de courage pour affronter cette journée de travail. Je ne sais pas comment la soutenir. V est une fille pleine de vie, souriante, dynamique. Une des deux collègues que j'apprécie le plus.

L'idée de cette plante, je ne sais pas si c'était vraiment approprié. Ne pensera-t-elle pas à ce moment à chaque fois qu'elle la verra ? Ne l'arrosera-t-elle pas de ses larmes ?

En tout cas, K. a esquivé la responsabilité du petit mot à rédiger. Mea Culpa, c'est moi qui est demandé au fleuriste s'il avait un carton...

Et dire que samedi, ça sera l'anniversaire de V. ! Elle aura 24 ans, mon âge. Et plus de Papa...

J'aurais pu évoquer aussi cette journée complètement morose : ma nuit blanche, la pluie qui n'en finit pas de tomber, les preuves de discrimination de la société où je bosse... Mais je n'en ai pas le cœur, je crois...

Haut de la page

mercredi 7 mai 2003 à 19h21
Kleenex's Moment...
En sortant du lit, après mon tour à la salle de bain, je suis mon chat qui réclame son petit déj'. Je constate que des croquis sont étalés sur la table lumineuse de mon homme, signe qu'il a dessiné pendant la nuit. Ca ne lui arrive pas souvent depuis quelques temps, depuis que son œil lui fait défaut. Curieuse, je fourre mon nez dans les crayonnés et là j'aperçois un dessin qu'il a fait pour V, ma collègue de travail : un homme et une petite fille, de dos. La petite fille demande à son père s'il pensera à elle une fois qu'il sera « là-haut » ; son père lui répond « bien sûr, ma chérie ». Je lâche le dessin, ma gorge se serre. Je croise un miroir. Mon regard est embué; rougi par les larmes, virant au vert comme à son habitude quand je pleure.

Les larmes coulent le long de mes joues, incontrôlables. Je vais voir le dessin définitif qu'il a posé sur mon bureau. Il m'a aussi fait une libellule version rigolote, une private joke. Putain, je chiale. Je fais chauffer mon pain au lait puis applique des compresses d'eau de bleuet pour apaiser mes yeux rougis par les larmes. Je ne mets pas de rimmel, c'est trop risqué pour ce genre de journée. Je l'aime cet homme, qu'est ce que je l'aime ! Il a été touché par l'histoire de V, il ne la connaît pas. Mais ils vivent le même genre de situation. Même si l'heure de son père n'a pas encore sonné... Il en a parlé dans son journal. Juge sa démarche égoïste. Je ne trouve pas...

Arrivées au boulot, je fais signer la carte de bristol aux collègues. J'ai opté pour une phrase assez sobre et néanmoins personnalisée. Lorsque nous remettons la plante à une V. émue aux larmes, je préfère m'éclipser discrètement pour m'occuper de son PC qui refuse de s'allumer. Je vois K, une autre collègue, sortir en pleurs. Heureusement que je ne suis pas restée. J'aurais probablement fondu en larmes, encore...

J'attends la fin de la journée pour donner à V le dessin de mon homme. Elle est évidemment très touchée par toutes ces intentions. Elle m'a avouée qu'elle avait hâte de reprendre le boulot, pas pour travailler mais pour nous voir, nous. Je pense que notre accueil a été sans fausse note...

Haut de la page

vendredi 9 mai 2003 à 14h18
Le 17...
Je n'ai jamais appelé les flics jusqu'à aujourd'hui. J'avais envie, parfois, quand la moutarde me montait au nez à force d'entendre les hurlements du dessus, mais je me suis abstenue.

Cette fois, facteur aggravant, j'étais énervée par une matinée de boulot à me faire envoyer bouler par des particuliers dont l'amabilité laisse vraiment à désirer. Je pensais faire une sieste en rentrant, mais trop de bruit...

Je me suis jetée à l'eau en allant cogner à leur porte. Pas de réponse, les cris continuent. Je redescend. Compose le 17 sur le clavier téléphonique.

Le flic, accent typique de la profession "bonjoureuh..."

Je lui explique d'un trait ce qui se passe. "Mes voisins du dessus sont en train de se battre, enfin, c'est plutôt la femme que son mari bat, alors envoyez quelqu'un!"

Le flic: "D'accord, je vais voir ce que je peux faire..."

Ce qu'il peut faire?! Une femme se fait blater et c'est tout ce qu'il trouve à dire?! Je suis verte...

Mon homme sort pour prévenir le bureau de police du quartier (bien entendu fermé, ils font le pont!). J'échange quelques mots avec la voisine de pallier, tout aussi dégoutée que moi.

C'était il y a 1/2 heure. La dispute continue, pas de signe de vie des flics...

Haut de la page

vendredi 9 mai 2003 à 21h22
Le "Rôliste", cette espèce incomprise...
Ce 8 mai, nous sommes allés voir des potes dans une maison de campagne où ils passaient ensemble le pont. En arrivant, on ne peut que s'extasier devant les dizaines de cadavres de Kro, Guinness et Despé et on en conclut qu'une fête assez arrosée doit avoir lieu. Pourtant, ils ne devaient être que 7 ou 8 personnes et il était à peine 4 heures de l'après-midi ! Un petit feu brûlaient dans la cheminée, il faisait bon près de l'âtre par cette journée humide. L'ambiance était décontractée, pas prise de tête...

A quoi passent-ils leur week-end tous ensemble dans ce cadre bucolique ? Hé bien, ils décompressent, ils glandouillent, ils se vident des bières et ils fument des substances pas toujours très licites. Mais surtout, ils jouent ! Pas au Monopoly, pas au poker, non ! Au jeu de rôles, bien sûr...

Nous avons un peu parlé de mon boulot et ils étaient tous pendus à mes lèvres, écœurés des détails navrants et inavouables dans ce journal. Mais surtout, en bons rôlistes, nous avons parlé de jeu de rôles ! Le genre de discussion qu'un non-initié trouverait d'un ennui mortel. Dont je n'aurai absolument pas saisi le sens il y a quelques années...

Leur équipe jouent à la campagne (ndlr : une suite de scénarii ayant une trame commune) que mon homme a écrit et que j'ai joué il y a 1 an. C'est assez marrant de comparer la façon dont deux équipes orientées de façon différente tant par les personnages que le style de jeu mènent la même enquête. Rien à voir. A croire qu'on ne fait même pas la même campagne !!!

Les rôlistes sont des passionnés. Souvent incompris comme d'autres communautés (les joueurs en réseau par exemple) parce qu'ils ont un langage propre, un humour décalé, des anecdotes pas faciles à évoquer lorsqu'on ne s'adresse pas à un autre rôliste. Et puis parce qu'ils ont été mal considérés grâce à un tapage télévisuel racoleur il y a quelques années (Mireille Dumas & co).

Le rôliste « moyen » est de sexe masculin, il a 20-30 ans, les cheveux longs et peut être un SPP (Syndrome de Peter Pan) plus développé que la moyenne. Bon, bien sûr, ce ne sont pas des critères toujours respectés : il y a aussi les « bourrins » de 15 ans, les gothiques qui ne jurent que par le jeu « Vampire », les vieux briscards...

Si on me demandait pourquoi j'aime faire du jeu de rôles, je dirais que l'imaginaire, c'est tellement plus captivant que la routine... On peut s'évader du quotidien en lisant un livre, en allant au théâtre ou au cinéma, en faisant du jeu vidéo. Mais imaginez un loisir se rapprochant du théâtre d'improvisation, où l'on peut faire vivre et évoluer (socialement par exemple) un personnage en résolvant des enquêtes et en interagissant sur le scénario avec d'autres personnages imaginaires interprétés par d'autres joueurs... Je sais, ça doit paraître très flou, ce n'est pas facile à expliquer...

Le meilleur remède pour comprendre, c'est de se laisser tenter par une partie d'initiation ;-)

Haut de la page

lundi 12 mai 2003 à 18h45
Var, mai 2002, Acte I
L'an dernier, nous sommes partis en vacances dans le Var dans la maison d'une amie de ma famille. En fait, c'est là-bas que j'ai passé pratiquement tous mes mois d'août jusqu'à ma majorité et je ressentais une impatience mâtinée d'appréhension à faire découvrir cette région à mon homme. Il faut dire qu'il n'aime ni la foule ni la chaleur et qu'il avait une opinion assez tranchée sur les autochtones (nous étions d'ailleurs en pleine élection présidentielle...). Le mois de mai semblait alors l'idéal pour ce séjour : temps mitigé, peu de touristes, peu d'embouteillages. Je regrette de ne pas avoir tenu un journal de cette escapade alors je vais essayer de la retranscrire maintenant...

Nous avons pris l'avion (les billets étaient offerts par les Miles Air France de mon père, chic !) avec les chats jusqu'à Nice. Mes parents ainsi que ma tante nous ont accueillis à l'aéroport. Le soir même, nous étions rentrés à la maison. Rien n'avait changé ou presque : son odeur particulière, ses masques africains aux murs, ses empreintes de coussinets laissés par un chat dans les dalles...

Le lendemain de notre arrivée, nous sommes partis vers Port Grimaud, une petite cité lacustre saturée de touristes l'été. A notre arrivée, un de ces moments magiques et éphémères que j'affectionne tant nous a surpris : j'avais mis la BO d'Avalon dans le lecteur de la voiture, un morceaux débutait, le genre de musique qui donne l'impression de s'envoler ; nous nous sommes engagés dans une allée bordée d'arbres pour trouver une place de parking. Et là, des pétales blanches ressemblant à des flocons de neige tombaient doucement des arbres... Avec cette musique magnifique, nous nous sommes retrouvés l'espace d'un instant plongés dans un univers onirique frisant la perfection... Nous nous sommes tus, je sentais que nous partagions la même émotion, avec la même intensité, nous étions sur la même longueur d'onde... Ca peut paraître désuet et pourtant c'est le genre de magie de l'instant qui me fait vibrer... La magie de l'Ephémère...

J'ai aussi revu lors de ce séjour la plage de mon enfance surnommée « la plage de l'usine » à cause d'une installation militaire plutôt triviale au milieu de la mer. Mais un chalutier avec une grue témoignait de la destruction récente du bâtiment, laissant enfin apercevoir la baie de St Tropez... Le hic, c'est que mon homme a voulu tester la température de l'eau et pour cela s'est enfoncé jusqu'à la cheville dans les algues fraîches échouées au bord de l'eau. Une odeur pestilentielle envahit vite la voiture au retour et j'ai éprouvé un certain soulagement en allant acheter des cerises sur le bord de la route, les premières de l'année... Quelques jours plus tard, nous avons compris en lisant le Var Matin qu'il s'agissait en fait de petites méduses et non d'algues, d'où la puanteur !!!

L'avantage de cette saison, c'est qu'en dehors des week-ends et jours fériés, les ports et les plages sont vraiment déserts. Le seul jour de foule que nous avons eu, c'est lorsque nous sommes allés à la fête de la tonte des moutons à Grimaud et que pour l'occasion des tas de stands et d'animations ont lieu. J'adore Grimaud, ce petit village plein de charme préservé du tourisme de masse parce que situé à quelques kilomètres de la côte. Ces petites ruelles secrètes escarpées avec ses fontaines, ses chats aux fenêtres, ses vieilles pierres, j'en suis amoureuse.

Cette région offre aussi des délices du palet qui me font l'effet de Madeleine de Proust : le raisin fraîchement cueilli dégusté sur fond de bruit de vagues, le pain aux olives et à la figue dont on se gave par gourmandise, la célèbre Tropézienne et sa crème pâtissière appétissante, les viennoiseries de la boulangerie/salon de thé de Grimaud, les meilleurs, la tapenade aux olives noires ou vertes que j'ai découvert ici... J'en ai l'eau à la bouche rien qu'en les évoquant !

Haut de la page

mardi 13 mai 2003 à 19h43
Lorsqu'on voit le bout du tunnel, il s'effondre...
J'ai laissé le soufflé retomber avant de m'atteler à l'écriture ce soir. Histoire que je décompresse un minimum en me gavant de Pimousses Soucoupe hyper acides et en crachant mon venin par téléphone et e-mail. Je ne peux pas vraiment m'étaler sur ce qui se passe au boulot, toujours la vieille parano de « et si la mauvaise personne tombait sur cet écrit... ».

Puis merde, de toute façon on est dedans jusqu'au cou. Pour faire bref, nous en avons ras le bol de bosser dans des conditions aussi pitoyables et de subir l'acharnement de nos supérieurs. Quand les méandres du travail commencent à influencer notre vie personnelle (insomnie, énervement, déprime), il faut agir. Ce que nous avons tenté de faire en contactant les autorités concernées...

Mais il y a eu une fuite : une des filles a tout déballé de A à Z aux supérieurs. En le niant bien sûr par la suite, c'est tellement facile ! Du coup notre boss a rappliqué en 2 temps 3 mouvements (et pourtant on le voit vraiment pas souvent !) pour nous convoquer une à une dans son bureau et nous démolir en prétextant vouloir savoir « ce qui n'allait pas ». Il m'a parlé sur un ton, pour qui il se prend ! Il a commencé à me faire porter la faute de ma responsable alors que je suis « bête et disciplinée »... J'étais dégoûtée. Le pire avec ces gens-là, c'est qu'ils ne vous laissent pas le temps de vous expliquer. Ils vous coupent la parole avec une parade haddeubale parce que de toute façon nous sommes trop cons pour dire des choses sensées... J'ai gardé mon calme mais putain, j'ai failli craquer !

Et voilà. Nous sommes partis pour finir notre contrat dans une atmosphère encore plus oppressante avec un harcèlement encore plus présent. Parce que forcément, les retombées vont être surdimensionnées, même si nous avons nié avoir contacter qui que ce soit...

Comment vais-je trouver la force d'y aller demain et d'y retourner ensuite ?

Comment pouvons-nous faire valoir nos droits maintenant, vers qui se tourner ?

Hier, je voyais encore une lueur d'espoir... Mais une nana a tout foutu par terre et pour quel motif ? On se le demande...

Quel recours avons-nous à part celui de se faire pourrir jusqu'à la fin de notre contrat ?

Je suis vraiment désemparée, ce soir...

Au trente-sixième dessous...

Haut de la page

mercredi 14 mai 2003 à 19h28
Var, mai 2002, Acte II
Suite et fin.

Nous avons pris un après-midi la voiture et sommes allés longer la Corniche d'Or, passant par Fréjus, St Raphaël et nous arrêtant à quelques kilomètres de Cannes. Le Massif de l'Esterel était magnifique avec ses roches volcaniques rouges, l'émeraude de ses arbres, le bleu turquoise de la (ndlr: j'avais écrit "ma", lapsus révélateur?) Méditerranée et le soleil filtrant entre les nuages gris... Nous avons découvert un de ces endroits secrets et difficilement trouvables, un petit port de pêche isolé en face de l'Ile d'Or à l'histoire rocambolesque... Les chats erraient nonchalamment, les tourterelles roucoulaient sur un monument tandis que les autochtones prenaient l'apéro bruyamment dans le petit restaurant populaire du port. Les bateaux s'agitaient mollement, aucun bruit ne provenait de la route. Une atmosphère hors du temps, vraiment insolite.

Une autre balade que j'ai savouré, c'est celle que nous avons faite dans l'arrière pays varois, notamment en visitant le village de Cotignac, absolument charmant et encore une fois à des miles des hordes de touristes en goguette. Ses multiples fontaines, ses maisons troglodytes et le superbe rocher qui le surplombe, franchement il ne manque plus que l'ADSL et je pars y vivre tout de suite !

Nous sommes aussi partis avec mon homme vers un site nommé « Le Pont des Fées » en plein massif des Maures. Notre curiosité a été titillé à force de le voir avec les jumelles depuis la terrasse de la maison et son nom empreint de magie trouvé sur la carte IGN nous a définitivement conquis. Il a été construit au XVI° et permettait d'alimenter par un système astucieux le village en eau. En été, la rivière est asséchée mais là elle nous berçait de ses clapotis et ravissait le chien qui s'amusait dedans. Le soleil a commencé à attaquer ma peau ce jour-là.

Il a continué lors de notre dernière journée lorsque nous avons traîné mon père pour une ultime et longue balade un samedi matin à l'Escalet, cette plage proche de Ramatuelle à l'eau turquoise et aux nombreux rochers. Mon homme s'est baigné, l'eau était bonne, mea culpa j'avais oublié mon maillot ! Mais tant pis, la végétation était incomparable à celle de l'été, il y avait des fleurs partout, de toutes les couleurs, vraiment superbe (j'adore les fleurs moi, mais pas coupées dans un vase).

Le lendemain, nous sommes partis à Nice, la ville de ma tante et mes cousines où j'ai pas mal de souvenirs de vacances aussi. Le marché aux fleurs aux fragrances de jasmin, les ruelles colorées du vieux Nice aux odeurs de socca et pissaladière, ses terrasses animées où il fait bon prendre le petit déjeuner sous le soleil... Eze et St Paul de Vence sont en pleine effervescence l'été, mais à cette époque elles étaient relativement tranquilles et nous ont permis de faire de magnifiques photos sous les bougainvillées...

J'ai reçu aujourd'hui une carte postale de mon petit frère. Rien que le cachet de la poste me fait rêver... J'y suis retournée à la fin de l'été dernier, en coup de vent. Un jour de train aller plus un retour. C'est de la folie ! Mais ça m'a ressourcée. J'irais je l'espère à la fin du mois d'août cet été aussi...

Haut de la page

mercredi 14 mai 2003 à 19h51
Another time, another place...
J'aimerais être ailleurs. Ou un autre jour.

Dans le futur pour ne plus devoir me lever chaque matin en ayant des envies de meurtres vis à vis du radio réveil, en me rendant au boulot comme un veau à l'abbatoir.. De ne plus redouter de confrontations verbales, de bassesses, de regard qui en dit long... Pour ne plus avoir les mains qui tremblent encore quand je rentre chez moi, pour ne plus baisser les bras en me disant que de toute façon agir n'amènera rien de bon, ne fera qu'aggraver une situation déjà insupportable... Une pomme pourrie de l'intérieur peut envahir tout le fruit et alors là c'est encore pire, non?

Dans le passé pour ne pas faire la même erreur, ne pas accepter un tel travail parce qu'un salopard de l'Agence Nationale Pour l'Emmerdement me met la pression et que la conjoncture ne m'autorise pas à refuser un boulot, aussi pourri soit-il...

Dans un ailleurs parce que j'y aurais peut-être d'autres opportunités, ou que les gens que j'aime seraient plus proches de moi. Parce que l'herbe est toujours plus verte ailleurs. Mais il faut bien le reconnaître: c'est vrai.

Ailleurs parce que ce matin, dans ma tasse au boulot, une blatte se reposait tranquillement. Les joies d'une hygiène douteuse expliquée par l'absence de femme de ménage par radinerie...

Six millions de personnes seraient victimes de harcèlement en France! J'ai vu ça sur l'actu d'AOL... Six millions sur la population active de la France! Quand on enlève les travailleurs indépendants, ça laisse un sacré pourcentage!

Et je fais partie de ces 6 millions. Même si on m'a tellement bourré le crâne pour essayer de me faire croire le contraire que j'ai encore du mal à le réaliser...

Haut de la page

jeudi 15 mai 2003 à 11h00
Le Sourire du Commercial...
Vous avez déjà vu le masque du requin tomber? Vous savez, celui qui affiche un sourire commercial en toutes circonstances et rigole bêtement lorsqu'il vous prend vraiment une andouille.

Et puis un jour il réalise que vous n'en êtes pas une, d'andouille et que vous avez décidé de l'ouvrir, de ne plus vous laisser marcher sur les pieds.

Alors le masque tombe subitement, la vraie personnalité transparaît enfin. Celle d'une enflure sans limite, au regard sombre qui vous scrute pour vous faire fléchir, aux remarques incisives placées en coupant la parole, aux haussements de ton menaçants...

La double personnalité du commercial jovial à la brioche bien marquée qui fait des banquets à n'en plus finir et revient à 16h en testant son humour foireux sur ses employés dégoutés par la tache de gras sur sa chemise et sa braguette à moitié ouverte.

J'ai vu ce masque tomber. C'est terrifiant...

Haut de la page

vendredi 16 mai 2003 à 17h25
Esprit, es-tu là...
Le premier été que j'ai passé avec mon homme, c'était chez mes parents au mois d'août 1999. Ils étaient dans le Sud et comme ma soeur faisait des expos sur la Côte d'Azur aussi, je me suis retrouvée réquisitionnée pour garder la maison.

Mon homme nous a proposé à moi et à A., mon ami d'enfance dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises, de faire une séance de spiritisme. Curieux de nature, A. a tout de suite été emballé et nous nous sommes donc retrouvés tous les trois un soir à créer une ambiance propice au dialogue avec les esprits. J'ai enlevé la toile cirée pour que le verre glisse sur le bois de la table du séjour, nous avons disposé des bougies ainsi que l'alphabet d'un jeu de scrabble faute d'avoir une planche de oui-ja. Et la séance a pu débuter. J'avais peur que nous partions dans des fou rires incontrôlables, mais non, nous sommes restés très sérieux, concentrés... Et contre toute attente, le verre s'est mis à tourner sur la table et à construire des mots avec les lettres, à répondre à nos questions ! Ca fait vraiment une drôle d'impression au début, on se demande toujours si c'est le voisin qui pousse le verre pour faire flipper les autres. J'avais l'impression que le fluide venait spécialement de mon homme, aussi il a lâché le verre et nous a laissé à deux continuer l'expérience. Après quelques minutes de concentration, il a recommencé à bouger, mais carrément en partant à l'autre côté de la table, violemment, nous avons dû tendre le bras pour éviter qu'il tombe ! Impressionnant...

Nous avons posé de questions, sur l'après-mort, sur l'identité de l'esprit communiquant avec nous. Certaines entités paraissaient sereines, d'autres perturbées par la façon dont le verre se déplaçait sur le bois. A. et moi avons voulu savoir si nous avions un ange gardien et s'il pouvait se manifester à nous. Nous en aurions a priori un chacun: un certain « François » pour moi, un autre au prénom féminin pour A. Bon, les esprits ne sont pas sensés avoir de sexe, c'est juste pour nous faire plaisir, quoi ! Mon homme par contre, n'en a pas. Ce qui est marrant, c'est que nous les avons rappelés le lendemain et qu'ils se sont manifestés tous les deux à leur manière. « François » était calme, l'ange gardien de A. plutôt agité, nerveux.

« François » m'a dit le premier soir qu'il pouvait communiquer avec moi par l'intermédiaire de mes rêves et qu'il m'enverrait un signe la nuit après la première séance. J'avais du mal à croire à ce genre de chose, pourtant lors de ma période d'endormissement (plutôt agitée d'ailleurs), j'ai eu des images qui semblaient « s'imposer » à mon esprit. Celle d'une région rurale, d'un moulin à eau, ça ressemblait à l'est de l'Europe. Et celle d'une femme, Isabelle, battue par son mari, qui y vit. Et cette Isabelle, c'était moi...

J'ai averti mon homme et A. de cette expérience mais sans mentionner le prénom d'Isabelle et le lendemain soir, nous refaisions une séance. Nous avons appelé « François » et il m'a alors confirmé que l'image de la veille était celle d'une incarnation passée. Je lui demande alors le prénom que je portais à l'époque. Il répond « Isabelle »... Et là, j'ai vraiment commencé à me poser des questions...

J'ai refait d'autres séances depuis. Et ma conclusion, c'est que je suis sceptique. Des esprits/entités communiquent-ils vraiment avec nous ou notre cerveau est-il capable de choses absolument fascinantes ? Dans un cas comme dans l'autre, c'est assez intéressant. Ce qui est sûr, c'est que le verre a vraiment bougé et que j'ai réellement eu ces images ce soir-là... Pour l'après-mort, on aurait le choix entre se réincarner ou rester des « esprits ». Warf. Faut voir. En tout cas, ça ne m'a pas rendu moins athée pour autant...

Haut de la page

lundi 19 mai 2003 à 20h30
Big Brother a une petite moustache...
 
On avance, on avance, on avance,
c'est une évidence on a pas assez d'essence
pour faire la route dans l'aut'sens...

Après la Médecine du Travail, c'est l'Inspection du Travail qui est venue constater l'ampleur des dégâts. Pris en flag samedi dernier sans responsable pour nous encadrer, avec la saleté ambiante (moutons, blattes, box pour lapins et tout le toutim). Les deux inspectrices ont demandé aux employées qui le voulaient de s'exprimer. Je bossais chez moi mais elles prendront peut-être contact avec moi...Voilà, elles ont joué carte sur table. Certaines lois ont été contournées habilement par le boss mais les inspectrices ont été tout de même scandalisées de nos conditions de travail...

Rebelote ce soir, une délégation est allée parler avec le Médecin du Travail, une grande gueule de première mais très gentille. Elle essayait de trouver des subterfuges pour que le mois qu'il nous reste à tirer soit le moins laborieux possible (je crois que je vais me mettre en arrêt maladie, moi !). Elle a fait part de son indignation auprès des gens concernés en insistant sur le fait qu'en 25 ans de carrière elle n'avait jamais rien vu d'aussi lamentable ( !!!).

Elle a eu le privilège d'avoir eu une entrevue plutôt musclée avec notre boss qui lui a parlé comme à un chien, lui demandant si « elle n'avait rien à faire d'autre que se balader »( !!!) et l'invitant à payer les rideaux s'il en faut et finalement à prendre la porte... Forcément, elle a aussi vécu l'horreur du Sourire Commercial et le prend pour un facho (c'est vrai qu'il ne lui manque plus que la petite moustache pour avoir la panoplie complète)... Elle a également vu sur la Porsche de Môssieur l'autocollant comme quoi il exerçait la médecine (ce qui est parfaitement hors la loi) pour pouvoir se garer là où il veut afin d'éviter que son humble personne ne se torde une cheville en marchant !

Voilà, bientôt toute la région sera au courant du scandale du call center dirigé par un requin aux dents longues. Nous allons même peut-être pousser le vice jusqu'à raconter notre histoire au journal local et pourquoi pas envoyer un e-mail à quelques émissions TV... En parlant d'e-mails, une des filles en CDI s'est pris un avertissement parce qu'elle a OSE aller sur le Net et imprimer 2 pages, c'est scandaleux, n'est-ce pas ?! Et Big Brother a su ça à 700 bornes de là, il est fort pour l'espionnage informatique ! Du coup j'ai effacé les parties des historiques d'Internet Explorer interdites genre « Google » ou « PagesJaunes » parce que c'est quand même très répréhensible de fréquenter de tels sites sur son lieu de travail !
Il est très bête en plus puisqu'il nous harcèle encore plus en jouant les Big Brothers alors que c'est justement un des motifs pour lesquels nos conditions de travail sont atroces. Au lieu de calmer le jeu, il l'envenime...Et demain notre responsable va revenir, elle va encore nous prendre la tête et nous mettre la pression ! Plus qu'un mois ! Toute façon après, on est virées...

Haut de la page

mardi 20 mai 2003 à 20h21
L'Enc.."bip" contre attaque...
J'écris un peu-beaucoup sur le boulot en ce moment, ça doit être saoulant mais c'est simplement parce que j'ai besoin d'évacuer... La pression devient tellement constante qu'elle me pourrit mes soirées et mes nuits qui sont de plus en plus courtes et agitées...

Big Brother nous a gâté aujourd'hui, presque autant que dans les réunions de Mr l'Ambassadeur! Au Menu:

-Interdiction d'avoir d'objets personnels (photos, etc) sur son box ;

-Contrôle des pauses à la minute près (noter l'heure de début et de fin) ;

-Interdiction de parler entre nous sur le plateau sauf si c'est pour recueillir des infos concernant le boulot (on a pensé instaurer un code du style « C'est quelle marque la friteuse » signifiant « fais gaffe, on nous espionne ») ;

-Contrôle de tous les numéros composés sur nos téléphones (Big Brother, quand tu nous tiens !) ;

Et tout ceci portant la mention : « ce n'est que le début d'une longue liste...»

Et le clou du spectacle, mieux que la femme à barbe et le lancer de nains réunis : à remettre pour début juin (soit dans 10 jours) un « mémoire » de 20 pages recto-verso manuscrites ( !!!) à rédiger chez nous (genre on a que ça à foutre) sur notre année de travail rébarbatif qui ne vaut qu'une page grand maximum. Avec tout de même un chapitre portant sur « un projet pour améliorer » certaines techniques de travail (ou comment pomper les idées de ses employés pour se faire plus de blé...).

"Ce n'est pas une défaillance de votre moniteur. N'essayer pas de régler l'image..."

Demain, on nous supprima peut-être la salle de pause pour déjeuner le midi. Ce qui signifie que l'on devra manger dehors sous la flotte et qu'on aura plus de micro-ondes... Qui a dit que la vengeance était un plat qui se mange froid ?!

A part ça, j'ai vu en deux jours X-Men 2 et Matrix Reloaded et revu Matrix. Ca m'a bien changé les idées ce genre de films qui arrachent bien et ne nécessitent pas un gros effort intellectuel...

J'arrête parce que je suis vraiment blasée. Si je suis mise en arrêt de travail, on pourra dire que c'est de la dépression...Parce que là j'en suis vraiment proche...

1h30 plus tard... « C'est terminé ». Telle est ma décision. Peu importe ce que nous dira l'Inspection du Travail lorsqu'on leur annoncera demain la dernière nouvelle, celle du mémoire. Je m'en fous, qu'il me vire si ça les chante ! Je n'ai rien à perdre, et sûrement pas cette attestation de chiotte qui ne m'aidera en rien dans la vie.

"Yeah, it's over now !" (Alice In Chains n'a jamais eu autant raison de moi que ce soir...).

Haut de la page

vendredi 23 mai 2003 à 18h25
Overdose...
J'ai parfois cette sensation de dents du fond qui baignent vis à vis de cet écran qui me mitraille le mirettes plusieurs heures par jour. Ras le bol du bruit des touches de ce clavier que je retrouve instinctivement, comme s'il était devenu une extension de mon corps... De ces "click-click" insupportables qui m'abrutissent au boulot puis en rentrant chez moi, m'endormant même dans cette cacophonie produite par mon écrivain d'homme... La berceuse du XXI° siècle.

J'ai découvert cet après-midi l'un des livres offerts pour mon anniversaire, un Masterton. J'accroche bien, dans le genre thriller/policier/fantastique, le tout à Londres, ça se lit bien. Je vais me replonger dans la lecture, laisser un peu de côté l'écriture bien qu'elle me soit utile, une bonne catharsis en cette période d'épuisement moral et physique...

J'envisage la solution de l'arrêt de travail pour juin. Il ne reste qu'un mois avant la fin mais Tef, tu avais raison dans ton e-mail, il risque d'être relativement long! Et je ne sais pas si ça ne va pas finir par m'user de vivre dans une atmosphère aussi oppressante et irrespectueuse. Ca me bouffe. Pas les nerfs assez solides, trop émotive. Merci Maman pour cet héritage!

Alors voilà, je n'ai aucune inspiration, normal avec mes yeux explosés et les Delsey en dessous qui vont avec. Je vais écrire mais à une fréquence moins régulière

J'ai besoin de repos, beaucoup de repos.

Et de changer d'air aussi...

Haut de la page

mercredi 28 mai 2003 à 22h02
Le Citron...
Vous m'avez pressée,
Extrait tout ce que je pouvais donner,
Et au goutte à goutte je me consumais,
Et puis ma pulpe s'est asséchée,
Vous ne pourrez plus rien en tirer.

Voilà où j'en suis aujourd'hui. J'ai l'impression d'être une enveloppe vide, de ne plus avoir aucune force vitale ni volonté.

Depuis hier, je suis en arrêt. Le médecin m'a prescrit des pilules à base de plantes que j'ai déjà pris étant gosse, pour les insomnies. Sauf que là, c'est la dose maximum pour arrêter d'avoir les nerfs à fleur de peau!

En effet, je réalise maintenant que je tenais uniquement sur les nerfs et puis voilà, plus rien! Je suis une loque, complètement décalquée, avec pour seule envie d'être en position allongée.

J'ai dû sortir tout de même. Aller à la CPAM ce matin sous la chaleur, revenir et m'étaler sur le lit, à bout de force. Cet après-midi, nous sommes allés au supermarché. C'était une torture, toute cette bouffe partout qui m'écoeurait, tout ce peuple avant le pont, cette femme qui crie qu'elle a acheté de la langue de porc, bon sang je vais vomir!!! Et j'ai oublié d'acheter la seule chose urgente, le liquide vaisselle. Une vraie tâche!

Je ne réalisais vraiment pas ma fatigue... Même trier des papiers devient un supplice! Ce boulot m'a tout simplement abîmée, usée. Je ne veux plus y remettre les pieds...

Haut de la page

samedi 31 mai 2003 à 14h22
L'Envol du Héron (ou quand mon Homme se met à ma place)...
L'envol du héron (par mon homme)

Je me réveille, le matin, et je cherche mes oeufs dans mon nid. Je les cherche en vain. Depuis plusieurs mois déjà. Bon sang, je n'imagine même pas quelles couleurs ils pourraient avoir ou quelles formes. Je n'en suis même pas là. Parfois, aussi, je tente de me souvenir de mes rêves. J'en fais des bizarres depuis quelques mois, c'est la grande mare qui a laissé un peu de vase sur moi, la grande mare où je me rends presque chaque jour de la semaine. Souvent, je pense que mes oeufs sont sans doute quelque part, dans un paysage oublié de mes rêves, un endroit que je n'ai pas su revisiter au réveil et qui se dissout ou se disloque chaque jour un peu plus. Je ne saurais dire si ça me rend vraiment triste. Je ne saurais vous parler de la façon dont l'étrange vague de la mélancolie s'abat parfois sur moi, laissant l'écume pénétrer mes plumes jusqu'à ma peau, grelottante. Passé ce petit rituel, je déjeune ensuite très vite sur le bout de l'aile en consultant les signes qui viennent du monde de la matrice. J'aime avoir des informations, sentir les autres mares du vivant, les cieux et les forêts qui se dessinent derrière la grande tapisserie électronique qui me relie moi et de nombreux autres oiseaux. Je tente de décrypter des tas de glyphes diverses qui parlent de nouvelles plus ou moins bonnes, de jeux pour mieux remplir son nid, de techniques pour améliorer la taille de son engin viril.
Qu'est-ce que j'en ai à faire de mon engin viril ?
Je n'en ai pas, je suis une fille.
Parfois, je soupire toute seule devant ma résignation. Mais, comme les autres hérons, je dois me rendre vers ma mare grise pour tenter de ferrer des poissons. Enfin... Comme les autres hérons. Certains - élus ou pas, je ne sais pas - échappent parfois au système. Il m'arrive, lorsque j'ai apprêté mon plumage, d'aller jeter un coup d'oeil sur mon mâle. Le pauvre chéri. Il dort la plupart du temps lorsque je dois partir. Il se couche tard parce qu'il a une maladie qui ne le fait pas ressembler aux autres hérons. Il est aussi un peu borgne, peut-être que ça lui sert maintenant d'excuse pour se couper des autres oiseaux de la mare, je ne sais pas très bien. Il ne me parle pas beaucoup de son mal autrement qu'en sculptant des mots sur des os qu'il assemble. Il y a certaines de ses oeuvres qui sont parfois très jolies quand il sait s'en donner la peine. Encore faut-il prendre le temps d'apprécier son ouvrage car il ne le montre pas beaucoup aux autres, à part, de temps en temps, sur la tapisserie numérique. J'en connais d'ailleurs qui traitent mon brave mâle de fainéant, d'autres d'irresponsable ou de gros animal velu et pourri de la terre. Mais l'amour est aveugle, n'est-ce pas ? Et puis on aime pas un héron seulement pour sa capacité à aller ferrer du poisson au-dessus de la mare grise. Certains ont d'autres talents. Ils savent ranger le nid pendant l'absence de leur conjoint ou le décorer.
Bon bien sûr, le mien de mari n'est pas non plus de ce genre là. La décoration n'est pas du tout de son fait et il n'est pas très doué pour les choses qui concernent l'entretien du nid ou la pêche. Mon mâle n'est pas un oiseau chanteur ou travailleur, c'est juste un fichu sculpteur, il est de la race des rêveurs. Une race qui est parfois contagieuse, savez-vous, parce qu'elle nous donne aussi - à nous - envie de rêver. Au fil du temps, j'ai même appris une chose étonnante. Mon mari n'est pas vraiment un héron. C'est un corbeau ou un coucou selon la façon dont il lisse ses plumes dans la journée. Etonnante capacité à prendre plusieurs becs. C'est peut-être pour ça, aussi, que je l'aime.
Mais tout ça ne nous aide pas vraiment à raconter mon histoire. Je pourrais parler pendant des pages et des pages de ce brave mâle que j'ai élu dans mon coeur que ça ne nous avancerait à rien pour la suite de ce rapport qui est censé avoir un certain contexte.
Donc, disais-je, tous les matins, je cherche mes oeufs dans mon nid et je ne les trouve pas. Les petits oeufs brillants de la satisfaction, du travail bien fait, de la joie d'avoir collaboré dans la bonne humeur avec une autre équipe de hérons. Pendant que je cherche, le ciel s'assombrit un peu dans le pays que j'habite, le pays du coucou ou du corbeau, je ne sais plus très bien. Il m'arrive même, parfois, de partir sous un ciel carrément sombre. Ca n'encourage pas à aller pêcher. Mais je suis une brave femelle héron, j'ai signé un contrat de pêche pendant un an avec les maîtres de ma mare et je m'y tiens. Oui, je m'y tiens. Ou, du moins, je fais tout pour. Il y a forcément des jours avec des hauts et des bas. C'est dommage qu'il y ait plus de bas ces temps-ci...

Mais revenons à nos moutons, euh... nos poissons.
Tous les matins, après avoir dit au revoir à mon corbeau de mari qui flotte encore dans les bras de la grande déesse des songes, je descends vers l'arrêt des transports en commun. Oui, oui. Je ne vais pas à la mare en volant. Que croyez-vous ? Un héron ne déploie vraiment ses ailes que lorsqu'il a décidé de partir très loin en vacances, ou au chaud, ou au froid, ça dépend des tempéraments. Il peut aussi les déployer quand il fait vraiment quelque chose qu'il aime, une chose qui est en accord total avec sa nature profonde, mais je m'avance déjà à la conclusion de ma petite rédaction. Des petites plumes qui s'envolent parce que je m'ébroue déjà un peu trop...
Chaque matin donc, j'attends un peu le grand bateau qui doit nous emmener sur le réseau des fleuves de ciment vers nos mares respectives. Parce qu'il y a des tas de mares avec beaucoup de maîtres des mares, vous comprenez. Oh, bien sûr, il n'y a pas autant de mares que de hérons, mais quand même, le monde est divisé, compartimenté, classifié en tant de strates qu'il m'est impossible de les compter. Même les maîtres de la mare qui recrutent des oiseaux pour travailler dans toutes les mares ne le peuvent pas. On pullule, on est les rois du ciel, de la mer et de la terre. On est partout, plus grouillants que les rats ou même les vers qui nous rongeront lorsque notre âme aura connu son envol. L'envol de l'âme. Il faudra que je prenne la peine - ou le temps plutôt - d'y revenir, peut-être dans une autre rédaction. C'est que ça me démange vraiment... Mais revenons à mes voyages...
Chaque matin, quand je prends la peine de dévisager les becs, le plumage, les cernes, les yeux et les fronts bas et plissés de mes autres collègues hérons ou échassiers, je suis saisie par un sentiment proche de la peur. Une impression m'envahit, celle que je découvre chaque jour, un peu plus, ce que peut être la lande dévastée du purgatoire ou, pour certains, de l'enfer. Je secoue souvent la tête en pensant à tous ces contes sur l'enfer et le purgatoire. Nombreux sont les oiseaux qui ont voulu nous faire croire que l'enfer attendaient ceux qui ne se comporteraient pas bien. L'enfer n'attend pas. Il est trop souvent déjà là. Et la seule création qui puisse nous permettre de nous échapper tient dans la bonne volonté qu'on peut mettre à se sortir des choses ou à se dépêtrer de ce bourbier. C'est juste une histoire de point de vue.
Si vous saviez à quel point les oiseaux souffrent. Si vous saviez combien ont oublié la véritable couleur du ciel ou ne savent plus deviner le sens du vent... Si vous saviez tout cela, mon dieu...
Oui, mon dieu. Qu'est-ce que vous croyez encore ? Qu'un héron ou qu'un simple oiseau ne peut pas croire au ciel ? C'est pourtant nous qui touchons au plus près de toutes ces choses là. Mais qu'importe, je ne mets pas de majuscule au mot dieu, il ne le mérite pas. Il n'est qu'une manifestation créée par certains oiseaux plus malins pour donner espoir aux ignorants ou à certains benêts et pour contrôler les pauvres, ceux qui n'ont comme espoir que de rêver d'une vie meilleure une fois que leurs os pourriront au soleil déclinant.
Ha bon sang... Je les regarde tous ces canards, oies, poules d'eau, dindes ou perdrix. Je les observe bien. Je cherche ceux qui auraient la capacité de se transformer en cygnes ou en flamants roses et je ne les trouve pas. Ils sont là, posés, dans le grand bateau de métal qui ralentit à la couleur du soleil couchant et s'arrête lorsque brille la flamme du sang sur des grands poteaux de métal. La plupart du temps, ils ne parlent pas. Ils ne disent rien. Ils font triste mine. Il arrive parfois qu'ils se mettent à jacasser, à piaffer, se donner des coups de becs ou glouglouter très forts contre la société parce qu'ils ont eu une mauvaise journée ou qu'ils ont trop d'eau de feu dans le gosier. Mais le plus souvent, vraiment, ils ne roucoulent pas. Ils ont l'oeil éteint. C'est presque comme s'ils savaient déjà qu'ils étaient morts depuis très longtemps, depuis le premier jour où ils sont venus au monde. Souvent, je relève la tête et j'essaie de lire dans leurs pensées. J'essaie vraiment, je veux dire. Parce que je veux comprendre comment tant d'oiseaux peuvent perdre le ciel.
Est-ce que c'est le poids de l'âge ?
Est-ce que ce sont les lourds nuages ?
Est-ce qu'ils ont reçu un mauvais sort lancé par quelque mage ?
Est-ce qu'ils ont oublié qu'ils pouvaient se fabriquer des images ?
Je ne sais pas. Je n'arrive vraiment pas à comprendre. Quand je suis bien lunée, cela me fait parfois faire un peu de poésie. Un peu seulement. C'est difficile de mettre des couleurs dans ce grand bateau de métal. J'aime assez faire de la poésie, pour moi. Des petits bouts de champs de mots que je ne cultive que pour moi. Une sorte de jardin secret inspiré parfois par tous ces oiseaux autour de moi. Quelque chose dont je ne parlerai pas beaucoup plus ici, car ne je les fais visiter à personne, pas même à mon corbeau de mari. Je n'ai pas envie que ça lui inspire une sculpture. Ca n'est qu'à moi...
Parfois, je cesse de regarder les autres oiseaux dans le bateau et je vise le ciel, la terre et la mer. Je vois tous ces autres bateaux de métal qui se rendent vers leur mare. Et je perçois d'autres mines grises, plus plombées qu'un ciel de novembre. Et ça me rend triste. Vraiment triste. Je sens cette déchirure dans mon petit coeur d'oiseau, je sens cette eau qui coule. Je verse des larmes pour eux.
D'autres fois, je parviens à apercevoir un colibri ou un phénix. Ils portent la lumière sur eux et irradient. Ils ne traversent pas très souvent mon champ de vision mais lorsqu'ils le font, je suis certaine qu'ils illuminent la journée de nombreux autres oiseaux. Le monde devrait être habité par plus d'oiseaux comme eux. Par des créatures aviaires qui connaissent la véritable couleur du ciel ou de dieu et qui savent s'en revêtir malgré toute la grisaille environnante.
La malheur, c'est que, le plus souvent, je fais comme les autres canards, oies ou poules d'eau. Je m'enferme dans mon monde trop gris et j'essaie de les oublier pour ne pas avoir envie de pleurer. Ce faisant, je les rejoins peut-être dans le monde de la grisaille. Peut-être que nous ne devenons qu'un en portant tous le même masque avec des cernes. Une sorte de créature unique qui se reflète à l'infini comme dans une galerie des glaces. On se ressemble tous et toutes, mais on ne peut pas se toucher, ni communiquer. Chacun appartient à son propre monde, qui est un écho à celui des autres. Chacun ressemble à l'autre, mais ne peut passer la frontière grise.
Ha ce gris, tout ce gris. Pensez à mettre plus de couleurs dans la création des âmes, mon dieu, la prochaine fois que vous créerez un monde...

Une fois mon premier voyage achevé, je rejoins des amies de la mare, des travailleuses, comme moi, qui font le voyage dans un petit bateau de métal. Un bateau où on a pas honte d'être égoïste parce qu'on ne peut pas y loger à plus de cinq. Je leur dis bonjour, on se remémore des souvenirs ou des anecdotes de la veille ou de nos jours de repos. On rit parfois. C'est plus simple de rire avec les hérons qu'on connaît. C'est beaucoup plus simple. Je les aime bien ces hérons-là. Même si je ne les ai jamais invitées dans mon nid. Je suppose que c'est pareil pour elles, remarque. Elles doivent savoir aussi bien que moi séparer les affaires de leur héronnière de celles de la mare. On a pas toujours envie de tout mélanger. Sauf quand il arrive un accident.
Je me rappelle, un jour, en allant à la mare dans le petit bateau de métal, on a heurté un autre bateau, conduit par une poule d'eau ou une sorte de bécasse. Elle regardait sans doute le ciel à la recherche d'un poisson. Elle en avait le genre, en tout cas. Sur le coup, on ne s'est pas vraiment rendues compte qu'on venait d'avoir un accident et je crois bien, même, que l'une d'entre-nous a rigolé. Mais passé le premier instant après le choc, on a réalisé qu'on aurait pu sérieusement se casser une aile. Je me rappelle plus très bien, à ce moment précis, si j'ai pensé que je préférerais travailler à plein temps dans mon nid mais je sais que ça a sans doute contribué à faire germer de plus en plus cette idée en moi. Travailler dans son nid. Voilà qui éviterait d'avoir mal en regardant ses contemporains, voilà qui me permettrait de ne pas craindre un accident avec ce fichu bateau de métal. Car il me faut vous l'avouer, j'ai très peur dans les bateaux de métal. Très très peur. Quand j'étais toute petite, j'ai eu un accident, je me souviens, en allant à la petite mare où on apprend à sculpter des mots. On était pourtant pas très loin de notre héronnière avec maman et je ne pense pas qu'on voguait très vite. Mais c'est comme ça, il y a eu un gros choc. Et l'image de l'accident est restée, profondément ancrée dans les racines de l'arbre de ma conscience. J'ai eu très mal au dos et je me souviens encore de la tête de maman, le bec et le front en sang. J'ai crû qu'elle était morte. Je suis ensuite allée dans la mare où on soigne les bobos, mais mon dos est resté un peu cassé. Ca m'a en partie empêchée de devenir grande. En un sens, ce n'est pas si grave puisque j'aime bien être petite. Hé oui, il y a vraiment pas mal d'avantages à être petite. On peut mieux être protégée, on peut plus se sentir rassurée lorsqu'on rentre au nid pour retrouver son compagnon. Et puis, je m'y suis faite, c'est comme ça.
Mais la peur, elle... Oh, la peur... Ce n'est pas une alliée, croyez-moi. Ne croyez surtout pas ces vilaines pies qui veulent vous faire entendre que la peur est un excellent vecteur pour pousser les oiseaux comme nous à se dépasser. Ce n'est pas le cas. Ce n'est vraiment pas le cas. Et cet accident, voici quelques mois, n'a pas aidé à me calmer. Il m'a ramenée en arrière. Même si je n'en ai pas parlé à grand monde, pas même à mon corbeau de mari. Si vous saviez ce que ça peut être dur quand les images remontent, quand on voit le sang couler sur le bec de sa mère et qu'on a pas encore l'âge de savoir sculpter les mots. Mais vous devez savoir, n'est-ce pas ? Vous avez dû comprendre. Je n'ai pas à vous répéter les mêmes choses encore et encore, si vous lisez ces lignes, c'est que vous faites déjà partie de mon monde, de ma communauté, de cet endroit dans lequel on peut tous parfois se rejoindre et se comprendre, si facilement, et où, parfois, le ciel brille si fort qu'on n'aperçoit plus aucun nuage.
Soupir. Je m'envole, je m'égare et je perds le fil de la route de ciment. Revenons-en à mes journées...
Donc, disais-je, après quelques minutes - les êtres aviaires mesurent le temps comme tout le monde - passées dans le petit bateau de métal au milieu de la masse d'autres bateaux qui nous croisent dans tous les sens selon le rythme toujours orchestré par les feux couleur du soleil, des prés ou du sang, nous arrivons finalement - je ne vais pas dire enfin - à la mare.
La mare. Quand j'y pense, j'ai une autre boule qui monte au fond de ma gorge, teintée d'amer, de bile et d'acide. Il va falloir que je prenne un peu de temps pour rédiger tout ça. Pour penser à la façon dont je vais la décrire, elle, et ses maîtres. Parce que ce n'est pas simple, voyez-vous, vraiment pas simple de faire ressortir ce qu'on a dans le coeur et qui vous fait parfois perdre des plumes ou sentir de violentes douleurs dans le crâne.

En fait, ce qui est assez étrange, c'est qu'on m'a demandé, dans ma mare, de parler d'elle, justement. De comment je m'y sens, de ce qu'il y a de bien à pêcher, voire de la façon d'améliorer certaines méthodes pour ferrer les poissons. Pas plus tard qu'avant-hier. Et ce qui est plus étrange encore, c'est ma nature et les dispositions dans lesquelles je suis actuellement. Quand je pense à cette mare qui est la mienne depuis près d'un an, je ne peux m'empêcher de sentir mon coeur qui s'ouvre sur le passé et qui souffre. Je revois mon ancienne mare où j'étais si bien et tranquille, où je n'hésitais pas à déborder sur mes heures de pêche parce que je trouvais ça normal et je repense surtout à ses maîtres de la mare : des hérons charmants, attentionnés, prêts à laisser leurs travailleurs peindre des jolis oeufs ou à leur en offrir. Bon, bien sûr, je travaillais plutôt de nuit. Mais je crois que ce travail fera - à jamais - partie des meilleurs moments de ma vie de héron. Il n'y a guère eu que deux mauvais points dans cette ancienne mare. La seule maîtresse de la mare, qui avait décidé de mettre une oie pour me surveiller, et la dite oie, justement... Le pire moment est venu le jour de mon anniversaire - ben oui, on fête son anniversaire quand on est un oiseau, et on peut vivre longtemps, croyez-moi encore...
Ce qui me rassurait, c'était que mon corbeau de mari était avec moi. Oui. Il ne ferre pas souvent le poisson, le bougre, mais là, il s'était bien débrouillé pour être embauché après que j'ai un peu parlé de lui et de son franc-parler. Ils avaient besoin de quelqu'un pour faire bouger les cors et les cris dans une mare électronique où se retrouvaient des échassiers virtuels. Et je pense qu'il le faisait plutôt bien. S'il est parfois sauvage, mon mâle, il a une grande capacité à voler ou nager dans toutes les mares, particulièrement les électroniques où tous les oiseaux se parlent sans connaître leur plumage ou leurs origines.
Mais passons... c'était donc le soir de mon anniversaire et voilà que l'oie qui me servait de garde se met à me parler un peu de travers et à me prendre de haut. J'ai vu le sang de mon mari ne faire qu'un tour. Il a haussé aussitôt le ton, sans chercher la bagarre cela dit, pendant que je ravalais ma colère devant cette oie imbécile. Et la soirée a été gâchée. Je m'en souviendrais toujours. Une vilaine oie qui buvait trop d'eau de feu et utilisait trop pour son compte le fil qui chante portable de la mare. Je ne me suis pas gênée, à la suite de cette soirée. J'avais vu mon mari manquer d'en venir aux mains (même si je crois qu'il ne l'aurait jamais fait, c'est que l'oie était plus grosse que lui, quand même) et je me sentais bafouée dans mon amour-propre. J'ai donc agi au mieux. J'ai appelé les grands maîtres de la mare, avec lesquels je m'entendais bien, et ils ont décidé d'arrêter de nous mettre une oie de garde dès le lendemain. A vrai dire, quand j'y songe bien, c'est le seul gros incident de mes voyages dans ma précédente mare. Je n'en reparle pas à mon corbeau de mari, parce que je sais que rien ne le met de plus mal que les moments où il doit vraiment s'énerver. Mais finalement, même si la soirée était gâchée, le résultat fut positif. J'ai su ce soir là que mon mâle était prêt à me défendre contre plus gros que lui et que je pouvais avoir toutes les ressources pour ne pas me laisser piétiner les ailes.
Piétiner les ailes...
Je m'ébroue un peu. Je secoue de l'eau qui reste au fond de mon bec et je crois que je tiens la raison pour laquelle je laisse couler ces quelques lignes sur le rivage de mes pensées.
Quand je songe à cette expression - piétiner les ailes - je reviens au présent. Avec une vive chaleur qui chauffe mes artères. Ne croyez pas non plus que nous sommes des animaux à sang froid. La colère et la rage peuvent nous habiter beaucoup plus que ceux qui vivent dans le monde d'en bas. Nous vivons, après tout, plus près du soleil que la plupart des êtres vivants et nous connaissons l'effet de sa chaleur sur notre sang.
Mais plutôt que de cracher un venin à chaud qui risquerait de me faire déborder vers des insultes, je vais attendre un peu. Je reprendrais mon récit tout à l'heure - ou demain...

*
**

Voilà, on est déjà demain. Enfin je veux dire, ce que j'ai écrit au chapitre précédent était hier. Pour vous, bien sûr, tout sera au passé. Ou au présent, le temps de votre lecture. Mais ça n'a pas d'importance tous ces temps décalés. Ils ne sont que les ombres de toutes les mares dans lesquelles on doit nager ou pêcher mais par lesquelles on peut parfois se connecter.
C'est un jour de repos pour moi. Un jeudi. Je ne sais pas très bien pourquoi mon jour de repos est un jeudi, d'ailleurs. Peut-être parce qu'il y a plein de jeudis fériés au mois de Mai. Ca évite comme ça qu'on ait des jours chômés. Ceci dit, je fais peut-être de la paranoïa, hein. Il faudrait vraiment que les maîtres de la mare aient le vice chevillé au corps pour avoir pensé les choses en ces termes là.
Bon sang, j'aurais aimé en profiter pour faire quelques courses pour garnir la héronnière, mais mon corbeau de mari s'est mis en tête de sculpter quelque chose. Il m'a demandé s'il pouvait prendre l'après-midi pour ça. Il m'a promis que je pourrais apprécier ce qu'il écrirait et que je comprendrais. C'est un peu frustrant, je dois dire. J'aurais préféré qu'on règle ces courses et j'aurais aimé être serrée dans les ailes. J'aime bien être serrée. J'ai même souvent beaucoup plus besoin de ça que de faire l'amour. C'est mon côté petite. Je vous ai dit qu'il y avait des avantages. Ne croyez jamais ceux qui veulent vous faire manger trop de soupes... Ou réservez-la pour les garçons. Les garçons, eux, peuvent être grands, après tout, ils sont faits pour être rassurants, mais les filles ne devraient pas dépasser une certaine taille. Sinon, elles n'auront jamais la capacité de pouvoir être cajolées comme il faut.
Bon sang de bois d'hirondelle qui ne fait pas le printemps.
Je tremble et frémis. J'aurais vraiment voulu qu'il me serre. Mais ce n'est pas grave. Je connais mon mari. Je sais qu'il aura un coup de fatigue et qu'il tombera un petit moment pour me serrer. Il n'est pas idiot non plus. Il sait ce dont j'ai besoin et puis je suis passée maîtresse, comme toutes les femelles, dans l'art d'obtenir certaines choses dans ma héronnière sans passer par la parole.
C'est le gros avantage que, nous les femelles, possédons sur les mâles. On a tout un jeu d'expressions par les gestes ou le regard qui se passe de paroles. C'est dommage que si peu de mâles sachent le décrypter. Sans doute qu'on a pas été assez fortes, dans les générations qui ont précédé, sur leur éducation ou qu'on avait des moeurs un peu idiotes qui séparaient trop les genres. Heureusement, tout ça changera peu à peu. Du moins, je l'espère.
Mais je traîne, je traîne et je ne fais pas ce qu'on m'a demandé. Privilège du temps accordé au repos. Je pense vraiment que j'ai besoin d'être serrée avant de m'y mettre. Ca me donnera un peu de courage, je crois. Je vais envoyer des signaux invisibles à mon mari et ensuite je rédigerai les aventures de ma mare. Ou mésaventures, c'est selon.

Trois quart d'heure plus tard...
Je suis douée pour signifier mes envies, vraiment. Et finalement, j'ai éprouvé aussi le besoin de faire l'amour. L'après-midi est souvent le meilleur moment pour moi. C'est dommage que les voyages dans la mare m'empêchent de connaître ces instants de grâce. Je souris et songe encore... Après l'amour, j'aime rester un peu allongée, à rêvasser, soumise à la fatigue légitime qui suit le moment de partage. Mon corbeau de mari, lui, est un peu différent. Ca le réveille, ça lui donne un coup de fouet, comme il dit. C'est bizarre. C'est un de ses mystères que je ne sonderai sans doute jamais. Peu importe. La fatigue appelle la douche et me voilà, plus ou moins fraîche, pour la suite de mon voyage.

Le matin, donc, après mes deux voyages dans les bateaux de métal, j'arrive dans ma mare grise. Elle n'est pas très grande mais c'est fou ce qu'elle peut emplir mon espace. On est même pas dix hérons à y travailler. Certaines n'ont pas supporté le début de notre formation ou ont eu des difficultés avec notre maîtresse de la mare.
Ah, la maîtresse de la mare, c'est aussi tout un programme, mais j'y reviendrais un peu plus tard...
La première chose qui laisse un goût de cendres dans ma gorge, c'est l'état des lieux. On a aucune bécasse ou canne pour faire le ménage. On doit tout faire par nous mêmes. Ca m'est arrivé plusieurs fois, pendant ma pause, de donner mon écot pour que les lieux soient propres. Mais ce n'est tout de même pas à nous de le faire, surtout pendant nos pauses. Alors la saleté s'accumule. Les moutons laineux de poussière croissent et se développent entre les roseaux et les tâches se dessinent chaque jour, de plus en plus grandes, en écho au cancer de la grisaille qui ronge chaque jour un peu plus les échassiers qui prennent les bateaux de métal.
Mais une des choses les pires, dans notre mare, ce sont les nécessités. L'une d'entre-nous, la plupart soupçonnent la maîtresse de la mare, n'est pas très soigneuse et laisse des traces suspectes à chaque fois qu'elle se soulage de sa - hum - grosse commission. C'est particulièrement désagréable quand quelqu'un suit. On a laissé plusieurs fois un petit mot pour signaler que la vie en société dans une mare passait aussi par le respect de ceux qui empruntaient, ensuite, le chemin des nécessités. Mais rien ne semble vraiment y avoir fait. Le seul mâle qui passe, en dehors du grand maître de la mare, est particulièrement peu soigneux, également, dans cet endroit. Je ne sais pas ce que mange ce grand échassier. Mais je découvre souvent le résultat. Une des choses les plus insupportables étant son urine infectée par l'odeur des feuilles de tabac qu'il prend tant de plaisir à consommer, même dans la mare, où c'est pourtant interdit par ceux qui font les grandes lois dans la grande mare qui dirige le pays. C'est proprement immonde et pourtant, ce grand échassier, chargé de régler les problèmes matriciels, n'a rien d'extraordinaire. Il est comme nombre de ses concitoyens, quelqu'un qui se croit chez lui où qu'il se trouve et qui oublie les simples règles de vie en communauté. Il fait tout simplement partie de la race de ceux qui peuvent infecter le monde par le pouvoir crasseux de l'ignorance et de l'irrespect. Un cancer qui vérole peu à peu toutes les mares, un cancer provoqué le plus souvent par un manque d'éducation. C'est quelque chose de vital l'éducation, c'est ce qui permet de former les muscles du sens moral. Ca facilite ensuite les exercices quand on est en société. Pauvre échassier, je l'observe parfois, mou et lymphatique, ne comprenant pas toujours quels sont les problèmes des machines qui nous servent à ferrer le poisson et ne semblant pas s'en faire. Je me dis, pour me raisonner, qu'il est aussi de la race des je-m'en-foutistes, comme mon corbeau de mari, mais je pense qu'il doit y avoir plusieurs mutations ou sous-espèces car il y a tout de même de sacrées différences.
Je me relis un peu et je vois que je dis " une des choses les pires " un peu plus haut. Je parle bien sûr du pire dans la décoration. Je n'ai pas encore eu le loisir d'exprimer tout le sel qu'il y a à étaler sur les maîtres de la mare ou le métier que je dois exercer. Mais continuons sur les lieux.
Nous n'avons pas de stores aux fenêtres de la mare, ce qui normalement est obligatoire quand on travaille sur des machines avec des écrans. Ca évite de trop se fatiguer les yeux lorsqu'il y a une réverbération du ciel dessus. Déjà que je suis obligée de porter quatre yeux, ça n'est pas fait pour arranger les choses. Il y a des soirs, où quand je rentre, j'ai besoin de déposer ma seconde paire d'yeux et de fermer la première, tellement ils sont fatigués.
Au début de cette longue année grise, nous avons mis plusieurs semaines à obtenir un matériel adéquat pour travailler. C'est tellement mieux d'avoir des casques pour ferrer les poissons dans l'appareil qui chante, ça évite d'avoir une aile occupée avec un combiné du fil qui chante pendant que l'autre doit courir sur le champ de touches, devant l'écran.
Nous avons un coin cuisine plutôt restreint que nous avons eu aussi un peu de peine à obtenir ou aménager. Et certains ne prennent pas la peine de nettoyer lorsqu'ils utilisent la machine au jus noir. Toujours ce syndrome de l'égoïsme... Sans compter que ce coin cuisine est le seul endroit où les autres hérons peuvent inhaler les vapeurs méphitiques de leurs bâtons de la mort. Des vapeurs qui s'infiltrent parfois sur la zone où l'on pêche et dont L'odeur reste forcément empreinte, partout, sur les rideaux de roseaux.
Que je réfléchisse encore... Qu'est-ce qui me vient, en ce jour où j'essaie de faire voguer mon esprit ailleurs, loin de la grisaille de cette mare. Ah, oui... le chauffage... Toute une histoire, ça. Combien d'entre nous ont dû tomber malade parce qu'il ne marchait pas. Je ne sais même plus. Mais c'est bien ce qui nous a le plus préoccupées cet hiver. J'avais tellement froid au bouts de mes ailes que j'étais obligée de mettre des mitaines. Oh, bien sûr, je ne veux pas dire que mes conditions de travail soient pires que ces pauvres canards dans les pays étrangers qui sont obligés de travailler dans des mines 12 à 14 heures par jour ou qu'on force à bosser, enfants, pour les grandes mares de l'industrie occidentale. Ca, c'est certain. Je ne ferais pleurer personne sur mon sort et celui de mes collègues si je parle à l'échelle du monde. Mais voyez-vous, il faut tout simplement comparer ce qui peut l'être. Je vis dans un pays où on attend des maîtres de la mare qu'ils assurent un minimum de conditions décentes aux hérons, oies ou bécasses qui oeuvrent pour eux et je dois malheureusement constater que ça n'est pas toujours le cas pour nous. Et quand j'y songe, la rage m'envahit.
La rage, la rage... Il me vient immédiatement à l'esprit une des erreurs les plus flagrantes de nos maîtres de la mare. J'ai appris de certains hérons qui travaillent dans une mare conjointe dans une autre ville, en fait la mare d'où viennent toutes les décisions, qu'une héron avait été licenciée parce qu'elle avait protesté quand on lui avait demandé de ne plus engager de hérons qui ont la couleur du Maghreb. Ils sont parvenus à lui trouver une faute professionnelle bidon. Et ça, je peux vous dire que ça entretient très vivement la flamme de la colère. Rien que d'y repenser, je sens mes tempes qui bouillent, surtout en soutien à une des collègues héron de ma mare qui fleure bon les épices des pays du Sud. Je ne supporte pas du tout l'intolérance ou le racisme.
Comment avoir envie de travailler pour des maîtres de la mare comme ça ?
Quelles leçons nous donnent-ils ? Pour qui nous prennent-ils ?
Ils ne veulent que des hérons ou des oies bien blanches qui ne posent pas de problèmes et qui seraient toutes programmées pour n'avoir aucune revendication ?
Ils ont tort. La révolte a sans doute grondé plus fort le jour où ils ont commis l'erreur de virer cette pauvre héron et elle n'a cessée de s'infiltrer en moi, masquant même le regard que je porte sur le monde et m'empêchant de trouver mes oeufs quand je me réveille le matin.
Mais cette erreur n'est bien sûr pas la seule. Il y en a des tas d'autres, dont je vais parler, puisqu'on me demande de faire un rapport... J'espère seulement que tout ce que je pourrais dévoiler servira à quelque chose ou que je pourrais transmettre aux lecteurs cette rage qui m'a habitée et qui leur donnera la force, à eux aussi, de se révolter contre certaines injustices dans un monde où une poignée de puissants qui ont perdu des morceaux de leur âme pensent pouvoir diriger des masses maintenues en esclavage par la nécessité de ramener du poisson à la maison.

Les nuages s'amoncellent dans ma petite tête, un éclair gronde et je sens qu'il est temps de parler des maîtres de la mare. Commençons par celle qu'on voit le plus souvent et qui a été cause de quelques-uns de nos ressentiments : la maîtresse de la mare, celle qui est chargée de nous former.
Je ne sais pas comment est cette brave héron dans sa vie de tous les jours. Je n'imagine pas les rapports qu'elle entretient avec ses petits dont l'une vient d'avoir un héronneau. C'est peut-être quelqu'un de bien au quotidien, une fois rendue dans sa héronnière. Il est éventuellement possible qu'elle ait du mal à s'adapter à sa nouvelle mare, elle qui était si bien dans sa mare natale du Nord. Je veux bien comprendre que ça ne soit pas très simple d'être dépaysée, en dehors de ses terres d'origine. C'est un problème que j'ai connu en m'envolant vers mon corbeau de mari et que je ressens encore un peu tous les jours. Mais ça n'excuse pas tout et croyez-moi que les quelques gouttes de venin que vous pourriez discerner dans ces lignes ont leurs faisceaux de raisons pour exister.
Je dirais, qu'en premier lieu, notre maîtresse de la mare n'est tout simplement pas loin d'être une incompétente. Elle ne sait tout bonnement pas y faire pour beaucoup de choses. Elle n'est pas douée avec les machines à écran et s'évertue à nous faire faire des tests stupides pour occuper notre temps de formation. Pire, elle nous a fait bosser toutes seules sur des projets qui n'ont pas grand chose à voir avec ce qu'on doit apprendre et ça a été compté comme temps de formation. Il y a de quoi sentir la graine de l'abus se transformer en arbres garnis d'épines très acérées, croyez-moi. Le dernier projet qu'elle nous a demandées était si ridicule qu'il était bouclé en un jour et demi là où elle nous avait laissé la semaine pour le faire. Conclusion ? Nous avons passé de nombreuses heures à jouer aux cartes ou à nous ennuyer. Il n'y a rien de plus destructeur que l'ennui ou l'oisiveté. C'est démotivant au possible. Nous avons, malgré tout, entretenu l'illusion qu'on peinait sur le projet pour ne pas la brusquer inconsidérément. Mais voyez-vous... ce temps-là est maintenant passé pour moi. Je n'ai pas envie de prendre des pincettes, l'heure est proche où je pourrais à nouveau m'envoler et je tiens à mettre les choses au point. Il ne s'agit pas d'une vengeance. C'est juste un constat de fait. Je pense aux autres hérons qui viendront pour nous remplacer. Je pense à la politique des maîtres de la mare et je crois qu'en faisant mieux son travail pour ferrer le poisson, qu'en étant plus aviaire, on pourrait permettre à l'entreprise de retrouver de véritables forces vives, voyez-vous.
Mais revenons à notre brave maîtresse de la mare. Sa relative incompétence dans certains domaines de la formation est compensée par sa propension à faire les tests dont je causais. Ah ça, pour ça, elle est douée. Même s'ils ne mènent pas à grand chose. Disons qu'elle a une assez bonne capacité à gérer le temps où on est censé apprendre des choses. Ca, je ne peux pas lui reprocher. A part qu'elle aurait peut-être plus sa place dans un magazine qui fait des tests psychologiques ou dans une cour d'école. Cela dit, je dois avouer que j'ai trouvé certains des tests intéressants... Ne devenons pas chienne. J'en ai même fait passer un ou deux à mon corbeau de mari. C'est dingue ce que certains des chiens de gardes des maîtres d'autres mares sont capables d'inventer pour catégoriser les oiseaux. C'est une chose qui est fascinante, tout autant qu'elle peut forcer le dégoût. Tout à l'heure, par exemple, je regardais une émission que j'avais enregistrée sur la boite à images. Et j'ai vu mon corbeau de mari bondir lorsqu'on parlait des tests de recrutements et de tous ces prétendues catégorisations des piafs en modèles psychologiques. J'ai vraiment senti son sang bouillir. Mon pauvre coucou de mari. Il est parfois si naïf, il n'a jamais vraiment été dans le moule. Il ne pourra pas d'ailleurs. Et découvrir à quel point le monde est devenu fou, pensant pouvoir ranger chaque individualité dans un schéma très structurés, dans des blocs préconstruits, l'a mis en rage alors que, moi, je voyais danser des taches de gris avec un sourire un peu cynique sur le bec.
Soupir. Je ne peux même pas vraiment dire que je déteste ce qu'ont donné les résultats de ces tests, car j'étais plutôt bien " classée ", on va dire. Cela dit, c'est effectivement, comme le souligne avec autant d'emphase mon brave mâle, quelque chose de dégoûtant sur le strict sens moral. Mais maintenant, la morale, hein, dans une société de consommation. C'est un peu la dernière chose dont on se fout. Et c'est peut-être ça le plus grand drame dans toutes les mares où on est tenu de nager ou de pêcher. La perte de ce sens moral qui nous force plutôt à tenter de ne pas nous noyer et à pécher.
Sourire. Mon cynisme du jour valait bien cette pause et ce petit jeu de mot. Tiens... je me rends compte que j'ai soif. Je vais tenter d'envoyer un signal à mon petit mari avant de continuer sur la maîtresse de la mare. C'est que le sujet est si vaste qu'une petite pause de cinq minutes ne ferait pas de mal...

*
**

Bon. J'ai finalement choisi de boire un thé. Je préférais ça à une boisson gazeuse. Mon corbeau de mari vient de m'embêter un peu en passant ses cheveux devant mon écran ou en lâchant du gaz à côté de moi. Parfois, il se comporte comme ces gros animaux roses de la terre, les cochons. Alors que je surfais sur des sites de recherche de pêcheurs, il m'a demandé de jeter un coup d'oeil pour lui, de trouver quelque chose qui lui corresponde. Mais je sais que rien ne lui va. Je vais tout de même noter deux ou trois choses avant de continuer. J'ai réussi à avoir mon thé, après tout, et j'espère qu'il aura fini assez vite ce qu'il a à faire pour qu'on puisse très vite régler le problème des courses. C'est que nous sommes des oiseaux qui consommons beaucoup, comme tous les autres oiseaux.
Ah... un bruit dehors... des héronneaux qui jouent... Il y a une petite aire de jeu juste en-dessous de chez nous. Il y a des fois où ils m'agacent avec leurs piaillements et où je pense que les parents hérons devraient apprendre à les tenir ; des fois où je suis vraiment très fatiguée après avoir nagé dans ma mare. Mais aujourd'hui, je n'y fais même pas attention. Je n'ai pas la contrainte d'avoir eu à me déplacer.
Mais essayons de maintenir le cap sur la description de cette brave maîtresse de la mare et des autres défauts que je pourrais lui trouver et qui pourraient expliquer une éventuelle mauvaise ambiance au sein de la compagnie des hérons.
Voyons, voyons... J'ai tout de même plusieurs autres choses à souligner en dehors de sa relative incompétence... Alors voilà, je vais continuer comme ça :
- Elle fume sur les lieux de travail, comme le héron qui salit les toilettes. Et ça, c'est insupportable quand elle ne ferme pas la porte de son bureau. Rien qu'avec ça, il y aurait de quoi faire un scandale, mais mon ancienne maîtresse de la mare était pareille. Aussi peu respectueuse des alvéoles pulmonaires de ses collègues, pire même, car elle se déplaçait volontiers bâton à cancer au bec. Car c'est une chose de vouloir s'en payer une tranche pour le cancer, mais c'est autre chose de l'imposer de façon passive aux autres, même les rares fois où la porte est ouverte.
Et qu'on soit bien clairs, hein... On a le droit de fumer, chacun est libre. Même moi je l'ai fait un peu, avant de rencontrer mon corbeau de mari. Pas beaucoup, mais un peu, de temps en temps, en sortant avec des amis. Et puis j'avais quelques problèmes dont je n'ai pas envie de parler. Ce n'est donc pas le procès des fumeurs (qui sont en dépit de tout des victimes) que je veux faire, c'est le procès de ceux qui ne respectent pas les gens. Son bureau étant à l'entrée de la mare, je trouve que ça fait mauvais genre, c'est tout, et je n'ai pas - en plus - à rentrer de journées assez pénibles de pêche en empestant la fumée et en me sentant imprégnée de partout par cette odeur qui donne envie de vomir et qui graisse les rideaux des roseaux de la cuisine et de l'entrée.
- Elle est parfois mesquine et manipulatrice. Elle tente de nous monter les unes contre les autres, de faire courir des rumeurs comme quoi unetelle aurait fait des remarques sur une autre héron. Bref, un de ses adages doit être : diviser pour mieux régner. Et très franchement, c'est une des pires façons de régner. Ca encourage quoi ? La délation ? Une seules des hérons s'est vraiment laissée prendre à ce jeu là voici quelques temps et nous l'avons toutes mise en quarantaine. Oh bien sûr, le jeu de la maîtresse ne se fait pas toujours de manière directe. Il se veut le plus souvent insidieux, presque invisible. Mais, à force, on connaît les trucs, on cerne l'état du mal et forcément, on est agacées.
- Elle ment pour sauver les apparences ou sa place. Une des hérons, par exemple, est notoirement plus douée qu'elle pour obtenir des rendez-vous, même si ce n'est pas sa formation. Elle a joué toute une guerre psychologique avec ce pauvre héron pour lui mettre la pression. Je vais passer les détails mais, en gros, ça consistait en du " ne fais pas ça " alors que le grand maître de la mare disait " va au rendez-vous ". Un " rendez-vous " qui n'a rien à voir avec son travail de pêcheuse mais qu'elle a tout de même accompli avec brio. Et c'est de ce brio que notre brave maîtresse de la mare a peur. On sent bien qu'elle craint qu'on ne découvre ses failles et qu'on ne démonte son fragile édifice. C'est toujours très douloureux de se faire évincer ou de constater à quel point on est loin d'être parfait.
- Il y a de fortes chances pour qu'elle soit malade. A plusieurs signes manifestes dans le trouble du comportement - ou la focalisation bizarre sur des petites choses - je pense qu'elle boit un peu trop d'eau de feu. Bon, sur ce dernier point, je m'avance peut-être un peu. Mais d'autres hérons sont d'accord avec moi. Je ne sais pas si on doit trouver des excuses dans l'inconfort qu'elle ressent dans son travail et sa délocalisation, mais je crois qu'un pêcheur des lamproies de l'esprit pourrait être plus approprié pour elle que l'eau de feu.
Points positifs ? Je ne sais pas. Je dirais la présence. Comme elle s'emmerde, ici, dans ce pays qui n'est pas le sien, elle est très présente au boulot. Venant même des jours où elle est rongée par une sorte de maladie tropicale et incapable de rien faire. Et puis quelques-uns de ses tests aussi. Mais, très franchement, sans vouloir être la pire des mauvaises langues, je n'ai pas envie de faire l'effort de la connaître en dehors du boulot. Et même si c'est pratiquement le cas de tous les hérons des basses oeuvres par rapport aux maîtres de la mare, c'est particulièrement plus prononcé pour mon compte. Combien de fois, je suis rentrée, en râlant auprès de mon coucou de mari sur elle et son incompétence. Son visage aura bien marqué mon année et peut-être quelques-uns de mes boutons.
Alors quoi ? Je suis une mauvaise femelle héron parce que je crache du venin ? Non, je ne crois pas. Je dis tout simplement la vérité. Je ne cherche vraiment pas à dresser un portrait au vitriol de toutes les faiblesses bien aviaires finalement que pourrait avoir cette brave maîtresse, mais je crois que la vie a laissé trop de cicatrices sur son pauvre plumage et qu'elle a perdu une partie de son âme en chemin. C'est triste tout simplement, c'est malheureux, mais, en même temps, ce n'est pas mon boulot d'aller la sauver. J'aurais pu faire un effort si certains rapports avaient été plus aviaires. Mais la grisaille salit et déteint partout, voyez-vous, et je me sens trop recouverte de suie en ce moment.

Continuons à verser le lot de vase, passons au maître des écrans.
Il est censé avoir l'étiquette de formateur puisque, dans le contrat qui nous lie à la mare, il faut un formateur pour trois hérons. Et là, je rigole. Nous former à quoi ?
Aux volutes de la fumée de ses cigarettes ? Au nettoyage des toilettes après son passage ? A la divination dans l'odeur des étrons ?
Je ne sais pas.
Je ne peux que me répéter. A chaque fois que je le croise, il me semble mou, lymphatique et peu enthousiaste. C'est un peu une de ces caricatures qu'on dresse des hérons qui s'occupent trop des écrans ou des choses de la matrice... Les hérons du pays de la reine Elisabeth ont un nom pour qualifier ce genre d'individu : un " nerd ". Un type qui vit un peu coupé du monde réel en ayant perdu le sens des responsabilités pour ne se préoccuper que de sa passion.
Mais je ne peux pas vraiment le juger puisque mon corbeau de mari est un peu comme ça. La seule grosse différence, c'est que mon brave mâle n'est pas mou avec les gens et qu'il évite de laisser son " empreinte " chez eux.

Mes collègues maintenant.
J'aime la plupart d'entre elles. Elles sont piégées par le même système. Celle que je ne supportais pas était de toutes les manières une incompétente qui a fini par déclarer forfait. Elle pourrissait l'ambiance du groupe. Il faut croire qu'il y a toujours des lamproies dans une mare.
Je n'ai guère qu'un reproche à faire à l'une d'entre elles. Celle qui a vendu la mèche quand on a décidé de prévenir la direction du travail sur les conditions dans lesquelles on bosse (j'y reviendrais plus tard, sans doute ce soir). La pauvre, elle a été un peu sotte. Peut-être qu'elle espérait pouvoir conserver son travail de pêcheuse ou avoir une petite promotion. Malheureusement, c'est une des moins douées d'entre-nous et, souvent, elle est un peu à la traîne. Pour l'instant son geste ne lui a rapporté que l'inimitié de plusieurs de ses collègues, ce qui est parfaitement aviaire. On bosse dans des mauvaises conditions, on se fait exploiter, on décide de prévenir discrètement la direction des affaires de la pêche pour qu'ils rendent une visite surprise à notre mare et remettent des choses en place après avoir constaté une ou deux infractions. C'est dans l'intérêt de toutes les hérons qui se font manipuler et de toutes celles qui viendront après et elle ne trouve rien de mieux que d'aller caqueter pour se faire un peu mousser. Ce n'est pas de la loyauté, c'est du léchage de pattes et de la servilité. La tension qui a régné lui servira peut-être de leçon ou la transformera, si elle n'en retire rien dans l'avenir, un peu comme la maîtresse de la mare.
Ha la la... je me rends compte, en écrivant ces lignes, que notre décision de lui faire la gueule pendant un moment est peut-être un peu dure, même si je me suis remise à lui parler, je ne sais pas faire le bec longtemps... Mais, c'est vraiment le prix à payer quand on voit les choses à trop court terme. Peut-être que tout cela changera dans les derniers jours quand l'opération qu'on a menée portera peut-être ses fruits. Peut-être qu'elle comprendra qu'elle a eu tort. Car les conséquences de son acte ont été de renforcer le côté dictatorial des maîtres de la mare. Bon sang, on en est à devoir noter nos heures de pause, on nous retire une heure sur notre feuille de pêche quand on arrive cinq minutes en retard mais on hésite pas à nous faire commencer un quart d'heure en avance. Sans compter que le quota de formation ne sera jamais assuré. Il y a vraiment de quoi sentir la vase monter dans le bec. Et c'est aussi pour ça que mes lignes ont cette couleur. Elles sont écrites en temps de guerre. Je ne vois pas les choses autrement, une guerre que je souhaite franchement gagner avec une victoire éclatante sur ce qui ressemble à l'ennemi car, après tout, le grand ciel qui est le nôtre peut nous donner des moyens pour lutter. Souvent, on ne le fait pas parce qu'on est esclave des poissons que doivent nous rapporter la mare et dont on a besoin pour payer toutes les courses. Se taire, c'est conserver son emploi de pêcheur et parfois se laisser exploiter. Heureusement que plusieurs de mes collègues sont comme moi. Je me sens moins seule, du coup. Je sais que des forces vives et très colorées peuvent naître dans les maillons des chaînes qui nous retiennent prisonnières. Et si je dois retenir une seule chose, c'est qu'on peut vraiment croire en certains êtres aviaires pendant que d'autres continuent à pécher..
Le péché. C'est de cela que je parlerai vraiment tout à l'heure en racontant ce que nous pêchons et qui est le grand maître de la mare. J'ai envie de faire une nouvelle pause sur une touche positive, en croyant sincèrement aux marques d'affections qui peuvent exister chez les êtres aviaires. C'est avec émotion et une larme que je pense à ma collègue qui a perdu son père, il y a peu. Une situation qui l'a mise vraiment dans la fange. Elle n'a pas tenu à en parler aux autres. Mais, c'est vraiment dur. On s'est réunies à plusieurs pour lui faire un petit cadeau et même mon coucou de mari, qui ne la connaît pas, lui a fait un dessin. C'est dans ces épreuves très difficiles, aussi, qu'un être aviaire peut se révéler. Alors avec la guerre et le deuil, je retiendrais une chose très grande de ces derniers mois :
L'union fait la force.
Tout n'est pas faux dans vos proverbes humains. Et je me dis, aussi, que certains des oeufs que j'ai dû faire dans mes rêves concernaient cet esprit qui s'est formé en signe de révolte contre une certaine injustice. L'esprit des petits exploités par des grands manipulateurs, des petits exploités qui ne se laisseront plus faire. Ca, c'est peut-être la plus grande leçon qu'il y aura à tirer de cette année.

*
**

Finalement, j'ai laissé passer une journée. On a fait les courses et le soir mon coucou de mari m'a fait jouer à son loisir favori, celui où on incarne des rôles dans des tas de rêves de ciel. J'y incarne une espèce de chamane, vénérant une sorte d'esprit koala, animal de la terre et devant enquêter sur un tueur à moitié psychopathe. Une brute au sang froid devenue tel qu'il est à la suite de la folie manipulatrice d'un savant fou. Un peu une histoire à la créature de Frankeinstein, quoi. Mais version futuriste, magique et flic à la fois. Des fois, je me dis que mon mari devrait proposer des scénarios à des entreprises. Des trucs pour mettre en scène des situations lors d'entretien d'embauche. Il est plutôt doué pour transporter les gens dans d'autres mondes. Pour des activités où, à priori, il n'y a pas de poissons à ferrer. C'est un peu malheureux que la société exige de vous que vos talents soient seulement valorisés quand ils peuvent rapporter des poissons. Je crois que c'est une des chose qui rend mon coucou de mari le plus triste.
Ce matin, je suis allée à la mare, comme d'habitude, toujours avec mes deux voyages dans les bateaux de métal et je n'ai pas fait grand chose. Une heure à ferrer mes poissons, les pattes bien posées au centre de l'étang et trois heures très longues et très poussives pour apprendre comment trouver un travail dans une mare. Un truc extrêmement passionnant, si vous avez le sens du contre-sens. Je finis par penser de plus en plus que ces contrats de qualification sont une énorme fumisterie pour obtenir des tas d'aides afin d'avoir des hérons pêcheurs pour pas cher et que tous les moyens sont bons pour meubler les temps de formation. Je ne sais même pas si je dois en vouloir à la maîtresse de la mare sur le coup. Je ne crois pas. Une partie de la bile que j'ai crachée hier n'est sans doute pas méritée. Elle est tout autant que nous prisonnière d'un système mis au point par des très grands maîtres de la mare et d'une magouille qui fait qu'on doit presque tous (je suppose qu'il y a des mâles dans d'autres mares) être victimes d'une façon absolument barbante de passer le temps.
Je souffle, je m'ébroue, je lisse un peu mon plumage, je me détends. Après tout, j'ai encore eu le temps de me reposer cette après-midi, puisque je ne travaille pas non plus le vendredi à partir de la mi journée.
J'en viens donc au plus gros poisson. Posément, calmement, presque froidement : le grand maître de notre mare. Lui, c'est un cas. Il m'habite tellement qu'il y a quelques semaines je l'ai croisé par hasard sur une des grands voies de ciment qui mènent jusqu'à la capitale. A un port pour remplir les bateaux du liquide tiré de tous ces fossiles. J'ai cru un instant que les vapeurs de la mare formaient les volutes d'une sorte de sombre sortilège dans laquelle j'étais prisonnière. Ca fait vraiment bizarre de croiser son maître de la mare à des centaines de lieues de sa héronnière, par le plus pur des hasard. Sacré maître, il a un beau bateau. Qui va très vite en plus. On s'en est rendus compte quand il nous a dépassé. Mais bon, ça, ce n'est pas très important. Même mon père vogue très vite et se prend des réprimandes de la part des brigades de cigognes volantes. La vitesse en bateau, quand on maîtrise son engin et que je ne suis pas dedans, je n'ai pas grand chose à en dire. Ca s'appelle connaître ou ne pas connaître ses limites et savoir jusqu'à quel point on a envie de risquer sa vie.
Mais je n'arrête pas de m'égarer dans ce rapport. Sans doute les vapeurs du sombre sortilège qui obscurcissent le champ de ma pensée.
Le grand maître de la mare, donc...
Il est fier, bien emplumé, assez dodu et bien nourri. Il tente de montrer aussi qu'il a l'oeil vif, mais c'est oublier, qu'à force de brasser les affaires de la mare, son oeil commence à sérieusement en prendre la couleur exacte : le glauque.
Alors, par où vraiment commencer ?
Ce n'est pas très facile... C'est comme être devant une belle dorade fondante, recouverte d'une jolie sauce hollandaise et qu'on ne sait pas par quel bout l'entamer. Autant laisser mes pensées défiler en vrac, ça sera plus simple :
- Je suppose qu'il est un peu raciste. Si la décision de ne plus embaucher des hérons des plaines du Maghreb ne vient pas de lui, il doit au moins être au courant. Il est même possible qu'il fasse partie de cette légion de hérons dont l'aile penche fortement à droite et qui glougloutent très fort lorsque le plus penché d'entre eux, un vieil héron déplumé et borgne, croasse des chants putrides et nous appelle à obéir à nos plus vils instincts. Sur ce dernier point, je ne suis pas certaine, mais la héron soigneuse qui travaille pour la mare qui s'occupe de la santé de tous les hérons travailleurs m'a confié à moi et à quelques collègues qu'elle pensait qu'il était de cette race là. La pauvre héron soigneuse. Elle n'a pas été très bien reçue dans le bureau du grand maître de la mare. Lorsqu'elle a parlé des stores qui étaient nécessaires, il a répondu : " Vous avez qu'à nous les payer ". Ca donne un peu la couleur, quoi...
- Il est parfois en dehors de la plaque. Non, mais c'est vrai... Notre boulot, dont je n'ai pas vraiment encore beaucoup parlé, est de ferrer des poissons qui veulent acheter des choses vues dans des boites à images, mais on nous fait vendre des planctons ou des petits poissons qui sont parfois en rupture de stock. Alors, bien sûr, ce n'est pas lui qui est toujours directement le responsable, ce sont le plus souvent les dirigeants des émissions des boites à images qui gèrent mal leurs stocks. Mais qui devra ensuite se payer les réclamations une fois que tous les hérons n'auront pas eu le plancton qu'ils voulaient ? Hein ? Ce n'est pas un peu du temps perdu ? Là, mon brave maître de la mare se fait couillonner autant que nous puisqu'il doit gérer des réclamations alors qu'il n'est là que pour diriger une mare qui est censée prendre des commandes, pas recevoir des plaintes. Le monde est fou et à chaque fois qu'on remonte la grande rivière, on trouve des échassiers pour profiter de ceux qui sont en aval.
- Il manque parfois de respect à certains de ses clients. Je suis désolée, mais quand on la responsabilité d'une mare qui cherche à pouvoir passer des commandes pour d'autres mares et que des hérons obtiennent un rendez-vous pour vous, on essaie d'être à l'heure. Ca ne se fait pas d'avoir du retard ou de se la jouer un peu trop décontracté. Je ne dis pas qu'il ait loupé beaucoup de contrats, mais je crois qu'il prend parfois les choses à la légère, surtout quand il arrive, très aérien, aux commandes de son bateau de métal de luxe. Du moins, l'apparence étant importante, il devrait peut-être un peu apprendre à mieux lisser ses plumes dans ce cas là.
- Il laisse s'installer une mauvaise ambiance dans la mare. Je ne vois pour quelle raison, par exemple, les hérons qui travaillent pour lui devraient employer le " vous " alors qu'il emploie le " tu " pour nous. Cette façon d'introduire une distance, par le biais de l'emploi de ces pronoms, ressemble fort à une volonté de nous mettre dans une situation de héronneaux dans une cour d'école. Ce qui est très loin de me plaire. Une fois qu'on a atteint un certain âge, le respect doit exister des deux côtés. Le rapport un peu maître et esclave est quelque chose qui devrait appartenir à un autre âge, même si le maître a gagné son titre de grand maître à force d'une travail acharné et qu'il connaît bien les différences qui existeront toujours entre lui et nous, même si nous n'habitons pas le même monde et si nous avons beaucoup moins de poissons que lui dans notre panier. Nous sommes des hérons, pas des poules dans une basse-cour où se doit de venir pavaner de temps en temps le coq et sa clique. Le coq et sa clique. Je m'ébroue à nouveau un peu et ça me rappelle cette vieille blague sur les hérons français qui dit que ces derniers ont choisi comme emblème le seul animal qui soit content de chanter les pieds dans la merde.
- Il est assez bassement profiteur. Comme par hasard, son bateau de métal est immatriculé dans la zone géographique qui faisait payer le moins cher une sorte de taxe qu'il fallait payer encore voici quelques années. Mais surtout, alors qu'il n'est en rien un héron soigneur, il a collé une sorte de macaron " soigneur " sur la proue de son bateau afin de pouvoir le ranger n'importe où sans avoir à se préoccuper de payer ou des conséquences. Ca, je sais que ça a beaucoup choqué la brave héron soigneuse qui s'en est rendue compte à la fin de son entretien avec lui. Elle a eu envie de revenir pour lui demander si sa femelle était médecin - ce qui n'est pas le cas, vu que la femelle du maître travaille avec lui - mais elle ne l'a pas fait. Peut-être que ceci donnera une suite. Je ne sais pas. A vrai dire, ce genre de comportement de profiteur du système est plutôt quelque chose qu'on encourage dans le ciel de toutes les mares et étangs de la France. On apprécie, en gros, le côté frondeur de ceux qui arrivent à faire un pied de nez au système ou montrent assez de débrouillardise pour s'en sortir. C'est un sport si national qu'on le nomme le Système D. Mais je parle là d'un maître de la mare qui a visiblement largement de quoi gagner sa vie et qui pourrait verser un peu son écot lorsqu'il doit ranger son bateau. Ca n'est peut-être qu'un petit détail, mais c'est vraiment pour moi un des plus singuliers. Profiter du symbole des soigneurs relève, pour moi, d'un processus de pensées qui est à l'opposé de ma nature profonde. C'est comme si j'observais ça au-dessus de la mare et que je le voyais faire ses petites magouilles dans la fange crasse de la mesquinerie la plus profonde. Ce que je me dis, c'est que le monde aurait vraiment besoin de maîtres spirituels, de gens capables de donner l'exemple, pour compenser toutes ces petites tâches de gris foncé.
- Il est assez ouvertement manipulateur. Bien que cette " qualité " ne soit pas un défaut dans le poste de super échassier qu'il occupe, c'est tout de même sans problèmes aucun qu'il compte employer des nouveaux contrats de qualification alors qu'il serait tenu d'engager celles qui ont déjà fait un an pour lui. Je pense que l'idée de laisser se développer une ambiance un peu vérolée au travail de la mare est quelque chose de savamment calculé. Je me trompe peut-être, hein, mais si nous sommes toutes dégoûtées, aucune d'entre-nous ne voudra continuer et il n'aura pas de problèmes à réembaucher des pauvres hérons qu'il sera censé former (de manière plus ou moins bidon la moitié du temps) en recevant des aides de la grande mare centrale de l'Etat Aviaire. Alors bien sûr, on peut dire que les temps sont durs pour les maîtres de la mare, que l'argent ne rentre pas facilement, que les maîtres des mares pour qui il travaille sont encore plus des empiaffés (oui, oui, empiaffés) et qu'il faut bien magouiller un peu pour faire marcher la mare. On pourrait le dire, c'est sûr. Mais, ça n'excuse pas la chose pour moi. Le minimum qu'on attend d'un être aviaire, c'est de savoir parfois faire preuve d'aviairité...
Soupir. J'en vois déjà qui se moquent de moi, qui me rigolent au bec, qui caquettent bien fort que le monde de la mare ne peut pas laisser sa place à la bonté ou à certaines formes de compassion. Et vous voulez que je vous dise ? Je crois que ça n'est pas vrai. Mon dernier maître de la mare était un héron charmant, affable, aimable et qui a su jusqu'au bout, malgré l'échec d'une mare qu'il avait mise en place, rester parfaitement aviaire avec moi et mon coucou de mari. Je repense à lui presque avec une larme à l'oeil tellement il y a de différences avec la manière de faire de notre maître de la mare. Etre un maître n'empêche en rien de pouvoir être à l'écoute des échassiers ou des gallinacés qui bossent pour vous. La société ne peut d'ailleurs que tirer profit d'un système où on serait plus à l'écoute du chant de l'autre. Laisser de telles distances ou manipulations se construire, c'est accepter de perdre son âme. Un peu plus chaque jour. Oh, bien sûr, on peut se foutre des affaires de l'âme. On peut. Mais on finit toujours, un jour, par payer le prix. Ca, c'est une certitude que j'ai acquise depuis très longtemps. Il y a toujours, toujours, un prix à payer pour l'indifférence.
Et si vous cherchez à comprendre comment si jeune, j'ai pu apprendre des choses essentielles, dites-vous bien qu'un autre proverbe a son fond de vérité :
La sagesse n'attend pas le nombre des années.
Par ailleurs, je parle aussi d'expérience familiale, car, finalement, je sais que c'est très dur d'être un maître de la mare. Mon père en est un, voyez vous, un maître de la mare de certaines techniques à appliquer sur les plans de pêche. Et je peux aussi comparer.
- Il est un peu radin. Combien de fois a-t'on dû râler pour obtenir certaines fournitures ? Pourquoi est-ce qu'on a pas nos stores ou une femme de ménage ? L'excuse de la nécessité de faire des économies drastiques sur tout sonne toujours très mal quand on sait que nos salaires sont presque entièrement payés par l'Etat Aviaire et que lui ne s'embête pas dans ses déplacements ou sur son train de vie. Ha, bien sûr le train de vie est une vitrine de la mare. On a pas à être révoltées parce qu'il vient dans son bateau de métal de luxe. Mais au lieu de faire quelques frais personnels qui pourraient sembler inutiles, il n'aurait pas suffi de grand chose pour améliorer le quotidien dès le début. On aurait sans doute moins senti la colère ou le ressentiment s'insinuer en nous.
- Il est possible qu'il soit sectaire. Lorsqu'il a fait passer des entretiens d'embauche pour travailler dans sa mare, il a fait venir des mâles sachant à l'avance qu'il n'en prendrait aucun. Ce brave maître entend seulement régner sur une cour de femelles, si possibles toutes bien blanches. Ou alors, ce sont les hérons qui sont avec lui qui ont décidé de cette politique. Mais mon bec me dit qu'il préfère régner tout de même sur une basse-cour de femelles. Je pense qu'il considère que c'est plus facile et que les poissons que nous devons ferrer sont plus sensibles à notre timbre féminin dans le fil qui chante.
En bref, pour résumer, il manque essentiellement d'aviairité, quoi. Alors, ce n'est même pas que je veuille éprouver une profonde haine à son égard, hein. Ca je n'en suis pas capable et je n'irais pas jusqu'à dire qu'il faut automatiquement en arriver là. Mais c'est simplement que je suis triste, lasse et malheureuse. ../..

Haut de la page

samedi 31 mai 2003 à 14h28
L'Envol du Héron (suite & fin)...
...En bref, pour résumer, il manque essentiellement d'aviairité, quoi. Alors, ce n'est même pas que je veuille éprouver une profonde haine à son égard, hein. Ca je n'en suis pas capable et je n'irais pas jusqu'à dire qu'il faut automatiquement en arriver là. Mais c'est simplement que je suis triste, lasse et malheureuse.
Déjà que, chaque jour, je dois constater à quel point le monde est gris, avec si peu de gens qui portent des couleurs... Non, vraiment, je me dis que c'est peut-être un peu à cause de la façon de se comporter des maîtres de la mare que vient aussi toute cette grisaille. S'ils avaient un peu moins de désirs de gros poissons, s'ils savaient un peu plus écouter les revendications légitimes de certains de leurs hérons, peut-être que la vie serait un peu plus colorée dans les grands bateaux de métal, peut-être que le monde tournerait un peu mieux, qu'il y aurait plus d'harmonie entre le ciel et la terre.
Nous vivons en bande, voyez-vous, dans des sortes de grandes meutes régies par un petit nombre. Si ce petit nombre défaille, il porte la responsabilité de laisser s'embourber la grande masse trop souvent silencieuse parce qu'elle n'a vraiment pas d'autres choix que suivre le mauvais rythme imposé.
C'est pour ça que je lui en veux un peu à notre maître de la mare. En changeant d'angle, en penchant ses ailes d'une autre façon, en apprenant à un peu mieux poser son bec sur le monde, il pourrait non seulement continuer à s'acheter des beaux bateaux de métal mais aussi contribuer aux sourires qui pourraient s'afficher sur les becs de tous ses hérons pêcheurs. Et le sourire ou la joie est tout aussi communicatif que le ressentiment, croyez-moi. Mais on les porte beaucoup mieux en fin de journée et ils mettent de la couleur partout où le cancer du gris s'étale chaque jour un peu plus.
Donnez un peu plus grands maîtres, retrouvez les couches d'aviairité qu'il y a en vous et vous n'aurez jamais de prix à payer. Je ne veux même pas être méchante. A la limite, moi ce que je veux, c'est qu'on vole ou nage tous ensemble, de concert, dans la meilleure des mares. Si mes conseils ou mes critiques ne vous semblent d'aucune utilité et que vous préférez continuer à exploiter votre mare avec une certaine morgue ou suffisance, ça sera sans moi. Et vous pourrez pourrir, sans que j'ai à m'en préoccuper, de cette vérole mentale, de cette nécrose qui gagne peu à peu toutes les strates de la société, de ce cancer de l'âme.
Houps. Il est déjà un peu tard. Et je pense avoir bien fait le tour du maître de la mare. Ce soir, je parle de notre travail et je conclus.

*
**

Ha... finalement, avant de manger le poisson du soir - j'ai décidé de faire des crêpes, tiens - je ne vois pas pourquoi je ne continuerai pas sur ma lancée. J'ai pris un peu de retard cette après-midi avec ma sieste. J'étais vraiment fatiguée. Ca m'a d'ailleurs laissée la tête un peu dans la fiente de mouettes. C'est toujours comme ça quand on dort trop. J'ai aussi commencé un livre qu'a acheté mon coucou de mari. Ca s'appelle " Les gardiens de la Porte ". Il ne l'a pris qu'au titre parce que, depuis des années, il nous fait jouer ça : être des gardiens d'une porte. Je suis à peu près sûre que s'il devait créer un jeu, ça s'appellerait les Gardiens de la Porte ou qu'il y aurait le mot Gardien ou Porte dedans. En plus, ça s'annonce pas mal. Il y a même un peu d'humour dedans, bien que le bouquin appartienne plutôt au genre de la Terreur.
La Terreur... C'est peut-être un des sentiments les plus troubles qui m'ait parfois envahie lorsque j'ai travaillé dans cette mare pendant toute l'année écoulée.
De la terreur ou de l'effroi. Je ne sais pas très bien. Parce que j'ai beau avoir critiqué les façons de faire de mes maîtres de la mare, ils ne sont pas les seuls responsables, très loin de là...
Tout d'abord, il y a le principal employeur de notre mare, ceux qui font une émission, dans la boite à images, pour vendre tout et n'importe quoi. C'est la plus grosse chaîne de la boite à images. Une chaîne qui se fout de ceux qui la regardent en fabriquant des émissions qui fleurent le lisier ou en interrompant des programmes, sans prévenir. Déjà que leur journal des nouvelles du monde est un summum de mauvais goût ou de plongée dans les tripes de la France profonde, je ne préfère même pas m'étaler sur la manière dont l'émission de vente se préoccupe de ses clients.
Ceux contre lesquels il faudrait encore plus hurler, ce sont eux en définitive. Ils travaillent avec beaucoup de délais, sans stocks de poissons construits. Ils faut un temps incroyable pour se faire livrer et quand il y a des erreurs, leur mare chargée de l'après-vente est si petite que de nombreux coups de fils qui chantent - qui crient je devrais dire - retombent sur nous.
Je le dis encore et encore en toute vérité. Quand on a passé près d'une année à entendre des gens râler sur le service, on peut se dire qu'il est certainement mieux de se remuer un peu les plumes et de prendre la peine de faire ses courses dans les grandes mares du commerces tant qu'on habite pas dans des héronnières trop isolées.
Le fait de travailler pour la pire chaîne de la boite à images, pour une émission qui se fout souvent du bec du monde et de ceux avec qui ils sous-traitent, n'a très certainement pas aidé à tempérer la vision que je peux avoir de mes pauvres maîtres de la mare. D'accord, c'est un contrat juteux, mais les dessous de la mare, hein, franchement...
Nous sommes au bout de la chaîne, devant nous prendre, pour tout le monde, le cri des cormorans clients quand ils attendent ce qu'ils ont commandé depuis plusieurs semaines. C'est une situation très difficile qui génère un stress énorme. On peut perdre du poids, des plumes ou la santé. C'est pour ça que ça serait un minimum que ça se passe bien, au moins, dans notre mare.
Parce qu'on se fait tous exploiter par cette grosse émission de la boite à images. Sucer, drainer, vampiriser... Elle emploie une mare qui se trouve obligée de recevoir des appels de réclamations et qui ne touche aucun poisson dessus et les pauvres employées de cette mare, qui travaillent dans des conditions pas toujours très aviaires, se retrouvent parfois confrontées au pire de l'être aviaire.
Parce que si je mentionne bien fort la mare d'où provient la source de tous les poissons qu'on est censées gagner, je n'oublie pas, aussi, certains cormorans clients.
Oui, on les appelle les cormorans clients. Parce qu'ils sont avides des choses de la boite à image. Ils pensent que ça sera plus facile de les commander par le fil qui chante que de se déplacer. Je ne peux pas les blâmer. Mais il faut voir parfois combien la France est profondément enfoncée dans la vase, mon dieu.
C'est incroyable le nombre de... hum, disons quand même le mot... d'idiots ou de naïfs qu'on a au téléphone. Certains sont même prêts à vous donner le code de leur carte magique plutôt que leur numéro de série lorsqu'on leur demande de payer pour leurs poissons.
Il y a aussi les clients cormorans étonnants, qui sortent de l'ordinaire. Ceux qui parlent à leurs animaux de compagnie, essentiellement des chiens, qui font appeler leurs héronneaux, qui ne comprennent rien à ce qu'on leur dit, qui parlent un patois si incompréhensible que je me demande si on est du même pays.
Je me souviens d'un cormoran sourd qui me passe sa femelle parce qu'il ne comprend pas bien ce que je lui chante dans le fil. Je demande à sa brave femelle de noter les références de la commande que son mâle vient de passer et elle me dit : je ne peux pas, je suis aveugle...
Et je passe, bien sûr, les héronneaux qui font des blagues ou les coucous obsédés. Sans oublier tous les quiproquos quand on doit faire du rappel de cormorans clients, ni toutes les erreurs d'administrations des fichiers de paniers de poisson qui font qu'on rappelle parfois plusieurs fois le même cormoran.
Je vous le dis, ça tient parfois de l'abysse même si on a quelques fois des perles très touchantes et attachantes.
Quand je vois la naïveté immense de certains cormorans ou que je suis victime de la méchanceté de certaines mouettes ravageuses, je sens la boule grandir dans ma gorge, je repense à ces mines grises dans le grand bateau de métal et je me demande comment avoir la foi en l'être aviaire.
Car il ne faut pas blâmer seulement les maîtres de la mare qui gèrent mal leur ambiance de pêche, non.
C'est la nature même de l'être aviaire que fait découvrir ce métier. Nous autres, pauvres hérons chargées de ferrer à travers le fil qui chante, nous somme le point focal, le nexus de toutes les tempêtes, nous naviguons à la croisée des chemins de toutes les rancoeurs. De tous les côtés, le ciel est gris et plombé. Alors, encore une fois, mais c'est parce qu'il faut que ça rentre plus loin que dans le gosier, comment voulez-vous qu'on puisse tenir dans ce métier de pêche si les maîtres de la mare n'améliorent pas un peu nos conditions de pêche en faisant preuve d'un peu d'aviairité, hein ? C'est impossible.
Et je me suis bien renseignée. Quand je pêche, voyez-vous, j'aime bien savoir pourquoi et comment sont ceux qui font le même labeur que moi. La conclusion est que plus de soixante pour cent des hérons qui font notre boulot quittent leur mare. C'est tout de même symptomatique d'un mal être. J'ai même lu, dans un croazine, que mon travail de pêcheuse correspond à ce qui se rapproche le plus de l'esclavage moderne. Des pressions, des pressions, du stress, sans cesse et pas vraiment quelque chose pour voir le ciel bleu.
Ho bien sûr, je me répète encore, je ne fais pas un travail physique, sous le soleil, comme ceux qui construisent les grandes routes de ciment. Je ne suis pas confrontée à l'ignorance parfois crasse de certains héronneaux qui n'hésitent pas à renvoyer plonger leur professeur de pêche, mais tout de même...
Un des facteurs de stress le plus important, c'est bien connu, c'est le bruit. Et la charge de reproches qu'on doit gérer toute la journée à cause d'une mauvaise gestion de la mare qui est en amont de la nôtre est quelque chose que je ne souhaite à personne tant qu'il n'existera pas un peu plus de sérieux de la part des maîtres de la mare qui devraient mieux fabriquer leurs produits et d'aviairité de la part des maîtres de la mare qui doivent gérer le stress des coups de feu où de nombreuses commandes de poissons sont passées.
Je n'ai pas vraiment de solution générale au problème. C'est l'affaire de chacun. De se prendre en main. D'un côté, le cormoran qui devrait un peu moins verser sa bile, même si je peux comprendre qu'il a eu, lui aussi, une dure journée dans sa mare et qu'il voudrait bien avoir ce qu'il a commandé. De l'autre, ceux qui vendent des poissons par le fil qui chante et qui gagneraient à mieux gérer leurs méthodes de stocks ou façon de livrer.
Je parle de ceux qui font des émissions dans la boite à image, mais ça ne s'arrête pas là. On pêche aussi pour d'autres mares, du genre appeler des cormorans pour savoir s'ils seraient intéressés par tel ou tel poisson ou s'ils viendront bien à telle ou telle réunion de pêche.
Je suis lasse, car le boulot que je fais dans ma mare est normalement appelé à se développer de plus en plus, partout dans les sociétés de hérons civilisés ou c'est tellement plus simple de commander des poissons par la matrice ou le fil qui chante. Mais si c'est pour que ça se passe dans les conditions où je les ai faites, alors là... Non. Tout simplement. Parce l'aviairité est trop égoïste et ne se soucie pas assez du long terme. C'est aussi simple que ça.
Il existe, bien sûr, la solution de pêcher depuis sa héronnière. C'est ce que j'ai obtenu en discutant un peu avec mon maître de la mare. Disons que - sans me vanter outre mesure - je suis loin d'être la moins douée à la pêche et que le fait de devoir passer près de deux heures chaque jour dans les transports me tape un peu sur les nerfs. J'ai par conséquent fait valoir que j'y gagnerais à pêcher chez moi. Ca a été le cas en partie dans les derniers mois, bien que la maîtresse de la mare ait souvent exigé, à la dernière minute, que je me rende à la mare. Là-dessus, je peux au moins donner un bon point au maître de la mare qui a été surpris par cet état de fait puisque j'avais négocié de pouvoir ferrer de chez moi. En n'ayant déjà plus le stress du transport, en gérant ses propres horaires de pêche, le métier possède sans conteste une dimension beaucoup plus aviaire.
Le seul problème reste la bonne façon que possède la mare qui nous emploie d'administrer ses ressources et de trouver assez de sources pour avoir de quoi pêcher. Car on est payées au coup de fil qui chante. Il n'y a pas de poissons ou de batraciens fixes.
Pour comparer avec le travail dans la mare, je dois avouer que j'ai vu le temps passer beaucoup plus vite en restant chez moi. Il ne reste guère qu'un léger problème, celui des coups de fil qui chante que je suis obligée de passer chaque jour à la maison mare de notre maître de la mare et qui se situe dans une contrée du nord de la France. Ca coûte à chaque fois et j'aurais dû avoir un petit dédommagement.
J'ai d'ailleurs un peu en travers de la gorge la réflexion de mon maître de la mare qui m'a dit, qu'en échange, j'économisais les places dans les grands bateaux de métal et que ça n'était donc pas si important que j'ai ce dédommagement. L'égoïsme ou la courte vue. Encore ça, alors qu'il avait plus ou moins enguirlandé la maîtresse de la mare parce que je bossais encore dans la mare. A certains moments, il sait faire bien, et l'instant d'après, on peut être déçues. Je repense aux frissons que j'ai eu lorsqu'il m'a répondu du tac au tac que mon dédommagement n'était pas une priorité. Bon sang, en étant pas sur le lieu de travail, je lui fais déjà économiser un poste, de l'électricité, l'eau des commodités... C'est donc, a priori, tous bénéfices pour lui. Mais non, il trouve le moyen de me parler des gains que je fais en ne prenant pas le bateau de métal.
Et ce que je dépense en restant dans ma mare, même si j'y gagne du confort ?
Encore, et encore, et encore :
Une once d'aviairité.
Je ne demande pas plus, c'est le nerf de la guerre.
Je vais manger les crêpes que j'ai faites, tiens, et je fais ma conclusion tout à l'heure.

*
**

Finalement, j'ai laissé passer la nuit. Mon mari a accepté de regarder une émission enregistrée dans la boite à images et puis il a fini - en solo - un petit bout de scénario que j'ai avec un autre personnage, une sorte de pirate matricielle douée de pouvoirs psychiques et possédant un statut d'élu. Elle voulait apprendre à rentrer dans les rêves des gens par une sorte de technique magique et, en gros, le scénario impliquait une épreuve spirituelle où mon personnage se retrouvait confronté à des choix dans un monde parallèle, au devenir probable du fil des choses ou à la possibilité d'établir un contact avec les prochaines incarnations de personnages décédés.
Du coup, je n'ai pas eu vraiment le temps de continuer. Mais ça n'est pas grave, l'esprit a besoin de s'évader, de s'envoler. Et c'est exactement ce qu'il me fallait.
Cela dit, avant de parler de mon envol, je tiens à revenir sur ce que j'ai dit au cours de ces trente pages, sur la conclusion de ce petit rapport que je dresse. Je travaille cette après-midi mais c'est l'heure de ma pause. J'évite un peu mon corbac de mari qui grogne parce qu'il veut finir sa sculpture aujourd'hui et qu'il exige le silence. Il n'est pas capable de créer quand il y a le moindre bruit. Des fois, il me fait un peu peur à aimer autant être seul. Bref, je me fais mon thé toute seule - oui, oui, je bois du thé, je le répète et je me relis.
Je me relis, je me relis.
Et malgré tout ce qui peut ressembler à des méchancetés, malgré tout ce qui peut sembler dur, je suis désolée, mais je n'ai rien envie de changer, ni de me censurer. Je crois que j'ai bien résumé le fond de ma pensée et de celle de nombres d'entre-nous, hérons balayés par cet océan de gris.
En fait, je n'ai oublié qu'une chose. Mais comme ce rapport est orienté, c'est bien normal. Je n'ai pas beaucoup parlé de la faute qui incombe à tous les hérons, comme moi. Je n'ai pas dit que nous avions une grosse part de responsabilités en laissant faire les choses, en ne réagissant pas, en nous laissant enfermer dans la sclérose. Nous aurions dû réagir dès le début. Nous aurions dû ne pas avoir peur de perdre notre panière à poissons.
Nous ne devons pas oublier que la grisaille s'installe plus vite quand on abandonne tout espoir. Et que la perte de l'espoir ronge aussi sûrement et même plus rapidement l'âme qu'un mauvais maître de la mare. Il ne faut pas oublier que le principal artisan de son propre malheur n'est pas l'oiseau qui se trouve en face de vous dans la mare ou qui vous commande mais celui que vous voyez lorsque vous penchez le bec au-dessus de la mare. Si quelque chose ne va pas dans ce qu'on fait, même si on risque de souffrir du manque de poissons, rien ne nous oblige à continuer. On peut prévenir l'inspection des pêcheurs, on peut faire valoir ses droits ou décider de partir. Même si le système n'est pas toujours arrangeant.
Ce n'est pas parce que nous devons essuyer le mauvaise humeur d'un oiseau que nous devons ensuite nous déverser sur quelqu'un d'autres. Le fleuve de la rancoeur est bien souvent trop gonflé, ne cessant de se charger à chaque maillon de la chaîne des pêcheurs pour former un delta de boue et de détritus dans lequel personne ne peut avoir pied. Si un salopard jette quelque chose en amont, ce n'est pas pour autant qu'on doit en jeter deux de plus en aval. Il faut rester clair sur ce point.
Et voilà mes vrais conseils. Pour que la mare tourne mieux, il faut :
- Plus de poissons dépensés dans le confort des hérons travailleurs. Avec un peu, on peut apporter beaucoup au moral.
- Une formation plus intéressante que des tests ou des techniques de recherches d'emploi.
- Reconnaître les hérons à leurs justes valeurs et faire valider des choses qu'on nous a apprises ou demander de faire alors que ce n'était pas dans le cadre de notre formation. Je pense à cette brave héron qui a dû faire le héron commercial alors que ce n'est pas du tout sa branche. Je n'ai rien contre le fait qu'on fasse des tas de choses différentes, hein. La polyvalence n'est pas faite pour me gêner. Mais ça serait un plus que ça soit validé à la fin de l'année.
- Plus d'aviairité à tous les échelons, ne pas pratiquer la politique du diviser pour mieux régner, éviter de prendre les hérons de trop haut, ne pas hésiter à râler quand les grands maîtres de la mare des boites à image font mal leur pêche, ne pas se sentir offusquées si une réprimande est légitime, ne pas jouer les sangsues.
- Payer les heures passées à ferrer alors qu'on aurait dû être formées.
- Engager des hérons sur leurs talents en évitant d'être sectaires avec les mâles ou les hérons du Maghreb.
- Vérifier le niveau de compétences de notre maîtresse de la mare actuelle. Est-ce que ses façons de faire sont parfaitement adaptées ? Je ne crois pas. En tant que grand maître de la mare, je pense que je l'aurais obligée à suivre un peu plus de stages pour améliorer ses capacités ou que je l'aurais carrément relocalisée. C'est sans doute vache, mais je suis aviaire, après tout. Disons, surtout, qu'il faudrait un vrai bon planning cohérent et moins d'hypocrisie sur le meublage du temps. Là, je dois reconnaître, une fois de plus, que notre maîtresse de la mare n'est pas responsable du système d'exploitation. On dira donc - mais c'est que j'ai eu plusieurs fois de la colère contre elle, d'où ma longue tirade - qu'il faudrait qu'elle revoit des bouts de son caractère et qu'elle pêche plus près de l'endroit où habite sa fille. Elle serait peut-être moins aigrie à cause du dépaysement.
- Virer le macaron soigneur sur le bateau de métal de luxe du grand maître de la mare. Ca la fiche vraiment très mal quand ça s'apprend. Et je finis sur ce détail, parce que je le répète, il englobe bien le tout.

Il y a sans doute des choses à rajouter. J'en ai bien conscience. Je sais aussi que ce rapport qu'on m'a demandé n'est pas construit de façon classique puisque j'y parle de certains aspects de ma vie d'oiseau.
Cela dit, il n'y a pas de raisons qu'il en soit autrement. Puisque je ne cesse de répéter qu'une mare doit tourner avec beaucoup plus de sentiments aviaires, je ne peux pas faire moins que distiller un peu ce que je suis et de finir par expliquer mes aspirations, à la suite de ce long travail dans la mare.
Elles sont toutes simples.
Je veux m'envoler et ne plus jamais avoir à faire à de la mesquinerie ou à des mauvais rapports avec les oiseaux. Je préfère de loin, de très, très loin travailler seule et gérer mon temps. Parce que c'est très dur, trop dur de devoir supporter tout ce gris et ces oiseaux qui ne font pas l'effort de bouger. Oh, bien sûr, j'ai découvert la solidarité avec d'autres collègues hérons et je me suis même fait quelques copines mais le prix à payer à été lourd. Très lourd.
Par ailleurs, peut-être que c'est mon mari qui déteint sur moi pour le coup, je me suis rendue compte que j'ai énormément de mal à faire un travail répétitif. Je pense être résolument faite pour une mare où une grande place est laissée à l'aviairité. Dans les mailles de tous les métiers du fil qui chante, je crois que c'est le conseil au cormoran qui me plairait vraiment plus que le reste.
Cela dit, je ne veux pas regretter cette année non plus. J'ai appris que j'étais capable dans ce travail et que je pouvais être parmi les plus compétentes. C'est juste que j'ai besoin de pouvoir déployer mes ailes. Une chose qu'on ne fait pas assez souvent. Plus le temps passe, et plus je me dis que je dois m'envoler vers les nuages, là où certains oiseaux passent plus de temps à chanter qu'à vraiment ferrer des poissons. Je n'ai pas vraiment idée de l'intitulé exacte d'un rôle qui me conviendrait dans les grands ballets du ciel, mais je sais que ça a à voir avec ma capacité d'analyse, mon aviairité et mon sens du jugement.
D'ici quelques semaines, mon contrat sera fini. L'été chantera sur toutes les mares et en-dessous de tous les nuages. Je pense que je vais prendre un gros envol. Un de ceux où on est libre, détaché des contraintes de la mare, même si on ne gagne pas de poissons. J'en profiterai pour découvrir quelques paysages, retrouver des horizons familiers et puis viendra la rentrée, la période de migration vers ce qui est censé être le monde de la grisaille et de la pêche aux gros poissons. Mais forte de mes ailes, que j'aurais déployées, déployées, très haut dans le ciel en me gorgeant d'un air tiède à pleins poumons, je ne m'en fais pas. Je sais que je trouverai quelque chose où je serais amenée à avoir des responsabilités et à gérer le plus possible par moi-même ma mare.
Voilà ce que m'a permis d'apprendre cette année. Je suis du ciel et de l'aviarité. Et je ne laisserais jamais la grisaille me ronger totalement. Jamais. Car il y a quelque chose de plus important que de pêcher tous les poissons du monde, c'est de savoir conserver son âme, les ailes bien déployées.
Libre, même les pattes dans la mare.
Et ça porte un titre, celui de ce rapport :
L'envol du héron.
Tout simplement.

Haut de la page

lundi 2 juin 2003 à 22h38
Le Grand Secret...
Confier un secret à quelqu'un, c'est un peu se débarrasser d'un fardeau trop difficile à porter seul... Ou d'un tabou, même s'il est délicieux, qui pourrait choquer la "Bienséance", la morale dont l'hypocrisie n'a pas de limites...

Malgré moi, il m'arrive souvent d'être ce quelqu'un à qui l'on se confie. Ah bien sûr, d'un côté c'est flatteur de connaître ce bout de jardin secret, cette parcelle de vie cachée aux regards des curieux. D'avoir l'exclusivité, d'être la personne à qui l'on fait entièrement confiance pour ne pas révéler l'honteux, l'intime, l'inavouable... Mais il arrive que le secret soit aussi trop lourd à porter pour la personne à qui l'on se confie.

Et pour moi, un secret c'est pas du pipi de chat. Plus comme un serment de confidentialité tacite que je ne trahis pour ainsi dire jamais. A perpétuité. Même si l'envie m'en prends parfois de me décharger de certaines choses sur quelqu'un d'autre...

Il y a quelques années, ma meilleure amie du moment (la notion de "meilleure amie" se perd énormément lorsqu'on vit en couple) a trahi un de mes secrets en racontant tout à son homme. J'étais tout simplement très déçue, même si je ne lui en ai jamais reparlé par la suite. Mon homme aussi n'a pas résisté à la solution de facilité, ne sachant comment surmonter l'un de mes secrets, le plus douloureux sans doute. Trahison. J'ai toujours ces deux faux pas en travers de la gorge... Déjà qu'accorder sa confiance n'est pas facile, que je suis très pudique lorsqu'il s'agit de certaines choses de mon passé ou de mes sentiments...

Alors pourrais-je même trahir cette close de confidentialité dans ce journal en retranscrivant ce qu'on a pu me confier?
Peut-être. Je m'accorde le bénéfice du doute et referme donc cette parenthèse.

Haut de la page

mardi 3 juin 2003 à 18h00
Azote, Runes et Harry Potter...
Hier, nous sommes allés chez Feu Vert changer les pneus de la voiture, les gonfler à l'azote (option de glandeurs invétérés) et règler le parallélisme. Résultat: facture bien salée et deux heures d'attente à écumer les magasins de la zone commerciale. Décathlon et ses shorts de randos aussi chers que ses tentes, Darty et ses appareils dernier cri, Joué Club... Ou l'art de voir ce qu'on ne peut absolument pas s'offrir en restant raisonnables. Enfin, ils ont vraiment pris le temps pour la voiture, ce qui fait que nous nous sommes trimballés pendant 3/4 d'heure une tarte aux framboises dégoulinante de sucre et surtout que je suis rentrée tard, bravant honteusement le couvre-feu de 18h de mon arrêt maladie. Je ne pense pas que l'inspecteur de la CPAM s'amuse à passer à une telle heure, mais on ne sait jamais avec ma chance habituelle...

Aujourd'hui, rebelotte, à croire que je veux flinguer mon compte BNP en un temps record. Mais j'ai des circonstances atténuantes: en une semaine se concentrent les 35 ans de mon homme, les 14 ans de mon frère, la fête des pères et notre anniversaire de rencontre en RL. En bref, le mois de juin niveau finances, c'est pas trop ça!

Tout ça pour dire que dès qu'il s'agit de trouver des idées cadeau, y a plus personne. Je n'ai aucune imagination de ce côté là, ça finit toujours avec la recette bouquin-DVD-articles de déco. Je me suis parfois aventurée dans certaines originalités mais sans grand résultat. Je me souviens encore de l'expression atterrée du visage de mon homme lorsque je lui ai offert un bon-cadeau pour une séance de massage pour Noël. Le pire, c'est qu'il a apprécié cette séance, mais sur le moment, il a trouvé ça "bizarre", comme si je lui offrais une nuit dans un hôtel de passe...

Du coup, j'offre des cadeaux qui ne ressemblent en rien à des surprises. Je planifie à l'avance, demande à l'intéressé s'il a des envies particulières et passe commande sur Amazon. Un roman policier pour mon père, un livre de runes et 3 suppléments de jdr pour mon homme, le DVD d'Harry Potter 2 pour mon frère. Waouh, quelle imagination! Je me surprends moi-même...

Haut de la page

jeudi 5 juin 2003 à 17h00
24 heures...
14 heures, mercredi 4 juin

Je m'attaque à la pile de vêtements à repasser qui m'attend depuis une semaine ou deux. La chaleur est étouffante, l'air moite. Ouvrir la fenêtre pour faire courant d'air est un véritable supplice : les travaux de ravalement de façade de l'immeuble d'en face sont assourdissants en plus de faire vibrer les murs et les meubles à longueur de journée...

14h30

Débarquement des copains avec qui on a prévu une partie de jeu de rôles cet après-midi. On s'amuse, on rigole. J'oublie la canicule.

16h00

L'heure de ma permission a sonné. J'annonce que je vais faire un loto pour ce soir et sors en espérant que le ciel plombé n'est pas d'aussi mauvais augure qu'il le laisse présager. Sur le chemin vers le buraliste, je me persuade que j'ai gagné quelque chose sur les 5 semaines de loto que ma mère m'a offert... 50€ c'est pas beaucoup. 100 serait beaucoup mieux !

16h07

Un vieux au sonotone fait répéter 20 fois la même chose au buraliste. Apparemment, il ne veut pas le joker du loto alors qu'il l'a coché. Je poireaute. Finalement, on passe mon bon de loto à la machine. Une expression de surprise passe sur le visage de l'employée. « Vous avez gagné 117€75 » m'annonce-t-elle. Je dissimule tant bien que mal mon étonnement, je ne gagne jamais ! Je repars le coeur guilleret avec mon petit pécule dans la poche arrière.

16h13

Une goutte sur ma joue. Une autre sur mon verre de lunette. Une bourrasque à décorner un cerf et des trombes qui tombent du ciel. J'avance péniblement, commençant à ressasser la tempête de décembre 99. J'arrive près du parking de l'immeuble, des milliers de feuilles s'envolent avec violence dans un amas d'eau, de sable et de terre. Je peine à distinguer ce qui se passe devant moi, mes yeux pleurent sous l'effet du sable. Je cours en affrontant les rafales de vent et de pluie, les gens vont en tout sens se réfugier dans les halls d'immeuble. Je parviens en bas de l'immeuble, légèrement paniquée, complètement trempée et essoufflée, du sable et de la terre plein les oreilles et les yeux. Concours de tee-shirt mouillé en perspective...

21h30

Je vérifie sur le site de la Française des Jeux. Trois fois trois numéros et surtout le joker qui nous fait gagner. Ma soeur m'appelle par messenger. Elle m'annonce que comme elle le redoutait, elle s'est fait entuber par son avocate. Cette p*** joue sur deux tableaux pour se faire un max de fric. Je suis écoeurée. J'avale mon dîner sans réfléchir à ce que j'ingurgite et cherche des solutions. Ca paraît sans issue. Y a pas de justice, enfin si : mais elle est vérolée par les ambitions pécuniaires de certains pourris...

23h00

C'est l'heure de 24, l'heure de se changer les idées ! Jack Bauer ne peut faire confiance à personne. Je crois que ma soeur en est rendue à la même chose... Idem pour moi : une seconde taupe a été démasquée au boulot ! Et moi qui croyais qu'on était solidaires...

1h00, jeudi 5 juin

Ramassage d'email. J'entends le bruit d'un messenger. Surprise : un de mes tout premiers contacts Internet est en ligne et m'appelle ! Drôle d'impression. Nous n'avions pas chatté depuis trois bonnes années. Après près de deux ans d'échanges de mails, de chats à rallonge et de quelques rencontres sur Paname. Ca fait bizarre. Je ne pensais pas le croiser à nouveau sur ma route...

2h00

Concert de Robbie Williams. Ce type est complètement fou. Ses danseuses en talon-aiguilles et porte-jarretelles noirs se trémoussent et prennent des positions quasi-lesbiennes. Robbie claque le cul de sa choriste après avoir mimé l'acte sexuel derrière elle. Il est bien foutu le con avec ses tribaux sur les bras !

11h28

Réveil en douceur. Je me décide aujourd'hui à taper ce foutu rapport pour le boulot. Plus pour avoir une preuve écrite pour moi que pour eux. Ca peut toujours servir...

13h00

Je lance un avis de recherche par email pour approfondir la seule piste possible pour obtenir des preuves pour ma soeur. L'avocate l'empêchera d'aller en procès autrement...

14h00

Je commence ce fichu rapport...

Haut de la page

mercredi 11 juin 2003 à 15h05
Bon Anniversaire, mon Ange
Lorsque tu avais 30 ans et que j'en avais 20, nous nous sommes rencontrés par hasard sur la grande toile numérique. Cet écart d'âge n'avait pas d'importance et il n'en a toujours pas. Ce fut le coup de foudre immédiat, ou presque. Coup de foudre des âmes tout du moins...

Pour tes 31 ans, je t'ai offert ma déclaration. Mon amour sans borne qu'aucun ne pourrait entraver. Nous comptions les heures, les minutes, les secondes qui nous séparaient l'un de l'autre. Lorsque nos corps pourraient se rejoindre pour cette "harmonie" que reflètait le nom du salon où nous nous retrouvions le soir pour parler de longues heures durant...

Pour tes 32 ans, je t'ai fait un petit dessin, une bande dessinée. Rien de transcendant, mais je voulais ajouter ma touche personnelle au cadeau que nous avions choisi ensemble. Histoire qu'une petite surprise agrémente cette journée à laquelle tu accordes tant d'importance...

Pour tes 33 ans, je ne pouvais pas être là à l'heure exacte de ta naissance. J'ai donc eu l'idée de t'écrire une petite carte et de la cacher afin d'être présente en esprit. Je t'ai appelé du boulot et t'ai indiqué de regarder sous la boîte de lingettes des WC, quelle planque idéale! Mais tu ne t'y attendais pas, j'ai donc réussi ma mission...

Pour tes 34 ans, je ne me souviens pas t'avoir fait de surprise. Nous sommes allés au cinéma, je me souviens. Nous ne savions pas alors qu'allait débuter une année assez sombre, un peu pour moi, surtout pour toi.

Pour tes 35 ans, j'ai bien peur que tes cadeaux ne soient différés à quelques jours. Le risque en commandant par correspondance. Ma touche personnelle, la voilà. Une petite lettre sans prétention pour te souhaiter un bon anniversaire.

En 5 ans, tes cheveux ont poussé, ta barbe t'a mangé peu à peu les joues, tes lunettes de soleil ont caché ton regard noisette. Et je pense que mon amour pour toi et notre complicité n'ont fait que s'accroître au fil du temps. Même si je préfère quand tes cheveux sont attachés, tes joues rasées et tes lunettes remontées pour dévoiler ton visage d'ange que j'ai toujours envie de couvrir de baisers, comme au premier jour...

Restrospectivement, l'année passée est sans doute la moins bonne que nous ayons passée ensemble. D'abord les nouvelles concernant ton père, puis ta maladie à l'oeil, tes crises d'angoisse, les anxiolytiques. Mon boulot absolument abominable qui me bouffe la santé et le moral, des nouvelles pas toujours très heureuses du côté de ma famille. Un état financier ne permettant pas de s'octroyer un petit voyage vers les Etats-Unis comme nous l'aurions tout deux souhaité...

Un mal pour un bien, même si cette année n'a pas été très productive pour nous deux, elle t'a permis de faire ce journal en ligne, une bonne thérapie et un moyen d'éprouver tes talents d'écrivain régulièrement. Une période de transition pour repartir sur de meilleures bases je l'espère. Une année de remise en question aussi pour moi, j'ai vraiment envie de faire autre chose que ce que le bon sens m'indique, en bref de faire ce qui me plaît, de ne plus être l'esclave de salauds dont les aspirations et l'éthique sont aux antipodes de mes convictions. J'ai envie d'aider les autres, pas de les pousser à faire grimper mon chiffre d'affaire...

Tu sais que mon seul regret depuis que je t'ai connu, c'est de ne pas t'avoir poussé à quitter cette ville pour que nous commencions quelque chose de neuf ailleurs, ensemble. Mais cette frustration est heureusement estompée par le fait que nous soyons ensemble après ces mois de courts week-ends et de larmes versées dans le TGV vers Montparnasse un lundi matin sur deux à 6h14. J'espère toujours néanmoins que nous aurons bientôt l'occasion d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte.

Tu disais dans ton dernier post que tu te voyais comme un looser, je ne pense pas a priori que ce soit vrai. Bien sûr, tu n'as pas une situation professionnelle stable, pas de revenu. D'un autre côté, tu ne fais pas quelque chose qui ne te ressemble pas, comme je l'ai fait lors de l'année écoulée. Et surtout, tu m'as fait découvrir l'amour et plein d'autres choses. Tu me rends heureuse, tu me soutiens, tu es là pour moi malgré ton côté "ours pourri" qui est parfois blessant. Tu m'as donné un peu plus confiance en moi et peut-être même sortie un peu de mon côté introverti...

Bon anniversaire mon Ange.

Je t'aime.


~Ta Petite Femme~

Haut de la page

mercredi 11 juin 2003 à 16h39
Avant-Première...
Hier soir, nous sommes allés à l'avant-première des "Triplettes de Belleville", un dessin-animé réalisé par un "enfant du pays" comme le proclamait fièrement le maire dans son discours précédant la projection. En fait, le réa n'est autre qu'un ancien élève des Beaux-Arts de la ville et d'ailleurs ça s'en ressent sur ce film qui ressemble vraiment à une bande-dessinée animée.

Enfin, c'était un très bon divertissement, avec une bonne dose d'humour, des dessins sympas (surtout les décors) une bande-son géniale qui remplace merveilleusement bien la quasi-absence de dialogues. Ah oui, le film est très "Tatisien" sauf que c'est beaucoup plus cynique et moins "soft", les héros ne sont pas aussi "victimisés" et traités avec beaucoup moins de tendresse que ce cher Mr Hulot. Mais c'était vraiment un très bon dessin-animé, même si vu sur des fauteuils tape-culs.

Au sortir de la projection est venu le temps du "cocktail-dînatoire" comme ils disent. Quelques connaissances de mon homme, ex-beaux-artistes de leur état, ont prétendu l'avoir reconnu à son rire tonitruant et communicatif à chaque scène humoristique. J'avoue que j'avais même tendance à rougir de honte à chaque éclat de rire de se part car dans une petite salle de ciné "culturel" comme celle-ci, on est vite repéré. C'est que mon éternel recherche d'anonymat est mis à mal dans ce genre de situations. Et lorsqu'il est impossible de se fondre dans la masse lorsque le comité est aussi réduit, j'en viens parfois à préférer être dans la foule anonyme du métro parisien à l'heure de pointe...

Nous nous sommes donc pris au jeu du pique-assietting, un sport très prisé des jet-setteurs sur le retour auxquels on peut s'identifier l'espace de quelques minutes. Entre les canapés et petits fours du traiteur et le groupe de musique classique qui jouait, on s'y croyait presque, manquait plus que les chapeaux excentriques pour les bourgeoises et les costumes italiens pour les snobs.

Après s'être empiffré, nous sommes rentrés dans notre villa qui donne sur la Méditerrannée.. euh, dans notre appart de quartier...

C'était une bonne soirée...

Haut de la page

samedi 14 juin 2003 à 13h07
Comme un Roman Harlequin...
Il me semble que le train était annoncé pour 13h07, à quelques minutes près.

En tout cas, c'était un lundi, pour sûr. Le lundi 14 juin 1999...

- Flash-back - Une semaine auparavant, je suis au centre commercial où ma mère et moi avons dévalisé Mango pour me trouver des fringues pour un mariage, en sachant pertinemment qu'il se soldera irrémédiablement par un divorce. A 13h07, devant un manège déserté par les gosses, je compose son numéro sur mon cellulaire et lui annonce : « plus qu'une semaine pile-poils et nous sommes ensemble ! ».

C'est fou, je m'en souviens encore comme si c'était hier ! Le temps passe tellement vite depuis cette période...

Dans le train, je médite sur l'instant présent qui marque un tournant décisif dans ma vie : finis le célibat, les allusions hasardeuses avec les copains, les restos improvisés avec un parfait inconnu, les regards en coin, les jeux de séduction en boîte avec une complice... Terminé ! Et le plus étonnant pour moi, c'est d'être totalement en accord avec moi même, zen, sans aucune appréhension...

Tout est si simple... Et pourtant - Flash-Back - Quelques mois auparavant, j'étais la première à dire haut et fort qu'il était inenvisageable de passer sa vie avec un seul homme, de se réveiller chaque matin à ses côtés, de se donner à lui et lui seul...

Pauvre idiote ! De tels discours ne sortent que de la bouche de ceux qui n'ont jamais connu l'Amour...

Il y a 4 ans, à 13h07... Le TGV entre en gare, je scrute fébrilement par le hublot la silhouette de l'homme de ma vie. L'idée qu'il n'est qu'un imposteur, que personne ne correspondant aux photos ne vienne m'accueillir ne m'effleure même pas l'esprit.

Mon regard capte le sien. Le train s'arrête. Je descends la première, me dirige rapidement dans sa direction, lui dans la mienne. J'arrive en face de lui, lâche mon sac de voyage à terre, me mets sur la pointe des pieds. Il me sourit, reste silencieux. Me prend dans ses bras. Nous échangeons un long baiser passionné, celui que nous attendions depuis un mois et demi. Le temps s'arrête, le quai est désert, il nous appartient...

« Il n'y aurait que toi contre moi
Et l'amour contre notre amour...»

Haut de la page

mercredi 18 juin 2003 à 18h25
D'autres horizons...
Après une année pourrie à rester cloîtrée comme une nonne à son couvent dans cette ville morose, l'été s'annonce plutôt bien.

Tout d'abord, départ dans une semaine à Nantes où vis ma tante C. et sa petite famille. Là-bas, on retrouvera aussi mon oncle T. qui vit aux USA et est en vacances en France. On restera 2-3 jours et puis direction le Finistère voir la mère de mon homme, puis son père (sur une île, je sens que je vais vomir mon ptit déj' sur le bateau, moi). Ma seule frustration, c'est que l'Atlantique est vraiment trop froid pour se baigner...

Ensuite, nous reviendrons ici quelques temps puis repartirons à la fin du mois de juillet pour la Seine et Marne. Il faut bien que quelqu'un garde la maison et les chats de mes parents pendant leurs vacances ! Quelle dévotion quand même... Une dizaine de jours dans « ma » maison et « mon » jardin, dans « mon » pays... Et tout ça près de Paname, trop dure la vie !

Et puis je finirais sans doute par rejoindre mes parents dans le Var. Parce que je le vaut bien... Le seul hic, c'est que je ne sais pas si mon homme suivra. J'essaierai de le corrompre, on verra bien ! En tout cas la Méditerranée est nettement plus propice aux baignades ;)

Mes derniers étés n'ont pas été aussi chouettes. La plupart du temps je bossais et devais donc subir le pire des châtiments, c'est à dire passer les plus beaux mois de l'année dans une région désertée où seuls subsistent les vieux, les cons et les vieux cons... Bon, c'est vrai qu'il y a deux ans, nous sommes partis en septembre sur la côte ouest des USA et c'était vraiment dépaysant pour le coup...

On en parlait tout à l'heure avec mon homme. Partir 6 mois à l'étranger, trouver auparavant un éditeur susceptible d'être intéressé par le récit de ce voyage... Ca serait l'idéal, mais pas facilement réalisable ! En fait j'adorerais faire le boulot de ceux qui bossent pour des guides genre Lonely Planet ou le Routard. Vivre du voyage, ça serait l'apothéose...

Les voyages restent vraiment ma grande passion (et non, pas le Tiercé)... J'aurais pu trouver moins onéreux, je sais... Bon, du coup je voyage dans l'imaginaire, les livres, la TV, le jeu de rôles... Ca compense ! Mais bon, je ne peux pas me plaindre, j'ai déjà découvert pas mal de choses pour mon âge :

- La Côte Ouest des Etats-Unis par deux fois (deux aspects différents, les parcs nationaux du grand ouest et la côte proprement dite de Vancouver à San Diego),
- Londres, j'y suis allée 3 fois, dont une pendant 15 jours en séjour linguistique avec ma meilleure amie (que de bons souvenirs !),
- Florence, Pise et la Toscane,
- L'Andalousie, la Catalogne et les environs de Madrid, Gibraltar,
- Oostende en Belgique, en coup de vent,
- Dublin et ses environs,
- Malte,
- Madagascar (pas en entier hein, c'est immense !),
- La Réunion,
- Et plein de coins de France, surtout dans le sud...

Bon, le souci c'est que tout me plaît, j'aimerais visiter d'autres endroits, certes, mais j'aimerais également retourner dans ceux qui m'ont le plus plu. Les USA par exemple, pour faire découvrir à mon homme les parcs du grand ouest et pour approfondir notre voyage « initiatique » d'il y a 2 ans.

Et puis il y a le Nouvelle Calédonie où mon homme a passé son enfance et puis l'Australie où nous aimerions tous deux aller...

Tant de choses que le monde nous offre !

Faut que je gagne au loto...

Haut de la page

jeudi 19 juin 2003 à 19h49
24, c'est fini...
Terminé le premier volet des aventures de Jack Bauer! Durant douze semaines, 24 m'a tenu en haleine, avec la frustration des cliffhangers à n'en plus finir et malgré des horaires de programmation pourris par le foute et les pubs de TF1-la-chaîne-des-requins.

Bilan: série assez originale, très rythmée (on ne s'ennuie pas) avec un assez bon casting. En effet, qui n'a pas envie de donner des baffes à la femme du sénateur, à élire David Palmer président, à s'appitoyer sur le sort de Terry, à trouver Almeida craquant... Oups, je m'égare ;)

J'emets tout de même une réserve sur certaines incohérences scenaristiques parfois flagrantes ou des excès qui n'ont nulle raison d'être. Les terroristes ont sacrément l'esprit tordu: pourquoi faire péter un avion pour éliminer une personne que l'on pourrait cueillir facilement une fois arrivée sur le territoire? Pourquoi faire enlever Kim et Terry de manière aussi compliquée? Pourquoi Nina est-elle la seconde taupe et pas un autre pelos de la CAT (je m'en doutais mais je trouvais ça trop ENORME et incohérent). Une seule réponse: CEDLS (="C'Est Dans Le Script").
Et puis le non-respect du timing parfois: le soleil se couche en 2 minutes, certains trajets sont vraiment vite fait (pourtant LA c'est assez bouchonnée). Les terroristes ne trouvent pas étrange que Jack Bauer soit autorisé à venir marchander avec eux alors qu'il est censé avoir buté le sénateur, etc.

Le bon élément, c'est la mort de Terry à la fin, ça reste logique et ça change du happy end hollywoodien absolument imbittable. Et Nina la traîtresse reste en lice, c'est bien aussi.

Bon par contre, certaines choses étaient assez prévisibles: "the sentinelle" n'est pas vraiment un gentil comptable (dès sa première apparition, j'ai su que c'était un terroriste) et d'autres détails du genre (Nina était forcément une enflure...).

Je critique mais je n'ai pas résité à l'envie de consulter le site de la Fox pour voir ce que nous réservait la prochaine saison...

Haut de la page

samedi 21 juin 2003 à 22h24
Un soir d'été sur balcon...
Le ciel clair est parsemé de nuages vaporeux, rose saumon. Ils semblent avoir été distraitement esquissés par la main de l'homme sur une toile avec un pinceau trop épais.

A l'horizon, des teintes pastelles se succèdent dans des mauves, roses et jaunes pâles.

Les éclats de voix des voisins dans la cours retentissent dans la formation d'immeubles en U.

Les hirondelles filent de toute part, frôlent le toit des immeubles, font des têtes à queues acrobatiques. Ce balai accompagné de leur chant strident attisent la curiosité de mes chats, leurs yeux écarquillés scrutant le ciel...

Une douce odeur de pâtisserie trop sucrée voyage dans la brise tiède du soir. Il fait bon.

L'horizon change : les couleurs se mêlent et deviennent uniformes. Les nuages roses deviennent grisâtres. La tour d'en face se parent de ses ampoules bleu vif et les lampadaires forment de petites sphères luminescentes de couleur orange.

C'est le solstice d'été.

Haut de la page

mercredi 25 juin 2003 à 10h51
That's all, Folks...
Hé oui, tout a une fin et dans le cas présent c'est à moi de tirer ma révérence... Je reviendrais peut être un jour, qui sait?

Mais en attendant, je tourne la page: fin de mon contrat, début d'une nouvelle saison, départ en vacances, projets d'avenir... Et fin de ce journal qui m'a beaucoup apporté lors des derniers mois. Je suis moins enthousiaste à l'idée d'écrire ici donc je préfère couper court avant de me lasser.

Je poursuivrais néanmoins mon journal, mais tout d'abord sur Word puis si j'arrive à couper le poils que j'ai dans la main, en faisant un site perso. Qui vivra verrra.

En tout cas, je tiens à remercier:
- toutes les personnes qui m'ont lu, même si je n'ai hélas pas l'honneur de toutes les connaître (les lecteurs muets, quoi) ;
- tout ceux qui m'ont laissé des messages sympas en forum;
- ceux ou celles qui m'ont envoyé des emails ;
- et un grand merci à Sylvain bien evidemment, "sans qui rien n'aurait été possible!"

J'ai également découvert des journaux supers que je compte continuer à lire aussi régulièrement que possible. Et rencontré des gens supers, notamment mon Etoilounette et ma Tefouille avec qui je compte bien rester en contact (je reviens dans une dizaine de jours les filles)!

Voilà, sur ce je dois finir mes derniers préparatifs pour le départ. Je ne fermerai que dans quelques jours, lorsque j'aurai accès au Net...

Et pour finir sur une touche poétique (et en plus j'adore Baudelaire), un site découvert il y a peu pour lequel j'ai eu le coup de coeur:
http://perte-de-temps.com/lhorloge.htm


Bisous à tous.

Mon email: Katnada@excite.com

Haut de la page