Le journal de Pamela Peacemaker
"My name is Pamela Peacemaker. Infirmière de bas étage, les cheveux rouges la blouse blanche. Je traine mes pieds stérilisés dans la nuit blanche et froide de l'hôpital des fées" P.H.
Ceci est une archive du journal et non pas le journal lui-même.

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lundi 16 décembre 2002 à 23h03
Lorsque Pamela commence son journal...
Toute la journée je reformule ma vie dans ma tête, et quand voilà venu le moment de la concrétiser, rien, fuite des idées. Ma diarrhée mentale m'échappe. des mois que je me dis qu il faut que je me lance, que je jette des lambeaux de ma vie sur du blanc, de belles tâches d incarnat sur un décors vierge. C est curieux comme ça ressemble a mon petit quotidien, du sang sur mes blouses immaculées (acculée ?). C est à ça que je dois ressembler. Il y a quelque chose de pourri dans mon royaume, une petite vermine qui se ballade et qui me donne cet air un peu fou, un peu déglingué et qui agit à mon presque insu. Je vais la chercher cette vermine, la traquer, essayer de la regarder bien droit dans les yeux plutôt que de la sentir en permanence sur mes talons et la voir me surprendre au moment où je m'y attend le moins.

Je vais apprendre à vivre avec toi, t'apprivoiser, te dompter. Tu es moi, je dois vivre avec toi, cesser d'être clivée, vivre avec moi.

J'ai un gros noeud à défaire, le diagnostic est posé, reste à entreprendre la thérapeutique. C'est pas rien de se soigner soi même. Je pensais que panser les autres serait suffisant, erreur mademoiselle l'infirmière, vos plaies se lisent dans vos yeux.

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mardi 17 décembre 2002 à 12h06
Lorsque Pamela apprend qu'elle est handicapée
Ronde, plantureuse, charnue, grosse, grasse, graisseuse, obèse, gironde, tas de saindoux, enrobée, baleine...mille et un synonymes pour me qualifier. Certains plus jolis, plus flatteurs, plus complaisants que les autres, plus méchants, plus méprisants.

ce que j'apprends:

Visite médicale

"- Mademoiselle Pamela, vous avez un "petit" problème de poids (euphémisme du docteur F. sous entendez "vous êtes énooooooooorme"), il va falloir que vous voyez le psychiatre pour que je puisse donner mon aval à votre titularisation (petit sourire en coin, le regard cherchant ma blessure).
- (étonnée...dissimulant la blessure narcissique...silence...soupir...regard dans le vague derrière le médecin, super maman n'est pas là pour voler à mon secours, j'ai perdu ma verve, je voudrais l'agresser, le mordre, le bouffer, je me sens comme quand j'étais petite au milieu de cette cours de récré pointée du doigt "la grosse".) Le psychiatre ? d'accord...et ensuite l'assistante sociale ? J'exige une pension d'invalidité..."

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mardi 17 décembre 2002 à 17h06
Lorsque Pamela se regarde dans un miroir
Miroir mon beau miroir, montre moi ma blessure narcissique

Adolescente, je me suis observée un jour, sans relâche pendant une heure...les yeux dans mes yeux, essayant de me sonder jusqu'à en avoir la nausée et poser mon 4 heures dans le lavabo de la salle de bain. Ecoeurée de ma propre image?
J'ai bouché le lavabo...ça a fait chier ma mère. J'ai adoré emmerder ma mère avec mon vomi, après tout elle était responsable de l'image que le miroir me renvoyait ?

Ce que je vois aujourd'hui n'est qu'un symptôme, un reflet déformé. Arranger cette image? Un cautère sur une jambe de bois ma bonne dame...il faut traquer le mal à sa source.

Je me fais Sherlock Holmes de la faille Narcissique(c'est une faille, un gouffre, que dis-je c'est un abime!) et que vois-je dans ce miroir ?

Parfois:

Une féminité débordante...qui déborde de la culotte, qui dépasse du soutien gorge, une Vénus Préhistorique.
Une féminité presque outrageante contre mon gré...cachez ses seins obusiers Pamela, ce n'est pas digne d'une jeune fille vertueuse (mais qui a dit que souhaitais la vertu ?).

Un monstre de cirque, à ma droite la femme à barbe, a ma gauche l'homme à 2 têtes. Quelqu'un qu'on montre, que l'on moque, de qui l'on rit (Pamela ah ah ah ah), de qui l'on à pitié aussi...

Mais parfois aussi...P. était derrière moi, devant ce miroir, sa tête au dessus de la mienne, il regardait mon reflet tout en passant ses mains sur mes joues, mon nez, ma bouche..."tu as un visage de Madone, baisse un peu les yeux pour voir ? Oui une Madone du Titien...Tu es belle"

oui parfois je me trouve belle...presque séduisante. Mais le seul miroir où je peux voir ce reflet là est parti...P. je t'ai perdu, perdu le miroir qui me rendait belle.

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mercredi 18 décembre 2002 à 02h03
Lorsque Pamela est en manque
Introit

Je t'avais cru disparu, sans nouvelles depuis deux semaines, je commençais à imaginer un autre bonheur sans toi...improbable...mais fantasmé.

lacrymosa

Et voilà que ce soir, tu ressurgis, comme tu l'as déjà fait une fois. Nous parlons, échangeons quelques banalités, tu me dis que tu vas bien, que tu as du travail, pas pour longtemps mais de quoi te nourrir quelques temps avant de te replonger dans ton univers intérieur. Tu me demandes comment je vais moi, ta petite Pamela, je répond bien, tu fais semblant de ne pas comprendre. Je voudrais hurler mon manque de toi, ton absence pas encore complètement amputée, mais je te réponds bien, le coeur au bord des lèvres...

sanctus

Je n'ai qu'un petit fil à couper pour achever l'amputation...mais j'ai tellement peur de cette douleur du membre fantôme, j'ai peur aussi de ne pas avoir les outils nécessaires pour couper ce petit fil si résistant, j'ai peur que mes mots ne fassent que l'égratigner. J'ai peur du sevrage total, j'ai peur du délirum pas si mince que le manque de toi me promet. Je me contentais des petites doses de substitution que tu m'offrais avec une parcimonie assez perverse.

benedictus

Tu as fait ton choix le 27 semptembre, c'est aujourd'hui que je fais le mien.

Il va falloir que j'apprenne à vivre sans toi, quelle qu'ait été la fugacité de notre recontre, je t'aime... mais je t'aimais je dois rompre ce fil à couper le coeur.

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jeudi 19 décembre 2002 à 18h00
Lorsque Pamela reçoit son diplôme
Ca y est, je le tiens entre mes petits doigts fébriles, ce morceau de papier qui fait de moi une personne reconnue de ses pairs.

Maigre victoire qui contribue cependant à réduire la profondeur de la faille.

Dans ta gueule Docteur F. !

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vendredi 20 décembre 2002 à 17h01
Lorsque Pamela soliloque
Pierre

prononcer ton nom jusqu'à ce qu'il perde sens

Pie hier pie erre pie air pis aire pied erre pire hier pire il erre.

je te tourne dans tous les sens de ma tête pas de palindrome possible

Dans quel sens dois-je te ranger, de quels sangs dois-je me ronger?

Quelle place occupes-tu à présent? Pourquoi a-t-il fallu que tu viennes combler ma faille et la laisser vide aussi vite?

Pamela était seule au bal hier

Je regardais les belles se pavaner au bras de leurs amis, amants, compagnons, maris, époux...
Je regardais mon verre se vider, le barman le remplir, vases communiquants dont j'étais l'intermédiaire insatiable, le tonneau des Danaïdes du manque de toi.

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samedi 21 décembre 2002 à 13h05
Lorsque Pamela prend de l'aspirine
Mâle à la tête...

J'ai passé ma soirée à regarder des filles danser, se déchainer pendant que je vidais discrètement les verres (alcoolisme dipsomaniaque aurait dit Monsieur H.), souriant aux petits signes des demoiselles, sourire amer et méprisant bien déguisé.

Et puis il y a eu de type, suintant de libido dégoulinante, qui me parle de sa grosse voiture avec plein de chevaux sous la capot. Les yeux collés sur mes seins.
- " Allez viens poulette, je te racompagne ce soir...
-Ah oui et on parle de quoi? de foot? de mécanique? de ton nouvel auto radio super sound blaster pour ecouter Johnny en direct live?
- Hé hé !
-(silence exaspéré)
-(regard insistant sur mon sillon mamaire)
- Allez va voir ailleurs si j'y suis, tu pues la testostérone mal dégrossie!
- SALOPE! "

Fin du dialogue.

Je n'attire pas les hommes qui me plaisent, les fragiles, les sensibles, les fins, les un peu maladroits, les un peu loosers pathétiques, les intellos, les poètes, ceux qui me font rire, ceux qui me font rêver, ceux qui me vont droit au coeur.

Je n'attire pas l'amour, je succite le désir de ceux qui me voient comme un tas de chair fraiche à pétrir, ceux qui pensent qu'une petite grosse c'est un bon plan cul pour une soirée parceque la belle qui se déhanche sur cette piste de danse joue l'indifférente.

Ceux que j'aime préfèrent les petites fées éthérées...Je les comprend, je ne peux pas les blâmer.

Ca ne me va pas d'être déguisée en femme, je suis une caricature de femme, un mauvais brouillon...y a t il un homme ici bas pour faire de moi au moins une ebauche de femme ?

J'ai toujours mâle à la tête...et l'aspirine est un joli placebo.

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samedi 21 décembre 2002 à 18h08
Lorsque Pamela veut rire
J'ai envie de rire subitement là.

Un besoin vital de sentir mes poumons se contorsioner dans ma poitrine, de sentir tout mes muscles végétatifs se relacher, rire à en avoir mal au ventre, un vrai fou rire, un truc qui me laisserait étouffée.

J'ai envie d'une bouffée délirante aiguë, je voudrais être hallicinée de bonheur, au point presque de perdre la conscience de moi même, ne plus sentir les limites de mon corps...Me perdre dans celui d'un autre.

J'ai envie de jouir aussi...Combien de jours depuis le dernier orgasme? Combien de jours depuis la dernière carresse? Combien de jours depuis le dernier baiser?
Me sentir pleine, Explosée de félicité, ressentir la satiété d'un bébé après une tétée qui le laisse pantelant de plaisir.

J'ai envie de plaisirs multiples et variés, j'ai des désirs de désirs.
J'ai envie d'un bain chaud, baignoire amniotique
J'ai envie de confiture de cynordhon
J'ai envie de mon doudou
J'ai envie d'être la plus chouette fille de l'école
J'ai envie de toi
J'ai envie de marcher pieds nus dans l'herbe
J'ai envie d'aller au théatre
J'ai envie de peindre
J'ai envie de chanter
J'ai envie d'être aimée
J'ai envie de caresser le dos d'un homme
J'ai envie de...
J'ai envie
J'ai envie
J'ai envie

...

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jeudi 26 décembre 2002 à 11h08
Lorsque Pamela fait une crise de foi
A quoi ça sert Noël ?

Maman, tu fais semblant, pour faire bonne figure...Noël tu détestes ça, mais même après 15 ans d'un mariage bancal tu t'évertues à prouver à cet homme que tu es une bonne épouse, maîtresse de maison, ménagère, mére et femme. Pour la reconnaissance d'un psychorigide?

Moi aussi je déteste Noël, ces gens qui font semblant d'aimer leur prochain un jour par an, ces menaces perverses, si t'es pas sage t'auras pas de cadeaux. Mais moi aussi je fais semblant, je simule mon amour du rassemblement familial, la grande partouze annuelle, des millions de faux chrétiens qui font de l'arrivée du ptit Jésus la plus grande Bacchanale de l'année. Ca bouffe, ça boit, y a même des pubs à la télé pour des produits miracles anti gueule de bois...Pour se flageller un peu on nous montre un messe de Noël dans les favelas de Rio et après on retourne vite se vautrer dans le gras du canard.

Je me demande pourquoi on oublie de nous montrer les statistiques du taux de suicide...Deux fois plus élevé en décembre. La solitude est amère à Noël, comme un foie gras mal cuit.

Maman, j'aime tes petits plats savoureux, j'aime tes cadeaux si biens choisis parcequ'ils me ressemblent mais je t'en prie, l'année prochaine on fête Noël en Août.

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vendredi 27 décembre 2002 à 18h07
Lorsque Pamela reçoit un colis
Histoire de L'Oeil, G. Bataille.

P. m'a envoyé un livre presque anonymement dans une grande enveloppe impersonnelle.

Il a laissé sa trace à la dernière page, deux petites initiales noires. J'aimerais croire que c'est un signe, un accord pour sceller la fin de quelquechose.

Peu importe les passages qu'il a soulignés...Je réalise juste à quel point ce garçon se sent dépersonnalisé par sa sexualité, à quel point son désir le confine à la folie.
Ce n'est pas moi qu'il identifie à Simone mais lui même.

Je crois que c'est la seule explication valable qu'il a pu m'offrir pour donner du sens à la distance physique qu'il a voulu mettre entre nous.

"On va se bousiller"
C'est ce que tu m'as dit après m'avoir fait l'amour...et tu es parti.

Je crois que je commence à (te) comprendre.

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dimanche 29 décembre 2002 à 02h06
Lorsque Pamela se transforme en escargot
Ce soir j'ai réussi à attraper un petit bout de bonheur.

Une soirée avec deux amis, Bertrand et Gilles. Ce soir on fêtait...pour le plaisir. Sans raison. Parceque tiens, le 28 décembre est un excellent jour à fêter. La fête à Pamela, Bébert et Gillou. Un moment de participation mystique
entre ces deux garçons et moi. J'aime les voir amoureux. J'envie discrètement la conivence qui les unit. Leur tendresse est communicative. Je suis bien, comme ça, sans explication.

Un instant saisi au vol, une petite parenthèse avant de me retrouver seule entre mes quatres petits murs.

Je suis pétrie de solitude, rongée par le manque, pointée par le doigt de la frustration.
Je lutte pour ne pas sombrer dans les affres des lamentations, j'essaye d'éviter les pourquoi moi? et les c'est trop injuste.
Je me glisse petit à petit dans une coquille (métamorphose, escargot, ma vie, mon oeuvre), un petit rempart pour me protéger de ma souffrance...C'est la vermine qui récidive, ça fait 3 mois qu'elle traine par là et qu'elle s'amuse à me faire plein de petits coups en douce.

Pamela...vous virez cyclothymique...essayez de réguler vos humeurs

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dimanche 29 décembre 2002 à 03h03
Lorsque Pamela passe en phase maniaque
Putain ça m'insupporte...

Saleté de vermine qui me pourrit l'existence. Pourquoi je rigole plus comme avant? Pourquoi je souris plus? Pourquoi je chante plus sous la douche?

Cette aigreur c'est dégueulasse. J'ai envie de donner un goût de cerise à ma vie.

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dimanche 29 décembre 2002 à 12h02
Lorsque Pamela entre au jardin des délices
Je suis un mélange absurde.

Je ne suis pas ce que j'ai l'air d'être. Je suis un tissu de contradictions. Je suis deux. Une fée déchue, un monstre ridicule.

Cessez ce babillage inutile Pamela. Regardez vous dans la rétine. Ca ne sert à rien ces regards de faon blessé que vous jetez à votre reflet. La vermine est un miroir déformant.

Je suis un mélange absurde.
Soie et bure. Nonne et catin. Jasmin et pissenlit. Vinaigre et liqueur. Libellule et cancrelat.

Pamela, petite sotte, vous faites de fissures des gouffres sans fond.

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dimanche 29 décembre 2002 à 18h06
Lorsque Pamela se croit malade
Syndrôme Pamela Peacemaker

Définition:

Affection générale idiopathique se manifestant par une symptomatologie à géométrie variable.

Physipathologie:

Elle semble encore incertaine, aucune autopsie n'a pu encore être pratiquée sur un sujet atteint du syndrôme.
(Nota: il existe des notions psychanalytiques de ce syndrôme, bien evidemment sans aucun fondement scientifique donc sans intêret).

Clinique:

A la palpation, le sujet est plutôt adipeux, les bruits du coeur sont normaux, pas d'altération cutanée.

les manifestations majeures se déclinent sur le plan comportemental, verbal et idéo-moteur:
-Alternance imprévisible tristesse/joie;
-Mutisme/loggorhée;
-Théâtralisation des affects;
-Activité fantasmatique intense;
-Frustration vécue comme intolérable avec sensation de sevrage permanente sans signes somatiques apparents;
-Hypochondrie se définissant par le sujet comme une étrange impression d'être vide;
-Besoins affectifs exacerbés.

-Le signe majeur du syndrôme reste cette frayeur irrationnelle de l'abandon.

Du point de vue social, le sujet est parfaitement intégré et navigue au sein de différents groupe. Il semble parfaitement adapté.

Traitements:

Différentes choses ont été tentées à ce jour, mais le recul sur les essais thérapeutiques n'est encore pas suffisant. Il semblerait cependant qu'un sevrage sans rechute puisse apporter une rémission quasi complète.

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lundi 30 décembre 2002 à 20h01
Lorsque Pamela disparaît dans son trou
Voilà, encore quelqu'un qui viens donner un coup de pioche dans ma faille.

Comme si j'en avais besoin, était-ce vraiment nécessaire?
Ce trou du cul de Docteur F. a fini par se décider...et le couperet tombe.

Mademoiselle Peacemaker,
Le médecin agréé qui vous à examiné en vue de votre recrutement dans la fonction publique hospitalière, a émit un avis réservé en ce qui concerne votre aptitude aux fonctions d'infirmière.


Larmes, lamentations, sortez les pleureuses...J'entend ici toute mon incapacité malgré un diplôme, un morceau de papier si cher à notre beau pays, France patrie des droits de l'homme.

Comprenez que votre état de santé nous inquiète (discours social)...et que d'embaucher des gens succeptibles de contracter des maladies qui coûteraient cher à la société n'entre pas dans la politique de gestion des finances de la fonction publique. Reconnaissez que les personnes ayant des problèmes de poids sont plus succeptibles d'être atteints de maladies cardio vasculaires que les autres!

Consensuel, mielleux...les homosexuels ça choppe le sida, fumer provoque le cancer, être enceinte donne la vie. On nous culpabilise dès qu'on sort de la masse sous des pretextes fallacieux, on utilise des références scientifiques pour nous sortir du décors. La race Aryenne aussi était issue de thèses scientifiques à haute fiabilité, testé et éprouvé.

Ah, j'allais oublier Mademoiselle Peacemaker. Comme vous le savez vous même, la pénurie actuelle d'infirmières nous oblige à vous garder parmis nous (vous avez suffisement de conscience professionnelle pour ne pas priver les malades de vos qualités de soignante!). C'est pour ça que je joint à ce courrier un contrat de travail de six mois, renouvellable. Cet avantageux contrat nous permet de vous envoyer dans n'importe quel service selon nos besoins...ce qui vous évitera de trop vous attacher à un lieu, à une équipe , compte tenu de la précarité de votre statut.

Rage, colère, hargne, Hauts les Coeurs...Mais me prendrait-on pour une conne?

D'avance nous vous remercions, et vous sommons d'accepter Mademoiselle notre mépris le plus grand et nos rires les plus abjects

Cela ne devrait pourtant pas me blesser, ce n'est qu'une entaille de plus.

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mardi 31 décembre 2002 à 13h08
Lorsque Pamela cherche la bagarre
Histoire d'une lutte à mort et sans merci entre un médecin et une infirmière.

Unité de lieu: un ring, dans le sous-sol d'un immeuble, dans un quartier évidemment sordide et mal fréquenté. Autour du ring, une foule de spectateurs déchaînés, ils veulent du sang, de la chique et des boyaux.
Unité de temps: Variable, théoriquement 5 rounds, mais le forfait par K.O. (chaos?) d'un des combattants pourra mettre fin a la scène.

1er Round

Le Docteur F. entre en premier sur le ring. Le public l'ovationne. Il court sur le ring, les bras levés vers le ciel. Quelle prestance dans son costume de tweed sur mesure, quelle classe ces petites lunettes d'écaille. Il plait, il fait fondre les âmes des petites bourgeoises.
L'arbitre arrive à son tour...il est déguisé en pingouin. Il inspire le respect. Un frémissement parcourt le public.
Entre ensuite Pamela. Un 1er rire etouffé se fait entendre à droite des gradins, puis un deuxième moins discret a gauche, puis une troisième...Puis tout le public se met a rire, à plein poumons. Une femme tordue de spasmes se fait même pipi dessus.
L'arbitre intervient...il lève le doigt et porte son sifflet a la bouche...le public se tait.

Le Docteur F. et Pamela se regardent en chiens de faïence...Il la toise, elle le sonde. L'arbrite les installe chacun à un angle du ring. Il tient un petit drapeau noir dans la main qu'il agite sur le côté. Il se prépare a donner le départ...Tension qui monte chez Pamela, Mépris assuré chez le Docteur F.
Le pingouin lève son drapeau...pret, feu, lâââââchez les fauves !!

D'abord il ne bouge pas...il continue de la toiser. Elle s'avance tres doucement mais très fermement. Quand elle arrive à son niveau il lui crache dans les yeux et profite de son aveuglement pour la jeter d'un coup de pied dans le sternum, à l'autre bout du ring. Elle s'étale comme une poupée de chiffon contre les cordages. Le souffle coupé elle se relève. Le public rit...Pamela ah ah ah ah ah aaaaaaaah.
Le Docteur F. n'a pas bougé, il s'allume une cigarette et sourit. Pamela fait craquer ses articulations. Elle respire à fond, de remplit les poumons...elle se met à plat ventre et avance en rampant. Le Docteur F. jette sa cigarette. Elle arrive vers lui, la tête au niveau de ses bas de pantalon, elle lui attrappe le molet et mord à pleines canines. Ses dents font céder la résistance du tissu, puis de l'epiderme. Sa bouche absorbe le sang à travers le tweed. Elle n'entend pas le Docteur F. hurler, elle est sourde aux huées du public. Elle s'agrippe, fait participer au régal ses incisives et ses molaires. L'arbitre sonne la fin du round. Le pingouin est obligé d'aller mettre la main dans la machoire de Pamela pour la séparer du Docteur F. Pamela retourne à sa place sans essuyer le sang du Docteur F. qui degouline sur ses joues.

2eme Round

Un médecin est venu cautériser et bander la plaie du Docteur F.
Pamela fulmine, une jument enragée, elle trépigne.
Cette fois ci c'est lui qui prend l'initiative il fonce sur elle, elle se roule en position foetale. Le public est sidéré. Le Docteur F. prend de l'élan et saute a pieds joints sur le crâne de Pamela. Elle hurle de douleur, elle se contorsionne. Il se met à l'écraser à grands coups de pieds comme un gamin joue à écraser des fourmis. Pamela crache une dent.Ses larmes se mélangent au sang sur son visage. Il est prit de frénésie, le public s'arrache les poumons, les femmes défaillent, proches de l'orgasme. L'arbitre est obligé d'intervenir pour Arrêter le Docteur F.
Pamela est immobile...sa cage thoracique se soulève péniblement. L'arbitre et le Docteur F s'approchent du corps de Pamela. L'arbitre se prépare à lancer le K.O. Le public est silencieux...Le sourire du Docteur F. se redessine sur son visage. Il parait satisfait.

10
9
Pamela gargouille...
8
7
Le Docteur F. rit franchement
6
Le public commence à se détendre
5
4
3
2
1
Pamela bouge imperceptiblement
0
Le Docteur F. lève les yeux vers son cher public.
Pamela dans un dernier sursaut et profitant de la seconde d'inatention de son adversaire, lance sa main vers l'entrejambes de ce trou du cul. Elle lui saisit les couilles et se met à serrer serrer serrer. Un rictus de plaisir se greffe sur ses lèvres. Elle sent l'étau des cuisses du Docteur F. qui se referme sur son poignet, elle entend ce petit couinnement qui sort lui sort de la gorge. Trou noir.

Et elle retombe, incosciente...dans le coma.

K.O. !!

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mercredi 1er janvier 2003 à 22h00
Lorsque Pamela envoie ses voeux
Je ne veux pas céder à la banalité.

Pas envie de faire comme tout le monde et de souhaiter bonne année comme ça, dans le vide. Comme quand on répond "ça va" au bonjour du matin alors qu'en fait ça va pas du tout.

Je veux du bonheur autour de moi.

Perrine et Paky, je vous souhaite d'accueillir Jannelle. Je vous souhaite d'être heureux, de vous construire une belle vie a trois (plus un chat).
Perrine, continue d'être le baume de mon coeur, ça c'est mon souhait à moi.

Bertrand, je suis heureuse de voir tes angoisses apaisées, je suis heureuse de te voir aimer. Tu me manques. Expatrié "à la grande ville". Je te souhaite de continuer et peut être aussi de trouver ta voie. De trouver le ton juste, l'assaisonnement idéal.

Maud, je te souhaite de te trouver. Tu tatonnes, tu cherches, tu hésites, tu recules. Ne t'aveugles pas. Ouvre toi, mais ne force pas les choses.

Pierrot, mon grand con de Pierrot. J'ai pas envie de te souhaiter le RMI. Je sais bien que tu es allergique au mot travail...alors pour la peine je te souhaite d'être le musicien que tu t'es promis d'être un jour. Reste rêveur et idéaliste. Un jour elle viendra.

Maman...maman. Arrête de pleurer. Quand cesseras-tu de souffrir?

Mamie, ça me fait mal de te souhaiter l'impossible. Même si je rêve qu'un jour on ira ensemble dans les grandes forêts de chênes liège de Kabylie. Même si j'espère qu'un jour je ferais avec toi, ma main dans la tienne le chemin de ton histoire. Mamie, tu as manqué de tout, d'amour plus que tout.

Sophie, Clément, Elsa...Je vous regarde tendrement.

Elsa, tu deviendras dompteuse d'étoiles et chef d'orchestre. Tu as de l'or dans les doigts. Ouvre tes bras et le monde te déroulera un tapis rouge. Ne te laisse pas bouffer par la blessure de Papa. J'en ai pris assez pour nous deux. J'aurais tellement voulu t'épargner.

Clément, en dépit du mur qui nous sépare, je te souhaite...je te souhaite...Mais quelle horreur je ne sais même pas quoi souhaiter à mon frère.
Des fois je souhaiterais que tu sois moins con. C'est présomptueux de ma part. C'est peut être moi qui suis trop conne.
Je souhaite te connaître.

Sophie, mon ptit coeur, ma douce, ma petite lionne. Continue de grandir, doucement mais sûrement. Ne va pas plus vite que tu ne le souhaiterais. Ne presse pas les choses. Bientôt tu toucheras le ciel du bout des doigts.

Guy, je ne peux pas te forcer...mais...aime Maman.

Il y a G. & L., l'endormi et la balbutiante, qui savent très bien ce que je leur souhaite...Mais je leur resouhaite encore. Aimez-vous, rejoignez-vous.

Et il y a tout les autres, que je vois moins...mais qui sont toujours là:
Guillaume et sa bulle, Mathilde et la Justice, Pierre-Yves et Spinoza, Fix et le génie, Carole et l'amour propre, Didier et le monde.

Et puis il y a P. de qui je ne veux rien attendre. Pourtant les souhaits, les désirs se bousculent.
Je me souhaite une année libérée de l'amour que je te porte. Je me souhaite d'arriver à en aimer un autre que toi un jour.

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vendredi 3 janvier 2003 à 20h00
Lorsque Pamela s'interroge
Je crois que je suis en train de me poser les bonnes questions...

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vendredi 3 janvier 2003 à 20h09
Lorsque Pamela se désèche
Je suis en train de faner, de pourrir.

C'est dommage je crois que j'étais assez belle dedans.
Je suis amère, presque aigrie.
Ca m'agace, ça ne me ressemble pas.

Avant j'étais... drôle, optimiste, enjouée, douce, caressante, tendre, curieuse, j'avais les yeux ouverts sur les autres. Je savais mettre ma part obscure en sourdine sans faire trop d'efforts. Sans non plus l'oublier mais je me croyais plus forte qu'elle.
Je savais rire de tout, j'arrivais à na pas prendre trop au sérieux mes besoins d'amour, j'avais la désinvolture nécessaire, la juste distance.
Seule mais pas si mal que ça. Je remplaçais le désir par du plaisir immédiat.

Qu'est ce qui s'est cassé?

J'ai éprouvé un amour si fort, si intense, si inatendu pour P. que je me suis complètement noyée dedans. Sans même m'en rendre compte.
J'avais pas les défenses assez fortes pour supporter la brutalité de notre séparation.
Je suis restée sur les genoux. Pourquoi ne me suis-je pas relevée tout suite? Qu'est ce qui m'a maintenu à terre?

Ce soir je doute de l'amour que j'ai éprouvé pour P.
Ca me fait très peur mais...J'étais bien plus belle avant ma chute.

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samedi 4 janvier 2003 à 00h01
Lorsque Pamela s'effrite
Bouge ton cul Pamela...

Remue-toi, arrête de te traîner, neurasthénique limite catatonique. Ca fait bien les mots scientifiques, ça légitimise ma connerie.

Drogue, sommeil, rêve, pleurnicheries, re-drogue, re-sommeil, lamentations.
Je suis maaaaaaallllheuuheuuu heu heu heu reuuuuuuuuuuseeeuuuuuuh...Mon disque est rayé. Mon comportement m'agace. Je rumine, je brasse mon petit chagrin, je m'effrite.

Je suis fragile merde...J'ai envie qu'on me soigne un peu.

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samedi 4 janvier 2003 à 16h05
Lorsque Pamela prend la pluie
Portée...

J'évoquais hier soir cette impression, l'euphorie mélangée au désespoir. Un truc qui donne la sensation d'être léger, apaisé mais qui est aussi oppressant qu'un étau entre les deux poumons. Ca prend au souffle.
Je suis sortie pour acheter du tabac...J'ai fini par faire un petit voyage intemporel et abstrait d'une heure.
Je me sens plutôt bien.

Dans le métro en face de moi, un homme avec une grande cicatrice sur crâne, récente. On voit encore les points rouges des agraffes. Ca fait un cercle quasi parfait sur lequel les cheveux ne repousseront pas. Un trépanation. Il y a moins d'un mois quelqu'un est venu mettre ses doigts sur la cervelle de cet homme. Petite j'ai fait des dixaines de cauchemars suite à un reportage. Au XIX éme siècle, un homme dont je ne me rappelle que le prénom, Philéas, s'est prit une baramine dans la tête. La pointe s'est engouffrée dans l'orbite oculaire droit. Elle est ressotie à gauche. Au sommet de son crâne. Il a survécu mais son comportement est devenu l'anthithèse de l'homme qu'il était avant.
Suite à ce reportage j'ai fait plusieurs fois le rêve que mon père me faisait entrer une aiguille a tricoter dans l'oeil.
J'ai appris des années plus tard, que bébé on m'avait débouché les canaux lacrymaux, une grande aiguille enfoncée au coin de l'oeil.

En sortant du métro je frissonne à ce souvenir. J'achète mes clopes. Envie d'un café, j'entre dans la brasserie à côté du bureau de tabac. Un petit bain de foule. Il y a des hommes seuls au bar, deux femmes qui parlent sur le ton de la confidence, une famille nombreuse qui fini un repas, quatre vieux jouent au cartes. Un tableau presque caricatural. La mère râle parceque le ptit dernier se traine par terre...Le papy l'attrappe et le prend sur ses genoux. Il plonge la tête dans les boucles brunes du petit. Une probable tata saisit l'instant. Le flash me fait cligner des yeux. Les vieux jouent toujours imperturbablement aux cartes. Ils ont du arriver après le journal de 13 heures. Ils passent une retraite paisible. Quand ils fait beau ils doivent jouer aux boules, le petit canon de rouge pas trop loin.

Je vais au bar payer mon café. Le serveur me rend la monnaie, regarde à travers la vitre: "vous allez prendre la pluie Miss". Je lui souris et je sors. Sa prévenance me touche. Au bord du passage piéton un couple de futurs mariés attend le feu vert pour courrir vers la mairie de l'autre côté de la rue.
Il porte le parapluie. Elle soupire, elle grogne. Il reste stoïque. Elle tient la courte traîne de sa robe pour ne pas la faire tremper dans les flaques. Elle maudit la météo. Je m'approche d'elle. "Vous savez ce que dit le dicton?!". Son mari se déride, il lui sourit. Elle éclate de rire. Le feu passe au vert, je traverse en courant. Je me retourne et je les voit s'embrasser. Ils n'ont pas bougé. Je me sens portée.

Je presse le pas jusqu'au métro. Mes cheveux dégoulinent, j'ai le visage trempé. C'est agréable. Je pense au bien être que je vais ressentir chez moi, quand je me serais séchée, quand je me rechaufferais les mains sur mon bol de thé.
Sur le chemin du retour, l'homme en face de moi lit le coran. La femme à ma droite lit un roman policier. Ils sont absorbés. Je me rappelle soudain que j'ai un livre dans ma veste. Je porte ma main à ma poche, je la ressort soulagée...Merleau-Ponty à échappé au déluge.

J'émerge deux stations de métro plus loin...Comme si j'avais fait un saut dans le temps. Le ciel est bleu, complètement dégagé, le soleil éblouissant. Je suis surprise. Presqu'à me demander si je ne me suis pas trompée de station. Ma présence était presque absurde. Trempée jusqu'à l'os sous un soleil blanc hivernal. Comme si la logique des instants d'avant était remise en cause.

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samedi 4 janvier 2003 à 19h04
Lorsque Pamela se met à la science fiction
Ce qu'aujourd'hui je souhaite...

Je souhaite qu'un jour je puisse écrire ici je l'aime à en perdre les pédales, je l'aime, saisie par l'amour qu'il me donne.

Je raconterais d'abord les prémices de notre rencontre. Comment je l'ai détesté au début, comment j'ai été subjugée par lui dès le premier instant, comment je l'ai trouvé drôle au premier regard ou comment j'aurais éprouvé une infinie tendresse à sa première parole. Peu importe la rencontre. Mais déjà il commencerait à modifier mon existence, en apparaissant épisodiquement sur ces pages.

je raconterais mes émois, les ah, les oh, les soupirs qu'il succiterait. Je pourrais parler du quasi orgasme provoqué par un frôlement de sa main sur mon bras....Je pourrais évoquer mes doutes, mes est-ce que je lui plais?, mes désirs de lui.

Evidement j'en arriverais à parler du premier baiser...De toutes nos premières fois, ne notre premier ciné tout les deux, de notre premier restau, de notre première nuit, de notre premier malentendu...
Bien entendu pendant un temps je n'écrirais plus beaucoup, trop absorbée par sa présence dans ma vie, amoureuse.
Je reviendrais petit à petit.
Je me lancerais dans de grandes envolées lyriques dans un choeur de mille vierges extasiées pour chanter les louanges de mon amoureux.
Il prendrait une place essentielle dans ce journal. Il montrerait au grand jour la Pamela gaie, joyeuse, au rire facile.
Parfois aussi je me mettrais en colère. Les premiers pas des amours débutantes sont parfois hésitants, ils passent par des moment absurdes, tragi-comiques.

Pamela, soyez sérieuse deux minutes...

Je veux écrire avec des étoiles dans les yeux, je veux écrire le bonheur, je veux m'écrire une vie facile à aimer.

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dimanche 5 janvier 2003 à 15h06
Lorsque Pamela bricole
Je fais du trafic de blessures humaines.

Je répare des morceaux de gens, je contribue à leur bien être physique et moral, j'établis des "diagnostics infirmiers", d'atteinte à l'intégrité des tissus, d'incontinence urinaire réflexe, de risque infectieux ou même de risque thrombo-embolique. Je mets en place des actions, des stratégies thérapeutiques. Je répare, je rafistole. Si le bricolage n'était pas assez solide, s'il n'aidait pas à soutenir le travail du médecin évidement ça me tomberait sur le coin de la gueule. Les compétences de Pamela seraient remises en doute. Heureusement ça n'arrive que rarement ce genre de choses. La maladie est souvent bien plus forte que le soin.

Qu'est ce que je soigne chez moi? Quel est ce morceau bancal qui menace de vaciller, de s'effondrer, de tout foutre en l'air?
Qu'est ce qui me pousse à prendre soin des autres, à colmater mes brèches en soignant?
C'est ça la pathologie du soignant?
Est-ce-que je devrais faire partie d'un groupe Balint?
Peut-être devrais-je relire La Maladie de Sachs.

Liste non exhaustive des manifestations présentées par Pamela Peacemaker, tirée de Diagnostics Infirmiers, interventions et résultats.
-Perturbation de l'estime de soi;
-Perturbation de l'image corporelle;
-Stratégies d'adaptation individuelles inefficaces;
-Chagrin.

J'aimerais bien en inventer un de ces fouttus diagnostics à la con qui m'ont fait chier pendant 3 ans d'études. Un truc positif, un truc où on pourrait voir une petite lueur d'espoir, un truc qui mène sur le chemin de la rémission.
Un truc du genre:
-Recherche d'un moyen d'être heureuse.
ou:
-Satisfaction globale;
-Bien être général;
-Bonheur.

Pamela, vous croyez encore au bonheur? L'exemple que vous avez sous les yeux ne suffit pas à en anihiler toute illusion?

Ta gueule la vermine.

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lundi 6 janvier 2003 à 19h05
Lorsque Pamela is the patate of the year
Pamela...avec tout le respect que je te dois aujourd'hui je te déclare patate of the year.

Plaisir de retrouver ce type avec qui j'ai bossé un mois cet été. Juste avant que je rencontre P.

Je revenais du bureau de personnel avec mon nouveau contrat signé. Je tirais la tronche, grise mine, maussade, pas drôle. J'avais envie de pleurer. Je me heurte à quelqu'un. Je sursaute. J'étais plongée dans mes ruminations. Quel est le con qui vient me sortir de mes pensées?

-Pam !! (large sourire bras ouverts)
-(Je suis submergée instantanément par la chaleur que dégage cet homme).
-Comment tu vas ma belle?
-Biiieen (se finit dans un sanglot à peine étouffé).

Il était agent administratif quand je bossais aux urgences. Il s'occupait de la banque d'accueil la nuit. Il bichonnait les infirmières, il arrivait toujours avec un panier de victuailles pour la nuit. C'était notre Petit Chaperon Rouge, un loup qui se serait déguisé en Petit Chaperon Rouge.
J'ai tout de suite adoré parler avec lui. Une vraie gamine.
Il m'a vite attiré, malgré sa femme et ses deux filles. Je crois même que j'ai été amoureuse de lui...Oh pas longtemps, peut être un petit quart d'heure. Juste le temps d'un petit échange, d'un petit moment de tendresse.

-Allez, viens!
Il me prend par le bras et me tire vers le self. On s'assoit à une table avec nos plateaux miteux. Et je lui raconte, tout mes petits tracas, de P. à Monsieur Trou du Cul, en passant par le Méchant Miroir et la Vilaine Solitude. Il me fait rire, il dérisionne, il jeudemote, il bouffe du clown spécialement pour moi. Il met le paquet...Et je ris. De bon coeur, à pleines dents, je ris a fond les bronches. Il me dédramatise et m'élit patate of the year.

On se sépare au café, il doit retourner dans le service, moi je dois aller rencontrer ma nouvelle chef.
-Et toi au fait? Comment tu vas?
-Moi? Biiieeeeen !
Je sens dans sa voix, dans son bien net et sans hésitation qu'il est heureux. Je venais de passer une heure avec un homme heureux. Et pendant tout ce temps là il m'a un peu déteint dessus. Ca fait du bien.

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lundi 6 janvier 2003 à 22h00
Lorsque Pamela panse.
Je pense a des chaussons, des petits chaussons bleus avec un pompom dessus, que je rêvais de chipper a cette garce de Rachel. Ca c'est quand j'avais 3 ans, le premier jour d'école de toute ma vie.

Je pense à cette chouette robe bleue et verte que Maman m'avait achetée pour aller à un mariage. J'avais un collier avec des perles en bois. J'adorais cette robe, je m'imaginais même que je me marrierais un jour avec.
Jouant la princesse enfermée dans sa tour en haut du tobogan, priant Jonathan de venir me libérer des griffes du méchant ogre tortionnaire qui me retenait prisonnière.
Je suis tombée. J'ai ripé, j'ai glissé, je sais plus. Je me revois la tête en bas, accrochée par la robe. J'entends encore le shhhhhccrriiiiiiiiiiiiitttrrr du tissu qui se déchire dans mon dos. Je me revois arriver le nez en premier dans la pelouse. Cocasse, hilarant, Laurel et Hardiesque, poilant, vraiment trop drôle, super cruel.
J'avais 8 ans. Première double peine, première humiliation et premier espoir guillotiné.

Je pense à Olivier. Il était toujours gentil avec moi. Il me faisait rire. Il avait 14 ans et une mobylette. Il était en 4eme quand j'étais en 6eme. J'étais folle amoureuse de lui. Je remplissais des cahiers d'acrostiches de son prénom. J'écrivais sur les pages d'un petit journal intime tout mon amour, dans un vocabulaire que je découvrais. Je me contentais de l'aimer en silence, ne laissant rien paraître de mes émotions.
Un jour la ferme de ses parents a brûlé. C'était une semaine avant Noël. On était voisins. Le lendemain, je l'ai trouvé sous un des escaliers du collège et je l'ai consolé. Il pleurait comme un petit garçon. Il jouait pas particulièrement les mecs virils malgré ses 14 ans et sa mobylette. Mais il se cachait pour pleurer. Il n'a pas eu honte que je le prenne dans mes bras et que je le berce un peu. Pendant toutes les vacances de Noël j'ai tergiversé, je me suis torturée le cerveau, j'ai gambergé je lui dis? Je lui dis pas? Je lui dis?...
Je lui ai écris une lettre, une jolie lettre je crois. Je lui disais que je l'aimais tellement que j'en avais le coeur tout serré, je lui disais tout ce qu'il m'était. J'ai glissé la lettre dans son cartable pendant une récréation. Une semaine après, alors que je pensais qu'il avait ignoré la lettre, il vient me voir. J'ai lu ta lettre hier.. ce qui prouve à quel point ce garçon était assidu à ses devoirs. Je veux bien qu'on sorte ensemble oui. Il me sourit, me fait un chaste baiser sur le front. La cloche sonne. Je vais en cours, les sentiments puissance mille. Ce qui m'arrive est irréel. Il m'aime. Il m'attend à la sortie du collège. Il me prend la main et m'accompagne jusqu'à l'arrêt de bus. Je suis accompagnée du garçon que j'aime, sous les regards subjugés. Même cette crâneuse de Roxane lâche son rictus de mépris et ouvre des yeux comme des soucoupes. Un petit baiser d'oiseau du bout des lèvres, je rentre dans le bus. Je l'observe partir sur sa mobylette. Quel homme mon homme.
Au 3eme jour de cette euphorie, dans les toilettes, je suprend la conversation de Laetita et d'une de ses copines. Laetitia c'est la cousine d'Olivier.
Olivier sort avec Pamela, mais c'est parcequ'elle lui a demandé. C'est pas lui qui voulait. Tu sais Olivier est tellement gentil avec tout le monde qu'il boufferait de la merde pour faire plaisir à sa mère.
Je suis restée dans les WC. Accroupie par terre. J'ai pleuré. J'ai séché le cours en jouant la madeleine dans des chiottes. Le lendemain, j'ai été voir Olivier. Je lui ai demandé s'il était amoureux de moi. Il s'est lancé dans une diatribe où il exprimait sa volonté de ne pas me blesser, la gratitude à mon égard pour le jour où je l'avais consolé. Je sais plus si c'est dans ces termes là qu'il l'a dit mais ça voulait dire à peu près ça. Je l'ai quitté. je lui ai dit qu'il valait mieux qu'on s'arrête là. Il m'a même laissé la possibilité de pas trop perdre la face. C'était moi qui l'avait quitté oui.
J'avais 11 ans. Premier chagrin d'amour. Il y a deux ans j'ai revu un de nos camarades de collège. Je ne l'avais pas vu depuis 10 ans. Il m'apprend qu'Olivier est marié et qu'il a une petite fille à qui il fait faire des tours de mobylette.

Que celui qui m'a comprise me fasse signe...Que les autres me conseillent d'arrêter la drogue.

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mardi 7 janvier 2003 à 18h02
Lorsque Pamela rencontre un écrivain
Je pense à la dernière fois que j'ai vu mon père.

Il sortait de sa dernière hospitalisation. Et comme d'habitude il faisait croire qu'il allait mieux. Euphorique, maniaque, hyperactif. IL organisait un petit tremplin rock avec l'asso qu'IL avait créée dans le village où il s'était installé. Y aura des expos, amène ton carton a dessins et quelques peintures, je te ferais une petite place pour que tu poses tout ça à l'expo. Tu verras, y aura plein de groupes extras. Et il y aura un ami a moi, John Berger tu connais? Il est écrivain...et bla bla blabla. Il parlait au téléphone comme si je l'avais quitté la veille, en feignant de savoir que ça faisait près d'un an que je n'avais pas eu de nouvelles.

Il est venu me chercher à la sortie du boulot. Cet été là je vendais des concombres aux bourgeoises des villes de plus de 5000 habitants de Haute Savoie. 5 marchés par semaine, l'apothéose le samedi à Chamonix. Maraicher c'est un boulot qui vous pousse à haïr vos semblables.
Cet week end chez mon père allait me faire du bien. Un festival, plein de gens, de la drogue, à boire...Happy programme pour la joyeuse Pamela d'antant.

Chez lui c'était le squat le plus parfait. Dans la "chambre des gosses" (en gros la pièce réservée à Clément, Elsa et moi) deux types refaisaient le monde en partageant un rail de coke. Y avait des gens partout, il en avait rien a foutre. Des faux poètes, des jongleurs et des cracheurs de feu, des festivaliers, des âmes torturées, des gens comme tout le monde, des routards, des ex taulards, des hippies de 15 ans, des intellos, tout un tas de gens qui auraient pu avoir plein de choses interessantes à raconter s'ils avaient pas été aussi défoncés.
J'ai vite compris que seulement la moitié d'entre eux savais qui était le proprietaire des lieux...A vrai dire, je savais pas trop non plus. Il a sniffé un rail de coke, m'a donné de l'herbe et il m'a souhaité un bon week end. En trois jours je l'ai entraperçu deux ou trois fois. J'ai même pas dormi chez lui. J'avais trouvé la petite tente accueillante d'un festivalier, plantée dans un champ, pour prendre quelques heures de sommeil dans la journée.
J'ai pris toutes les drogues qui me sont passées sous le nez. J'ai parlé, chanté, j'ai ris, j'ai baisé, j'ai picolé, j'ai dessiné, j'ai failli me noyer.

En allant chercher une bière au bar, Loïc, un ami de mon père me présente à un vieux monsieur qui sirote un verre de rouge.
Le barman: - Hé John! C'est la fille ainée de Jacques.
J. Berger:- Jacques? ( l'air de s'en foutre comme de son premier calleçon)
Le Barman:- Bah Jacques, le président de l'asso!
J. Berger: - Ah.
Pamela: (sourire gêné) - Désolée...
J. Berger: - Même dans les plus petits villages il reste des inconnus...
Pamela: - Oui, dans les plus petites familles aussi.
J'ai compris que jamais je n'aurais rien à partager avec mon père.
Je suis partie mon verre de bière à la main et j'ai continué à festoyer allègrement.

Je lui ai fait une bise, je suis rentrée chez moi avec mon festivalier, en stop.
Ca fait 6 ans. Depuis j'ai plus de nouvelles de lui.

J'ai fais le lien aujourd'hui avec le vieil homme à l'accent anglais et l'écrivain dont m'avait parlé mon père.
Je suis tombée dessus par hasard. En cherchant Beckett, j'ai trouvé John Berger. Je me suis acheté son premier livre, "G".

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jeudi 9 janvier 2003 à 12h06
Lorsque Pamela se laisse aller
Je fais même plus mon lit...Je ne me fais plus à manger. Diététique Junk food et yahourts dont je laisse traîner les pots partout. La vaisselle dans l'évier. Des fringues sur toutes les chaises. Les piles de bouquins à coté du lit. Les disques, pas un dans le bon boitier, et ça, vraiment, ça me met les nerfs en pelote. Les papiers qui s'amoncellent sur le bureau. La banque, les factures, les voeux, les contrats, la sécurité sociale, les numéros de téléphone que j'appelerais jamais, les petits mots, les références de livres/disques que je n'acheterais jamais en pensant avoir jeté le papier, les journaux, les revues, les lettres de P. ...

J'ai retrouvé ma plaquette de pillule. Perdue dans mes papiers, dans l'enveloppe d'une lettre de P. 8 jours que je la prend plus. Oublié, zappé, effacé. C'est quoi cet acte manqué...

PUTAIN JE VAIS Y FOUTTRE LE FEU A TOUT CA !!

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samedi 11 janvier 2003 à 01h00
Lorque Pamela découvre les joies de la Morphine
Le vide fait place au rien.

Je vais peut être arriver un jour à m'anesthésier.
Si je peux pas manger à la même table que le bonheur, que je ne sois pas obligée de boire au verre de la tristesse et de la souffrance.
Je me sens ridicule d'employer ces mots. Tristesse, passe encore. Souffrance. J'entends la voix du Grand Père, ses litanies sur le manque absolu. Son désir vengeur de faire partager sa souffrance, de la transmettre jusque dans les gènes, de la rendre éternelle.
Je ne vois que des gens en souffrance autour de moi...Et je m'en abreuve, je l'absorbe, je l'éponge, je l'efface.

Est-ce-que j'arrive réellement à masquer ma propre souffrance par celle des autres?
Avertissement, attention, une souffrance peut en cacher une autre.

Encore un de vos placébos fumeux Pamela.

Ca se trouve facilement une gare de délestage? Un endroit pour déposer mon petit paquet de douleurs superficielles, de petits tracas absurdes.

J'en peux plus d'avoir mal.

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dimanche 12 janvier 2003 à 12h02
Lorsque Pamela croise Madame la Mort
Dialogue rapide avec un moribond.

Fin de soirée dans le service, petite vérification de mes prescriptions, programmation des soins pour le lendemain. Petites routines quotidiennes qui annoncent la fin de journée. J'imagine toujours à ce moment là le plaisir de rentrer chez moi, de me lover dans mon petit cocon douillet. Il ne me reste plus qu'à dire bonsoir à mes patients, m'assurer qu'ils ont tout ce qui leur faut pour la nuit.

Chambre 1:
Madame K., jolie jeune femme. Neurolupus. Maladie longue et douloureuse. Devenir à moyen terme: Grabatisation.

Chambre 2:
Madame F., tzigane vivant dans un bidonville. Tuberculose. Devenir à moyen terme: Perdra ses deux enfants, eux aussi tuberculeux.

Chambre 3:
Madame A., gentille vieille dame qui donne toujours des chocolats. Cancer du sein métastatique. Madame A. souffre. Des douleurs osseuses intenables. 500 mg de morphine par jour...sans résultat réellement efficace. Devenir à court terme: ...

Chambre 4:
Monsieur H., père de famille. Phase terminale d'un cancer de l'estomac qui lui a envahi les poumons, le foie, le cerveau...Sur mes papiers, la mention soins palliatifs.
Tout s'est passé en 4 secondes. Je m'approche du lit de Monsieur H. Je veux lui humidifier les lèvres, le réinstaller confortablement dans son lit, lui masser les coudes et les talons. Je me penche sur lui, son lit est un grand berceau à eau, le matelas le protège de ses os qui lui transpersent la peau. Il gémit. Il tourne sa tête vers moi. Ses yeux opaques me regardent. Je vois ses lèvres bouger, il essaye d'articuler quelques mots. Il saisit mon poignet de sa main sans force. J'approche mon oreille de sa bouche et j'entend un murmure. Un souffle, une petit râle presque inaubible. Sa main tombe de mon poignet. J'ai froid, froid, froid...
Je ferme ses paupières et sa bouche, avant que la rigidité cadavérique ne donne à son visage l'air d'avoir crevé la gueule ouverte.

L'équipe de nuit est arrivée. Je commence les petits rituels mortuaires pendant que ma collègue se charge de la tâche douloureuse d'avertir la famille.
Dans un heure il faudra prendre en charge la femme, les enfants, la mère...Essuyer leurs larmes, offrir des mots chaleureux, aider à verbaliser la douleur de la perte.

Il y a des jours dont on se passerait.

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lundi 13 janvier 2003 à 01h09
Lorsque Pamela passe une annonce
Oyez, oyez!

Le lecteur 4 ème du nom (il se reconnaîtra j'espère), est prié de bien vouloir terminer la conversation que nous avons entamée dans la soirée, ce dans les délais les plus brefs. Le fil de la discussion ayant été coupé sans autre forme de procès, il est prié de me joindre à l'adresse suivante:
la_reine_des_abeilles@yahoo.com


Ah oui ? Je théatralise ? Comment ça je dramatise ? Je vais t'en donner moi de ma fraicheur !

Ah bon j'en fait encore trop là?

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mardi 14 janvier 2003 à 00h03
Lorsque Pamela change de blouse
La blouse I. Modèle pétasse.

Je serais mignone. Charmante. Délicieuse. J'aurais des ongles soignés, le maquillage impeccable. J'aurais des fringues à la mode. Pas des trucs tape à l'oeil. Du discret- mais- super-sexy, de quoi les faire tous tomber comme des mouches. Je lirais Elle, 20 ANS et toute la clique des magazines qui nous montrent comment être une jeune femme de son époque.

J'aurais l'air d'être naïve. Candide. Sage. Mais au fond un vrai petit diable. Une ingénue perverse qui jouerait à briser les coeurs. Un brin dominatrice sous ses airs de biche traquée. Jouant de son corps pour affoler les sens, le démon dans la culotte, sans avoir l'air d'y toucher.

Je lirais les livres qu'il faut lire, la musique qu'il faut écouter. Toujours sur la bonne vague. Toujours un sujet de conversation pour paraître intelligente dans les soirées.
Evidement, pas un week end sans soirée, dans les endroits du moment, les boites, les bars, chez des inconnus.

Tout le monde m'adorerait, me trouverait Charmante, Intelligente, et ooooh cultivée, et aaaaah si spirituelle...

Pamela, voyons...Mais qu'est ce que ça changerait?

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mercredi 15 janvier 2003 à 12h09
Lorsque Pamela change de blouse II
Blouse II: L'artiste.

Je serais ni belle, ni moche. Juste étrange et mystèrieuse. Hystérique.
Je peindrais du rouge, Pamela période rouge, comme des tâches de sang sur le blanc des toiles, de l'incarnat, de la chair, du vivant.
Ma blouse couverte de bordeaux, de carmin, de terre de sienne, de sanguine, d'ocre et de sépia.
Mes amants, nombreux, tous aussi torturés que moi. L'homme que j'aime, la crise, la passion, l'exhaltation. Trop névrosés l'un comme l'autre, l'un contre l'autre.
Alcoolique notoire, du vin rouge surtout. Et des crises, des grandes crises avec beaucoup de cris, des envies, des désirs, des désirs, des désirs. Jalouse, coléreuse, orgueilleuse mais aussi secrète, énigmatique, fascinante tellement fragile.

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jeudi 16 janvier 2003 à 02h07
Lorsque Pamela fait de la généalogie
Pépé et Mémé. J'avais envie de parler d'eux.

D'abord Mémé. Elle est née en 1924, rue du Delta, au pied du Sacré Coeur. D'origine Juive Polonaise, son père était avocat, sa maman modiste. Enfance heureuse. Vacances tout les ans à Enghien Les Bains, chez Mémé Block, les arrivées fracassantes de Grand Mère Louba, revenue d'on ne sait quel voyage, avec un malle pleine de trésors d'Afrique, de Mongolie, d'Indochine. Puis vient la Guerre. Son père est remercié du cabinet d'avocats où il travaille pour cause de Judaïsme. Sa mère perd une bonne partie de sa clientèle. Mémé est au lycée où elle passe le bac, la France vient de se rendre à l'Allemagne. Ses parents divorcent.
Elle est arrêtée par la police, avec sa mère et son frère en Juin 42. Ils seront définitivement séparés ce jour là. Mémé échappera miraculeusement au wagon en partance pour la Pologne. Elle va vivre chez son père qui a réussi à changer de nom, à faire des faux papiers pour sa fille. Mémé va en zone libre et devient "agent" de la resistance. Ce qu'elle y a fait on sait pas trop. En 1945
elle revient à Paris. Elle étudie les lettres à la Sorbonne et rencontre Pépé. L'ami d'une amie.

Maintenant Pépé. Il est né en 1914 à Saint Mandé. Fils unique . Il ne connaitra pas son père très longtemps. Mort sur le front.
Je sais très peu de choses sur l'enfance de Pépé, beaucoup moins prolixe que Mémé à ce sujet. Pépé étudie les maths, puis la physique et la chimie. Il entre dans la résistance de Saint Mandé. Il devient professeur dans un lycée et se marie avec une collègue de travail. Ils ont deux filles. Ils divorcent 7 ans après. Ce que je connais de la vie de Pépé commence avec sa rencontre avec Mémé. Coup de foudre immédiat. Ils ont 10 ans d'écart.

Ils s'installent ensemble dans une petit chambre de bonne en face de l'île Saint Louis.
Voilà bientôt 50 ans qu'ils s'aiment. Un demi siècle d'amour. J'ai toujours connu mes grands parents prendre le petit déjeuner au lit. Mémé se levait la première. Elle faisait griller du pain, elle lui beurrait ses tartines, elle lui sucrait son café. Sur leur vieux jours, je la revoit préparer les médicaments de Pépé, remplacer le sucre par des sucrettes. Mémé s'asseyait au bord du lit, Pépé allongé à côté d'elle. Je nous revoit, les cousins et moi, ces matins là, dans leur chambre. On les regardait déjeuner, on se gorgeait de leur amour.

Pépé ne va pas tres bien...Il a 89 ans. Je ne les ai pas vu depuis 5 ans bientôt. Je n'ai pas osé me manifester depuis que j'ai perdu la trace de mon père. Trop honteuse d'avoir abandonné leur fils.
J'ai reçu un message sur mon répondeur aujourd'hui. Le message d'une personne proche, l'ex femme de mon père. Elle a des nouvelles régulièrement. Et j'ai peur, peur d'une mauvaise nouvelle, comme un présentiment.
Ce soir je suis terrifiée à l'idée de perdre mon grand père sans lui avoir dit combien je l'aimais. Pépé aime le bon vin, les jeux de mots et les traits d'esprit. Pépé fume la pipe, du tabac qui sent bon. Pépé lit Libé. Pépé amoureux comme un fou à bientôt 90 ans.

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jeudi 16 janvier 2003 à 10h00
Lorsque Pamela fait part
Pépé est mort.

Dans la nuit de mardi à mercredi. Mémé l'a veillé toute la nuit. Il est mort chez lui, dans son lit aux côtés de sa belle. 56 ans de mariage exactement. Il est mort en méprisant son fils unique. Malgré mon silence il demandait de mes nouvelles à Marie, régulièrement.

Je déteste avoir des présentiments fondés.

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jeudi 16 janvier 2003 à 12h05
Lorsque Pamela raconte son papa
Mon père.

En plus des filles ainées de Pépé, Danièle et Nadine, Pépé et Mémé ont eu 5 enfants. Martine, Sylvie, Jacques, Marianne et Isabelle. Mon père, seul garçon dans cet univers féminin où les filles ont des grandes gueules, où elles militent au MLF, où les filles se sont élevées toutes seules, laissant le petit Jacques désemparé. Ma grand mère, trop amoureuse pour avoir la fibre maternelle.
Il est né à Saint Germain des Fossés en septembre 1954. Jacques, gamin drôle et sociable. Il hérite de l'humour de son père. Pas trop bon à l'école, pour dire cancre patenté malgré les efforts de Pépé qui l'a eu comme élève au collège. Comme ses parents n'attendaient rien de lui, si ce n'est être heureux comme eux l'étaient, il s'est lancé dans la cuisine, BEP cuisinier, CAP patissier. Jamais son père ne s'est opposé à ces choix. Jamais il n'a rencontré la colère de son père. Parfois des sarcasmes peut être...

Son BEP en poche il part en Angleterre. Pendant ce temps, Marianne, la plus proche soeur de Jacques rencontre Christine. Une grande fille à l'air triste. Elles sont ensemble en classe, elles préparent le même BEP comptabilité. Elles deviennent amies. Marianne présente Christine à ses parents. Evidement Christine rencontre Jacques. Elle est séduite par l'humour de ce petit homme rond, elle est séduite par la poésie de ses mots d'amour, elle est séduite par les idées qu'il a sur le monde. Il l'emmenera en Inde.

Pépé et Mémé parisiens jusqu'au bout du coeur avaient acheté un chalet en Haute Savoie. Ils l'avaient retapé. Ils en avaient fait un lieu magique. Une immense maison où l'ombre de mes meilleurs souvenirs plane encore. Je me rappelle mes pleurs lors de la vente du chalet. Ils s'y étaient définitivement installés à la retraite de Pépé et accueillaient des groupes, des collectivitées pour des vacances au ski.Mémé maître d'hôtel, Pépé gestionnaire, Jacques à la cuisine. Christine quitte ses parents. Crise d'hystérie du père tyranique. Elle s'installe chez Jacques et ses parents. Elle bosse pour eux, pendant les vacances. Elle fait les chambres, le ménage, elle aide Jacques à la cuisine. Ils s'aiment dans une petite chambre en sous pente. Ils sont heureux. Ils décident...on s'installe ensemble? On cherche du travail?. Christine va travailler en bureaux, Jacques enchaine les petits boulots. Un jour Jacques demande à Christine de lui faire un enfant. J'ai été conçue entre Paris et l'Inde. Maman ne sait pas trop.

Ils se marient à la mairie lorsque Maman est enceinte de 6 mois. Jacques rencontre une autre femme à ce moment là. Il ouvre un bar restaurant. Il confond tiroir caisse et bénéfices. Il fait faillite.
Maman accouche. J'ai des photos de ce jour là. Ma naissance en images. Jacques disparait de la circulation, laissant a Maman de très grosses dettes et des créanciers en colère. Elle demande le divorce. Il n'est pas là le jour de la pronnonciation. Sur l'acte, il est écrit abanbon du domicile conjugal, pas de droit de visite. Il ne paye pas de pension alimentaire. C'est Pépé et Mémé qui viennent la voir... A chaque fois ils lui laissent une envellope pour moi. Eux non plus ne savent pas où est Jacques.

Trois ans passent comme ça. Je ne connais pas mon père. Questions à Maman...c'est qui mon papa? pourquoi il vient pas me voir? pourquoi j'ai pas de papa?. Elle entreprend des recherches. Elle le retrouve. Si jamais tu l'abandonnes à nouveau, je te tue. Réponse de Jacques: mais tu n'aurais jamais accepté un avortement! (sic).

Maman ne veux pas me priver de mon père. Elle fait réviser le jugement. La femme qui partage la vie de Jacques veut elle aussi des enfants. Elle fait le lien. S'il reconnait sa fille, il reconnaitra les notres. Marie fait le lien. Elle essaye de me lier à mon père.

Quinze ans après il m'abandonne de nouveau. Marie l'a quitté. Il n'y a plus de lien possible. Maman m'avoue ses désirs assassins. Et moi, j'entre en crise. Je m'oppose, je crache ma haine, mon dégoût et mon amertume à la face de Guy. Celui que ma mère à choisi d'aimer et qui essayait désespérement de se faire accepter comme père.
J'ai transposé toute ma colère sur un homme dont je n'avais pas à chercher la reconnaissance. Il s'offrait à moi comme père possible et je ne voyais rien.

Depuis, j'ai fait le deuil de mon père...Il est devenu Jacques, le géniteur. Guy et moi essayons de nous apprivoiser. Il ne sait pas aimer mais il a au moins le mérite d'essayer.

Si je vais à l'enterrement de Pépé, je verrais Jacques. J'ai peur, je suis pétrifiée. Je meurs d'envie d'aller dire adieu à Pépé. Je meurs d'envie d'aller serrer Mémé dans mes bras et de lui demander pardon de mon silence. Mais j'ai peur d'ouvrir une cicatrice fraîchement fermée.

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lundi 20 janvier 2003 à 00h01
Lorsque Pamela change de blouse III
Blouse N°3. La Vamp.

Fatale. Exigeante. Dominatrice. Une vraie Lili Marlene. Messieurs, vous vous trainerez à mes pieds, vous suinterez la concupiscence par tout les pores de votre peau.
Je serais le despote de vos coeurs.
Pas une petite allumeuse sans profondeur...Mais une vraie garce, un peu perverse, un peu manipulatrice, un peu chienne, un peu salope. Un mélange détonnant, piquant.

Je sais ce que tu me reproches
Ce qui modère tes doux émois
Ce qui te déplaît tant en moi
Amour, c'est clair comme l'eau de roche
Allons, trêve de métaphysique
Puisque tu n'oses l'évoquer
Quitte à quelque part te choquer
Je parlerai de mon physique

Je suis irrésistible
Je suis comme Dieu me fit
Comme l'Eve de la Bible
La Madonne de Vinci
Mon regard indicible
Ma nuque de lady
La blonde mélodie
De mes boucles paisibles
Mon teint incorruptible
Mes lèvres de rubis
Te semblent inaccessibles
Le prélude interdit
D'un lointain paradis
Mais qu'ai-je de si terrible ?
Je suis comme Dieu me fit
Irrésistible

Te voilà sombre et sans réplique
Mon cher, tu te fais tout petit
Je vois comme elle t'anéantit
Ma beauté aristocratique
Si ma silhouette longue et frêle
Est pour toi signe de froideur
S'il ne te faut que de l'ardeur
Je peux être aussi mieux que belle

Je suis irrésistible
Comme Satan me l'a dit
Sous ma taille flexible
Ce corpus delicti
Est un truit comestible.
Aux nobles appétits
Allons, prends donc pour cible
Ma cuisse de colibri
Mes reins immarcescibles
Et leur sombre incendie
Ma bouche est disponible
Et mes deux mains aussi
Je suis une maladie
Sexuellement transmissible
Comme Satan me l'a dit
Tu es irrésistible
Irrésistible

Alors c'est ça, c'est la déroute
La Bérézina, Waterloo
Il faut nourrir ta libido
D'autres piments sans aucun doute
Il te faut le charmant minois
D'une petite grosse à lunettes
D'un boudin, d'un tas, d'une charrette
Moi, je suis bien trop belle pour toi
Ce qu'il te faut
C'est un cageot
Une chèvre ou
Son légionnaire
Un simple trou
Ou bien ta mère


Juliette Noureddine

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lundi 20 janvier 2003 à 02h00
Lorsque Pamela à encore des problèmes de coquille
Ca bouillonne à l'intérieur

Envie de chanter, de rire, de haaaaaaaa, de hummm. Envie de m'extasier de petites bricoles, de petits riens. Envie de donner des baisers légers, des caresses tendres.
Envie de sentir la vie douce sous mes pas, de transformer mes tragédies en dramelets.

C'est là...tout contre mon sternum...ça me serre la gorge. Ca se reveille. Le petit tempo est là. Le battement. Le chabada wouadouwouap wiiiizz, ma vie en fanfare. Il essaye de percer sa coquille. Le bonheur est là, a portée de main. J'arrive pas à le saisir.

La coquille est trop dure.

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mercredi 22 janvier 2003 à 19h01
Lorsque Pamela dit "au revoir" à son Pépé, "bonjour" à son Papa et "je t'aime" à sa Mémé
Funérailles, Patriarches et buffet froid.

Le Funérarium

Pépé est là, dans sa boite en pin sur des petits coussins en velour blanc. Il a son petit sourire ironique au coin des lèvres, celui qui dit " je vais te dire une vacherie dans moins de 5 secondes mais le prend pas mal ma belle". C'est bien de le voir comme ça. Cette image, la dernière, celle de mon Pépé à la langue pas dans sa poche.

Le Presbythère

D'abord la tournée des anciens. Ooooh! Pamela mais que tu as grandit, oh! Pamela comme tu as l'air de bien te porter. Et le pire, l'horreur, le truc qui me donne envie de donner des baffes, tout le portrait de son père!

Mémé, toujours aussi belle. C'est une apparition. Lumineuse comme toujours. Elle me prend dans ses bras, chuchotte mon prénom à mon oreille, la voix dans un sanglot. Ma petite nous avons perdu tellement de temps toutes les deux. Sa voix unique, la même voix que Garance dans les Enfants du Paradis. C'est notre film à toi et moi. Notre souvenir commun. Oui tu as cette voix là, un peu éraillée, un peu haut perchée, une musique.

Je suis encore tellement émue de ces retrouvailles que je ne le vois pas arriver. Il pose sa main sur mon épaule, je sursaute.

Dialogue de sourds entre un père et sa fille:
Le Père: (serant la fille dans ses bras, la larme à l'oeil)Oh Pamela, tu m'as manqué, pamela...
La Fille: (elle se tient droite, immobile. Elle ne le repouse pas mais ne l'etreint pas non plus, comme absente, silencieuse, le regard dans le vague)
Le Père: Pamela je t'aime, tu m'as tellement manqué, on a tellement de choses à se dire...
La Fille: J'en doute...
Le Père: Je t'ai téléphoné 3 fois mercredi, mais j'ai pas osé laisser de message...
La Fille: Il t'a fallut 6 ans pour trouver mon numéro?
Le Père: Je t'appelerais à nouveau, je viendrais te voir chez toi.
La Fille: Oui, si tu as le courage d'affronter mes reproches. Oui si tu peux accepter que je ne puisse jamais plus t'appeler Papa, que ce nom appartient désormais à un autre...Je n'ai plus rien à attendre de toi.
Le Père: Pamela, je t'aime tellement (il pleure à chaudes larmes, la Fille se détourne indifférente).

L'Eglise Saint Paul - Saint Pierre

C'est une belle cérémonie. Sylvie lit les dernières volontés de Pépé. "Le jour de mes funérailles tirez pas des gueules d'enterrement". On rit et on pleure en même temps. Ma cousine Catherine me serre la main.
Mémé lit un texte "Où que je sois tu seras avec moi, je ne te quitterais pas. Tu es vivant dans tes enfants, dans tes petits enfants. Ton nom est écrit à l'encre indélébile sur mon coeur."
Monsieur le curé évoque Pépé. Ca fait drôle de voir un prêtre parler du plus grand mécréant du quartier.
Petite procession derrière le cercueil, on quitte l'église. J'entends une dame dire: "Henri était un Père, un Patriache, comme on n'en fait plus".

Le Presbythère, suite et fin

J'évite soigneusement mon Père. Je parle avec Sylvie. La belle hystérique au chagrin d'amour hebdomadaire. Veuve joyeuse, il y a dans l'assemblée au moins 5 de ses exs, dont Jean Phillipe qui à servit de père au petit dernier. De 20 ans le cadet de Sylvie, il sont restés 5 ans ensemble, il l'a quittée pour affirmer son homosexualité. La préférée de Pépé, le petit génie.

Et puis il y a cette femme, amie de Sylvie. D'abord elle me parle de Sylvie. "Ta tante est un stéréotype. Des hystériques comme elle ça n'existe que dans les traités de Freud et Charcot." Je souris. Puis elle me dit: "Tu sembles particulièrement émue...c'est les retrouvailles avec ton père?"
Alors je lui raconte toute l'histoire. En une heure je lui raconte mon père et moi, je lui raconte P., je lui raconte le Docteur Trou du Cul...Je lui sors tout en vrac, dans le désordre. Mes morceaux choisis. Absurdes et douloureux.

Elle: C'est en quittant le prince charmant qu'on rencontre un homme.
Pamela: Tu parles comme un psy! (je lui souris)
Elle: Je suis psychanalyste...(elle sourit aussi)
Pamela: Et mon père dans tout ça?
Elle: C'est aussi en faisant le deuil d'un père idéal qu'on rencontre un homme...(elle caresse mes cheveux)
Pamela: Mais Pépé était un père idéal !!
Elle: Idéal, mais regarde les dégats...Regarde tes tantes, toutes plus névrosées les unes que les autres. Aucun homme n'a jamais pu rivaliser avec Papa. Et ton père...(elle soupire)

Je quitte la famille avant la crémation. Echange de mails et de numéros de téléphone avec les cousins. Je serre Mémé très fort dans mes bras, lui promettant de ne jamais plus perdre de temps. Je l'aime, je l'aime, je l'aime.
Mon père me fait la bise, m'assure même qu'il me téléphonera. Je ne souffrirais pas s'il ne le fait pas.

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lundi 27 janvier 2003 à 11h09
Lorsque Pamela prend le train
Je rentre dans la voiture n°8, les mains pleines de bagages, la caisse du chat sous le bras. Un jeune homme s'approche de moi et sans rien dire, juste en souriant, m'aide à me décharger de mes valises. Je suis frappée par ses mains, des doigts longs et fins, un anneau d'argent ciselé au majeur droit. Je me surprend à imaginer cette main sur ma nuque.

Je secoue la tête, je m'ébroue comme pour chasser cette idée incongrue. Je m'installe en face de lui. Il me sourit toujours.

Bercée par le train, je m'endors.

Je me réveille. J'ouvre les yeux, encore dans la torpeur d'un sommeil sans rêves. Il me fixe. Déferlement d'érotisme torride projeté sur la toile de mon imaginaire. Je fuis son regard, je détourne la yeux vers la vitre. Il continue de me regarder, je vois son regard dans le reflet de la fênetre. Je me laisse aller à rêver les yeux ouverts, et je m'amuse à le regarder droit dans les pupilles par reflet interposé.

On descend au même arrêt, il m'aide à poser mes bagages sur le quai, il me souhaite bonne journée et il part. Je reste là comme une conne, le film n'est même pas terminé. C'est frustrant. Fallait voir ma mine dépitée.

Mais qu'est ce qui m'arrive?

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mercredi 29 janvier 2003 à 18h02
Lorsque Pamela prend sa revanche
Demain, attention mesdames et messieurs, roulement de tambour, Pamela a rendez-vous avec le Docteur TrouDuCul...

Mais voilà, j'ai l'âme en poupe. Je me sens forte, je suis bien plus forte que toutes ses humiliations. Demain je ne pleurerais pas devant lui, je ne lui ferais pas ce plaisir là.
Parceque voyez-vous je ne suis pas de la chair à pervers qu'on manipule et pétri à son gré, mesdames et messieurs les jurés je vous assure que demain je resterais stoïque face à ses attaques perfides.
Inébranlable, solide, il n'aura même pas l'occasion de caresser ma fibre sensible et fragile. Il n'a pas ce droit là. Je le réserve à d'autres.

Que celui qui me raille parceque ça sent la méthode Coué à plein nez aille se faire mettre ce que je pense là où je pense. Demain j'aurais mes bottes de sept lieues aux pieds.

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samedi 1er février 2003 à 22h02
Lorsque Pamela emprunte les mots des autres
Ils savent tellement mieux le dire que moi...

Y a un joli garçon
Qui me trotte dans la tête
J'sais pas trop c'qui lui casse la tête
Mais c'est pas drôle sur sa planète
J'oserais bien m'couler dans ses bras
Sauf qu'on dirait un ange
C'qui fait que je n'peux pas
D'ailleurs il faudrait pas que j'l'aime

Il ne sait pas tellement rire
Ca s'voit bien qu'il est pas heureux
Il fait son petit sourire
Et j'ai le coeur qui bat pour deux

Y'a un joli garçon
Qui me trotte dans la tête
Il aime pas jouer pendant les fêtes
On est surement des marionnettes
Vu de là haut sur sa planète
Quand arrive le matin
L'odeur du café chaud
Quand on vole tous comme des oiseaux
Je n'voudrais pas qu'il y est une fin

Ca n'me fait pas tellement rire
J'vois bien que j'l'aime plus qu'un ptit peu
Ca je devrais pas le dire
Car j'ai déjà un amoureux


Pascaline Herveet

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mardi 4 février 2003 à 11h08
Lorsque Pamela fait des listes
Liste, énumération, catalogue, succession de détails insignifiants ou essentiels...

Liste de désirs et d'envies immédiates
Faire un bouquet de fleurs des champs
Traverser la France en voiture
Apprendre à danser le tango
Voir Juliette en concert
M'acheter une couette en duvet de canard
Dormir dans un lit à baldaquin
Jouer à la poupée
Embrasser un homme
Ecrire un livre
Changer de ville
Avoir une vie nouvelle
Etre mère
Faire des bulles de savon
Ecrire une lettre à P.
M'acheter plein de fringues
Vendre mon âme à Mephistophèles
Me remettre à peindre
Apprendre à cuisiner asiatique
Jouir avec un homme que j'aime
Ranger tout mon bordel, faire le ménage par le vide
Perdre la mémoire
Inventer un langage non verbal
M'allonger dans l'herbe et voir mille merveilles dans les nuages
Quitter ma peau de chagrin
Me transformer en fée
Tout dire en chantant
Hiberner
Ne plus être jalouse des mots des autres

liste de tout ce que je suis
Gentille (trop)
Drôle (parfois)
Lunatique (souvent)
Douce (comme du velours)
Gaie (pas assez)
Charmeuse (il parait)
Spontanée (ah oui?)
Naïve (si si)
Dépressive (malheureusement)
Bordélique (organisée)
Revoltée (par le monde)
Poule mouillée (peur d'y perdre des plumes)
Jolie (deux ou trois jours par mois)
Vilaine (le reste du temps)
Grosse (depuis toujours)
Emmerdeuse (aussi)

liste de tout ce que je ne suis pas mais que je voudrais tellement être
Belle (comme Rosa la Rouge)
Tragique (comme la Dame aux Caméliats)
Actrice (comme Sarah Bernhardt)
Cultivée (comme Laure Adler)
Poète (comme Juliette Noureddine)
Séduisante (comme Norma Jean Baker)
Danseuse étoile (comme Isadora Duncan)
Sorcière (comme Morgane la Fée)
Acrobate (comme Gina Lollobrigida dans Trapèze)
Aimée (par lui)

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vendredi 7 février 2003 à 00h04
Lorsque Pamela réalise, comme ça d'un coup, sans prévenir
Je ne l'aime plus...

Si si, je suis plus amoureuse, pouf, libérée, je me sens délestée. Légère, légère. Des ressorts liliputiens sous les semelles.

Mon coeur est enfin à prendre...

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vendredi 7 février 2003 à 01h08
Lorsque Pamela fait des listes (suite)
Liste non exhaustive des hommes de ma vie...

Olivier
Gentil, doux, marrant, rêveur, plein de bon sens. Charitable à souhait, mais j'en ai déjà parlé.

Ludovic
La bille de clown du collège. Un premier de la classe atypique, un peu décallé. De l'humour à revendre. Ses tâches de rousseur et ses yeux bleus me faisaient trembler. Une petite lueur dans le regard, la malice, l'intelligence. Il préfèrait Manuella, ma meilleure amie de l'époque. La petite histoire veut qu'elle ait été ma confidente pendant des mois et qu'elle le séduise sous mes yeux sans que je m'en rende compte. Un petit drame dans un théâtre sur la scène d'une sortie scolaire. J'étais absorbée par la pièce de Tardieu pendant qu'ils se pelotaient à côté de moi. Je me suis apperçue de rien du tout. Une bonne claque quand même.

Yannick
Un amour de vacances sur les plages d'Arcachon...Une année passée dans l'attente de le retrouver, des lettres enflammées, le souvenir des câlins sous la tente. Yannick vite rangé dans un placard.

Vincent
Trois ans de ma vie partagée avec celui que je voyais auréolé de lumière, un diable à visage d'ange. Il a joué pendant des mois à un petit jeu pervers avec moi...La séduction permanente sans passage à l'acte. En tombant dans ses bras je me suis frottée aux confins de la folie, juste à la limite. Intelligent, Dandy à souhait, calculateur, j'étais son jouet préféré. Il a fait de moi une épave. Je l'ai aimé, j'ai tout découvert dans ses bras. J'étais sa petite chose et pourtant il avait plein de qualités dont je n'arrive pas à me souvenir. Je ne sais même plus pourquoi je l'ai aimé.

Après lui...la débauche, boulimie sexuelle. Pas de sentiment. Pamela consomme. Des beaux gosses (quelques uns), des crétins (beaucoup), des intellos (qui auraient aimé l'être), des artistes (ratés) dont j'étais la muse d'une nuit, des culturistes (un seul en fait), des étudiants en arts plastiques (beaucoup), des étudiants étrangers (vive ERASMUS!), des potes (pour passer le temps), des vieux beaux (pilliers de bar), des oubliés (surtout), tout ceux dont je ne rappelle pas le prénom, ceux qui ne m'ont pas marqué, ceux dont je ne me souviens pas volontairement, ils ne m'en tiendront pas rigueur:

Pierre Yves
Une nuit dans un chalet avec le Petit Prince.

Michel
Marié, mais je ne l'appris que bien plus tard.

Eric
Pour fêter son départ à Madagascar.

Shanon
Un franc pour avoir la preuve de l'absence de slip kangourou sous son kilt.

David et José
Internet c'est magique des fois.

Guillaume
Mon meilleur ami.

Deux ans d'abstinence.

Eric (un autre)
Fallait bien mettre fin à ces deux années.

Thomas
Quelle erreur !

(...)

Hervé
Un joli petit bout de chemin de presque 6 mois. Une bibliothèque passionnante. On avait pas grand chose à faire ensemble. Séparés presque naturellement. J'avoue, je ne lui réponds plus au téléphone...Que c'est mesquin Pamela!

Pierrot
Dépucelage haut en couleurs pour son anniversaire.

Aziz
On pouvait pas faire plus cliché...Une infirmière qui se fait sauter par un médecin dans un hôtel de pacotille. Du Harlequin en plus sordide.

Et pour finir, P.
Toute cette liste pour en arriver à avoir découvert l'amour avec lui. Fulgurant, brûlant, douloureux. Peut être que je vais finir par penser qu'il fallait que je passe par lui pour devenir une femme. Des litres de larmes. En fin de compte, peut être un mal nécessaire...Aujourd'hui je boite encore mais je marche sans béquilles.

Je me prépare tout doucement à aimer de nouveau, à aimer mieux.

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dimanche 9 février 2003 à 11h07
Lorsque Pamela ne sait pas quoi répondre
Bertrand tu as raison et j'ai horreur de ça...

Pendaison de crémaillère chez Gilles et Milou, je me retrouve un moment avec Bertrand, 3 longues semaines qu'on ne s'était pas vus. Je lui raconte le message de mon père sur mon répondeur.

Pam, je t'aime, tu me manques, (et bla bla bla) je ne peux pas venir à Lyon en ce moment, mais tu me manques tellement (...).

J'ai pas envie de le voir, pas envie de lui parler, pas envie qu'il fasse partie de ma vie, je préfèrerais le savoir mort pour de bon, noyé dans alcool, suicidé...

Pamela, tu as trop de rancoeur, trop de haine. Tu ne veux pas aimer simplement ton père, sans attendre rien de lui? La bonne morale Chrétienne m'insupporte, je sais que c'est dur de pardonner, mais ça a le mérite de rendre plus léger. Tu te pardonnerais tellement de choses à toi même en l'aceptant tel qu'il est. Tout ce qu'on reproche à ses parents on finit par se le reprocher à soi même. Je ne connais pas ton père Pam, mais je sais que tu lui ressembles beaucoup plus que tu ne ressembles à ta mère. Accepte le et tu t'aimeras...Accepte l'amour bancal qu'il veut t'offrir.

Je fuie la conversation...Ca me fait peur qu'il ait autant raison.

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mardi 11 février 2003 à 18h38
Lorsque Pamela veut apprendre la sorcellerie
Comme d'habitude, Pamela veut ce qu'elle n'a pas.

Il y a des jours où je me sens drôlement bien
Apaisée
Reposée
Prête à rire de tout et de rien, de gros fous rires, une bonne gymnastique du corps, pour le détendre.

Il y a des jours où certains mots me font frémir
Trembler
Frissonner
De la poésie douce à l'oreille qui me donne envie de danser, de sautiller, des mots endiablés pour raconter mes émotions, brutes ou subtiles, lourdes ou éthérées.

Il y a des jours ou je voudrais partager
Offrir
Donner
Recevoir un peu de plaisir à la présence des autres.

Il y a des jours ou je ferais n'importe quoi pour m'aimer, pour me sentir moins seule, je cherche une recette, un mode d'emploi pour me sentir vivre, une formule magique pour devenir une autre en restant la même.

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mercredi 12 février 2003 à 11h58
Lorsque Pamela replonge
Deux soirs que je reparle à P.

Je ne devrais pas non, j'ai tort.

Oui je t'ai aimé
Oui mais
Oui mais je ne peux pas
Oui mais c'est au dessus de mes forces
Oui mais tu es tellement
Ah Pamela comme j'ai mal de t'avoir blessée
Oui mais je te blesserais encore
Oui mais tu m'as manqué
Pourquoi ce silence
Oui tu as raison je connais les causes de ton silence
Oui mais j'ai fait l'autruche
Oui mais tu seras la dernière


Je ne sais pas si je pourrais en aimer un autre que toi
Maintenant je voudrais
Oui mais c'est difficile
Tu es si
Tu es tellement
Autorise moi à aimer quelqu'un d'autre que toi...

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samedi 15 février 2003 à 11h47
Lorsque Pamela prend le train (version onirique)
Ca c'était il y a quelques années:

Je suis dans un train, un train rouge, un ces vieux trains qui sillonnent les campagnes de France.
Je suis assise près de la porte, très chargée.
Comme si je partais pour toujours.
Deux valises et un sac à dos de randonnée que je garde sur le dos...très lourd.
Il y a trois personnes dans le wagon, une femme qui donne le sein à un chiot, un homme qui lit la Pravda et un autre qui rie très fort en lisant un livre.
Le contrôleur passe, il me dit que ma destination sur mon billet n'est pas très lisible. Il s'installe sur un strapontin et essaye de déchiffrer mon billet de train.
J'ouvre le petit livret d'horaires et je ne connais aucun des noms de gare.
Le contrôleur me propose de poser mon sac à dos, je refuse, je dois le garder sur mon dos, je lui réponds "c'est tout le poids de ma vie" .
Le train s'arrête en pleine campagne, les portes s'ouvrent, je jette une de mes deux valises.
Le train repart, le jour se lève.
Je m'endors, je rêve dans mon rêve, de fleurs qui changent de couleur, de harpes taillées dans des toncs d'arbres...
Je me réveille.
Un deuxième arrêt dans une toute petite gare, grouillante de monde sur le quai, tout le monde descend aux Iles Kerguelen.
Je jette ma deuxième valise.
Le contrôleur à disparu.
Le train repart, je suis seule dans le wagon.
Je regarde par la fenêtre et je vois les rails disparaitre sous un joli gazon bien tondu, ils deviennent deux fines ornières dans lesquelles se glissent les roues du train.
Le paysage ressemble à une immense lande, vallonnée, sans arbres ni buissons, juste de l'herbe rase et des pierres.
Le train s'y arrête, longuement.
Je commence à m'impatienter, à m'agacer.
Je suis seule dans ce wagon, pas un bruit, le silence, lourd...
J'ouvre la porte et je vois la locomotive s'éloigner.
Il n'y a plus du tout de rails.
Je descends.
Mon wagon rouge est posé au milieu de ce paysage vert.
Je me sens completement perdue.
Je me réveille.

Plus récement:

Je suis dans une gare, il fait nuit, tout est sombre, avec juste quelques réberbères qui éclairent juste de toutes petites zones de lumière.
Je parle avec un homme drôle.
Il me fait rire aux éclats.
Tellement rire que je me fais pipi dessus.
Tellement rire que je ne vois pas mon train partir.
Lorsque je m'en apperçoit il quitte le quai.
Je me mets à lui courir derrière.
J'arrive presque à le rattrapper.
Dans ma course je ne me rends pas compte que je fais des petits sauts de cabris pour éviter des cadavres.
Je continue de courir sur les rails mais je ne vois plus le train.
Comme une dératée, essoufflée.
A un moment je m'arrête net.
Devant un aiguillage.
30 possibilités.
Des lignes droites et courbes qui s'entremèlent.
Mes yeux les suivent toutes.
Mes je suis bloquée.
Je ne peux plus avancer.
Je suis perdue.
Je me reveille.

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mercredi 19 février 2003 à 17h13
Lorsque Pamela pèche (à la ligne)
Pour faire dans la mouvance néo-spirituelle catholico-indouiste, disco-fun-paillettes façon Pierre et Gilles.

L'Orgueil
Ces tonnes de produits de beauté, achetés compulsivement, qui se meurent dans la salle de bains sans jamais avoir servi.
Ces miroirs partout (salle de bain, miroir de poche, fenêtre, porte du four). Je me mire, je me déforme, je me dégoute, je perce mes points noirs avec mes doigts rageurs, je me souris aussi.
Finalement je suis trop bien pour vous...

La Paresse
Trainer des heures dans un bain.
Rajoutter de l'eau chaude en tournant le robinet avec le gros orteil gauche.
Vider le trop-plein d'eau en soulevant le bouchon avec mon gros orteil droit.
Faire le chat le matin dans mon lit, me lever à des heures indues, passer mon dimanche en pyjama, pas peignée, pas lavée, appeler un livreur de pizzas.

La Colère
Déformer mes poches à force d'y mettre mes petits poings serrés.
Une cocotte minute sur le point d'exploser.
Non, je démarre pas au quart de tour, j'ai besoin de mon temps de chauffe, de ruminations. Je suis le diesel de la colère.

La gourmandise
La crème de marron.
Le fondant au chocolat.
des magrets de canard au poivre vert, flambés au Madère.
Un Côte Rotie, un Brouilly, un Vendanges Tardives, un Chablis.
Du Pineau, du Muscat, du Porto, du vin d'orange.
Une tomme de Savoie au lait cru a 45% de matières grasses, crayeuse au milieu.
Un sorbet au cassis.
Des chocolats fins.
Des Dragibus.

L'Envie
Jalouse:
De ceux qui ont écrit ou dit ou peint ou chanté exactement ce que je voulais dire ou écrire ou peindre ou chanter, dont je transforme la jalousie maladive qui me ronge en admiration sans bornes: Juliette Noureddine, Pierre Desproges, Pascaline Herveet, Henri Matisse (liste non exhaustive).
De celles qui seront toujours plus belles, que je conchie en toute mauvaise foi: Rosa la Rouge, cette fille que j'ai vu dans la rue, si jolie avec sa peau de pêche, diaphane, ses yeux bleus, ses tâches de rousseur et ses cheveux si noirs, et celle là, et celle ci...TOUTES !

La Luxure
Hum.
Haaaaa.
Hoooooo.
La putain chérie.
La tiède fleur.
Eventail de désirs, jamais rassasiés.
Picoler.
Manger du foie gras avec les doigts.
Et puis des râles, désir, plaisir, jouir.

L'Avarice
Bon j'avoue là je flanche.
Trop d'orgueil pour se savoir avare?

Hum.

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jeudi 20 février 2003 à 23h17
Lorsque Pamela décide de ne pas faire médecine
Dans la hiérarchie médicale il y a d'abord le statut d'externe, suivi de celui d'interne. Après on passe sa thèse et là les choses se gâtent. on devient praticien hospitalier et/ou assistant. Et enfin, si on est un winner ou devient professeur.

L'externe
Nom commun désignant l'étudiant en médecine qui commence à tater du terrain après en avoir chié trois ans à apprendre des cours d'anatomie par coeur, à voler les notes de son voisin d'amphi pendant la pause pour pas qu'il puisse entrer en concurence.
L'externe est par definition celui qui est à l'extérieur, il est pas encore vraiment dans le milieu. Mais on commence a l'y admettre.
L'externe se reconnait par l'air hautain qu'il prend dans les services, auprès de tous ceux qui lui seront hiérarchiquement inférieurs losqu'il sera médecin (infirmière, aide soignante, femme de ménage, coursiers...).
L'externe court après l'acte médical à effectuer, le cathéter à poser, les gaz du sang à piquer, l'ECG à enregistrer. Bien sur il ne fait encore aucun cas du patient, il ne connait ni Monsieur H., ni Mademoiselle L., seulement une maladie de Crohn, ou un lymphome de Hodgkin. L'humain ne l'interesse pas encore, y a le concours d'internat à préparer alors , l'humain, on s'en cogne!
Certains d'entre eux sont très humains, mais c'est curieux, ils passent bien plus inapperçus.

L'interne
Nom commun désignant l'étudiant en médecine à qui l'on donne le droit de jouer au docteur. Il fait même de vraies ordonnances, ce qui fait la fierté de sa maman. C'est maintenant son fils qui lui prescrit ses anxiolytiques. Il est speed l'interne, il fait un tas d'heures, il bosse tout le temps, a des heures indues et en plus de ça il bosse sa thèse. Il est à la botte de ses supérieurs, il ferait tout et n'importe quoi pour leur plaire.
Et comme maintenant il a le droit de prescrire, il en fait des pages et des pages, des trucs incroyables, des sérologies pour la fièvre Q, des recherches d'anticorps anti mitochondries, des chimiothérapie alambiquées....il essaye tout, tout ce qu'il a appris dans les livres. Et il l'écrit, sur la feuille bleue du dossier médical. Le soir l'infirmière recopie tout ça dans ses fiches de soin et l'execute le lendemain. Des tortures incroyables, des trucs immondes qu'on aurait horreur de subir soi même. L'infirmière torture puis console ensuite. Mais l'interne le sait rarement.

Le Praticien Hospitalier
Nom commun désignant l'ex interne qui a décidé de faire du pognon. Il exerce à la fois à l'hôpital et en libéral. En général il est pas trop chiant, il s'exprime peu, il s'implique pas des masses dans la vie hospitalière. Il est là pour continuer à se former pour gagner encore plus de pognon. Il est souvent gynécologue, Pédiatre, Cardiologue...

L'assistant
Nom commun désignant le toubib qui a décidé d'être calife à la place du calife. En général il assiste le professeur.
Image Féodale: Le professeur est roi. Il est à la tête d'un petit empire de plusieurs services et d'une consultation. Les assistants dirigent chacun une petite région. Et bien évidemment c'est à qui chiera le mieux dans les bottes de l'autre pour plaire au roi. Un jour, dans les rêves les plus fous de l'assistant, le roi lui cèdera le royaume en lui disant dans un dernier souffle que l'élève à enfin dépassé le maître.

Le Professeur
Nom commun désignant le sommet de l'échelle hiérarchique médicale. Ce type en jette un max. Il est en général droit et fier et ne s'adresse jamais directement au petit personnel. Il fait passer des notes de service, il signe des protocoles. Une fois par an il paye un petit déjeuner aux infirmières et aide soignantes, pour le nouvel an la plupart du temps. Mais il n'y assiste jamais.
L'appelation "professeur" a différents synonymes: Mandarin, Ponte, Patron.
Il inspire un respect profond à ses patients, qui lui vouent une admiration sans borne.
Et puis il a le savoir, il enseigne, il est maître de conférence et il guérit les maladies incurables.

Un jour je commenterais le serment d'hypocrate, mais ce soir je hais les médecins.

Extrait de conversation entre un externe et Pamela:
(...)
L'externe: (étonné, sirotant son café)T'es plutôt une fille intelligente! Pourquoi t'as pas fait médecine plutôt qu'infirmière...C'est un autre statut quand même Médecin !
Pamela: C'est que vois-tu, j'ai toujours eu une nette préférence pour les gens.

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mardi 25 février 2003 à 17h25
Lorsque Pamela fait des listes (2ème partie de la suite avant la fin)
Liste des petites choses inutiles sans lesquelles ma vie serait un enfer

Mes chapeaux (collection inachevée). La charlotte en velour noir, bien enfoncée sur la tête. Le canotier bleu pour les belles journées d'été. Les bérets, celui à fleurs, celui en laine marron, celui signé Ben, tête de génie. Le bibi à voilette pour faire la dame. Le chapeau melon, le même que Charlie Chaplin sauf que pour faire fille il y a une grosse margueritte dessus.
J'en oublie.

Mes boites (collection en expansion). J'adore les boites. Les toutes petites en particulier. Celles qui recèlent de trésors merveilleux. La petite en buis pour mes dents de lait, la boite de pastilles valda de 1952 dans lequel j'ai rangé un jeu de cartes miniatures, la boite de bonbons à la canelle pour ranger occasionnelles drogues, les boites à bijoux (des pacotilles de rien du tout), les boites précieuses (en argent, en ébène...), la boite à encens, moins poétique les Tupperwares®...A l'instant précis j'observe le petit espace étriqué de mon 18m² et je m'apperçois que je suis envahie de boites, totalement dépendante, le pire même, c'est que j'adore les fabriquer, les décorer.
Si je pousse un peu dans l'équivalence Freudienne je suis envahie par des centaines d'utérus, à moins que ce ne soit des boites de Pandore.

Mes vieilles fringues miteuses (collection déplorable). Ce haut vaporeux en viscose noire, bariolé par endroit de couleurs chaudes, de rouille, de vert de gris, de jaune tournesol, troué sous les bras (so sexy), tellement usé, presque transparent (so so sexy). Ce pantalon à carreaux, porté par un Monsieur des années 70, acheté 50 balles dans une fripperie, que je ne mets plus parceque mon popotin menace d'en faire lâcher les coutures à chaque flexion du bassin en avant. Et puis il y a la tunique indienne blanche pleine de tâches de peinture, mon premier t-shirt "tie and die, souvenir de ma période pseudo-grungy-adolescente-dépressive. Les foulards de Mémé, mes vieilles Kickers pourries dont j'arrive pas à me defaire sentimentalement.
M'en séparer serait pire que de m'écorcher vive.

Les objets sans valeur apparente mais à forte imprègnation émotionelle (collection encombrante). Pour la majeure partie, tous rangés dans des boites (lire plus haut). Un flacon de sable du Sahel, une boite de coquillages du Sénégal, une autre boite de coquillages de Corse, une autre de Quiberon, enfin, une boite de coquillages de chaque endroit où j'ai vu la mer ou l'océan. Tous mes agendas scolaires, au cas où j'aurais besoin d'une quelconque information notée dans les pages (référence de livre, de disque, numéro de téléphone, petit mot d'Aurélie ou Yvette). Les notes de restaurant, les tickets de cinéma, les billets d'avion, de train, de bus, les tickets d'entrée des musées. Une série de Matriochkas, une vielle couverture en laine tricotée par Mamie, mes cahiers de maternelle, Krokinou (qui sent comme un vrai animal, ma madeleine à moi.), etc.

Bon...et si on faisait un peu de ménage Pamela ?

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mercredi 26 février 2003 à 12h18
Lorsque Pamela rédige une petite annonce
Si j'étais désespérée:
JF 24 a seule cherche H phy et âge indifférents pour amour éternel sans divorce nombreux enfants bienvenus.

Si j'étais aventureuse:
Calamity Jane 24 a cherche Indianna Jones pour aventures tumultueuses sur chemin torutueux de la passion.

Si j'étais libertine:
Madame de Merteuil 24 a cherche Valmont pour intrigues et séduction sur l'oreiller.

Si j'étais romantique:
Petite fleur bleue 24 a cherche petit buisson au coeur ardent pour voir la vie en rose avec des frizzys pazzys dans les yeux.

Si j'étais sélective:
JF 24 a bien sous tous rapports cherche JH même profil intelligent cultivé maniant l'humour avec brio photo souhaitée.

Si j'étais nymphomane:
Bombe sexuelle 24 a cherche étalon bien monté pour marathon sexuel.

Si vraiment je passais une annonce:
Petite bonne femme de 24 ans, un peu seule, un peu triste, un peu mal dans sa peau, cherche un doux rêveur, un peu looser pathétique, un peu poète, un peu drôle, un peu tendre, un peu ami, un peu amant, un peu amoureux.

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vendredi 28 février 2003 à 12h05
Lorsque Pamela jette l'argent par les fenêtres (et s'en porte plutôt bien)
Par je ne sais quel mystère à l'origine insondable le Docteur TrouDuCul à enfin cèdé. Petites remontrances de la part de la hiérarchie probablement pour lui manifester l'inutilité de ses excès de zèle.
Donc me voilà "stagiaire", terme qui met en avant mon premier pas au sein de la sacro-sainte fonction publique hospitalière.
Amen.

Alors pour fêter ça, débauche de consommation bien méritée.

Des belles pompes neuves pour me faire des pieds un peu féminins mais pas trop quand même: 67 €.
Des trucs pour parfumer mon intérieur, des encens, des parfums exotiques, feuilles froissées, figuier, pois de senteur
: 15 €.
Des CDs, un import de Tori Amos, le dernier album de Cat Power: 35 €.
Un cadeau pour les 25 ans de Bertrand, Amélie Nothomb qu'il aime tellement (je sais pas comment il fait moi j'y arrive pas): 14,60 €.
Des encres Colorex, des fusains, du papiers Ingres pour dessiner Perrine et son ventre rond si elle veut bien: 37 €.
Enfin, un restaurant Africain entre amis, rires et tendresse, petit bonheur instantané, saisi au vol, le tout arrosé de Crozes Hermitage et de vin de palme (mélange curieux): 42 €.

Total des montants: On s'en cogne. Depuis quand on doit justifier le plaisir.

Bref Pamela va pas trop mal, n'en déplaise à la vermine qui hiberne encore dans le coin.

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jeudi 6 mars 2003 à 11h33
Lorsque Pamela prend des cours d'Histoire
Mémé,

J'ai aimé ces deux journées passées à tes côtés, cette longue promenade à sillonner les rues de Paris sur le chemin de ton histoire.
Dans cette rue ton arrière grand-mère vendait des chaussures.
Tu vois ce balcon là, c'était l'atelier de couture de tante Gina où j'ai travaillé au début de la guerre.
Et là, le Quai de l'Horloge et la tour de de l'Horloge.... 4 jours et 4 nuits que tu as passé dans une cellule avec ton étoile jaune sur l'épaule avant d'être miraculeusement libérée. Tu n'as plus jamais vu ta maman, emportée vers la Pologne...

Je te promets Mémé, je ne laisserais pas ta mémoire se dissoudre dans le temps.

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dimanche 9 mars 2003 à 12h32
Lorsque Pamela rechute (suite)
Toujours ces longues conversations par écran interposé avec P.

Il me fait toujours autant rire.
Je goutte à nos mots du début.
Mais forcement ça dérive.
Vers nos débuts.
Comme on était bien ensemble.

Je ne suis plus amoureux, Pam, mais je suis lié à toi...pour toujours.

Je ne sais pas si je t'aime encore.
Parfois oui encore un peu, parfois non, plus du tout.
Mais hier soir, comme une évidence, je l'aime.
Toujours. Pour toujours. A en mourir. J'ai le coeur tatoué.

Pam, tu es la seule à avoir percé mon armure, ça m'a fait peur. Et avec quelle douceur tu l'as fait...

Tu connais tous les recoins de mon âme, tu t'es niché dans l'alcôve de mon coeur. Locataire pour toujours.

Je suis un pervers Pam, et ça tu ne le vois pas. C'est pour cette raison que je t'ai quitté, brutalement au moment le plus fort. Ce n'est pas toi que j'ai voulu protéger, mais moi même de ma propre perversité qui fait du mal partout.

Tu as un coeur de Pierre. Oui tu es pervers d'avoir créé autant d'attachement, autant de lien, autant d'amour. Tu es cruel d'être aussi séduisant, aussi drôle, de savoir lire si bien dans mes yeux.

Même dans le silence je te parle, même au loin je t'entends.

Je suis sereine mon amour.
Je ne souffre plus de la distance.
Je t'accepte comme souvenir.
Mais je ne saurais jamais ne plus t'aimer.
Ne me donne pas de faux espoirs.
Je ne dois rien attendre en retour.

Pam, revoyons nous...

Je heu...
Non.
Je crois que heu....
Non non...je ne pourrais pas.
Pas encore, je ne suis pas prète.
Si un jour je le suis, OUI !
Mais là je suis convalescente du coeur.

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mercredi 12 mars 2003 à 12h59
Lorsque Pamela découvre une entrée de secours
La porte s'ouvre.
Elle est juste entrouverte.
Un tout petit filet de lumière à travers la serrure et dans l'embrasure.
J'ai ouvert un premier verrou.
Vous pouvez entrer.
Vous aurez encore un colocataire pendant quelques temps.
Il paye le loyer mais il n'est jamais là.
Le bail de mon coeur est à durée inderminée...

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jeudi 13 mars 2003 à 12h09
Lorsque Pamela reprend ses bonnes habitudes
Je suis une midinette.
J'ai les émotions à fleur de peau.
Je recommence à tomber amoureuse tout les jours.
Aussi vite que je me désinterresse.

Il est toujours là.
Mais l'image se trouble.

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mardi 25 mars 2003 à 13h06
Lorsque Pamela fait du troc
Il y a quelque chose de curieux dans ma vie...

Quelqu'un à qui j'ai promis de ne pas parler dans ces pages. J'échange un P. amoureux, amant, tendre occupant de mon coeur contre un Monsieur P. ami, confident qui me malmène, qui ne m'épargne pas, qui me remue, qui ne se gène pas pour m'égratigner, pour gratter les petites croûtes gênantes. Toujours avec désinvolture et légèreté. Il ne s'en doute probablement pas. Mais non, je ne dois pas parler de lui ici. Il va lire, il va se reconnaître et le procès me pend au nez.

Attention Pamela, un P. peut en cacher un autre...

Oui mais ce n'est pas le même.
Pas le même homme. Même si le trouble et le doute vous envahissent parfois Pamela, soyez lucide.
Il ne faut pas mettre tous les P. dans le même panier.

J'échange la dépendance amoureuse contre une dépendance nouvelle et inconnue mais sans conséquences. De l'échange d'échanges. Des mots, du vent mais pas de douleur. Je me l'interdit.
Je ne me briserais plus.
Je ne sacrifierais pas mes sentiments sur l'autel de l'amour.

Blinde ton coeur Pamela, ne le rend accessible qu'à toi même.

Je ferais comme P. et Monsieur P.
Il aura les mots d'un côté.
Le corps de l'autre.
J'apprendrais à ne pas mélanger.
A faire des cases.

J'évoquais l'ouverture de mon coeur...
Mais non, mieux vaut le condamner.
Je ne laisserais plus jamais aucun locataire le dégrader.
On ne paye jamais de caution quand on loue un coeur.
Les dégats sont toujours irrémédiables.

Merci Monsieur P.
Sans le savoir vous mettez le doigt sur ce que vous appelez mes contradictions.

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samedi 29 mars 2003 à 15h58
Lorsque Pamela dérape
Il est entré par la petite porte. Discrètement sans en avoir l'air.
J'ai goûté à ses mains sur mon dos.
Je l'ai laissé me découvrir.
Je l'ai laissé déraper.
Je me suis laissée prendre au jeu avec délectation, sans résistance.

J'ai goûté à la douceur de sa peau. Je suis ivre de cette douceur que le bout de mes doigts réclame encore, encore, encore.
J'ai aimé le désir quand il brille dans ses yeux.
J'ai aimé son petit sourire en coin, un peu taquin, un peu provocateur.
J'ai aimé la musique de sa voix, chuchotée et chantante, son timbre velouté.
J'ai aimé les petites signatures laissées à l'encre de sa bouche.
J'ai aimé son nez dans mon cou et ailleurs.
J'ai aimé ses mots.
J'ai aimé sa façon de sourire à mes absurdités.
J'ai aimé ce qui bouillonne en lui, ce mystère fascinant, impalpable et inexplicable.
J'ai aimé me perdre dans ses bras.
J'ai aimé sa présence.

Je crois que j'aimerais encore tout cela.

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mercredi 2 avril 2003 à 12h19
Le Musée Idéal de Pamela Peacemaker (Partie I)
A quoi ressemblent mes rêves?

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Léonor Fini Le Couronnement de la Bienheureuse Féline 1974

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Léonor Fini Dimanche après-midi 1980

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Gustav Klimt Poissons Rouges 1901-02

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John William Waterhouse Les Danaïdes

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John William Waterhouse Psyché entrant dans le jardin de Cupidon

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mercredi 2 avril 2003 à 13h26
Lorsque Pamela s'ennuie
Je m'ennuie de Monsieur P.
Je tourne comme un lion en cage dans ma petite chambre.
Bientôt 36 heures sans avoir entendu sa voix.
Presque une semaine sans sa peau contre la mienne.

Alors je rêve.

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samedi 5 avril 2003 à 12h52
Lorsque Pamela compte les jours
Mon Premier vrai chagrin d'amour n'aura duré que 6 mois...du 27 septembre au 27 mars...jour pour jour !
Mais ma bonne dame j'ai ramassé...
Ouh là oui !
Et c'est pas que je me vante de mes blessures mais j'aimerais autant m'en épargner de nouvelles.

Pamela petite cruche, vous commencez seulement à morfler...

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samedi 5 avril 2003 à 13h05
Lorsque Pamela fait le point avec ses lecteurs
Pamela version blouse Hollywoodienne:

Chers lecteurs,
Je vous délaisse ces derniers temps parceque j'ai perdu le sens de mes mots.
Pamela essuye une larme d'émotion derrière ses lunettes noires.
J'ai besoin de faire un break, de m'éloigner des feux de la rampe. J'ai besoin d'un retour au calme, de retrouver mon intimité. Excuse bidon d'une fille qui voit la vie en chansons et en tableaux, qui n'arrive plus à aligner deux mots cohérents sur un clavier.

A bientôt public chéri mon amour !

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mardi 8 avril 2003 à 12h18
lorsque Pamela dérape...
Bon...je crois que les gens qui sont avertis par mail des nouveaux écris de mon journal peuvent lire mes écrits vérrouillés.

SYLVAIN A L'AIDE !

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mercredi 9 avril 2003 à 11h34
Logique Peacemakerienne
Si je veux aller au bout de ma connerie et apporter un peu de cohérence à ce journal il faudrait que je rebaptise Monsieur P.

Pamela n'est pas là pour panser les players
Pamela pense amant
Pamela pense aimant
Pamela pense Player
Collé contre sa peau
Fort comme un pansement

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Dans l'histoire il s'appelle Player...

Celui qui me dit que je dois arrêter les substances psychoactives aura probablement raison...

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jeudi 10 avril 2003 à 11h41
Lorsque Pamela prend des cours de con(tra)ception
Lorsque la pilule contraceptive n'était pas autorisée sur le marché du médicament et que l'avortement était encore clandestin, les femmes comptaient les jours pour déterminer le moment de leur probable ovulation. C'était la méthode du docteur Ogino. Evidement, cette méthode n'est pas complètement fiable (tous les enfants du baby-boom vous le diront, je suis un bébé Ogino).

Encore aujourd'hui c'est une méthode qui à de nombreux adeptes, en particulier chez les jeunes filles de 14 ans qui arrivent terrorisées aux urgences parcequ'elles ont pris 4 kilos en 3 mois et qu'elles ont un retard de règles de déjà 3 mois. Et c'est toute l'incompréhension du monde que tu lis dans leurs yeux lorsque tu leur annonces que les résultats sanguins sont formels, Mademoiselle vous êtes enceinte...
Alors là s'élève la petite voix de la demoiselle: Mais pourtant, j'ai compté les jours...Je comprends pas.

Docteur Ogino vous êtes un salaud.

Bien sur me direz vous, que fais-je du préservatif ?
C'est un truc de génération, vous répondrais-je, un truc que je recommande à n'importe quelle jeunette qui viendra me demander conseil, mise en confiance par la blancheur de ma blouse.
Je lui parlerais des MST, du sida, des hépatites.
Je ferais aussi une petite info sur le viol, sur l'inceste et les violences faites aux femmes.
Je leur dirais l'importance de pouvoir dire non quand le corps et la tête disent non.
Et ce n'est pas seulement de la conscience professionnelle...

Mais voilà, je n'écoute même mes propres conseils.
Aujhourd'hui je suis drôlement soulagée.
J'ai mes règles.
Youpie.
Olé!
En 15 jours:
-J'ai pris une pilule du lendemain;
-J'ai eu 6 jours de retard de règles;
-J'ai fait un test de grossesse (négatif).

Pamela, n'écoutant que son courage, décide de reprendre la pilule ce soir...

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lundi 14 avril 2003 à 19h49
Lorsque Pamela ne crie plus à la terre, à la mer et au monde entier son affliction profonde et son malheur stérile...
...Elle tente d'exprimer:

Le contentement (de petits riens),
Le délice (de ses pensées),
La douceur (de la peau du Player),
L'enthousiasme (d'écrire, de dessiner, de lire),
L'épanouissement (de sa feminité) ndlr. Si si je vous jure), L'euphorie (de l'attente),
La félicité (de son corps repu de plaisir),
La gaieté (de ses yeux),
La griserie (des baisers),
L'ivresse (des caresses),
Le plaisir (tout court),
Le sourire (greffé aux lèvres).

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mercredi 30 avril 2003 à 11h51
Lorsque Pamela perd ses maux
Résumé super abrégé des épisodes précédents :

Il y a 7 mois, Pamela se fait plaquer par P, un garçon dont elle est tombée très vite éperdument amoureuse. Désespérée de chagrin, elle décide (guidée par une délicieuse internaute à l'hystérie étincelante) d'écrire un journal intime public (sic) sur le net, comme thérapie alternative au chagrin d'amour. Un jour elle fait la connaissance de Monsieur P.

Actualité brûlante de Pamela Peacemaker :

Monsieur P.
J'ai fait sa connaissance sur internet. Au départ rien ne me prédisposait à envisager une quelconque relation autre que purement amicale avec lui. Nous bavardions de choses et d'autres. J'évitais soigneusement d'évoquer P. C'était un échange léger, on se racontait nos vies, il me faisait rire. J'ai fini par lui faire lire ce journal...
Puis on s'est rencontrés.
Et c'est là que ça se corse.

Amoureuse ?
Non.

Comment ça pas amoureuse ?
Bah, pas amoureuse, non. Oui j'aime sa voix, ses caresses, ses mots. Oui j'aime sa façon d'être mystérieux. Oui, j'aime même sa façon de me malmener, de me taquiner.
Je me sens simplement bien avec lui. Il me manque souvent. Je brûle d'envie de me partager avec lui. Des moments, des expériences, des jeux, du plaisir.

Toujours pas amoureuse ?
Si un peu...mais pas de façon conventionnelle.
Enfin pas de la façon dont tout le monde tombe amoureux.
Surtout pas comme j'ai aimé P.
Je veux être capable de quitter Monsieur P sans aucune larme, sans aucune tristesse.
Je sais surtout qu'il peut me dire adieu subitement.
Et je sais qu'il a le cœur infidèle.
Et j'ai beau dire avec désinvolture que ça ne me fera rien, qu'il peut faire ce qu'il veut, je préfère me garder de toute souffrance.
Qu'il reste cet ami-amant.

Mais je sens que je m'explique mal.
J'ai du mal à trouver mes mots.
Je crois que j'ai plus envie de réfléchir.
Il comble mon besoin de tendresse et d'affection.
Mon besoin de plaisirs.
Est-ce que j'ai besoin de plus ?
Est ce que je dois sacrifier tout ça sur l'autel de l'amour ?

Et puis même si grâce à Monsieur P j'ai rangé le dossier P dans un tiroir.
Même je m'enflamme à l'idée du désir d'un autre.
P est toujours là.
Surtout dans mes rêves.
Essentiellement dans mes rêves.

J'avoue, ça m'agace.

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samedi 3 mai 2003 à 23h52
Lorsque Pamela se pose la question du jour.
Pourquoi aucun homme ne tombe amoureux de moi ?

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jeudi 22 mai 2003 à 21h31
Les petites histoires de Pamela
Petite fable banale où chacun pioche la morale qui lui convient:

Depuis quelques années rien ne va plus. Ca à commencé par des trous de mémoire. D'abord, je quittais la maison en oubliant les clés sur la porte, ces clés que je commençais à perdre sans arrêt. Ensuite j'ai commencé à me perdre. Dans mon quartier, dans ma ville, dans ma maison. J'ai fini par perdre ma femme. Je la cherchais pendant des heures, je déambulais comme une âme en peine dans le quartier, les yeux hagards. Quand je la retrouvais, j'éclatais en sanglots, heureux, tellement heureux de la retrouver, et je la serrais dans mes bras pendant des instants que j'aurais voulu interminables. Au début Carmela me taquinait gentiment. Elle se moquait de son grand Salvatore qui perdait la tête. Elle voulait pas croire que c'était du sérieux. Mais moi je le voyais bien que quelque chose clochait. Je cherchais mes mots, j'arrivais même pas à lui expliquer ce qui était en train de griller dans ma cervelle.
Elle a fini par comprendre le jour où les gendarmes m'ont ramené à la maison. J'étais en pyjama devant la mairie un matin à 8 heures. Elle a fini par m'emmener voir un médecin. Un neurologue.
Ma Carmela. Ma toute délicate Carmela, avec tes longs doigts fins et tes épais cheveux bruns. Tu me portes, tu me guides, tu me tiens à bout de bras, au bout de tes jolis bras graciles. Le temps n'a pas eu de prise sur toi ma Carmela. Mais moi je suis vieux. Vieux et sénile.
Je ne reconnais plus mes enfants.
Je ne reconnais plus ma maison.
Je ne reconnais plus mes amis.
Je suis perdu dans un monde trop grand qui change tout le temps. Je n'ai plus la notion du temps qui coule. Quelque chose s'est arrêté, suspendu en l'air, en apesanteur. Alors je marche. A petit pas serrés. Je déambule. Je dis bonjour aux passants. Certains m'assurent excédés que c'est la 5ème fois aujourd'hui qu'ils me voient. Je suis persuadé qu'ils plaisantent, parce que moi je suis sur de ne pas les avoir vus. Je vis au présent de l'indicatif en permanence. Et je continue de marcher, à petits pas serrés. Je déambule encore. Les yeux dans les anges.
Je ne reconnais que Carmela. Son visage est une étincelle dans la brume de mon esprit.

Je suis à l'hôpital. On m'a enlevé à Carmela. Je la cherche dans le blanc des murs, dans les yeux des infirmières, mais Carmela n'est nulle part.
J'en ai assez. Je veux la retrouver.
Je me fais beau, un peu d'eau de cologne, un peu de brillantine sur mes cheveux blancs.
Et je pars.
Je me taille.
Je me barre.
Je me fais la belle.
Carmela, ma piu bella, ne craint rien, j'arrive. On serra toujours tous les deux au présent de l'indicatif.

Le point de vue de l'infirmière:

Mercredi, Salvatore a disparu du service. On l'a cherché partout. C'est pas la 1ère fois qu'il disparaît comme ça. La dernière fois, les policiers l'ont ramené dans le service. Il était rentré dans le commissariat pour demander son chemin, à 3 minutes de l'hôpital.
Mais mercredi on a vraiment eu très peur. Salvatore a disparu à 10h. Juste avant je venais de le féliciter pour son élégance. Sa femme devait arriver à 12h pour le ramener chez eux.

On a l'habitude de le voir marcher. De le voir faire ses allées et venues dans les couloirs. On jetait toujours un oeil sur lui. On lui disait un petit mot en passant. Il nous demandait sans arrêt où était Carmela. En trois mois d'hospitalisation on commençait à le connaître notre Salvatore. Et sa Carmela aussi. Fidèle au poste. Elle arrivait tous les jours à midi et demi pile, avec un sac de pyjamas propres et des mouchoirs bien repassés parfumés à la lavande.
Mais Salvatore est plus malin que 4 infirmières réunies. Mercredi il s'est fait la malle.
Une très grosse tension à commencé à peser sur le service. D'abord faire une déclaration de fugue, avertir les services de police. Les minutes qui s'égrainent avec une lenteur insupportable. Et Carmela qui appelle toutes les demi heures en pleurant à chaudes larmes et répétant comme un disque rayé que son Salvatore devait être mort. Salvatore et son coeur fragile, perdu dans Lyon.
A 16 h on apprend qu'il a été amené dans un commissariat à l'autre bout de la ville. Un chauffeur de bus, qui à trouvé étrange ce petit monsieur qui lui demandait de l'emmener chez Carmela, l'a accompagné chez les policiers.

Plus tard j'ai accueilli Carmela, encore tremblante et sous le choc. Elle venait signer les papiers de sortie de Salvatore. Elle m'a longuement parlé de son petit mari, de son métier de vannier, de leurs premières années de mariage sous le soleil de la Sardaigne. Elle me dit combien elle l'aime malgré Monsieur Alzeihmer qui lui ronge le cerveau. Elle me dit sa douleur de le voir partir loin d'elle, avec les anges. Elle me serre dans ses bras et elle retourne rejoindre Salvatore qu'elle a laissé à la maison, enfermé à double tour.

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mardi 24 juin 2003 à 16h03
Lorsque Pamela fait sa loi
Retrouvé dans un vieux cahier d'une Pamela de 15 ans:

Règle N°1:
Ne pas tomber amoureuse

Règle N°2:
Se conformer à la règle N°1.

Rajouté par une Pamela de 24 ans:

Règle N°3:
Fuir tant qu'il est encore temps.

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