De la virtualité appliquée aux relations humaines
Un titre un peu pompeux pour une question qui me travaille (quand je n'ai pas de gros efforts intellectuels à fournir).
Comme nombre de mes congénères, je suis une utilisatrice pas vraiment
modérée, des mails, SMS, MSN, et je raconte même ma vie sur un blog. Et
depuis peu, je suis passée à Skype video. Je suis donc mal placée pour
m'insurger contre ces nouveaux moyens de communication qui, loin de
nous rapprocher, nous éloignent un peu plus chaque jour, et bla bla
bla, et bla bla bla.
Mais là, j'ai comme le sentiment d'avoir atteint le point de non-retour
en ce qui concerne le refus de toute réalité, se voir, se toucher,
apparaître tel que l'on est.
En ce qui concerne les amis et la famille qui vivent de l'autre côté de
l'Atlantique, c'est ma foi fort pratique de pouvoir se parler et se
voir quand on le veut (et gratuitement). Mais avec les gens
qu'habituellement on appelle, et qu'on essaie de croiser, là, il n' y
plus d'efforts à faire. Etre invisible quand on n'a pas envie de
parler, se connecter dans le cas contraire.
Il y a quelqu'un dans ma vie avec qui j'ai débuté une jolie relation
légère par mail, après ne l'avoir vu qu'une fois. Après s'être revus,
nous avons continué par SMS. Après notre premier malentendu (et notre
première engueulade, qui n'a pas été la dernière), nous ne sommes revus
que 3 fois en 1 mois et demi. Et parce qu'on se parlait souvent, la
relation qui est née est devenue, en plus d'ambigüe, franchement
délirante et bien trop intime pour qui ne s'était même pas frôlé. Après
un bon gros craquage de ma part, nous nous sommes éloignés.
Et puis paf, Skype. C'est à cause de ce moyen de communication tout
droit venu de l'enfer qu'on se retrouve, un samedi soir, à faire entrer
quelqu'un chez soi, tout en gardant la distance nécessaire à sa santé
mentale.
C'est une drôle de sensation que de se retrouver chez soi, vaquant à
ses occupations avant de sortir, avec en gros plan, sur son écran
d'ordinateur, la tête de quelqu'un qu'on ne connait au bout du compte
pas si bien que ça, et qui veut découvrir votre intérieur, votre
intimité, mais de loin. Comme s'il s'autorisait à entrer chez vous,
mais pas physiquement, pas "pour de vrai". Comme ces enfants qui
cachent les yeux derrière leurs mains en pensant être invisibles.
Première tentative de mensonge et de sentiment de disparaître pour ne
pas se confronter au monde réel.
Et moi, qui tentais d'évoluer naturellement dans mon chez-moi (pfff, tu
parles), comme s'il était là, en train de me regarder me préparer, lui
ne voulant pas interrrompre la conversation, alors que je devais
partir. Et ça aurait pu durer toute la nuit.
Mais le fait est que nous habitons dans la même ville, et qu'un seul
arrondissement, 3 portes de périphérique nous séparent. J'ai donc mis
fin à la conversation et suis sortie de chez moi pour me confronter aux
autres, même s'il voulait que je reste. S'il veut me voir, qu'il
vienne...
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