J.mag
Dernière mise à jour: 08/10/00
Numéro 6

Sommaire

Edito
Interview:
Chantal
Théorie:
Liens
Relations entre diaristes
Ailleurs:
Nobody knows anything
Boîte aux lettres
Les participants


Edito

Je dois dire que je suis déçu. Après le dernier numéro qui avait eu une certaine participation de diaristes et de lecteurs, ce numéro n'a rien reçu. Pas un mail, pas un texte de participation. Jusqu'à maintenant, j'ai compensé pour le manque de participation en écrivant plusieurs articles tous les mois, au point qu'on m'a reproché de faire de J.mag mon magazine.

En relisant quelques messages et en voyant l'attrait des journaux pour le monde extérieur (sortie bientôt de Cher écran et d'un article dans Eurêka), je me suis demandé: est-ce que les diaristes s'intéressent vraiment aux journaux ? Est-ce que les diaristes s'intéressent seulement autant aux journaux que leurs lecteurs ? Je dois dire que la réponse m'a l'air d'être non. J'en veux pour preuve le mal que ceux qui organisent des choses (par exemple la CEV, J.mag) ont à trouver des participants. Les diaristes m'ont plutôt l'air de s'intéresser à leur journal plutôt qu'à celui des autres. Ce qui les intéresse n'a pas l'air d'être de lire ou d'écrire sur les journaux général, mais seulement qu'on parle de leur journal. Je crois que j'avais raison à propos de cette communauté fantôme. Si avec 100 diaristes il est impossible de trouver des participants, alors la probabilité d'en trouver avec 200 reste nulle. Ce n'est pas un problème de nombre, c'est un problème de mentalité.

J.mag n'est donc pas une chose nécessaire et je doute de l'existence d'un numéro 7. D'autant que comme je vais être très occupé pendant les 12 mois qui viennent (la longueur des articles dans ce numéro le prouve déjà), je n'aurai plus autant de temps à consacrer aux journaux.
 



Interview: Chantal de Shani

MöngôlO : Qu'est-ce qui t'a donné envie de créer un journal online ?

Chantal : En Octobre 1999, j'ai découvert les journaux online et voilà, je venais de trouver le moyen d'allier une passion (l'écriture), des habiletés (en informatique, c'est aussi mon domaine d'études), un passe-temps (l'internet) et un besoin de partager ! C'était aussi un défi, un projet à long terme que je tenais à faire. Quelque chose que je soupçonnais m'intéresser assez pour ne pas lâcher après seulement quelques semaines. Finalement, je ne me suis pas trompée !

MöngôlO : Certains disent (par exemple Michèle Senay) que le journal online est complètement différent du journal papier. Toi qui est passée de l'un à l'autre, qu'est-ce que tu en penses ?

Chantal : Ils sont différents sur la forme. Sur Internet, je sais que j'ai des lecteurs, je suis consciente qu'il y a des différences d'âge, de nationalité, de niveau de scolarité, etc. J'utilise un style d'écriture plus.... poli ? :) Je fais plus attention aux mots et aux expressions que j'utilise. J'ai un message à livrer et c'est important qu'il soit le plus clair et précis possible, qu'il soit compréhensible pour tous les lecteurs.

Pour l'instant, mon journal papier ressemble encore un peu plus à un langage parlé qu'écrit, mais c'est une chose que je cherche à atteindre par mon journal online : un style agréable et précis, même lorsque j'écris seulement pour moi.

Ils sont aussi légèrement différents sur le contenu. Sur Internet, je m'explique plus en long et en large que dans mon journal papier, parce que je dois placer un contexte ou faire des références au passé, par exemple, tandis que dans mon journal papier, je n'ai pas besoin de le faire puisque je connais déjà mon contexte. Dans mon journal online, j'écris parfois sur des sujets d'opinion, comme par exemple la polygamie, les forums de discussion, etc. Je touche à ces sujets parce que je veux partager mes idées et opinions. Je n'écrirais pas à propos de ces sujets dans mon journal papier : j'irais plutôt en discuter avec une amie !

Pour ce qui est des ressemblances, et bien, tout ce que j'écris dans l'un pourrait se retrouver dans l'autre. Comme je n'ai rien à cacher, il n'y a rien que je classe à écrire "sur papier" ou "online". Ça dépend surtout du moment où j'ai envie et besoin d'écrire. Les idées exprimées, les sentiments que je vis, mes opinions, tout ça c'est pareil, que je l'écrive ici ou là.

MöngôlO : Qu'est-ce que tu en attends ?

Chantal : J'ai répondu un peu dans une question précédente. Je m'attends à ce que mon journal online m'apporte de nouvelles habiletés face à l'écriture. Je m'attends, le jour où je cesserai mon journal online, à être capable de continuer à écrire de la même façon, mais seulement pour moi.

Évidemment, je me sers aussi beaucoup de mon journal pour me poser plein de questions face à ce que je vis, faire un "brainstorming" de mes idées, essayer de découvrir ce que je veux vraiment dans la vie, ce qui est important pour moi, mes valeurs, mes qualités, mes défauts. Des côtés de moi auxquels je ne m'arrêterais pas aussi souvent à réfléchir si je ne prenais pas la peine de les écrire.

MöngôlO : Qu'est-ce qui te ferait arrêter ?

Chantal : Probablement le manque de temps. Le jour où je n'aurai plus une minute pour écrire mes pensées, et bien je cesserai d'écrire mon journal online. Si je cesse d'écrire mon journal online à cause de manque de temps, ce sera aussi par respect pour les lecteurs, pour ne pas leur livrer des pensées écrites à la va-vite seulement quelques fois par mois, juste pour dire que je le fais. Tant qu'à mal faire quelque chose, c'est aussi bien de pas le faire du tout.

Si ce n'est pas le manque de temps, ça sera le manque d'inspiration qui me fera arrêter. Le jour où je vais sentir que je tourne en rond, que je ressasse les mêmes idées, la même routine, que je piétine, je cesserai mon journal online pour me donner plus de temps à consacrer à de nouvelles activités.

Que ce soit pour n'importe quelle raison, si je cesse de tenir mon journal online, j'aviserai avant. De toute façon, comme ce ne sera probablement pas un coup de tête, les lecteurs vivront sûrement les étapes en même temps que moi.

MöngôlO : Tu dis dans un avertissement que les membres de ta famille peuvent lire ton journal mais doivent te le signaler. Est-ce que ça marche ?

Chantal : euh... Pas vraiment :) C'est inutile comme avertissement. Ma soeur n'a pas le temps d'aller sur internet, mon père a ses sites habituels et sa routine. Ma mère a l'adresse, mais pas le courage ou le temps de tout lire. Même si mon avertissement est fait sur mon site, je leur en ai aussi parlé, question de ne pas avoir de mauvaises surprises un jour. C'est pas encore arrivé que quelqu'un que je connaisse me lise sans que je le sache et se manifeste. Je ne sais pas si ça va arriver un jour...

MöngôlO : Qu'est-ce que ça t'apporterait de savoir qui le lit ? Est-ce que tu le changerais ?

Chantal : J'ai reçu quelques messages de lecteurs. Ça n'influence pas du tout mon journal puisque s'ils le lisent et qu'en plus, ils prennent la peine de m'écrire un mot, ça prouve que ce que j'écris leur plaît. Je suis toujours contente (et souvent surprise) de savoir qui lit mon journal !

Un jour, j'ai découvert qu'il y avait des personnes plus âgées que moi qui me lisaient. Je me suis demandée si je devais faire attention de montrer plus souvent de la maturité et cacher un peu mon côté "rebelle" et impulsif.

Même si j'avais voulu changer, je n'aurais pas pu parce que, quand je me retrouve devant ma page à écrire, c'est seulement moi avec moi et je peux rien y changer !

MöngôlO : Est-ce que l'homme de ta vie lit ton journal ? Si oui, est-ce qu'il te sert de moyen de communication avec lui ?

Oui, il lit mon journal et non, ça ne sert pas de moyen de communication. D'ailleurs, il a tellement mauvaise mémoire que déjà, le soir, il ne se rappelle plus de ce qu'il a lu le matin ! Parfois, ça me déçoit un peu. J'ai l'impression qu'il me lit comme il lirait un magazine qui traîne sur la table. Mais je continue de me dire que ça a peut-être un effet, qu'il me comprend peut-être mieux sans être obligé nécessairement de m'en parler. D'un autre côté, j'aime mieux qu'on ne reparle pas de ce que j'écris parce que je me sens plus libre, je sens qu'il n'essaie pas de contrôler mes pensées ou de détruire mes opinions.

MöngôlO : Tu décris dans le même avertissement comment le site est à être utilisé, comment il a été construit, et comment il a été pensé. Pourquoi te donner tout ce mal quand d'autres se contentent de mettre les tags autour d'un fichier texte ?

Chantal : Premièrement, je le fais parce que j'ai les capacités de le faire. J'ai de la facilité à comprendre la programmation, alors pourquoi ne pas le faire ? Ça m'occupe et me donne un nouveau défi ! Deuxièmement, même pour un journal papier, c'est important de choisir un cahier qui nous plaît, un papier sur lequel on aime écrire, un côté physique qui nous donne le goût d'écrire. C'est la même chose pour mon journal online. J'ai tenu à le structurer pour qu'il me plaise, pour qu'il ressemble un peu à un livre, pour que je prenne plaisir à y écrire et me relire. Je l'ai aussi conçu ainsi pour qu'il me ressemble. J'aime créer. J'aime les belles choses. Je tiens à ce que tout ce que je fais sois le mieux fait possible. Je suis quelqu'un qui porte attention à plusieurs dimensions d'une même chose, c'est pourquoi il est important que j'essaye d'améliorer constamment tous les points possibles dans mon journal.

Enfin, j'ai fait mon journal de cette façon parce que c'est un projet en soi, quelque chose que je veux pouvoir garder plus tard, comme mes journaux de papier. Alors, c'est important qu'il soit agréable à voir et facile à s'y retrouver (à mes yeux).

MöngôlO : Tu donnes souvent des détails de ta vie privée que beaucoup considéreraient comme trop personnels (par exemple les pages groupés sous le sujet sexe). Où est la limite ?

Chantal : Je n'ai jamais senti de limite en écrivant sur des sujets très personnels. Je suis sincère dans tout ce que j'écris et comme dans la vie, j'ai de la facilité à m'ouvrir. Je suis pas capable de faire des sous-entendus, des métaphores. Non. Quand je pense quelque chose, je le dis, c'est aussi simple. Je touche des sujets personnels, mais ce sont des apprentissages. Tout le monde ou presque a, ou va, passer par là. J'suis pas la première et sûrement pas la dernière ! Les seules limites que je m'impose, par exemple au sujet du sexe, c'est de le traiter avec respect, avec classe, sans trop de détails et que ça soit pas écrit pour me vanter, mais plus pour m'aider.

Bien sûr, parfois j'ai pas le choix de donner les détails d'un nouvel apprentissage, mais ce que je veux dire, c'est qu'aucun lecteur ne saura vraiment, par exemple, quel soir je fais l'amour avec mon chum et que c'était donc le fun ou donc plate ! Quand j'écris sur un sujet très personnel, c'est parce que je viens d'apprendre quelque chose de nouveau ou de réaliser quelque chose d'important.

Tehu : Ton ami a écrit quelques notes dans ton journal pour donner son point de vue. As-tu eu d'autres réactions de ton entourage ?

Chantal : Je n'ai pas vraiment eu d'autres réactions de mon entourage. J'ai donné l'adresse à deux autres personnes seulement (et qui ont été lire), si je me rappelle bien. Une de mes amies qui demeure à 2 heures de chez moi est bien contente de pouvoir prendre de mes nouvelles quand elle veut. Un de mes amis d'école a aussi l'adresse parce que je lui fais totalement confiance, mais on dirait bien que tout le monde n'est pas aussi voyeur que je le pensais, puisqu'il est seulement allé lire deux fois (parce qu'il s'inquiétait de ne pas avoir entendu parler de moi depuis un mois ou deux !). Ils n'ont pas vraiment de réactions. Il savent bien que quoiqu'ils lisent, il s'agit de ma vie. Donc, ils ne m'en parlent pas vraiment, à part quelque fois, pour me dire "Ah ! J'ai lu qu'il t'était arrivé telle affaire." Pas plus :)

Tehu : Tu as écrit que tu aimais beaucoup la langue anglaise. Pour la structure et le design de Shani, tu t'es inspiré de journaux anglophones. Pourquoi lis-tu des journaux en anglais ?
Plus généralement : quand tu lis le journal d'un autre diariste, est-ce que tu notes des idées ou des détails que tu pourrais adapter pour ton propre journal ?

Chantal : J'aurais eu plus de facilité à répondre à cette question deux mois plus tôt qu'aujourd'hui, quand j'avais le temps de lire tous les autres journaux et de surfer sur le net à la recherche de journaux anglais. Mais encore maintenant, lorsque je lis un journal que j'apprécie, j'essaie de trouver les raisons pour lesquelles, justement, je m'y accroche. Sans nécessairement vouloir copier, ça peut me donner des idées pour innover ou améliorer mon style ou ma présentation. Je recherche aussi des sites qui donnent des idées d'écriture, des techniques, pour avoir un peu plus d'outils puisque ma plus grande peur face à mon journal est d'y être redondante !

Tehu : Rachel Rein (1), une diariste que tu connais, a écrit qu'elle souhaitait publier son journal pendant 20 ans. Est-ce que tu as besoin de ce genre de motivation pour continuer ?

Chantal : La pensée de continuer mon journal pendant 20 ans est bien agréable, mais ce ne serait pas une motivation à continuer mon journal. En fait, je n'essaie jamais de me motiver à l'écrire. Si j'ai le goût, tant mieux, et sinon, tant pis. Mon journal est plutôt une étape dans ma vie. Je ne sais pas d'avance quand elle se terminera, mais je ne forcerai pas. Pour continuer mon journal, je me laisse tout simplement aller.

Tehu : Cet été, tu as senti le besoin de commencer un journal papier "privé" pour retrouver un second souffle. Est-ce que cela a eu des répercussions sur la façon dont tu écris ton journal "public" ?

Chantal : Je crois que d'écrire mon journal papier m'a un peu aidée à écrire mon journal online, durant l'été. J'ai pensé à énormément de choses durant ces quelques mois, que j'avais bien de la misère à démêler et à comprendre. Lorsque j'écris sur papier, c'est un défouloir, un premier jet, un brainstorming. Je mets de la musique le plus fort possible et j'écris sans réfléchir, sans faire attention. Ensuite, sans même avoir besoin de me relire, je comprends mieux les grandes lignes de mes pensées sur un sujet quelconque et j'ai plus de facilité à explorer ces grandes lignes dans mon journal. Mon journal papier est comme un point de repère.

Tehu : A la rubrique pourquoi , tu écris qu'il y a 2 types de journaux "... ceux qui cherchent leur chemin et ceux qui montrent leur chemin. D'après moi, je me classe dans la deuxième catégorie. J'ouvre une fenêtre sur ma vie." (2)
Si j'interprète, ton journal n'est qu'un reflet, il ne peut en aucun cas influencer ta vie. Es-tu d'accord ?

Chantal : Ça dépend des situations. La plupart du temps, j'ai l'impression de savoir où je m'en vais le pourquoi de tout ce que je fais, mais quelque fois, il arrive que je "découvre" une solution en l'écrivant. Mais c'est plutôt rare. 

Tout ce que j'écris dans mon journal est vrai et sincère, mais si je l'écris, normalement, c'est que je l'ai d'abord pensé. En général, je fais plutôt un constat de mes émotions et sentiments, en sachant où je me dirige et ce que je veux. Parfois, écrire mon journal me pousse à prendre des décisions. Lorsque je ne sais pas où je m'en vais, j'ai alors de la difficulté à écrire. Dans ces cas là, je n'écris tout simplement pas. J'attends que les réponses me viennent et ensuite, je serai plus à l'aise d'en parler.

Tehu : Après avoir été ta première occupation de la journée pendant des mois, ton journal est passé au second plan. Tu évoques des problèmes d'inspiration.
Est-ce que cela te frustre que tout ne redevienne pas comme avant ou est-ce que tu as admis que c'est devenu une occupation (vitale certes), mais une occupation parmi d'autres ?

Chantal : Ça ne me frustre pas vraiment que mon journal ne soit devenu qu'une occupation. Je crois que mon journal est en fait un peu comme une étape dans ma vie. Au départ, je ne croyais même pas le tenir aussi longtemps (presqu'un an à date !). Il répond très bien à un besoin que j'ai de me livrer, d'explorer ma pensée.

Mais, ces temps-ci plus particulièrement, le focus est placé ailleurs dans ma vie. Après avoir passé énormément de temps toute seule, à écrire et réfléchir, j'ai maintenant d'autres besoins à combler, d'autres chemins à explorer. Je ne cesse pas d'écrire mon journal puisque j'ai encore assez régulièrement l'envie d'y écrire, mais j'accepte très bien le fait qu'il ne me soit pas essentiel. De toute façon, personne ne me "forçait" à moins y écrire.

M. & T. : merci Chantal

(1) http://www.reinyday.com
(2) http://www.angelfire.com/wi/shani/quiquoi2.html
 



Liens

Je sais que je vais me faire passer pour un vieux qui ressasse le passé parce que le passé était tellement mieux, mais je me suis rendu compte peu à peu d'une grosse différence entre le comportement des diaristes vis-à-vis de leurs confrères il y a 3 ans et leur comportement actuel: les liens. Plus le nombre de journaux augmente, plus le nombre de liens entre journaux diminue.

Il y a 3 ans, il était tout à fait naturel de parler des journaux des autres. C'était très courant de mentionner souvent les journaux qu'on aimait bien, et mettre des liens vers eux, voire de discuter ce que les autres écrivaient. Par exemple, j'avais pris l'habitude de mettre un lien vers tous ceux dont je parlais pour que les lecteurs puisse aller se rendre compte par eux-mêmes de ce que je racontais. A l'époque je n'avais pas encore créé de page des gens régulièrement cités dans mon journal, mais quand je citais un diariste je mettais toujours un lien vers son journal. A l'époque, on ne demandait pas ce que ça pouvait bien faire à la popularité des autres journaux. Si les lecteurs passaient d'un journal à l'autre, alors c'était tant mieux pour eux et pour les autres diaristes. On s'envoyait aussi des mails de remerciement ou pour discuter du lien quand on les voyait. C'était le bon sens même de faire ces liens. Et comme on se lisait tous les uns les autres, ces liens étaient vite repérés et discutés.

Maintenant, je vois de moins en moins de journaux qui en référencent d'autres. Et même quand ils parlent des journaux des autres (généralement pour les critiquer et se livrer à des petites guerres personnelles qui n'intéressent pas les lecteurs), ils oublient de mettre un lien. C'est comme si tout d'un coup quelque chose avait fait que ça n'était plus acceptable de faire des liens ou que quelque chose était en jeu. J'ai l'impression d'une réticence à risquer d'envoyer ses lecteurs vers un autre journal. Qu'est-ce qui pourrait se passer si les lecteurs allaient voir un autre journal ? Qu'ils y restent parce que l'autre est mieux et qu'on perde ainsi des lecteurs ? Quelle autre raison est-ce qu'il peut y avoir ? Est-ce que ça ne serait pas plutôt une bonne raison pour essayer de faire mieux ? Et ceux qui font encore des liens vers les autres journaux de temps en temps me donnent l'impression de toujours faire partie du même groupe. Ce n'est pas une règle absolue, mais c'est une tendance que j'ai l'impression de remarquer. Comme si certains diaristes s'étaient mis d'accord pour seulement se référencer mutuellement et jamais les autres, pour faire un cercle dans le cercle des diaristes.

Est-ce qu'on va arriver un jour à des journaux qui empêchent leurs lecteurs de sortir du site une fois arrivés, comme certains sites de news le font, pour éviter que leurs lecteurs risquent d'aller voir le reste du monde ? Est-ce qu'essayer de cacher le reste du monde aux lecteurs est vraiment une situation tenable ? La protection par l'ignorance n'a jamais été une bonne stratégie.
 



Relation entre diaristes

Les relations entre diaristes m'ont l'air d'être de deux natures: soit deux diaristes se détestent, soit ils sont grands amis. Je ne sais pas comment ça se passe en profondeur, mais ce qu'on peut lire dans les journaux me semble témoigner de ces deux attitudes extrêmes, et de peu d'attitudes modérées.

Certains diaristes se détestent. Et si j'en crois ce qu'on me dit, ça va jusqu'aux mails d'insultes en privé et parfois en public. C'est ainsi qu'on assiste à des règlements de compte dans les journaux que les lecteurs non initiés ne comprennent pas, qui vont parfois jusqu'à la fermeture pure et simple de journaux. Les raisons de cette haine ne sont pas toujours claires, y compris pour ceux qui sont impliqués. Ca a pu commencer à cause d'une remarque dans un forum ou dans un mail, ou à cause d'un lien dans un journal accompagné d'une phrase malheureuse. Tout ce sur quoi tout le monde a l'air d'être d'accord, c'est que ces diaristes se détestent, et c'est une raison suffisante pour tout faire pour rendre la vie de l'autre un enfer.

Mais à côté de ça, d'autres sont de grands amis et se font confiance de façon insensée. Par exemple, quand je suis allé à Montréal il y a un peu moins de trois ans, j'étais hébergé chez une lectrice, et tous les diaristes de l'époque que j'avais rencontrés avaient été très agréables avec moi et s'étaient engagés à prendre du temps pour m'occuper pendant mon séjour. Alors que je ne les connaissais que par mail et par l'intermédiaire de nos journaux, donc par des moyens très détournés qui permettent facilement de tromper autrui. Cette attitude serait presque impensable dans le vrai monde.

Ces attitudes font presque peur. Et je ne parle pas seulement de cette haine qui va peut-être me tomber un jour dessus parce que je dis un mot de trop. Voir ces gens me faire confiance parce qu'ils croient qu'ils me connaissent grâce à mon journal est aussi inquiétant. C'est beau, ne vous y trompez pas, je suis fier de faire partie d'un groupe de gens qui est prêt à faire des efforts pour les autres. Mais je me questionne le bien fondé de cette attitude. Qu'est-ce qui justifie qu'on aide un autre diariste ? Est-ce que c'est seulement quelque chose qui arrive pour les diaristes, ou est-ce que c'est général à Internet ?
 



Ailleurs: Nobody knows anything

Je vais encore parler d'un journal anglophone parce que c'est la seule langue à part le français que je maîtrise assez bien pour pouvoir tout comprendre en détails. Je pourrais sûrement comprendre en gros des journaux espagnols, mais ça serait trop de travail pour mon petit cerveau pas habitué à lire de l'espagnol (ça fait presque 10 ans que je ne m'en suis pas servi sérieusement). Je vais parler cette fois de Diane Patterson (à droite sur la photo, avec à gauche Kimm et au centre Alethea de Tracing).

Dans la vraie vie elle dit être dans le show-business et écrit des textes pour le cinéma. Diane Patterson est l'une des plus célèbres diaristes américaines. Elle doit se trouver avec OphéliaZ, Carolyn Burke, Tracy Lee, et Kimm. Elle a écrit deux journaux ces dernières années: The Paperwork (1996-1998) et Nobody knows anything (1998-).

Elle est surtout connue pour être l'une des plus vieilles diaristes (pas en âge, en action) et l'auteur de "why web journals suck", un texte qui critique les journaux online et qui a fait beaucoup de bruit. Elle aime les journaux, mais ce qu'elle leur reproche c'est d'une part le manque de contrôle de qualité, et d'autre part les mauvaises raisons d'en commencer un. Elle trouve que bien que certains journaux soient de bonne qualité, la très grande majorité ne mérite pas d'être lu. Elle pense que quoiqu'en disent les diaristes, les journaux sont des publications, et qu'en tant que telles, devraient être soumises à un contrôle de qualité pour éviter de publier toute l'écriture de très mauvaise qualité qu'on trouve de nos jours. Elle pense aussi que beaucoup de diaristes commencent un journal pour les mauvaises raisons, par exemple parce qu'ils ne savent pas quoi faire de leur page web, ou parce qu'ils ont vu que d'autres le faisaient et veulent faire partie du club. Je dois dire que je n'ai pas toujours été d'accord avec elle. Elle en a d'ailleurs entendu parler. Sûrement parce qu'à l'époque où elle disait ça les journaux francophones étaient rares et ne souffraient pas encore des mêmes problèmes que les journaux anglophones. Plus le temps passe, plus je suis d'accord avec elle.

Dans son journal, elle parle de tout, de son travail, de sa vie personnelle, de ses rencontres, et de ses lectures. Son journal ressemble beaucoup à un vrai journal et je ne serais pas surpris que son journal online soit la continuation d'un journal papier.
 



Boîte aux lettres

Les mails en rapport avec J.mag et les articles doivent être envoyés à l'adresse suivante: jmag@mongolo.org.
 



Les participants

Chantal: Chantal tient son journal, Shani, depuis 1 an. 

MöngôlO: MöngôlO est l'auteur de MöngôlO's Diary depuis plus de 3 ans.

Tehu: Tehu est un lecteur régulier de journaux depuis longtemps et peut etre joint a l'adresse suivante: tehu@coronal.com.
 

J.mag est géré par MöngôlO. Les opinions exprimées ici sont celles de leurs auteurs et en aucun cas celles de tous les participants au magazine ou de ses responsables. 

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