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SommaireInterview: Théorie: Pratique: Ailleurs: Boîte aux lettres Les participants
EditoLe forum de la CEV est devenu une sorte de champ de bataille où ceux qui étaient de l'avis de la majorité faisaient tout pour lyncher (le mot n'est pas de moi, deux personnes l'ont utilisé dans le forum) ceux qui étaient de l'avis contraire, simplement parce que ceux-ci osaient dévier de l'avis général. Plusieurs allant même jusqu'à dire que c'était scandaleux de voir certaines personnes tenir à leurs opinions (contre la majorité), alors que la majorité tenait autant aux siennes sans réels arguments (à part les faits que c'est la tradition et que c'est l'avis de la majorité, mais je ne vais pas prolonger le débat ici, je fais juste un bilan puisqu'il a été lancé ici). Le tout sous le couvert prétendu de la tolérance, un mot qui n'a pas plus de sens sur Internet que "gratuit" ou "commerce". Pas de réelle discussion donc, juste des cris. Je me doutais que cet article allait provoquer des réactions parce que je savais que j'allais contre le sens de la majorité (et j'aime la provocation, il faut bien l'avouer). Et l'Histoire a montré à quel point c'était dangereux et mal vu de faire les choses différemment du plus grand nombre. C'était le but même de l'article: donner un autre point de vue qu'on n'entend jamais parce qu'il est étouffé par ceux qui pensent "proprement" (entendre "comme la majorité"). Et je dois dire que dans cette optique, il a réussi. Même si la discussion qui s'est ensuivie n'a pas toujours été menée avec des arguments (beaucoup de contribution se contentaient de dire "je suis d'accord", "je suis pas d'accord", "bravo", "j'aime", "j'aime pas", "c'est la tradition", "on doit faire comme ça"), et même si personne n'a changé d'avis, elle a le mérite d'avoir existé. J'ai un sentiment mitigé sur cette discussion. Quand j'ai créé J.mag, c'était aussi en partie parce que je voulais un lieu où des volontaires pourraient discuter de leurs idées sérieusement, proposer des arguments, et s'attendre à des réactions du même genre. J'en avais assez des discussions de type forum où tout le monde répond en 3 minutes à 10 messages d'affilée, ne pense pas une seconde, et ne cherche pas à comprendre les autres. Je sais d'expérience pour en avoir vu un grand nombre depuis plus de 8 ans que je suis sur Internet et plus longtemps sur d'autres systèmes d'échange de messages, que ce genre de lieux a rarement servi à faire avancer les idées. Généralement les discussions restent très superficielles ou tournent au blocage parce que personne ne veut vraiment entendre parler ceux qui ne sont pas de leur avis (quand ils acceptent que quelqu'un ne partage pas leur avis). Je me suis dit qu'un magazine pourrait éviter ce problème en forçant les participants à se creuser la tête et à vraiment essayer de comprendre ce qu'on essayait de leur dire. Au lieu de ça, l'échange d'idées qu'a provoqué
l'article ne s'est pas fait ici (à part pour une courte réponse
de Strophe), mais dans le forum, où
elle était condamnée à s'enliser et à n'aboutir
sur rien (on y entend râler quand quelqu'un a le malheur de poster
des messages de plus de quelques lignes). Finalement, J.mag est
peut-être inutile parce qu'il ne correspond pas au type d'échange
que les diaristes et leurs lecteurs veulent. Ils veulent du rapide et du
court, on leur propose ici du lent et du long. En cette époque de
jeux vidéo et de gratification immédiate, l'avenir est peut-être
aux forums.
Interview: Fred - journal de é
Voici donc l'interview de é, ou plutôt Fred, l'homme qui se cachait derrière. Comme il me l'a écrit à la fin du courrier : "J'ai voulu raconter [...] pour montrer comme cette expérience fut super intéressante, voir comme les rapports que l'on peut avoir avec les lecteurs sont géniaux, durs, méchants. Je suis content d'avoir fait monsieur "é" pour moi mais aussi pour les autres (quoiqu'en pensent mes détracteurs) ;-) " Tehu: Peux-tu rappeler les circonstances un peu particulières dans lesquelles le journal de é est apparu ? Tu y as fait allusion à la fin du journal. Fred: C'est simple, il me fallait un sujet de diplôme, je terminais mes études aux beaux-arts et mes enseignants me mettaient la pression pour que je fasse quelque chose avec le réseau. Je ne suis pas vraiment un artiste, je serai plutôt entre les deux, à la frontière de l'artiste et du créatif plus tourné vers les autres. Le journal de "é" est une expérience d'écriture menée sur le réseau, rien d'autre. J'ai choisi de faire un faux journal car c'était très motivant, bien plus que d'écrire à la maison, de faire un bouquin et de le publier une fois corrigé, remanié et formaté. Là, je n'ai jamais rien préparé ou juste des bribes de récit. La journée, à l'école des beaux-arts, je ne faisais pas grand chose puis le soir, tard, je me mettais à bosser. Je me servais de ce que j'avais vu dans la journée ou parfois de mes souvenirs ou aventures passées. J'aimais bien le principe, t'écris directement dans ta page web, une fois que tu as fini au lieu d'imprimer, tu balances sur le web, tu le donnes en pâture aux lecteurs. Je ne relisais quasi jamais, ce qui m'a valu des remarques et en même temps, je crois que le récit gagnait en crédibilité. Tehu: Avais-tu une influence littéraire en tête au moment de commencer ? Fred: Ce sont tous les bouquins que j'avais lus qui étaient ma référence, mon influence. Je peux en citer quelques uns mais ce ne sera qu'un fragment : Ravalec, Calvino, Benaquista (son bouquin "saga", j'ai adoré), Zweig, Djian (quand j'étais plus jeune, j'aimais bien), d'autres encore, il s'agit vraiment de bouquins qui ont compté dans l'écriture du journal de "é". Tehu: En débutant le journal de é, est-ce que tu pensais tenir aussi longtemps ? Fred: Non, je ne pensais pas tenir plus d'un an. Au départ, je pensais tenir jusqu'au diplôme, c'est à dire 4 mois. Et puis, Mr "é" est devenu vital pour moi comme pour d'autres, alors, je n'ai pas arrêté. Je suis devenu obsédé par sa vie, il fallait que je le fasse vivre tous les soirs, que je remplisse sa journée avec des mots. C'était vraiment très dur et parfois, je m'amusais comme un fou. Tehu: Dans les dernières semaines, tu laissais entendre que la vie de é pesait sur ta propre vie familiale. Fred: Au début, j'étais seul, ma concubine bossait la semaine loin de moi. J'occupais donc mes soirées avec un homme virtuel. Avant de la rejoindre, je devais finir mes études qui avaient été freinées par le service militaire. Nous avons déménagé et là, elle a vraiment découvert que ce cher "é" n'était pas son ami mais son concurrent direct. Je peux dire que pendant un an, je n'ai quasi jamais regardé un film à la télé avec elle. Elle dormait depuis longtemps quand je venais la rejoindre. Ce fut un peu difficile, d'ailleurs, elle ne lisait pas le "journal de é". Mon boulot me permettait de continuer le journal, c'était dur mais possible. J'ai ensuite changé de job et là, c'est devenu très difficile, j'aime mon travail et je m'investis beaucoup donc il a fallu faire un choix, monsieur "é" avait vécu, je lui ai dit au revoir en organisant une petite fête. Tehu: Très tôt, ton journal a été référencé dans les webrings, les sélections web ou presse. Tu as accepté d'être filmé par une équipe de télévision. Curieusement, dans ce reportage, tu ne t'es pas présenté comme un diariste mais plutôt comme quelqu'un qui s'auto-éditait, tout en maintenant l'ambiguïté. Pourquoi ne pas avoir joué le jeu jusqu'au bout ? Fred: Cette question m'amuse. J'ai été ridicule ce jour-là. Avant que les journalistes débarquent, j'avais tout rangé, tout ce qui semblait appartenir à une fille (Mr é vivait seul). J'avais prévu de jouer Mr é même avec les journalistes, mais je n'ai même pas tenu une heure. Le journaliste connaissait la vie de Mr é sur le bout des doigts, parfois même mieux que moi. Je ne pouvais pas me permettre la moindre erreur. J'étais en permanence sur mes gardes, j'ai pas tenu. Le journaliste avait compris que c'était une fiction depuis le début, d'ailleurs ceux de la presse papier le savaient aussi. J'ai juste un doute sur la journaliste de France 2 (reportage qui n'a jamais été tourné) qui a vraiment paru surprise. Tous ces journalistes ont joué le jeu, et je pense que les lecteurs aussi, tout le monde savait mais c'était comme dans un bouquin, t'y crois jusqu'à que tu refermes le livre, là il fallait se déconnecter. J'ai joué l'ambiguïté simplement parce les rapprochements que l'on faisait avec les autres diaristes me gênaient, je me servais du journal intime comme d'un genre littéraire (je pensais plus être proche du feuilletoniste), je ne voulais pas les gêner, je m'étais abonné aux webrings au début puis après j'ai regretté et je me suis exclu tout seul. Je ne voulais pas causer de tort aux autres, tout le monde ne l'a pas compris... Tehu: Quelle attitude avais-tu envers les lecteurs qui t'écrivaient ? Notamment sur ceux qui voulaient en savoir plus sur l'homme qui se cachait derrière é ? As-tu suscité des vocations de diaristes (parmi les lecteurs) ? Fred: Je répondais de manière détournée.
Tehu: Dans le monde des diaristes en ligne, il existe une minorité
qui revendique le droit à la virtualité, le droit de s'inventer
plusieurs vies, sans "coller" à la réalité. Est-ce
que tu pourrais rapprocher le journal de é de ces journaux d'inspiration
autobiographique ?
Fred: Je l'ai écrit plus haut, c'est évident. Bien sûr que c'est aussi un vrai journal intime, j'y ai parlé de ma vie. C'est d'ailleurs souvent les choses graves et tristes que vit Mr é qui sont miennes. Je crois un peu comme un gosse que le journal de "é" est une respiration bénéfique d'abord pour moi mais peut-être pour des lecteurs qui ont vécu cette aventure avec moi. Mr é ne veut pas faire que le bien mais il fait rarement le mal, il aime les caissière, il est gentil avec elle. Je suis gentil avec les caissières, elles me touchent. Je suis sérieux. Mr é, c'est un pote que j'ai hébergé dans ma tête et que j'ai rendu accessible par le web. Il s'est amusé avec ma mémoire, avec des bouts de ma vie. J'ai beaucoup de tendresse pour lui. Tu devrais aller boire un verre avec lui, il a des tas de choses à te raconter. Tehu: Même si l'activité de é n'apparaissait pas très plausible, tu as toujours veillé à ce que le monde de é soit cohérent, qu'il y ait une certaine continuité. Personnellement, j'ai un bon souvenir des premiers mois du journal, où tu parvenais à faire ressentir le côté étouffant de sa vie. Fred: J'en suis conscient, mais franchement, ce fut super dur, parce que je n'ai jamais pris la moindre note, tenu la moindre fiche sur mes personnages. Je parle là de la cohérence. Je n'ai jamais vraiment décrit un personnage de peur de me tromper par la suite. Je n'ai jamais relu le journal, je ne suis jamais revenu en arrière pour vérifier. Un peu comme si je me jetais d'un pont, jamais tu peux dire stop, je vais vérifier, voilà, moi c'était ça. Parfois, on aimerait revenir en arrière pour corriger des parties de sa vie, je me refusait à le faire avec "é", un peu comme s'il vivait vraiment. Tehu: Est-ce qu'à un moment tu t'es senti prisonnier des règles fixées au départ ? En décrivant un personnage sans aspérité, sans grandes occupations, est-ce que tu ne te condamnais pas à une certaine opacité ? Difficile d'imaginer é en train de raconter ses rêves ou faire de la poésie. En a-t-il fait ? Fred: Bien sûr, j'étais d'abord prisonnier du personnage, ce "é" ne m'appartenait plus, il était aux lecteurs qui commentaient tout de sa vie, le jugeaient, le grondaient, l'encourageaient. J'aimais bien cet état, une dépendance réciproque, ce sont les lecteurs qui m'ont "obligé" à tenir le coup. Quand j'ai déménagé (en même temps que "é"), j'ai décidé de le sortir de son job, il devenait l'assistant d'un écrivain, il changeait de vie. Je voulais aussi voir s'il pouvait vivre sans son étrange travail. Il a vécu ainsi pendant 5 mois et rien n'a changé, les lecteurs étaient toujours là. S'il a raconté ses rêves, ils étaient forcément débiles. Pour ce qui est de la poésie, non, é, c'est pas son truc. Je pense aussi que é était le gars qui assouvissait mes rêves. J'ai fait faire à "é" tous les trucs que je n'ai pas fait ou pas osé faire. Comme je suis une sorte de gamin attardé, é était aussi attardé mais lui, il allait plus loin, il faisait. Tehu: Depuis le journal de é, as-tu commencé ou publié d'autres projets d'écriture ? (Notamment sur le Web) Fred: Oui, j'en ai un autre en cours. Le journal de "à", non je plaisante !!!! Mais oui, j'ai quelque chose en cours sur le web mais ce projet-là est plus important et plus calculé que le journal de "é". Il y a d'autres choses, mais pour que ces choses existent, il faut du pognon, et pour ça, il faut que je bosse donc mon temps d'écriture se restreint. Tehu: Merci Fred.
Communauté des diaristes?J'ai eu connaissance de ces communautés il y a un peu plus d'un
an. Elle m'ont semblé être des regroupements d'une certaine
"élite", constituée par des pionniers des journaux en ligne.
La SDV, Souvent,
Le
Cercles des jours. A cette époque je découvrais l'existence
des journaux virtuels et j'étais plutôt surpris par cette
façon de se dévoiler "en public". Surpris, mais pas forcément
rebuté.
Mon opinion en est restée la. Préoccupé par d'autres
activités, je me suis désintéressé des journaux
en ligne. Mais la petite graine avait été semée...
Au début de cette année, je me suis de nouveau penché
sur le sujet. Avec la vague idée, à peine germée,
de voir si moi aussi... par hasard... je ne pourrais pas tenter le coup.
C'est lorsque, distraitement, je me suis rendu trois mois plus tard
qu'il était accessible par le public que tout a changé: je
ne pouvais pas laisser ce site silencieux.
Depuis, je me sens membre de cette communauté que je trouve assez
vivante. Au moins une dizaine participent activement au forum, une dizaine
d'autres plus occasionnellement. Certains jamais. Je trouve que c'est déjà
pas mal.
Tout cela pour dire que je n'ai pas choisi de faire partie d'une communauté
pour me faire de la publicité, au sens où on l'entend. Pour
le moment, je ne me suis pas inscrit sur d'autres communautés (peut-être
parce que je ne sais pas si je pourrais m'impliquer partout...). Pour moi
c'était aller là ou j'aurais le plus de chances de trouver
un lectorat. J'ai choisi la CEV,
mais ç'aurait pu être une autre. Je n'ai pas voulu rentrer
pour profiter d'un réseau, mais bien avec l'intention de m'y intégrer,
de participer, me fondre parmi ces gens qui vivent une partie de leur vie
comme je la vis.
Je ne suis donc pas de l'avis de MöngôlO (en toute sympathie,
bien sûr) lorsqu'il dit que "parler de communauté de diaristes
est un détournement du mot et une farce". Peut-être suis-je
naïf et que je constaterai vite que je me trompe. Mais pour le moment
je trouve ce milieu assez vivant, et une participation certaine. Qu'une
bonne part demeure silencieuse ne doit pas cacher ceux qui se sentent partie
prenante. Et il y en a! Je ne peux évidemment pas citer de noms,
sous peine d'en oublier, mais il n'y a qu'à regarder le forum de
la CEV depuis quelques
semaines pour constater qu'il y a un véritable échange d'opinions,
un brassage d'idées.
Le mauvais côté des diaristesLa première chose qui frappe, c'est que certains diaristes considèrent les regroupements comme un dû. A partir du moment où un regroupement se crée, ils semblent considérer qu'il leur appartient et qu'il doit faire tout ce qu'ils veulent, dans le temps qu'ils veulent, et comme ils le veulent. Et si tout ne se passe pas comme ils l'attendent, ils se fâchent tout rouge. La première fois que j'ai entendu parler de ce problème était à l'époque où la CEI était gérée par Brigitte. Comme le temps d'admission était généralement assez élevé (le mien a été de plus d'un mois, et à l'époque on ne devait même pas être 10), beaucoup de nouveaux diaristes se plaignaient que ce n'était pas assez rapide. Certains allaient même jusqu'à dire que si c'était pour gérer le cercle comme il était géré, ce n'était pas la peine de l'avoir créé (phrase qui est revenue du temps de la SDV et que j'ai entendue récemment à propos de la CEV). Bien évidemment, ces diaristes n'ont jamais créé le leur pour se rendre compte de ce que ça représente de devoir étudier les demandes d'adhésion, vérifier périodiquement que les sites existent toujours, gérer les doléances des membres, répondre aux questions, et dans le cas de Souvent compter le nombre de mises à jour tous les mois. Ce genre de choses ne les concerne pas. Ce qui les intéresse c'est qu'un regroupement existe et que donc il leur doive un service. Combien de fois ai-je reçu des demandes répétées ou des mails en colère parce que je ne faisais pas assez vite ce qu'un diariste voulait (ajout, modification, ou suppression d'informations sur un journal par exemple). Ils se comportent comme des touristes américains (comme ils sont ici en tout cas) quand ils paient quelque chose et exigent que tout soit parfait parce qu'ils sont les clients. A part que dans le cas des regroupement de journaux ils ne paient rien. La seconde chose qui frappe c'est à quel point après avoir été admis ils oublient tout du regroupement où refusent de renvoyer le lien. Le principe des regroupements c'est que le groupement envoie un lien vers les journaux, mais qu'en échange les journaux envoient un lien vers le regroupement. Comme ça, les lecteurs peuvent se promener de journal en journal et découvrir des sites qu'ils n'auraient sinon jamais rencontrés. Ceci implique qu'il est possible, quand on arrive sur un journal, de repartir vers le regroupement ou vers d'autres journaux. La méthode la plus simple étant de mettre le logo du regroupement sur la page d'arrivée du journal. Combien de fois est-ce qu'il faut se battre pour que ce lien existe ? Apparemment, les diaristes considèrent que les regroupements doivent leur apporter des lecteurs (puisque c'est l'unique but de ces regroupements), mais qu'eux n'ont pas besoin d'apporter des lecteurs aux autres membres. Ce sont leurs lecteurs. Et quand ce lien existe, combien de fois faut-il se battre pour qu'il ne soit pas planqué sur une page annexe où les lecteurs ne vont jamais, revenant ainsi au premier cas où le lien n'existe pas ? Un lien sur une page annexe ne sert à rien et les lecteurs se retrouvent bloqués sur le journal. Je me souviens que quand j'ai commencé à écrire, les journaux faisaient souvent des liens vers les autres et vers les regroupements. On s'envoyait même des mails pour se les signaler ou se remercier. On affichait fièrement notre appartenance à la CEI et le logo était sur toutes les pages principales sans qu'on ait à nous le demander. A croire qu'à l'époque la question du nombre de lecteurs et leur rétention étaient secondaires. Maintenant il faut créer des règles et se battre pour que les membres de cercles les suivent. A côté de ça, beaucoup semblent ne même pas s'intéresser à ce qu'est le regroupement. Ils semblent ne pas voir le regroupement comme un lieu d'échange, mais comme un service gratuit dont ils seraient les seuls bénéficiaires. Par exemple, au moins 2 des 4 regroupements francophones qui existent ont des règles d'admission plus ou moins strictes. Je ne peux parler d'expérience que de l'un d'eux, mais je ne pense pas que ça soit un cas isolé. De nombreux diaristes (et quand je dis nombreux, j'entends vraiment nombreux) remplissent la page de demande d'inscription sans même lire ce qui s'y trouve (les règles d'admission). Ils se contentent de mettre l'adresse de leur site (parfois avec des erreurs), et d'appuyer sur le bouton "envoi". C'est comme si ces gens décidaient de se présenter à des entretiens d'embauche sans même lire la liste des capacités requises et la description du travail offert. Pour remédier à ce problème, j'ai tout essayé: mettre une case à cocher qui dit "j'ai bien tout lu et j'ai compris", écrire en gras les parties importantes des règles, et même mettre ces parties importantes en rouge pour bien les distinguer du reste du texte. Rien n'y fait, le nombre de demandes d'adhésion ne remplissant pas les critères pourtant simples ne diminue pas. Mieux que ça, comme j'en avais marre de ces demandes bidon, j'ai clairement mis dans les règles que ces demandes seraient ignorées. Depuis je reçois des mails de diaristes qui se plaignent qu'ils ne font pas encore partie de la liste des membres; alors que leur journal est loin de remplir les conditions (voir point numéro 1). Plusieurs fois je suis passé à deux doigts de fermer Souvent parce que j'en avais marre de voir que la majorité des demandes d'inscriptions étaient tellement loin de remplir les conditions d'adhésion que j'avais l'impression que les diaristes en questions se foutaient complètement du regroupement à partir du moment où il contenait un lien vers leur page. Je n'avais pas l'intention de limiter ce que je faisais à une sorte de panneau publicitaire pour une liste de journaux. Cette attitude (pas générale, mais pas rare non plus) est ce qu'il y a de plus décourageant dans le travail de gérant de regroupement. C'est vraiment désespérant. Certains pensent que c'est un travail gratifiant parce qu'on devient connu, mais quand on ajoute tous les tracas générés par l'entretien du site, la gestion des membres et des futurs membres, je dois dire que l'expérience tourne rapidement au travail plutôt qu'au loisir. Je ne crois pas que les autres gérants de regroupements me contrediront. Je me doute que la population de diaristes n'est pas différente
de la population normale. Et maintenant que le nombre de diaristes augmente,
elle va devenir de plus en plus représentative. On ne peut donc
pas s'attendre à ce qu'elle se comporte différemment.
Ecrivez-moi! J'attends tous vos emails!
La lectrice en moi:
Mais je dois avouer, une petite chose m'énerve: les diaristes qui disent "écrivez-moi, donnez-moi votre avis, vos conseils, votre opinion, je veux savoir qu'on me lit, que dois-je faire, oû dois-je aller, devrais-je me marier ou pas, devrais-je déménager ou pas, où êtes-vous, vous ne m'aimez-plus, vous ne m'écrivez plus..." Cela ressemble parfois à de l'obsession. Presque devenu plus important que le journal lui-même. Lorsque je lis un(e) diariste, parfois je suis émue, fâchée, amusée, indignée, impatientée. Parfois je me retrouve, vivant une situation semblable, ou alors je me sens contente de ne pas avoir à vivre pareille chose. Je suis toujours touchée par ce que je lis, et je remercie ces gens de nous offrir une partie si intime de leur vie. Mais, peut-être par pudeur, je n'aime pas sentir que je "devrais" écrire à cette personne pour lui donner mes "conseils". Ce qui ne veut pas dire que je n'ai jamais envoyé un petit message à un(e) diariste. Mais ils sont rares. Je n'ai pas le droit, il me semble, de m'immiscer dans la vie des gens, déjà que je me trouve voyeuse simplement de lire ce journal qu'ils nous proposent. Je veux écrire à un(e) diariste parce que MOI je le veux, pas parce qu'on m'a culpabilisé de n'avoir pas écrit. C'est un couteau à double tranchant. La diariste en moi:
Et puis ça semblait être la norme alors j'ai laissé une adresse électronique, juste au cas. Libre aux gens de s'en servir ou pas. Je reçois peu de courrier, mais ça me touche chaque fois, que les gens prennent le temps de m'envoyer un petit mot. Cela m'a permis de faire la connaissance de gens fort intéressants. Un cadeau inattendu et bien apprécié. Alors je dois dire en toute sincérité, que moi aussi j'aime bien recevoir du courrier. Mais je me sens mal à l'aise de demander aux gens de m'écrire. Finalement:
Je me permets toutefois une petite exception... les emails entre diaristes. Il arrive parfois, à cause des chroniques que nous lisons, de nous sentir certaines affinités avec certain(e)s diaristes. Alors, un premier contact se fait, suite à un texte plus émouvant ou plus amusant que d'habitude, et parfois même une amitié peut se nouer. Puisque nous avons déjà un point en commun, celui de l'écriture, la porte pourrait s'entrouvrir sur autre chose. Ne croyez pas que je suis contre les messages échangés entre lecteur(e)s et auteur(e)s, mais c'est la façon d'insister qui parfois me trouble. Alors écrivez-moi vite pour me dire ce que vous en pensez. J'attends
impatiemment, je ne dormirai plus ni ne mangerai jusqu'à ce que
je reçoive vos nombreux emails! Je vous laisse mon adresse, en fait
je vous donne toutes mes adresses électroniques (j'en ai plus de
25!) juste au cas...
Comment j'écris: Werewolf13 est une deuxième étape. Quand j'ai commencé avec Ange De Ville, c'était parce que je trouvais amusant cette nouvelle mode de diarisme. Je voulais m'amuser aussi à écrire quotidiennement et je trouvais ça intéressant comme prolongation de mon site personnel. Ange de ville, c'était une expérience assez statique je vous avoue. Je n'ai jamais eu le besoin de coucher mes états d'âme sur papier pour me relire plus tard. Donc un journal comme Ange De Ville, avait pour moi une certaine limite. Je voulais faire un journal mais comme les journaux doivent parler de soi, ses états d'âme, j'étais parti sur quelque chose qui me limitait. C'est pourquoi au premier anniversaire, j'ai changer pour 13. En plus le hasard faisant bien les choses, je venais d'acquérir un appareil photo digital. Je pourrais enfin faire une formule qui est plus moi, qui me représente plus, dans laquelle je me reconnais. Parce que pour y arriver, voilà comment 13 est conçu : J'ouvre simplement le tout petit programme minimaliste de traitement de texte, notepad. Pour ne pas me retaper tout l'ouvrage de refaire le HTML je fais des cut & pastes pour changer les photos et les blocs de textes. Pour les photos, j'ai très souvent mon appareil avec moi. Il m'accompagne le plus possible parce qu'a mesure que j'ai commencé 13, j'ai trouvé un côté passionnant pour la photo. Et la photo rien qu'a elle, c'est un moyen de communication. Je prends les photos d'avance, Ça pourrait vraiment être n'importe quoi. La photo, à mesure que je la pratique, m'aide à voir ce qui m'entoure de manière différente. Donc je me retrouve avec une banque de photo et j'ai soin de réduire assez la qualité et la taille des photos juste assez pour qu'elles demeurent claires et se chargent à une vitesse qui n'ira pas exaspérer les lectrices ou lecteurs. Quant aux textes maintenant, ça a toujours été et ce sera toujours de l'improvisation. Je ne réfléchis pas de longues heures d'avance, je vais écrire le feeling du moment. Souvent je m'inspire de photos que j'ai prises. Je les regarde un peu et laisser aller le texte qu'elles m'inspirent. D'autres fois je préférerais m'inspirer de choses de mon quotidien. Je change souvent de sujet dans la même journée. J'en suis conscient. Les photos font alors de bonnes frontières pour ne pas embrouiller les gens. Mon esprit est un peu comme ça. Je passe mon temps à passer d'une pensée à l'autre. 13 le rend de la manière la plus fidèle que je pourrais vous donner. Et pour conclure, Je vois 13 comme une conversation anodine autours d'une table. On peut parler de la journée, se souvenir du passé, philosopher, regarder des photos. Et quand on est avec des gens que l'on connaît bien, on peu se laisser aller sans règles de protocole trop chargée. Donc avec 13 je me laisse dériver comme bon me semble et je ne pense pas à me cataloguer. C'est un jeu que je me fais pour m'amuser et quand je vois que d'autres viennent voir mon petit manège, ça m'amuse aussi. Comme vous voyez, 13 n'a rien de bien compliqué en soit et ne
se prend pas trop au sérieux. Si 13 devait être un labeur
ou s'imposer des obligations, les jours de 13 seraient comptés.
J'espère que le petit exposé vous aura plus? Passez faire
votre petit tour ;-)
Ailleurs: Liebes TagebuchJe me rends immédiatement compte que je ne connais même pas le mot allemand pour «journal»; comme je suis en vacances, je n'ai pas de dictionnaire sous la main, je suis donc obligée d'avoir recours au traducteur automatique d'Altavista. Tagebuch – pour les non-germanistes, Tag signifie jour, et Buch, livre. Je me rends ensuite sur http://de.yahoo.com et je lance une recherche. 49 résultats, que je parcours rapidement; peu me semblent intéressants – il semblerait que Tagebuch soit aussi employé pour agenda, ce qui n'arrange pas mes affaires –, mais j'en repère quelques-uns au passage. Je fais surtout un constat à la fois bizarre et intéressant : il n'existe pas (à moins que mon allemand ne m'ait vraiment trahie) de catégorie Yahoo pour les journaux intimes. En anglais, ils constituent une sous-rubrique de «Communication», en français de «Littérature», ce qui nous apprend déjà pas mal de choses sur deux cultures différentes, mais s'il n'y en a même pas en allemand, le phénomène doit être embryonnaire. Certains sont donc placés parmi les pages personnelles, d'autres dans une rubrique dénommée «Cyberkultur», d'autres encore dans des catégories auxquelles ils sont rattachés par leur sujet : «Journal d'une dépression» dans la rubrique «Santé», «Journal d'un coming out» dans «Société», «Journal d'un voyage en Indonésie» dans «Tourisme»... En fait, les journaux de voyage sont la catégorie la plus représentée ; j'en visiterai quelques-uns, mais ce n'est pas vraiment ce que je cherche. Je note huit adresses - pour la plupart dans les pages personnelles - qui me semblent se rapporter à des journaux intimes généraux tels que nous les connaissons, mais je commence à craindre de ne pas partir du bon mot-clef – s'il existait un autre mot plus spécifique qui expliquerait cette apparente pauvreté du genre ? 4 août. Je commence à explorer les liens qui paraissent les plus intéressants, et je vais de déception en déception. Liens périmés, journaux arrêtés depuis des mois, à croire qu'aucun Allemand, Autrichien ou Suisse allemand ne tient de journal depuis 1999. Jusqu'à ce que je tombe sur le journal de Stefan (http://www.stefansurium.de/) : enfin un journal vivant, et surtout un journal rattaché à des webrings. Il en existe donc, à côté desquels j'étais passée depuis le début : Wellenbrecher (http://home.t-online.de/home/Melle_Teich/wellenbrecher.htm) et Dear Diary (http://www.annakarenina.de/dear_diary/dear_diary.htm) - comme nous, les Allemands semblent assez tournés vers leurs aînés anglophones. Fin août. Après en avoir visité un certain nombre,
je constate que les journaux allemands présentent relativement peu
de différences avec les journaux francophones, à ceci près
que leurs propriétaires semblent moins soucieux de préserver
leur anonymat, et que les journaux sont très souvent incorporés
à des pages personnelles classiques, au même titre que d'autres
rubriques : Stefan résume des livres qu'il a aimés, Julia
(http://www.golombek.de/)
nous présente des recettes de cuisine… Parfois, ça tourne
à la dérive publicitaire : à côté du
journal de Cybera (http://members.wetzikon.ch/cybera/),
on découvre une interminable liste de disques assortis de leurs
prix…
Ailleurs: TracingTracing est écrit par Alethea, une anglaise émigrée aux Etats-Unis. Elle a commencé son journal en 1996, pendant qu'elle finissait son mémoire d'architecture pour son diplôme. Elle n'a cependant pas commencé son journal comme un journal. Elle a tout d'abord commencé par prendre quelques notes ("personal views") comme section d'un plus grand site qu'elle était en train de créer destiné à l'architecture (il était appelé 301a). Puis en Juillet 1996, elle a commencé un vrai journal. Tracing m'a intéressé parce que c'était le premier journal que je découvrais qui ne contentait pas d'être une sorte de catalogue de faits et d'événements. A l'époque, les journaux online anglophones apparaissaient juste (le premier était apparu quelques mois avant), et les journaux francophones étaient encore presque inexistants. La norme était aux journaux online qui se limitaient à être le pire des journaux papier: des listes d'événements, sans explications, et sans intérêt. Au contraire, Alethea écrivait à propos de tout, de ses doutes, de ses désirs (je veux un scanner), ou de la vie en communauté. Elle était aussi parmi les premiers à se demander ce qu'est un journal online et à essayer de trouver un bon design. Tracing fait partie de mes références. Et même si
maintenant Alethea semble délaisser son journal, je retourne lire
quelques pages régulièrement.
Boîte aux lettres
Les participantsé: é a tenu son journal de Mars 98 à Avril 99 avant de l'arrêter pour passer à autre chose. Il est trouvable à l'adresse suivante: http://www.citeweb.net/eeeee/ Frannie: Frannie tient son journal depuis Avril 2000 et peut être lue ici: http://frannie.citeweb.net L'Idéaliste: l'Idéaliste est l'auteur du journal Idéal et réalité... depuis le 22 février 2000. MöngôlO: MöngôlO est l'auteur de MöngôlO's Diary depuis plus de 3 ans. Tehu: Tehu est un lecteur régulier de journaux depuis longtemps et peut etre joint a l'adresse suivante: tehu@coronal.com. Werewolf: Werewolf tient son journal actuel, 13, depuis janvier 2000. Il est trouvable à l'adresse suivante: http://www.citeweb.net/wwolfy2/journal/journal.htm J.mag est géré par MöngôlO. Les opinions exprimées ici sont celles de leurs auteurs et en aucun cas celles de tous les participants au magazine ou de ses responsables. |
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